Nationaliste Social et Ethniciste

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La méthode Maurice Leroy

Maurice Leroy est un cacique de la région Centre. Membre du Nouveau Centre (rien à voir avec la région), un parti fantoche regroupant les centristes qui sont allés à la soupe après 2007, président du Conseil général de Loir-et-Cher, ministre de la Ville (alors qu’il est élu d’une zone rurale située dans un département rural, et qu’il n’a par conséquent jamais géré une agglomération digne de ce nom durant sa carrière, allez comprendre…) de 2010 à 2012, Maurice Leroy est candidat à la députation pour la 3ème circonscription du Loir-et-Cher  (nord-ouest du département). Il a obtenu 43,43 % des suffrages au premier tour des législatives, et se trouve en ballotage favorable face à la candidate socialiste pour le second tour. Il est plus que probable que Maurice Leroy sera député de Loir-et-Cher dimanche prochain.

 

Il ne me paraît pas inutile cependant d’informer les Français des pratiques de certains de leurs élus, particulièrement en période électorale, quand tout est bon pour gagner les suffrages. De ce point de vue, Maurice Leroy est un maître, reconnu comme tel au plan local. Il mériterait le surnom de Maurice le Roublard. Ecoutez donc mon histoire, et voyez comme la magie opère en période électorale. Je tiens l’information d’une connaissance directement concernée par les talents d’enchanteur de Maurice Leroy, le Merlin des temps modernes.

 

Les collèges sont financés et entretenus par les conseils généraux, je le précise, parce que c’est important pour la suite. Il y a, dans la circonscription de M. Leroy, un petit collège rural, comme il y en a beaucoup en région Centre. Comme de nombreux établissements, ce collège doit se serrer la ceinture : malgré une hausse des effectifs l’an prochain, un poste de surveillant est supprimé. Beaucoup d’établissements manquent en effet de surveillants et de CPE (Conseiller Principal d’Education), plus encore que de professeurs. A tel point que les consignes de sécurité deviennent parfois difficiles à respecter. Cet établissement rural manquera donc d’encadrement, mais aussi de place pour accueillir les élèves l’an prochain. L’administration s’adresse donc au Conseil général de Loir-et-Cher pour obtenir des locaux supplémentaires. Réponse : désolé, il n’y a plus d’argent. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Je ne jette pas la pierre aux collectivités locales : elles ont beaucoup à faire. Mais la suite est édifiante.

 

Nicolas Sarkozy est battu le 6 mai, et le gouvernement de François Fillon doit démissionner. Désormais libéré de ses obligations ministérielles, Maurice Leroy est de retour dans son fief, où il décide de briguer le poste de député, celui-là même qu’il a occupé de 1997 à 2010, date de son entrée au gouvernement avec le portefeuille de la Ville. C’est bien normal. Il se trouve qu’une association réclame depuis quelques temps déjà une structure spécifique pour accueillir des élèves handicapés, structure intégrée à un établissement. Alors Maurice Leroy, maître du Conseil général et avec l’appui du rectorat, se transforme en magicien bienfaisant : il décide, à l’insu de tous, d’installer une unité pour l’accueil d’élèves handicapés dans le collège rural évoqué précédemment. Je dis bien : à l’insu de tous. Les associations de parents d’élèves handicapés n’ont pas été consultées, bien sûr. Mais surtout, l’établissement concerné a appris par voie de presse la décision de Maurice Leroy, aussi bien le chef d’établissement que les professeurs. Ni le Conseil général, ni le rectorat de l’Académie d’Orléans-Tours n’avait daigné prévenir les principaux intéressés. A noter que l’établissement avait été approché pour accueillir ce type de structure, mais il avait décliné l’offre en expliquant que la gestion de la rentrée prochaine serait déjà problématique. Les locaux précédemment refusés sont accordés par le Conseil général. Un demi-poste d’encadrement pourrait être rétabli. A trois semaines de la fin de l’année scolaire, les équipes pédagogiques du collège apprennent donc qu’il leur faudra accueillir des élèves handicapés à la rentrée. Quel type de handicap ? Dans un premier temps, mystère. Dans tous les cas, il est trop tard pour obtenir une formation avant la rentrée. L’administration et les collègues vont donc improviser. Pour assurer la réélection de Maurice Leroy. Quand on vous dit que la politique fait des miracles… Naturellement, devoir de réserve oblige, l’établissement n’a aucune possibilité de protester publiquement contre cette façon de faire. Et l’électeur de la 3ème circonscription de Loir-et-Cher se dit que, décidément, Maurice Leroy est un homme d’action qui mérite de le représenter au Palais Bourbon.

 

Qu’est-ce qui est particulièrement choquant dans cette affaire ? Plusieurs choses. D’abord, Maurice Leroy a utilisé sa fonction de président du Conseil général pour s’assurer des voix dans une élection législative. Le mélange des genres est condamnable. De plus, c’est tout de même utiliser des fonds publics à des fins électoralistes. Je ne suis pas naïf : d’autres, bien d’autres, le font. Mais ce n’est pas une raison pour approuver. La décision de Maurice Leroy répond à un besoin, certes, mais elle est mal pensée, prise dans la précipitation et présentée quatre ou cinq jours avant le premier tour des élections, par un ex-ministre qui revient tout juste de Paris où ses fonctions gouvernementales l’ont accaparé pendant près de deux ans. Surtout, Maurice Leroy donne le sentiment de trouver de l’argent quand il s’agit de financer un projet qui lui assure une publicité certaine auprès des électeurs. Enfin, le procédé dénote un profond mépris des fonctionnaires de l’Education Nationale. Le Conseil général aurait pu, non, aurait dû, par courtoisie et par correction, prévenir l’établissement avant d’avertir la presse. Les dents auraient grincé, mais la politique consiste toujours à prendre des décisions qui ne font pas plaisir à tout le monde. Et le rectorat, qui ne pouvait pas ne pas être au courant, aurait pu aussi informer le collège en temps utile. Rien de tout cela n’a été fait. Les bureaucrates hautains qui hantent les couloirs du rectorat sont bien souvent très à cheval sur le respect des convenances et la déférence qui leur est due. Mais il ne leur viendrait pas à l’esprit que leurs subordonnés méritent peut-être d’être traités avec un minimum de courtoisie…



13/06/2012
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