Nationaliste Social et Ethniciste

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Les fils de Clovis et de Clotilde

Les fils cadets de Clovis, nés de Clotilde, ne furent pas oubliés lors du partage de 511. Chacun d'eux reçut une part du trésor royal, une partie des guerriers francs et une portion du royaume (Teilreich). Ils étaient au nombre de trois : Clodomir, Childebert et Clotaire (le premier fils du couple royal, Ingomer, étant mort en bas âge).

 

Le destin tragique de Clodomir et de ses fils

L'aîné des fils de Clovis et de Clotilde, Clodomir (ou Clodomer), né vers 495, reçut un royaume ayant Orléans pour capitale d'où le nom de « royaume franc d'Orléans » donné couramment à ce territoire. Des quatre royaumes francs, celui de Clodomir était le seul à être d'un seul tenant. Il comprenait l'essentiel de la province métropolitaine de Sens (ancienne province romaine de Lyonnaise Sénonaise), soit les cités de Sens, Orléans et Chartres (Paris et Meaux étant attribuées à un autre royaume). Une province métropolitaine regroupait les diocèses dépendant d'un évêque métropolitain, terme qui s'est maintenu dans l'Eglise orthodoxe, mais qui a été abandonné pour être remplacé par le titre d'archevêque dans l'Eglise catholique. Clodomir contrôlait en outre toute la basse vallée de la Loire avec les cités de Tours, Angers et Nantes. Dans les anciennes provinces romaines d'Aquitaine, Clodomir gouvernait la vaste cité de Poitiers et celle de Bourges, métropole d'Aquitaine Première. Ainsi Clodomir, que sa mère avait tenu à faire baptisé tout jeune, contrôlait un haut lieu du christianisme gallo-romain : Tours, la ville de Saint Martin.

 

D'après Grégoire de Tours, Clotilde demanda à ses fils de venger ses parents, tués jadis par Gondebaud roi des Burgondes, en attaquant les deux fils de ce dernier, Sigismond et Godomar qui régnaient alors. L'anecdote a de quoi surprendre, venant d'une reine par ailleurs louée pour sa piété. En cette circonstance, la nécessité chrétienne de pardonner semble avoir été laissée de côté… Quoi qu'il en soit, Clodomir, dont les possessions étaient frontalières du royaume burgonde, mena la guerre avec ardeur. Les Burgondes subirent une lourde défaite et, si Godomar parvint à s'échapper, le malheureux Sigismond fut capturé avec sa femme et ses enfants, alors qu'il cherchait refuge dans un couvent. La famille royale fut amenée enchaînée à Orléans. Clodomir se prépara bientôt à mener une seconde expédition car Godomar avait rallié les Burgondes qui n'acceptaient pas la domination franque. Mais que faire de Sigismond ? Clodomir prit une décision radicale : éliminer le roi burgonde. Du même coup, il accomplirait la faide (vengeance en droit tribal germanique) de sa mère et il éliminerait un prétendant de taille au trône burgonde. Lui-même prince burgonde par sa mère Clotilde, Clodomir pourrait alors briguer la couronne pour lui-même, après avoir vaincu Godomar. Mais Sigismond, bien que fils d'un roi arien, s'était converti au catholicisme. Aussi, l'abbé Avitus, sans doute issu de la grande famille auvergnate des Aviti dont les membres les plus éminents furent l'empereur de 456, nommé Avitus, ancien préfet du prétoire et maître de la milice, et l'évêque de Vienne, nommé également… Avitus (ou Avit en français) qui fut précisément ministre de Gondebaud dont l'arianisme n'excluait pas une tolérance pragmatique à l'égard des catholiques, vint plaider la cause du malheureux Sigismond. Mais Clodomir resta sourd à ces appels à la clémence. Avitus le prévint qu'il subirait le même sort. Clodomir fit néanmoins périr Sigismond, sa femme et ses enfants et fit jeter les corps dans un puits, à Coulmiers, près d'Orléans d'après Grégoire de Tours sans doute bien informé (M. Rouche opte pour Saint-Péravy-la-Colombe). Cette mort ignominieuse frappa les esprits et Sigismond fut bientôt vénéré comme un saint.

 

Mais les ambitions de Clodomir ne se réalisèrent point : au cours de la bataille contre Godomar, à Vézeronce, près de Vienne, Clodomir fut apparemment attiré dans un guet-apens par des guerriers burgondes qui le tuèrent. Ils lui tranchèrent la tête et la mirent sur une pique pour la brandir comme un trophée : Godomar avait vengé la mort de son frère. La suite du récit de Grégoire de Tours laisse perplexe : les Francs, voulant venger leur roi, auraient vaincu les Burgondes. Il est plus raisonnable de penser que, désemparés par la mort de leur chef, les Francs furent mis en déroute ou du moins durent battre en retraite. D'ailleurs, le répit d'une dizaine d'années dont purent profiter le roi Godomar et les Burgondes plaide pour cette hypothèse.

 

Ainsi disparaissait l'aîné des fils de Clotilde en 524, ayant à peine atteint la trentaine. Mais de son union avec Gondioque (une descendante de Godegisèle, frère et ennemi de Gondebaud), Clodomir avait eu des fils : Théodoald (ou Theodovald), Gunthar (ou Gonthier) et Clodoald (ou Cloud). Clotilde recueillit ses petits-fils tandis que Clotaire, le plus jeune frère de Clodomir, épousait la veuve Gondioque. La succession de Clodomir était en théorie réglée : ses fils se partageraient son royaume sitôt leur majorité atteinte. Mais leurs oncles, Childebert et Clotaire, ne l'entendirent pas de cette oreille. Ils vinrent à Paris et se firent livrer les jeunes princes, faisant croire à Clotilde qu'ils les proclameraient rois, mais les jetèrent en prison. Puis ils envoyèrent un messager à Clotilde qui se présenta devant la reine avec une paire de ciseaux dans une main et un poignard dans l'autre. Et de donner le choix à Clotilde : la tonsure ou la mort pour ses petits-fils ! La suite, contée par Grégoire de Tours, est assez surréaliste : furieuse ou désespérée (ou les deux), Clotilde finit par lâcher qu'elle préfère qu'on égorge les jeunes princes s'ils ne peuvent régner ! Clotaire et Childebert ne se font pas prier. Clotaire saisit Théodoald et lui plante son poignard sous l'aisselle. Le jeune Gunthar, implorant, se jette aux pieds de son oncle Childebert. Ce dernier, saisi par un reste d'humanité, s'émeut et se laisser fléchir. Il demande à Clotaire d'épargner l'enfant. Gunthar va-t-il vivre ? Mais Clotaire, plus inflexible que les Parques, rappelle à son frère qu'il est l'initiateur du sinistre projet et le menace. Childebert repousse finalement l'enfant, que Clotaire tue comme il a tué son frère. Théodoald avait dix ans, Gunthar sept. Le dernier fils de Clodomir, Clodoald, réussit à s'enfuir, protégé par des serviteurs fidèles. Plus tard, Clodoald dirigea un groupe de moines dans le diocèse de Paris, à Nogent. Il fut canonisé après sa mort et Saint-Cloud est aujourd'hui le nom de la commune où il résida. Clotaire et Childebert se partagèrent le royaume de Clodomir.

 

Childebert

Lors du partage de 511, Childebert, le deuxième fils survivant de Clovis et de Clotilde (né vers 497), reçut les territoires situés au nord-ouest du royaume paternel : la province métropolitaine de Rouen (ancienne province romaine de Lyonnaise Seconde) correspondant en gros à l'actuelle Normandie avec les cités de Rouen, Evreux, Lisieux, Sées, Bayeux, Coutances et Avranches ; à cela s'ajoutaient les cités de Paris et Meaux dans la province de Sens et les cités d'Amiens, de Beauvais et de Senlis dans celle de Reims (l'ancienne Belgique Seconde). En outre, Childebert contrôlait l'importante cité du Mans et certaines cités de Bretagne continentale (Rennes sans doute et Vannes peut-être). Chaque roi franc avait de plus hérité d'une partie de l'Aquitaine : les cités de Saintes, Angoulême, Bordeaux (métropole d'Aquitaine Deuxième) et peut-être d'autres mal identifiées furent attribuées à Childebert. Ainsi, ce roi contrôlait la très importante cité de Paris où était enterré le grand roi Clovis, véritable fondateur de la dynastie. Childebert en fit sa capitale d'où l'appellation de « royaume franc de Paris ».

 

Si l'on en croit Grégoire de Tours, c'est Childebert qui conçut l'idée d'éliminer les fils de Clodomir, et le crime eut lieu dans son royaume, bien qu'il ait apparemment mis moins d'ardeur que son frère Clotaire à accomplir la basse besogne. Lors du partage des territoires de Clodomir, Childebert s'empara des cités de Chartres, Orléans, Angers et Nantes. Ainsi, peu après 524, Childebert se trouvait en possession d'une grande partie du territoire qui s'appellerait plus tard Neustrie.

 

Vers 530, le bruit courut que Thierry était mort en luttant contre les Thuringiens. Un sénateur d'Auvergne, Arcadius (un autre parent des Aviti, descendant de Sidoine Apollinaire), invita Childebert à venir prendre possession de cette contrée. Le roi de Paris, séduit à l'idée de posséder la belle Limagne, vint occuper Clermont. Mais la nouvelle arriva bientôt de l'est : Thierry était vivant. Prudemment, Childebert prit le large, d'autant qu'une affaire l'appelait en Espagne. Le roi des Wisigoths, Amalaric, s'irritait de la foi catholique de son épouse, fille de Clovis et de Clotilde, et nommée comme sa mère. Il la frappa au point de faire couler le sang. Childebert attaqua donc l'Espagne avec son armée. Amalaric voulut s'enfuir sur des navires mais fut tué d'un coup de lance au seuil d'une église catholique, ironie du sort. Où se déroula cette scène ? Peut-être à Barcelone ou dans un port catalan. Childebert revint en Gaule avec un riche butin. Sa sœur Clotilde qui l'accompagnait mourut en route.

 

L'année suivante, en 532, Childebert est occupé à assiéger Autun dans le royaume burgonde. Les rois francs avaient en effet repris leur projet de soumettre les Burgondes. Ils remportèrent cette fois une victoire décisive. Childebert s'empara ainsi des cités de Lyon, Vienne et Genève. Il se retrouva donc à la tête d'un vaste royaume mais séparé en trois lots ce qui ne rendait pas le gouvernement aisé.

En 534, profitant de la mort de Thierry, Childebert et Clotaire tentèrent de rééditer le scénario accompli pour les fils de Clodomir, à savoir déposséder Théodebert. Mais ce dernier était parvenu à l'âge adulte et il sut s'imposer. Les fils de Clotilde durent s'entendre avec le nouveau maître de l'Austrasie.

 

Puis, pour une raison que Grégoire de Tours ne donne pas, Childebert se brouilla avec Clotaire qu'il attaqua de concert avec Théodebert. Clotaire se réfugia dans une forêt (de l'est du Bassin parisien ?) et y installa un camp retranché. Childebert et Théodebert cernèrent la forêt et préparèrent l'assaut. Une tempête terrible s'abattit alors sur le camp des deux alliés. Grégoire y voit une réponse divine aux prières de Clotilde qui s'était rendue au tombeau de Saint Martin pour prier afin que cette guerre cessât. On est en droit de se demander pourquoi Dieu épargna le cruel Clotaire, assassin de deux de ces neveux, mais les voies de la Providence sont impénétrables (bien qu'on note la regrettable propension de Dieu à pardonner plus facilement aux puissants qu'aux humbles). Ajoutons que la « sainte » Clotilde, qui accepta la mort de ses petits-fils, ne semble pas en avoir tenu rancune au meurtrier. Il faut reconnaître que les mentalités de cette époque sont imperméables à nos propres logiques et systèmes de jugement. Mais enfin, la version de la Bible qui avait cours en ce temps n'était pas si éloignée de celle qu'on lit aujourd'hui dans les églises… Il semble que Childebert ait par ailleurs songé à adopter son neveu Théodebert, n'ayant que deux filles avec sa femme Ultrogothe. Peut-être est-ce la cause de la brouille avec Clotaire.

 

Les deux frères se réconcilièrent pourtant et attaquèrent ensemble l'Espagne wisigothique probablement vers 542-543. L'armée franque mit le siège devant Saragosse. Mais la ville fut sauvée par la piété de ces habitants qui se démenaient en pénitences et processions. Soit par superstition, soit par découragement, Childebert et Clotaire levèrent le siège de Saragosse. On peut aussi songer à l'arrivée imminente d'une armée wisigothique de secours. Il se pourrait d'ailleurs que le pieux récit de Grégoire masque habilement un sérieux revers militaire que les deux frères préférèrent édulcorer… Être vaincu par Dieu est moins humiliant que déguerpir devant les Goths.

 

Clotaire s'étant emparé de l'Austrasie à la mort de Théodebald en 555, apparemment sans rien partager avec Childebert, ce dernier conçut sans doute quelque inquiétude. Aussi, le roi de Paris n'hésita pas à soutenir les menées de Chramn, un fils rebelle de Clotaire. Childebert aurait également poussé les Saxons à attaquer le royaume de Clotaire. Les contacts avec ce peuple pouvaient être facilités du fait que les Saxons du Bessin étaient sujets du roi de Paris. Puis Childebert se décida à porter lui-même le fer contre Clotaire. Il pilla la région de Reims puis regagna Paris où il mourut de maladie en 558. Childebert fut inhumé en la basilique Saint-Vincent (plus tard appelée Saint-Germain-des-Prés) qu'il avait fondée dans les années 540. Clotaire s'empara de son royaume et exila Ultrogothe et ses filles.

 

Clotaire le réunificateur

Clotaire, né vers 498, est le dernier fils de Clovis et de Clotilde, il était jeune encore lorsque son père mourut. Etonnamment, ses frères plus âgés ne tentèrent pas de le déposséder. Lors du partage de 511, Clotaire reçut le vieux pays des Francs Saliens : la cité de Tongres (lieu d'installation des Saliens au IV° siècle), les cités de Tournai (capitale de Childéric), de Cambrai (capitale du roi salien Ragnacaire), d'Arras, de Thérouanne, de Vermand, de Laon et de Soissons (ancienne capitale de Syagrius). Clotaire fit de cette dernière cité la capitale de son royaume appelé par conséquent « royaume franc de Soissons ». En Aquitaine, l'héritage du roi de Soissons n'est pas connu avec précision. Il comprendrait la cité de Toulouse et peut-être celles de Couserans, Tarbes, Oloron et Auch. Mais ce sont des hypothèses.

 

Clotaire, comme Childebert, soutint d'abord Clodomir contre les Burgondes. Après la mort du roi d'Orléans, on a vu comment Clotaire et son frère évincèrent leurs neveux. A cette occasion, Clotaire se montra le plus cruel et le plus inflexible des rois francs. Pourtant, la Providence ou le hasard comblèrent le roi de Soissons, c'est le moins que l'on puisse dire. Du royaume de Clodomir, Clotaire reçut les importantes cités de Tours et de Poitiers. 

Le roi de Soissons soutint ensuite Thierry dans sa guerre contre les Thuringiens. De cette campagne, il obtint la princesse Radegonde qu'il prit pour épouse, ce qui lui donnait des droits sur la royauté de Thuringe. La conquête du royaume burgonde en 534 lui permit de s'emparer des cités suivantes : Valence, Die, Grenoble, Tricastin, Vaison, Orange, Maurienne et Tarentaise, autrement dit toute la région située au sud de Vienne entre Rhône et Alpes.

 

Clotaire échappa à de nombreux périls : Thierry qui voulut l'éliminer lors de la guerre des Thuringiens n'y parvint pas car, en entrant dans la tente de son frère, Clotaire vit les pieds des assassins dépasser sous une tenture censée les cacher et il se garda bien de renvoyer son escorte ; de même, Childebert et Théodebert ne réussirent pas davantage à se débarrasser du roi de Soissons, servi par une chance assez rare au sein de la famille mérovingienne.

Clotaire se montra fort opportuniste et peu respectueux des préceptes chrétiens concernant le mariage. Il avait pris pour femme Gondioque, la veuve de Clodomir. Il épousa ensuite Radegonde la Thuringienne qui cependant choisit de se consacrer à Dieu. Elle fonda un monastère près de Poitiers et fut canonisée après sa mort. Ingonde donna plusieurs fils à Clotaire : Charibert, Gontran et Sigebert. Clotaire épousa également Arnegonde, sœur d'Ingonde, dont il eut Chilpéric. Chunsine fut la mère d'un autre fils nommé Chramn. En 555, Clotaire prit pour femme la veuve de Théodebald d'Austrasie, Waldrada, mais il s'en sépara bientôt et la donna au chef (dux) des Bavarois. Il avait cependant réussi à mettre la main sur l'ensemble du royaume de Théodebald sans rien partager avec Childebert. De fait, Clotaire, initialement doté du domaine le plus modeste, se retrouva le plus puissant roi franc en 555 !

 

Mais Clotaire allait rencontrer de sérieuses difficultés dans les dernières années de son règne. En 555-556, le roi de Soissons mena de périlleuses opérations contre les Saxons tout en matant une révolte des Thuringiens. Le récit de Grégoire de Tours est un peu confus mais il semblerait que les Francs aient subi quelque sérieux revers dans cette affaire. Cependant, Clotaire est étrangement exempté de toute responsabilité, l'évêque de Tours expliquant que ce sont les guerriers francs qui ont contraint leur roi à la bataille alors même que les Saxons offraient leur soumission et un tribut important ! Etrange narration des faits qui pourrait bien là encore travestir une réalité peu glorieuse : une défaite à plate couture de Clotaire, qui après coup tâche de minimiser sa responsabilité dans le désastre. Childebert, inquiet de la puissance grandissante de son frère, ne fut sans doute pas mécontent de ces déboires.

 

Comme son royaume était à présent vaste, le roi de Soissons avait installé un de ses fils, Chramn, en Auvergne afin qu'il surveille cette province souvent indocile. Grégoire de Tours (auvergnat d'origine) accuse le prince de s'être fort mal conduit. Il aurait notamment retiré la charge de comte de Clermont à un certain Firmin (parent de Grégoire ?). Chramn ne tarda pas à se rendre maître des cités de Poitiers et de Limoges, et bientôt il conclut un accord avec son oncle Childebert, trop content sans doute de trouver un appui contre l'encombrant roi de Soissons. Ce dernier confia une armée à ses autres fils, Charibert et Gontran, et les chargea de ramener Chramn à la raison. Les deux armées se retrouvèrent face-à-face mais Chramn fit courir le bruit que Clotaire était mort en combattant les Saxons. Désemparés, Charibert et Gontran se replièrent en terre burgonde. Chramn les suivit et s'empara de Châlons, puis il marcha sur Dijon mais ne put prendre la ville. Chramn se rendit alors à Paris pour resserrer ses liens avec Childebert. Mais ce dernier mourut quelques temps après, en 558. Privé de soutien, Chramn se réconcilia avec son père Clotaire, qui s'empara sans coup férir du royaume de Paris.

 

Toutefois le jeune prince se révolta bientôt à nouveau et s'en alla chercher l'aide des Bretons. Clotaire livra bataille à son fils et fut victorieux. Chramn fut capturé avec sa femme et ses filles. Clotaire enferma le rebelle et sa famille dans une chaumière et y fit mettre le feu, après que Chramn eût été étranglé. Ainsi s'acheva cette guerre, sans doute en 559.

Clotaire passa les deux dernières années de son règne dans une relative tranquillité, en maître incontesté de tout le royaume des Francs. Ainsi, après un demi-siècle de guerres, de complots et d'assassinats, après cinq décennies fertiles en retournements spectaculaires et en rebondissements inattendus, Clotaire régnait seul sur un royaume plus vaste que celui du grand Clovis, son père ! Le terme de cette vie bien remplie approchait. Or il y avait beaucoup à se faire pardonner et Clotaire le savait. Il se rendit donc en l'église Saint-Martin de Tours avec de riches présents, pour acheter sa place au paradis. Il se repentit bruyamment de ses méfaits. Une fièvre l'emporta peu après à Compiègne. Il fut enterré en la basilique Sainte-Marie de Soissons (plus tard basilique Saint-Médard) à la fin de l'année 561.

 

Conclusion

Les fils de Clovis ne se sont guère entendus, et ce n'est pas pour rien que les querelles intestines des Mérovingiens sont devenues légendaires. Le moins que l'on puisse dire est que les fils de Clovis, pourtant élevés dans la foi catholique, ne furent pas des modèles de princes chrétiens !

Pourtant, en dépit de cette mésentente et de cette propension à la guerre civile, la réussite politique est incontestable. Les fils se sont montrés militairement à la hauteur du père et dans l'ensemble se sont entendus pour asseoir l'hégémonie franque sur l'Occident. La Burgondie et la Thuringe ont été conquises, la Provence occupée, la Bavière entre progressivement dans l'orbite franc.

 

En 511, à la mort de Clovis, le grand roi barbare d'Occident s'appelle Théodoric, il est ostrogoth et réside à Ravenne. Son autorité s'exerce de la Pannonie (actuelle Hongrie) à la Lusitanie (actuel Portugal) puisqu'il gouverne de fait le royaume wisigoth.

En 561, le plus puissant roi barbare d'Occident s'appelle Clotaire et sa capitale est Soissons. On ne comprend pas Charlemagne si on néglige ce grand bouleversement du VI° siècle : le glissement du grand centre politique occidental de l'Italie vers la Gaule du Nord, entre Seine et Rhin.

 

Outre leurs propres succès, les rois francs ont profité des échecs des autres : la grande puissance ostrogothique s'est effondrée après vingt ans de guerre acharnée contre les Byzantins. L'Italie est dévastée pour longtemps. Les Wisigoths ont dû eux aussi faire face à la menace byzantine. L'empire de Justinien paraît fort, mais à terme il n'a pas les moyens d'établir sa domination sur l'Occident. En 568, l'invasion lombarde de l'Italie mettra fin au rêve impérial.

La vitalité franque l'a emporté. L'Occident latin sera dominé politiquement par les Francs pour les siècles à venir.

 

Bibliographie sommaire :

 

Grégoire de Tours, L'Histoire des rois francs, (traduction de J.J.E. Roy), Gallimard, 1997

 

Rouche, M.., Clovis, Fayard, 1996

 

L'article de Wikipédia sur Clotaire Ier propose une série de trois cartes intéressantes présentant les différents royaumes francs en 511, en 548 (année de la mort de Clotilde, on peut observer les résultats du partage du royaume d'Orléans) et en 556-558 (après l'extinction de la première Maison d'Austrasie et à la veille de la première réunification) :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Clotaire_Ier



15/04/2010
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