Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Quand l'Occident soutient l'islam radical

 

Lorsque François Hollande a été élu, le 6 mai dernier, je n’étais pas fâché. La droite est usée par dix années de pouvoir. Nicolas Sarkozy a fait son temps, cinq ans ou presque comme ministre omniprésent, cinq ans comme président omnipotent. Je n’ai jamais aimé le style de Nicolas Sarkozy, son absence d’idéologie, de cohérence, sa manie de prononcer de beaux discours (écrits par le « patriote » Henri Guaino) en parfaite inadéquation avec sa politique. Je maintiens que son bilan, sans parler de la crise, est mauvais. Mais je n’aime pas la gauche, et je me suis quand même demandé si nous ne tombions pas de Charybde en Scylla avec l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Je n’ai pas d’opinion sur la personne de François Hollande, cet homme est lisse. Nicolas Sarkozy, on aimait ou pas, mais c’était un leader, il ne laissait personne indifférent. En revanche j’ai une opinion sur le Parti Socialiste : un parti anti-national, européiste, métissolâtre, immigrationniste, et, ce qui est très grave à mes yeux, converti au régionalisme et à l’idéologie écolo-diversitaire de manière générale. A ce sujet, j’en profite pour inviter les régionalistes et autonomistes de France et de Navarre à regarder un peu ce qui se passe en Espagne : les régions, avec leurs innombrables prérogatives, sont parmi les grandes responsables de la dette espagnole. Et que croyez-vous qu’il arriva ? Eh bien les régions espagnoles, y compris les fiers Catalans (qui se votaient des budgets augustéens) et les indomptables Basques, ont réclamé… la solidarité nationale ! Oui, vous ne rêvez pas. Et le gouvernement espagnol a levé des milliards pour soutenir ses régions. Il aurait dû en profiter pour réduire les pouvoirs de la Généralité, histoire de rappeler aux Catalans quelle déconvenue attend la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.

 

Mardi 29 mai, François Hollande a déclaré sur France 2 qu’il n’excluait pas une intervention militaire en Syrie, sous mandat de l’ONU, bien sûr. C’est dire si nos dirigeants ont tiré les leçons du printemps arabe, et de la politique occidentale menée depuis une dizaine d’années à l’égard du monde musulman. Souvenez-vous : c’était le 11 septembre 2001. Les tours jumelles de New York, percutées par des avions aux mains des kamikazes d’Al-Qaïda, s’effondraient dans le fracas de l’acier et du verre brisés, au milieu d’un nuage de poussière. Le rêve américain était atteint, l’orgueil de l’Oncle Sam blessé. « Plus jamais ça ! » promirent les dirigeants américains. On allait voir ce que l’on allait voir. L’Amérique partait en Croisade pour extirper du monde l’islamisme, cet ennemi sournois du monde libre. Il est temps, je pense, de dresser un bilan de cette politique.

 

En Afghanistan, où Oussama Ben Laden avait trouvé refuge, la situation est déplorable. Dans plusieurs régions, disons-le : la guerre est perdue, les talibans sont de retour, auréolés de leur résistance face à l’envahisseur occidental. Hamid Karzaï, que nous avons mis au pouvoir, n’est pas loyal et il n’a qu’un désir, que nous quittions le pays. Il négocie déjà, dit-on, avec certains talibans. L’armée afghane, que nous avons formée à coup de milliards, est infiltrée par les islamistes. Les soldats de l’OTAN en mission ne savent jamais s’ils vont tomber sur un groupe de rebelles… ou si un soldat afghan ne va pas les mitrailler dans le dos. Nos soldats meurent pour rien. Des talibans présumés sont relâchés sur intervention des autorités locales. On se couche, en espérant quoi ? Gagner le respect de la population ? Ces gens-là nous méprisent, et nous allons jusqu’à voiler nos femmes-soldats pour ne point les offusquer. Nous n’avons pas voulu appliquer l’adage : « qu’ils nous haïssent, pourvu qu’ils nous craignent ». Le résultat est là : ils ne nous craignent point, mais ils nous haïssent quand même. François Hollande sait que l’affaire est pliée. Il veut accélérer notre retrait, il n’a pas tort. Encore faut-il partir en évitant de laisser trop de matériel aux mains des ennemis. Nos soldats se sont battus pour rien, pour une cause perdue. Pour venger un affront fait à une autre nation. Les Russes, jadis embourbés eux-mêmes en Afghanistan, doivent rire sous cape.

 

Oussama Ben Laden est mort, c’est vrai. Maigre consolation. Il a été abattu au Pakistan. Il faut dire un mot de ce pays. Il était notre allié, il est presque devenu notre ennemi. Qui peut croire que le Pakistan ignorait la présence de Ben Laden, installé à deux pas d’une académie militaire si j’ai bonne mémoire ? Le Pakistan a joué un jeu trouble depuis le début de la guerre. A présent, c’est un pays en partie déstabilisé, où le terrorisme s’est développé. L’intolérance religieuse y est montée d’un cran. Le fait que les Américains n’aient pas jugé bon d’avertir les autorités pakistanaises de l’opération contre Ben Laden en dit long sur le climat de confiance qui règne entre Washington et Islamabad. Or le Pakistan possède la bombe atomique, comme son voisin et ennemi, l’Inde. Le terrorisme islamique a frappé cette dernière, à Bombay (ou Mumbai), fin novembre 2008. Les terroristes s’étaient entraînés au Pakistan… Il faut souhaiter que la situation ne dégénère pas dans cette région où la tension a toujours été vive. D’autant que l’islam radical pakistanais a des ramifications jusqu’en Europe, via l’importante communauté pakistanaise de Grande-Bretagne dont certains membres ont été impliqués dans les attentats londoniens de juillet 2005.

 

En Irak, les Américains ont fait du très beau travail. Saddam Hussein, un des chefs de l’ « Axe du Mal » a été mis hors d’état de nuire. Et puis, on s’est aperçu que Saddam Hussein n’avait jamais soutenu ou hébergé Al-Qaïda et qu’il ne possédait guère d’armes de destruction massive. En revanche, sa chute a permis aux islamistes de s’implanter en Irak, de faire régner la terreur et de réactiver les conflits religieux. Quand on y réfléchit, l’islamiste est un peu comme un parasite accroché à la carlingue des bombardiers de l’US Air Force : il se laisse choir avec les bombes sur les pays musulmans visés par Washington. Et une fois qu’il est installé, c’est un coriace, pas question de s’en débarrasser. Pendant des années, Bagdad a vécu au rythme des attentats-suicides, les jours de marché, près des écoles ou des casernes. A l’ouest, les tribus sunnites se sont organisées et armées pour résister aux islamistes. A l’est, certains extrémistes chiites s’en sont pris aux « libérateurs ». La communauté chrétienne irakienne, l’une des plus anciennes du monde, a été liquidée dans l’indifférence générale, si l’on excepte un discours de Nicolas Sarkozy, sans lendemain comme toujours. Aujourd’hui, l’Irak est un pays affaibli : la haine est forte entre chiites et sunnites, au nord les Kurdes veillent jalousement sur leur autonomie et rêvent d’indépendance, ce qui n’est pas sans inquiéter le voisin turc qui, de temps en temps, attaque une base du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) installée côté irakien. Il y aurait presque matière à regretter Saddam, qui pourtant n’était pas un tendre…

 

Depuis la fin 2010, nous assistons au fameux « printemps arabe » qui, pays après pays, se termine presque systématiquement par un « automne islamiste ».

En Tunisie, la mafia Ben Ali a été remplacée par les islamistes. Je me souviens de l’engouement pour la jeune démocratie tunisienne. Au Front de Gauche, l’enthousiasme était au rendez-vous, je me rappelle avoir lu un article dithyrambique sur les élections législatives tunisiennes qui virent la victoire des islamistes. Depuis, silence radio. La Tunisie se réislamise tranquillement, tirant un trait sur les mesures laïques de Bourguiba et Ben Ali. Après « Place au peuple », c’est « Place à la charia ». Alexis Corbière, le petit procureur du Parti de Gauche (PG, groupuscule mélenchonien), fait régulièrement le procès du FN mais se montre moins disert sur la démocratie tunisienne que lui et ses camarades encensaient il y a quelques mois encore.

En Egypte, le clan Moubarak a laissé la place aux islamistes, Frères musulmans et salafistes. Ils ont remporté les élections législatives, et le candidat des Frères peut emporter la présidentielle.

Cela étant, ce qui s’est passé en Egypte et en Tunisie est pour une bonne part indépendant de la volonté des pays d’Occident. Même si Washington a passé quelques coups de fil aux généraux égyptiens… au final pour le plus grand bénéfice des islamistes.

 

En Libye, les choses sont différentes. Mouammar Kadhafi avait les moyens de mater la rébellion de Benghazi. Les Français et les Anglais ont décidé de chasser le dictateur au profit d’un fantomatique CNT (Conseil National de Transition, mais transition vers quoi ?), rempli d’anciens sbires de Mouammar, soit dit en passant. Nous avons consciencieusement bombardé les kadhafistes, fourni pléthore d’armes aux « rebelles », fermé pudiquement les yeux sur les crimes dont ils se sont rendus coupables. Aujourd’hui qui entend encore parler de cette guerre ? Qu’en reste-t-il ? Un livre de Bernard-Henri Lévy, je le concède, La Guerre sans l’aimer si je ne m’abuse. J’ai longtemps pensé que BHL était un bouffon semi-comique. Le problème est que cet homme a du sang sur les mains. C’est, sinon un criminel, du moins un complice des crimes commis par les rebelles libyens. Et une fois libres, que croyez-vous que décidèrent les « démocrates » libyens du CNT ? Charia pour tout le monde, parce que « l’islam, c’est nos racines ». Le CNT ne contrôle rien, ou pas grand-chose, certaines tribus sont à deux doigts de la sécession, bref, c’est le chaos. Et c’est nous qui l’avons installé. Je demande solennellement au nouveau Président de la République de nommer M. Lévy ambassadeur à Tripoli. Il rejoindra son poste à la nage, depuis Marseille, et prendra à ses frais sa sécurité. Afin de lui laisser le temps d’œuvrer pour la démocratie en cette terre de mission, je propose que son mandat s’étale sur dix ans, renouvelable une fois. D’éventuelles obsèques seront laissées aux soins des autorités de la Libye libre. Elles lui doivent tant… Ainsi que les islamistes qui depuis peu ont fait de la Libye une de leurs bases en Afrique du Nord.

 

Au Mali, la situation est préoccupante. Après la défaite de Kadhafi, armes (fournies par la France entre autres), rebelles touaregs et militants islamistes se sont répandus comme la peste dans toute la zone sahélienne. Le Mali s’est avéré le pays le plus fragile. Des islamistes salafistes d’Ançar Dine, alliés d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), se sont d’abord greffés sur la rébellion touareg. Touaregs et islamistes remportèrent une série de succès qui leur permirent d’asseoir leur autorité sur l’Azawad, le nord-est du Mali. Face à la crise ouverte par ces menées séparatistes, l’armée malienne chassa le président taxé d’incompétence. La communauté internationale, comme un seul homme, condamna la junte malienne, mais pas un mot sur les rebelles et les islamistes qui poursuivaient leur avancée. La junte a rendu le pouvoir il y a peu, tandis que Touaregs et salafistes achèvent tranquillement de prendre le contrôle de l’Azawad. Et que croyez-vous qu’il arriva ? Ançar Dine acquit rapidement une position hégémonique, et récemment les rebelles Touaregs (une rébellion « laïcisante » précisons-le) n’ont eu d’autres choix que de fusionner avec les islamistes, sur la base d’un accord pour un « Etat islamique » où la charia sera bien évidemment à l’ordre du jour. L’accord entre Touaregs du MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) et islamistes d’Ançar Dine paraît bien précaire, mais il semble que les islamistes ont pris l’ascendant, si j’en juge par des témoignages qui parlent de désertion au MNLA en faveur d’Ançar Dine. Le poison de l’islamisme n’a pas fini de se diffuser dans l’espace saharien et sahélien… Mais nos gouvernements récoltent ce qu’ils ont semé.

 

Alors, demain la Syrie ? La guerre civile sévit à présent dans ce pays. Bachar el-Assad et ses partisans peinent à mater la révolte. Je rappelle quand même quelques évidences : pour faire la guerre, il faut être deux. Je précise aussi qu’un civil équipé d’une kalachnikov, ce n’est plus un civil, ça s’appelle un milicien. Ou un terroriste. Lorsque l’armée ou les milices baathistes commettent des crimes, et elles en commettent certainement, cela je ne le nie pas, les puissances occidentales font part de leur inquiétude et de leur indignation. Lorsque des soldats syriens sont tués ou qu’un attentat fait un carnage de civils à Alep ou à Damas, la réaction est moins vive. Et on a tôt fait de soupçonner le régime syrien de jouer la carte du pire. Je suis toujours un peu rétif à admettre qu’un Etat, même dictatorial, tue des gens qui lui sont fidèles pour accuser ses ennemis de ce forfait. Admettons que ce soit possible, j’aimerais que les « rebelles » syriens nous apportent des preuves. D’autant que les « sources d’informations » rebelles sont basées… en Europe ! Par ailleurs, quand on regarde la composition de la « rébellion », on ne peut que constater que certains mouvements ne répugnent pas à user de pratiques terroristes. Mais admettons que demain nous détruisions le potentiel militaire du maître de Damas. Si on ne fait que cela, on mettra les belligérants à égalité. La guerre civile sera éternelle… et finalement plus meurtrières qu’une victoire d’el-Assad. C’est d’ailleurs étrange, cette idée de mettre les adversaires à égalité. Il faudrait interdire tout commerce d’armes, si on était logique. Il est cependant plus probable que nous tomberons dans le même engrenage qu’en Libye : nous fournirons des armes (l’Arabie Saoudite aurait déjà commencé). Et Bachar sera vaincu, assassiné sans doute, ou condamné à une exécution ignominieuse comme l’autre baathiste, celui d’Irak, Saddam Hussein. La Syrie est une poudrière. Les vainqueurs, parmi lesquels des islamistes sunnites, ne manqueront pas de se venger des Alaouites, minorité du clan el-Assad, mais aussi des chrétiens qui sont plutôt favorables au régime. Après tout, les islamistes ont fait le ménage en Irak, pourquoi ne pas le faire en Syrie ? Tout cela avec la bénédiction des pays occidentaux et de leur alliée, l’Arabie Saoudite,  cette grande amie de la liberté et de la tolérance. Et puis, armes et islamistes se diffuseront en Jordanie, au Liban, en Turquie, dans le Caucase peut-être…

 

Le bilan des années 2001-2012 n’est pas très rassurant. Je sais bien, c’est facile de critiquer quand on n’est pas au pouvoir. Certains dirigeants ont sincèrement cru bien agir, je n’en doute pas. Parfois, c’est vrai, on n’imagine pas les conséquences de ses décisions. Mais enfin, dans plusieurs dossiers, les mises en garde n’ont pas manqué. Dominique de Villepin en son temps, dans un discours célèbre à l’ONU, tenta de faire entendre raison aux Etats-Unis concernant l’Irak. L’Oncle Sam refusa d’écouter. Comme des enfants gâtés à qui on refuse une sucrerie, les Américains firent leur crise de francophobie, trouvant intelligent de répandre notre vin dans le caniveau ou de bouder notre foie gras. Quelques années plus tard, des voix s’élevèrent pour commencer à murmurer que, finalement, les Français n’avaient peut-être pas tort. La politique menée en Afghanistan, faite de compromissions, de renoncements, d’hésitations, a été plus d’une fois critiquée. Pour les printemps arabes, il faut reconnaître que l’aveuglement fut général. Et aucune autocritique depuis. Avec mon pessimisme coutumier, je disais dès le départ que le pire était à craindre (1). Le pire est toujours à craindre. Surtout dans le monde arabe… En Libye, la stratégie adoptée, et même la forme qu’a prise cette intervention, avec la mise en avant du rôle de BHL, en ont indigné plus d’un. Avant même la crise au Mali, Jean-Pierre Chevènement au Sénat interpelait le gouvernement sur un risque de dispersion des armes dans le Sahel, une région déjà instable. Je ne doute pas que l’islamisme possède sa propre dynamique, liée au contexte économique, géopolitique, social et culturel du monde musulman. Mais j’ai la désagréable impression qu’il tire quand même une partie de sa prospérité des erreurs stratégiques et des maladresses de nos gouvernements occidentaux.

 

(1) Pas pour se vanter d’avoir été prophète… mais quand même.

https://blog-nationaliste.blog4ever.com/blog/lire-article-286920-2081630-tunisie__moderons_notre_enthousiasme.html

 

https://blog-nationaliste.blog4ever.com/blog/lire-article-286920-2190061-libye__halte_a_la_propagande_belliciste.html



30/05/2012
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