Nationaliste Social et Ethniciste

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Libye: halte à la propagande belliciste

Les journalistes, cette profession haïe et vilipendée, déclarent régulièrement, la main sur le cœur, respecter une déontologie rigoureuse dans l’exercice de « leur métier ». Objectivité, neutralité, vérification des sources : ce que nous présentent nos journalistes, c’est du sérieux, du lourd. Ce sont des professionnels, des vrais. Balivernes que tout cela ! Depuis quelques jours, dans les affaires libyennes, on est passé à une véritable propagande anti-Kadhafi, ajoutée à une quasi-justification d’une possible intervention armée occidentale. Le colonel Mouammar Kadhafi est un misérable, un dictateur sanguinaire sans doute. Mais apparemment, il est moins faible que Ben Ali et Moubarak. Il est décidé à résister, il a des fidèles et des armes. Toute la Libye ne s’est pas soulevée contre lui, contrairement à ce qu’on nous disait au début de l’insurrection (je me souviens avoir entendu qu’il n’en avait que pour quelques jours… c’était il y a deux semaines). Toutes les tribus ne l’ont pas abandonné. Le colonel tient solidement Tripoli et Syrte. Il tient en respect les rebelles de l’ouest et gagne du terrain face aux insurgés de Benghazi à l’est. Il se pourrait bien que cette « troisième » révolution arabe soit matée…

 

De la vile propagande

Jeudi soir 10 mars, journal d’Arte, la chaîne du Saint Empire Européen. Pour la première fois, le reportage sur la situation libyenne change de ton. Jusqu’à présent, les journalistes suivaient des groupes d’insurgés sur le front, écoutaient avec complaisance leurs vantardises enthousiastes, et nous décrivaient de manière impartiale l’avancée triomphale des combattants de la liberté : Ras Lanouf, Ben Jawad… Les noms des villes tombées aux mains de la rébellion s’égrenaient sur nos écrans. Manque de chance, l’enthousiasme ne suffit pas pour combattre les troupes d’élite de Kadhafi. Et la contre-offensive enclenchée, les vaillants insurgés n’ont pas tardé à se prendre une « raclée ». Etrangement, les « envoyés spéciaux » n’ont point filmé cette déroute. Il ne faudrait pas refroidir la sympathie naissante des Occidentaux pour les rebelles. Retour à Benghazi donc. Et là, un reportage édifiant nous est proposé : Kadhafi fut un vilain tyran qui arrêtait, torturait et tuait ses opposants, le tout avec témoignages de rescapés des geôles du sinistre colonel. C’est véritablement un scoop, et je tiens à féliciter les journalistes d’Arte. Le message est simple : « voyez comme Kadhafi est méchant ! Il faut que les Occidentaux empêchent sa victoire par tous les moyens ! ». Etrange coïncidence, l’après-midi même, Daniel Cohn-Bendit intervenait au Parlement fantoche de Strasbourg pour réclamer que l’UE reconnaisse le Conseil National de Transition de Benghazi comme seul interlocuteur officiel libyen. Daniel Cohn-Bendit ignore que l’UE n’est pas un Etat et donc n’a pas ce pouvoir. Etrange Daniel Cohn-Bendit, ami des « démocrates » libyens dont on ne sait rien, mais qui exige que les Suisses revotent lorsqu’ils « se trompent » sur la question des minarets. Pour le chef d’Europe Ecologie, officine racialiste, ethniciste et régionaliste, la très démocratique UE a un droit d’ingérence totale : elle peut décider des lois de pays non-membres, elle peut désigner le gouvernement d’un pays arabe. On n’arrête pas le progrès.

 

Sur France 2, le même jour au 20h, Samah Soula nous remet le couvert. Prudemment repliée à Benghazi, la journaliste présente à son tour les terribles atteintes aux droits de l’homme de l’infernal colonel. Ah, le monstre ! Si on pouvait lui régler son compte ! Lui régler son compte ? Nicolas Sarkozy venait de lancer l’idée de « frappes aériennes » contre les forces de Kadhafi. Etrange hasard. Le président de la République et le patron d’Europe Ecologie ont-ils signé un pacte secret ? Toujours est-il que Nicolas Sarkozy a achevé de montrer qu’il est d’une incompétence et d’une maladresse étonnantes. D’abord, il a pris de court son ministre des Affaires Etrangères à peine nommé, Alain Juppé. Cela s’est vu comme le nez au milieu de la figure lors de l’intervention dudit ministre. Ajoutez à cela que Nicolas Sarkozy mise sur les insurgés… au moment même où ils démontrent leur incapacité à défaire Kadhafi ! Le président devrait prendre des cours de stratégie : on ne mise pas sur un cheval en train de perdre. J’ignore qui sont ses conseillers en « géostratégie » mais je lui conseille de les virer au plus vite. Qu’espère le président ? Redorer le blason de la France ? Faire diversion ? Se donner une stature internationale en vue d’une hypothétique réélection ? On ne fait pas de la géopolitique comme on joue aux dés. Il était question de créer une zone d’exclusion aérienne. Cette mesure est toujours à l’étude, et objet de contestation (même les Américains se montrent sceptiques, c’est dire !). Nicolas Sarkozy, comme d’habitude, prend l’initiative… pour prendre l’initiative. Mais ce qui est simplement agaçant au plan intérieur peut avoir des conséquences très graves au plan international.

 

Nicolas Sarkozy risque fort de nous couvrir de ridicule une fois de plus. Son arrogance n’est pas appréciée de nos partenaires. Mais surtout, il faut rappeler que c’est le même Nicolas Sarkozy qui a déroulé le tapis rouge au démon Kadhafi, il y a quelques temps. Le même qui a fait assaut de servilité auprès du tyran de Tripoli. Le même qui a cédé à tous les fantasques caprices du colonel. La France et le peuple français ont été humiliés par cette farce grotesque. Et aujourd’hui, le même Nicolas Sarkozy est prêt à larguer des bombes sur Tripoli et sur les bases militaires de Kadhafi ? Certains présidents de la République, en mal de succès intérieur, se montraient assez habiles pour faire entendre la voix de la nation à l’extérieur. Nicolas Sarkozy en est incapable, tout comme il est incapable de conserver un discours cohérent sur la durée.

 

Qui sont les insurgés ?

La vérité est qu’on ne sait pas grand-chose. La rébellion de Benghazi est dirigée par une coalition de chefs tribaux, de hauts fonctionnaires et anciens dignitaires de Kadhafi et de religieux aux motivations obscures. Que la population de Benghazi et d’ailleurs se soit soulevée en espérant la liberté et une vie meilleure, je n’en doute pas. Mais jusqu’à quel point cette révolte n’a-t-elle pas été « récupérée » par des ambitieux qui espèrent se partager pouvoir et richesses après la chute de Kadhafi ?

 

On aurait aimé que Nicolas Sarkozy réfléchisse à la mésaventure diplomatique des Britanniques. Londres envoya il y a peu une mission à Benghazi pour sonder les insurgés. Ce qui s’est passé n’est pas clair, mais il semble que les représentants de Sa Majesté aient eu maille à partir avec les rebelles. Ils auraient été retenus prisonniers avant de reprendre le chemin de la Grande-Bretagne. Cette péripétie devrait conduire les autres capitales occidentales à s’interroger sur la fiabilité des « combattants de la liberté ».

De surcroît, au-delà du ton laudateur dont bénéficient les insurgés de la part des médias, la réalité de la rébellion est en fait très inquiétante. Qui dirige les opérations militaires ? On ne sait pas vraiment. Les insurgés sont courageux, du moins certains d’entre eux, car il n’est pas dit que ceux qui hurlent devant les caméras soient les plus empressés à rejoindre le front… Mais ils sont mal équipés, mal commandés. Leurs offensives paraissent s’être déroulées de manière anarchique. Tant que l’enthousiasme était là, mais plus encore que régnait un certain flottement dans le camp de Kadhafi, les succès étaient éclatants. Tout cela n’était qu’illusion. A partir du moment où il est apparu que le colonel disposait de forces fidèles suffisantes et de matériel, il était évident que les insurgés rencontreraient leurs premiers échecs.

 

J’avoue avoir pensé, influencé par des journalistes peu scrupuleux, que Kadhafi serait balayé par la vague, trahi par la majorité de ses fidèles. C’était une erreur. Le colonel est décidé à se battre (ce qui ne m’étonne guère) mais il a manifestement les moyens de le faire. J’ai même été surpris par l’ampleur de sa riposte. Il est malvenu aujourd’hui de vendre la peau de Kadhafi.

Enfin, certaines questions se posent : Kadhafi est accusé de bombarder des civils, ou de vouloir le faire. Quelles preuves solides étayent à l’heure actuelle cette accusation ? Sur les images tournées au front par les journalistes, il paraissait plutôt que les avions du colonel bombardaient essentiellement les positions des rebelles et des points stratégiques (bases militaires, dépôts d’armes,…). De plus, les journalistes n’ont quasiment interrogé que des combattants rebelles répétant à l’envie que les partisans de Kadhafi tuaient des civils ou s’en servaient comme boucliers humains. Mais peut-on affirmer que les insurgés ne tuent pas des civils, même involontairement ? Peut-on être certain qu’aucune exaction n’est exercée sur des partisans réels ou supposés de Kadhafi ? Que des pillages n’ont pas lieu ? Et jusqu’à quel point les insurgés n’ont-ils pas intérêt à se servir eux aussi de boucliers humains pour ensuite dénoncer la folie meurtrière des pro-Kadhafi ? A cela s’ajoutent quelques interrogations sur la situation à Benghazi même : plus de police, la sécurité n’est plus assurée, des coups de feu résonnent à tout instant, alors que la ville est située à des dizaines de kilomètres de la zone de combat. Sont-ce des insurgés ou des gangs qui imposent leur loi à Benghazi ? Bien malin qui peut le dire.

 

Conclusion

Les Français ne doivent pas croire les Cohn-Bendit et les Mélenchon, tous ses admirateurs des « révolutions arabes ». En Tunisie, des milliers de jeunes sont en train d’essayer de franchir la Méditerranée pour rejoindre leurs cousins en France ou ailleurs. Quand on leur demande : « pourquoi ne restez-vous pas pour bâtir la démocratie ? », la réponse est invariablement : « ça va prendre trop de temps, on ne peut pas attendre ». Si tous les Français dans la force de l’âge avaient déserté la France durant la Révolution, cette dernière aurait tourné court… On n’a cessé de nous répéter que les Tunisiens voyaient un avenir plein d’espoir s’ouvrir devant eux, mais on avait oublié de nous dire que c’était l’espoir de migrer plus vite vers les pays d’Europe ! Pendant ce temps-là, en Egypte, des affrontements ont opposé des chrétiens et des musulmans, avec des morts à la clé, sans qu’aucun journaliste ne daigne nous expliquer l’événement. Là encore, on se souvient des images de fraternisation interconfessionnelle, images fabriquées de toute pièce par les médias occidentaux soucieux de promouvoir la « diversité » et le « multiculturalisme ». Une illusion qui masque un fossé de haine et d’incompréhension entre les deux communautés religieuses.

 

Dans ce cadre-là, Daniel Cohn-Bendit et Nicolas Sarkozy espèrent nous refaire le coup de l’Irak ou du Kosovo, mais avec Kadhafi ? L’ « ingérence humanitaire », on a déjà donné. Avec quels résultats ? Le Kosovo est un état fantoche, une base avancée de l’impérialisme américain et allemand, auquel nous, Français, avons eu la bêtise de nous associer. Il est gouverné par des mafieux notoires, fichés et recherchés (!) qui persécutent et spolient les Serbes et les Roms. Mais on n’a pas entendu Viviane Reding, pourtant si prompte à comparer la France au III° Reich, s’en prendre à Hashim Thaçi. En Irak, c’est le chaos, la guerre civile, les attentats et un Etat central en ruine. Dans l’ouest du pays, les tribus sunnites ont dû créer leur propre armée pour combattre les partisans d’Al-Qaïda dont on sait à présent qu’ils se sont implantés après la chute de Saddam Hussein et l’invasion américaine. Merci, Oncle Sam.

 

La guerre civile qui se déroule en Libye concerne les Libyens. A eux de régler leurs affaires. La France n’a pas à intervenir. Si Kadhafi tombe, je ne verserai pas une larme. Mais il est possible qu’il laisse le chaos derrière lui… Et la porte ouverte à des migrations de grande ampleur. Or, n’en déplaise aux humanistes, la question de l’immigration n’est pas anodine. La situation est tendue en France, depuis des années. La gauche accuse la droite et l’extrême droite de jouer la tension, sans voir que les racailles, les intégristes, les communautaristes (CRAN, Indignes de la République) et même les officines antiracistes (devenues néo-racistes dans les faits), par leurs comportements ou par leurs discours, portent une très lourde responsabilité dans l’installation d’un climat délétère en France. Nous n’avons pas besoin d’une guerre en Libye. Nos soldats en Afghanistan se font déjà tuer pour rien. Si guerre il doit y avoir, c’est ici, contre les voyous des cités, les islamistes et les communautaristes. C’est la seule guerre qui vaille, car elle décidera de l’avenir de la France.   



13/03/2011
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