Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Eloge de la peur

Avez-vous remarqué ? En politique, il est interdit d’avoir peur. Depuis des années, l’un des arguments phares utilisé contre le Front National (et assimilés… ce qui arrive rapidement pour peu que vous critiquiez l’UE ou l’immigration) est d’accuser cette formation « d’agiter des peurs », « d’exploiter les peurs », ou encore « de se nourrir des peurs » comme les vampires du sang des innocents. La peur serait-elle devenue une maladie honteuse ? La peur est associée à un réflexe instinctif et irrationnel. Pour ceux qui la dénoncent sans relâche, la peur serait nécessairement irrationnelle, fantasmatique, comme fondée sur un dérangement de l’esprit, une vision altérée de la réalité. D’où vient cette phobie de la peur chez les bienpensants ? Enfin, quand j’écris qu’il est interdit d’avoir peur… je devrais préciser qu’il est interdit d’avoir peur de certains phénomènes. Par exemple, on ne sait pas pourquoi, il interdit d’avoir peur des conséquences de l’immigration comme de la construction européenne. En revanche, il faut avoir peur des « fachos » et de la sortie de l’euro. Il est malséant d’émettre des réserves sur les musulmans ou la venue des Roms d’Europe de l’est. Mais il faut trembler au moindre propos antisémite, à la moindre sortie islamophobe. Aux armes, Citoyens ! La Bête immonde, toujours féconde, montre à nouveau son mufle ignoble pour exhaler son haleine fétide et nauséabonde ! Craindre le multiculturalisme et la diversité, redouter les « minorités » et de leurs revendications, s’alarmer de l’essor des identités communautaires (ethniques, confessionnelles ou régionalistes) est rigoureusement proscrit. Par contre, il convient de s’inquiéter, pour ne pas dire s’effrayer, de la moindre résurgence de l’ « identité nationale » française, du roman national, de l’endoctrinement des enfants à l’école de la République. Il y a des frayeurs qui ont le droit de cité, d’autres non. Aujourd’hui en France, il est interdit d’avoir peur du discours européiste, seule la rhétorique nationaliste doit vous terrifier. J’ai pourtant une question : qui gouverne la France et l’Union européenne depuis des décennies ? Les nationalistes ou les européistes ? Les « fachos » ou les bienpensants ? Qui donc est responsable de la situation assez calamiteuse dans plusieurs pays de l’UE ? Pourquoi faudrait-il toujours se méfier des réactionnaires et jamais des progressistes ? Rien ne prouve après tout que le modèle de société voulu par les partisans de la Gestation Pour Autrui (GPA, qui suppose une marchandisation du corps humain) soit plus sympathique que celui dont rêve les catholiques intégristes. Nous sommes habitués à craindre la restriction des libertés. Est-il illégitime de se demander si l’excès de liberté n’est pas tout autant effrayant ? Pour prendre un autre exemple, on pourrait se demander qui, de Manuel Valls ou de Dieudonné, est le plus dangereux. Lequel a le plus de pouvoir et d’influence ? Lequel a les moyens de nuire à ma liberté ?

 

Je voudrais pour ma part réhabiliter la peur. Oui, la peur est utile, la peur est même nécessaire. Les gens qui n’ont peur de rien ne vivent pas très longtemps, car ils vivent dangereusement… C’est parce que j’ai peur de mourir que je suis prudent au volant, pour tâcher de rester en vie. C’est parce que j’ai peur d’offenser ou de blesser autrui que je suis très attentif à ce que je dis en société (même s’il faut bien reconnaître que tout le monde ne fait pas preuve de la même circonspection). C’est parce que j’ai peur de me retrouver devant un tribunal que je ne colle pas mon poing dans la figure des gens qui m’exaspèrent. C’est parce que j’ai peur de croupir de longues années dans une geôle sordide que je ne suis guère tenté d’attaquer à l’arme lourde les manifs de gauchistes ou le Parlement européen (bon, là j’exagère un peu, il faut reconnaître que ce ne serait de toute façon pas très républicain, et pas très digne d’un authentique partisan de la démocratie : si je veux être libre, mes ennemis doivent l’être tout autant). La peur, comme on le voit, est mère de la prudence et de la sagesse. Ne méprisons pas la peur, d’autant que cette peur est tout à fait rationnelle la plupart du temps. Si je conduis comme un malade, la probabilité pour que je finisse au cimetière est loin d’être nulle. Si j’offense des personnes, même sans le vouloir, je peux provoquer des conflits aux conséquences incalculables. Si j’utilise la violence, je m’expose à des représailles ou à des poursuites judiciaires qui pourraient me coûter mon emploi. Ai-je donc tort d’avoir peur ? Il y a de saines craintes. En fait, seuls les fous, les fanatiques et les imbéciles n’ont peur de rien. Tout être humain normalement constitué a peur, et c’est mieux ainsi. Cela ne signifie pas qu’il faille se laisser dominer par la peur en permanence, ou qu’il ne serve à rien de lutter contre sa peur. On peut et l’on doit dans plus d’un cas travailler à atténuer ses peurs. Mais je ne crois pas qu’il soit souhaitable que la peur disparaisse totalement. D’ailleurs, sans peur, il n’y a pas de vrai courage…

 

Or, au risque de choquer, je dirais que notre société manque de saines peurs. Oui, je l’admets, n’en déplaise à Mme Taubira, j’aimerais que les lascars des banlieues et les petits dealers, qui bien souvent sont les mêmes, aient un peu plus peur de la police et de la justice. Oui, je voudrais que les islamistes et les communautaristes aient un peu plus peur de la République. Oui, je souhaiterais que les parents craignent un peu plus les décisions de l’institution scolaire, que les élèves redoutent davantage la mauvaise note ou la sanction. Surtout, j’aurais aimé que nos dirigeants aient un peu plus peur des conséquences de leurs politiques. Depuis la fin des années 70 et le début des années 80, j’aurais voulu que les dirigeants français s’effraient un peu plus d’une immigration massive dans un pays en crise et en proie à un chômage de plus en plus structurel. J’aurais souhaité que nos ministres, nos députés, nos présidents aient un peu peur à l’idée de concentrer des populations d’origine étrangère dans des quartiers défavorisés, dégradés et paupérisés. J’aurais souhaité que les maires redoutent davantage les conséquences du clientélisme communautaire, des accommodements raisonnables, des libertés prises avec la laïcité au nom des impératifs électoraux. J’aurais aimé que nos élus craignissent davantage d’imposer la même monnaie à tant de pays aux structures économiques différentes. Seulement voilà, nous sommes gouvernés depuis des années par des bayards d’opérette, des gens qui n’ont peur de rien, mais qui ne sont, hélas, pas sans reproche. La construction européenne, l’immigration, la dérégulation de l’économie, les langues régionales : rien, absolument rien n’effraie ces gens. Comme le soulignait à juste titre Henri Guaino (qui en fait partie…), ces gens ne tremblent pas à l’idée de défaire ce qu’on fait nos pères, de chambouler l’organisation sociale, de renverser les valeurs qui constituent le socle de notre vieille civilisation. Les problèmes s’accumulent, les échecs ont beau se multiplier, rien n’y fait, aveugles et sourds, droits dans leurs bottes, les dirigeants français maintiennent le cap contre vents et marées.

 

On peut m’accuser à juste titre d’avoir peur. Peur de l’immigration, des musulmans, du métissage, du régionalisme, du déclin de la France, du Saint Empire Européen. Oh, je n’en suis pas fier. Je ne puis pourtant m’empêcher de m’inquiéter et de m’interroger : pourquoi, par exemple, les immigrés seraient naturellement animés d’un amour de la France et d’un désir sincère de s’intégrer ? Comment affirmer avec certitude que les musulmans ne souhaitent en aucun cas islamiser notre pays, ses coutumes et ses lois ? Qu’est-ce qui me prouve que la construction européenne se fait au mieux des intérêts de la France et que cette dernière serait incapable de s’en sortir sans l’euro et les oukases de la Commission ? On me dit cependant que ces inquiétudes ne sont plus de saison, que l’avenir de la France multiculturelle et européenne ne peut qu’être radieux, que les peurs ne sont que les symptômes de pathologies inavouables. Mais c’est aussi parce que les peuples ont peur de disparaître qu’ils mettent en œuvre des stratégies pour survivre. Or notre pays, ou plutôt ceux qui prétendent le gouverner, n’ont plus de stratégie. C’est à peine s’il leur reste une once de volonté et de foi dans l’avenir de leur patrie. Ne pas avoir peur devant le désastre qui vient, est-ce vraiment une preuve de sagesse ? Ne serait-ce pas au contraire une coupable inconscience ? 



17/02/2014
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