Nationaliste Social et Ethniciste

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Une réforme des régions, pourquoi faire?

Le rapport Balladur est tombé il y a peu et préconise la réduction du nombre de régions françaises afin, comme toujours, d'améliorer la "compétitivité des territoires". Mais pourquoi donc créer des "super-régions"?

 

Sur France 3 Centre, dans l'émission "La voix est libre", le débat s'est engagé entre élus des collectivités (commune, département, région). S'il y a une chose à retenir, c'est que les Français ont une fâcheuse tendance à élire des ignares. Ainsi, au cours de l'émission, un élu UMP (avec de surcroît deux mandats, me semble-t-il) déclare: "La France a besoin de régions plus grandes, de régions ayant une dimension européenne". Quels Français ont pu voter en leur âme et conscience pour cet individu dont la médiocrité le dispute à l'arrogance? Apprenez donc, cher monsieur, que les régions françaises ont, en Europe, une taille fort respectable. Pour deux raisons qui sautent aux yeux: la France est l'un des pays les plus peuplés de l'UE, et c'est aussi le plus vaste, excusez du peu! Mais qu'entendait-il par "taille"? Superficie? Faisons quelques comparaisons avec les autres "grands" pays de l'UE. La région Centre a une superficie de 39 000 km², la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur (PACA) de 31 000 km² et le Nord-Pas-de Calais de 12 000 km². Est-ce ridicule? En Allemagne, le Mecklembourg-Poméranie occidentale a une superficie de 23 000 km², la Sarre de 2 560 km² et le Land d'Hambourg s'étend sur seulement 755 km²! En Italie, la Toscane compte 23 000 km², et la Basilicate environ 10 000 km². En Espagne, l'Aragon s'étend sur 48 000 km², l'Estrémadure sur 41 000 km² mais la Cantabrie sur seulement 5 000 km². Alors, où ce monsieur a-t-il vu que les régions françaises étaient plus petites que les autres? Ou bien est-ce une question de poids démographique? Jugez plutôt: la région Centre compte 2,5 millions d'habitants, PACA 4,9 millions d'habitants et le Nord-Pas-de-Calais 4 millions d'habitants. C'est peu, certes, face à la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et ses 18 millions d'habitants. Mais il y a d'autres Länder en Allemagne! Hambourg et la Sarre ont chacun 1 million d'habitants, et le "vaste" Mecklembourg n'héberge que 1,7 million d'habitants. En Italie, la Toscane compte 3,6 millions d'habitants et la Basilicate seulement 600 000! Quant à l'Aragon et l'Estrémadure, avec respectivement 1,2 et 1 million d'habitants, ils ne font pas grande figure. Alors avant de venir raconter n'importe quoi sur les plateaux télé, que les élus UMP (et les autres) révisent la géographie.

 

En fait, il s'agit surtout de faire des économies, ce qui en général ne marche guère. Tant qu'à faire, peut-être a-t-on l'idée de contenter ici ou là le lobby régionaliste: "réunification" de la Bretagne (alors qu'au cours du Moyen-Âge, la Bretagne est une entité mouvante, d'ailleurs divisée en fiefs, et non une donné "naturelle"), "réunification" de la Normandie, fusion des départements alsaciens. Ces mesures ne mettront pas fin aux chamailleries: Rennes ou Nantes? Caen ou Rouen? De beaux matchs en perspective entre élus! Mais il faut s'interroger: n'assistons-nous pas à la première étape de la mise sur les rails des futurs "Etats-régions" qui composeront l'Europe dont certains (et beaucoup à Bruxelles) rêvent. Derrière (et avec) cet accroissement territorial, se profilent de nouveaux transferts de compétences qui visent à réduire les prérogatives de l'Etat-Nation au profit de l'Union européenne et des "super-régions".

 

Que les choses soient claires une bonne fois pour toutes: le système fédéral a ses mérites, mais il n'est qu'un modèle parmi d'autres. Le modèle français, jacobin et centralisé, a aussi ses mérites et il n'est pas seulement cette machine infernale et bureaucratique que dénoncent certains. L'organisation d'un Etat est un héritage. Si l'Allemagne a une tradition fédérale, tant mieux pour elle! Mais la France a, elle, une tradition centralisatrice. Et qu'on ne me dise pas: "C'est la Révolution française! C'est Bonaparte!". Cela avait commencé bien avant. N'en déplaise à certains, la France centralisée marchait mieux (ou moins mal) que la France régionalisée. Les difficultés (réelles au demeurant) ne viennent pas de l'organisation du territoire mais de l'incurie et de la lâcheté des dirigeants. Que ces gens-là cessent donc de prendre prétexte de leur incompétence pour imposer à la France des "réformes" qui ne sont qu'une fuite en avant désespérée. Il y a sûrement possibilité de procéder à des réorganisations ponctuelles plus pertinentes: fusion de certains cantons en zone rurale développée, réflexion sur l'intercommunalité. Oui, il y a des choses à faire. Mais les structures françaises ont besoin d'adaptations et non de grandes transformations.



10/03/2009
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