Nationaliste Social et Ethniciste

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Et si le "vivre-ensemble" tuait la France?

Afin de redynamiser le blog, que j'ai quelque peu négligé en 2014, je vais essayer de m'astreindre, chaque mois, à la rédaction d'un article commentant l'actualité du moment, à côté d'articles de fond consacrés à des sujets plus précis (mais qui prennent du temps... la suite de la série d'articles sur la Bulgarie est en gestation).

 

C'est Eric Zemmour, je crois, qui déclarait récemment, à propos de cette invocation permanente du « vivre-ensemble », qu'on invente et répète ce genre de mots pour masquer un décalage flagrant avec la réalité. J'ai de la sympathie pour Zemmour, même si ses analyses manquent parfois de subtilité (mais il faut rappeler qu'il intervient souvent en temps limité dans les média). Je crois pourtant qu'il se trompe en la matière : le « vivre-ensemble » est une réalité dans notre pays. En effet, nous vivons bel et bien ensemble, sur le même territoire, sous les mêmes lois. Mais c'est tout, et c'est bien là le drame. Nous vivons ensemble, mais nous nous détestons, nous nous haïssons, nous nous ignorons. Ce n'est pas nouveau. Le plus grave, c'est sans doute que nous n'avons plus aucun projet collectif. Nous vivons ensemble, nous cohabitons côte-à-côte, nous partageons le même espace public, et nous sommes de plus en plus étrangers les uns aux autres. Les musulmans que je croise quotidiennement dans la rue ou au supermarché sont pour moi des métèques. Et je n'emploie pas le mot dans le sens péjoratif qu'il a pris dans le langage moderne, mais au sens premier : le métèque, pour un Athénien de l'Antiquité, c'est « l'étranger qui vit avec » (le préfixe « mét- » est peut-être à rapprocher de l'allemand mit qui veut dire « avec »). D'ailleurs, pour ces musulmans, je suis également un métèque. Certains s'imaginent qu'il suffit de « vivre avec » les autres pour les connaître, les aimer, les considérer comme des égaux. C'est faux, car c'est bien au contact de notre société émancipée et, par certains côtés, permissive que se développent en réaction les pires intégrismes religieux, dont l'islamiste n'est que le plus violent et le plus spectaculaire. Plus je vois de musulmans affichant ostensiblement leur appartenance religieuse et communautaire, plus je suis islamophobe.

 

J'entendais ce matin l'universitaire Pierre Birnbaum, spécialiste de l'histoire des juifs en France, expliquer qu'on assiste à une résurgence de l'antisémitisme parce que l’État s'affaiblit. A partir de là, la communauté nationale s'effacerait au profit de « communautés imaginées » selon les propos de M. Birnbaum, pour qui il n'y a pas véritablement de communautés, ni de communautarisme en France. Je trouve cette thèse intéressante : oui, quand l’État est fort, il assimile, et en assimilant il gomme les différences ethniques et religieuses. Là où je suis plus sceptique, c'est sur l'absence de communautés en France. Je pense pour ma part qu'il y a un développement du communautarisme en France. On assiste de manière générale à un repli des gens sur leur famille, leur communauté, leur entourage proche. Mais le fait est que certaines catégories de la population cèdent plus facilement que d'autres aux sirènes du communautarisme. Les juifs, d'abord, sont les plus avancés en la matière avec un réseau d'écoles privées, de centres culturels et de synagogues très denses au regard de leurs effectifs. Cela tient à l'ancienneté de leur implantation en France, au fait que, tout cliché mis à part, les juifs disposent de moyens financiers importants, ainsi qu'à la politique d'Israël et d'associations sionistes qui, en encourageant la séparation des juifs du reste de la société et en alimentant la paranoïa, espèrent toujours gonfler les effectifs des candidats à l'aliyah. Bien sûr, il ne faut pas croire que tous les juifs français sont communautarisés : parmi les 480 000 juifs de France, tous ne mangent pas systématiquement cachère, ni n'envoient leurs enfants dans les écoles juives. Wikipédia indique que les écoles juives confessionnelles scolariseraient environ 30 000 élèves, ce qui est loin d'être négligeable. Entre un quart et un cinquième des juifs de France pourraient être concernés par ce communautarisme bien structuré, bien doté, et qui n'hésite pas à pratiquer le chantage à l'antisémitisme [1]. D'un autre côté, les juifs de France ne constituent pas un ensemble homogène : Séfarades et Ashkénazes ont des traditions différentes, et le judaïsme abrite différents courants, des plus libéraux aux plus orthodoxes. D'ailleurs, il est intéressant de relever que le Consistoire central israélite de France, qui est l'association officiellement en charge du culte juif depuis Napoléon, s'est retiré du CRIF en 2004. Que la principale structure en charge du culte israélite ait quitté le CRIF en dit long sur la « représentativité » de ce dernier...

 

Le communautarisme musulman est à la fois moins structuré et plus uniforme que celui des juifs. Je veux dire par là que les musulmans, plus nombreux, d'origines plus variées, moins riches aussi, et arrivés plus récemment, n'ont pas le réseau d'écoles, de centres culturels et de mosquées dont disposent les juifs. Ce réseau est certes en train de se mettre en place, avec la construction de nombreuses mosquées dans la plupart des villes françaises. Mais l'islam en France (car il n'y a pas d'islam de France) est dépendant de l'étranger qui fournit les fonds et souvent les imams, alors que le judaïsme est autonome financièrement, sa défense parfois excessive des intérêts israéliens relevant d'une autre dimension. Bien que l'islam soit traversé de courants divers et contradictoires, l'immense majorité des musulmans de France sont sunnites et originaires du Maghreb. Le communautarisme musulman se nourrit d'un intégrisme qui est, lui, d'inspiration salafiste, donc saoudienne. Je pense que les musulmans, ou plutôt les Français de tradition musulmane, se divisent en trois groupes : une minorité totalement assimilée, une minorité totalement communautarisée, souvent radicalisée et repliée sur elle-même, et une majorité qui oscille entre ces deux pôles, mais qui, à mon avis, a plutôt tendance à pencher du côté de la minorité communautariste. Mais le communautarisme ne prend pas que des formes religieuses : il y a des communautés à base nationale (marocaine, turque, portugaise), régionale, raciale (les associations noires)... Selon Pierre Birnbaum, même les catholiques aujourd'hui se considèrent comme une communauté à part alors que « la nation française est catholique » (je reprends les termes de M. Birnbaum).

 

Pourquoi ce développement aussi spectaculaire qu'inquiétant du communautarisme dans notre pays ? Parce qu'au-delà de la crise économique, le projet national est en panne. Pour beaucoup de Français, issus de l'immigration ou non, la nation est devenue un simple prestataire de services, pourvoyeur d'emploi, de protection et de droits. Mais personne ne se sent plus aucun devoir envers la nation, hormis respecter la loi (qui s'applique tout aussi bien aux étrangers résidents en France) et payer ses impôts, et encore, de mauvaise grâce. La communauté des citoyens se conçoit de plus en plus comme une banale association de consommateurs, un syndicat d'ayant droit. Seulement voilà : l'être humain est ainsi fait qu'il a souvent besoin de donner du sens à sa vie, un sens qui transcende la médiocrité du quotidien. Malheureusement la nation n'offre plus guère la possibilité aujourd'hui de s'investir dans un projet collectif digne de ce nom. Que nous reste-t-il de commun ? Pas grand-chose. Que voulons-nous faire ensemble ? Rien. Alors il ne reste qu'à « vivre ensemble », les uns à côté des autres, en tâchant de se supporter... et en attendant, sinon la guerre civile, du moins que les inéluctables tensions croissent. Et ceux qui veulent servir une cause qui les transcende, eh bien, ils vont faire le djihad en Syrie ou se battre aux côtés des russophones d'Ukraine. La société multiculturelle est une société du repli, et non de l'ouverture, et cela se vérifie dans les pays anglo-saxons. Mais surtout, on ne demande pas au communautariste de s'intégrer, on exige de celui qui ne l'est pas qu'il « apprenne à connaître » le communautariste. Avez-vous remarqué ? Depuis le carnage de Charlie Hebdo, on entend beaucoup de musulmans, mais pas seulement, nous expliquer que nous devons « apprendre à connaître l'islam ». Personne ne se demande apparemment si ce ne serait pas plutôt aux musulmans d'apprendre à connaître la culture et les traditions françaises...

 

Législative partielle dans le Doubs

Ainsi, le candidat socialiste l'a emporté devant sa concurrente frontiste, avec 51,43 % des voix. Rarement, on a vu le vainqueur faire autant grise mine et le vaincu se pavaner. Il est très intéressant de constater que le Front National ne se contente plus de profiter de l'abstention : au deuxième tour, avec une participation en forte hausse, le FN gagne des voix, autrement dit, des abstentionnistes se sont déplacés pour voter FN. C'est un signal qu'il faudra désormais prendre en compte, car si le FN réussit à mobiliser les abstentionnistes, les autres partis ont du souci à se faire. Un autre enseignement de ce scrutin est que l'UMP n'a pas fini d'être empêtré dans les questions de « front républicain » et de « ni-ni ». Nicolas Sarkozy n'est manifestement pas à la hauteur de la tâche. On voit bien que sa défaite de 2012 l'a décrédibilisé auprès de certains de ses compagnons d'armes et que, malgré sa belle réélection à la tête du parti, il n'est plus naturellement le chef de la droite. La guerre est ouverte à l'UMP. Paradoxalement, je pense que la position de Sarkozy dans cette affaire était la bonne, car je trouve l'idée du « front républicain » détestable en soi : d'abord, personne n'est propriétaire de la République, et certainement pas les deux grands partis qui n'ont cessé de saper ses fondements depuis des décennies ; ensuite, il y a des lois dans notre pays, et le FN peut être interdit s'il ne les respecte pas, ou s'il porte atteinte à l'ordre public ou aux libertés fondamentales. Au lieu donc de nous expliquer régulièrement que « le FN n'est pas un parti républicain », notre premier ministre, Manuel Valls, devrait lancer une procédure pour interdire le FN... ou mieux encore, redresser le pays. Mais je dois dire qu'entendre des incompétents et des fossoyeurs de la République distribuer des brevets de républicanité est proprement insupportable. Quant à la position d'Alain Juppé et de Nathalie Kosciusko-Morizet, elle ne fait que donner raison aux cadres frontistes qui dénoncent depuis des années la connivence des deux partis au pouvoir, l'UMPS.

 

Il me semble cependant très excessif de prétendre, comme on l'entend de plus en plus souvent, que « l'extrême droite est aux portes du pouvoir ». Sachons raison garder. Le FN dispose à l'heure actuelle de deux députés, et il n'a pas gagné une seule législative partielle depuis 2012. Je ne conteste pas l'ascension du FN, qui pourrait bien compter plus de députés lors de la prochaine législature, et peut-être s'emparer d'un ou deux Conseils régionaux à la fin de l'année. Je n'exclus pas non plus que Marine Le Pen soit en tête au premier tour de la présidentielle en 2017, surtout si la croissance ne revient pas. Mais je pense qu'en déduire que le candidat frontiste pourrait être élu à la présidence est quelque peu hâtif. Le FN a encore une marge de progression, mais je pense qu'il finira par atteindre un plancher autour de 30-35 % des voix, comme le PCF de jadis. La définition d'un électorat se fait avant tout sur des bases sociologiques et économiques, et il y a des milieux où le FN rencontrera toujours une forte résistance, comme dans ma profession par exemple. Que le FN pèse de plus en plus lourd sur la scène politique française, je n'en doute pas. De là à supposer que sa prise de pouvoir soit imminente, il y a un pas que je ne franchirai pas.

 

Depuis quelques années que je hante les salles des profs, j'entends régulièrement des collègues s'étonner du score impressionnant enregistré par le FN dans des petites communes rurales où il n'y a pas un seul Arabe ou un seul noir (ou alors il n'y en a vraiment qu'un). Et de mettre le vote frontiste sur le compte de la « connerie » des gens. Je m'élève avec vigueur contre cette vision des choses qui traduit un certain mépris social de la part des enseignants. Non, les électeurs frontistes ne sont pas des crétins. Les habitants des campagnes ne vivent pas en vase clos : ils vont travailler, faire leurs courses en ville, leurs enfants y suivent une partie de leur scolarité à partir du collège ou du lycée. Ce n'est pas parce qu'on habite à la campagne qu'on ne croise pas d'immigrés dans la vie quotidienne. Et il n'y a pas besoin de vivre à deux pas d'une cité HLM pour mesurer la visibilité croissante de la communauté musulmane : il suffit d'aller au supermarché ou à la sortie de certains établissements scolaires... Les habitants des campagnes ont aussi, souvent, de la famille qui habite en ville. Les ruraux ne croient pas plus « ce que dit la télé » que les autres qui se croient plus malins. Simplement, ils retiennent une chose de ce qu'ils entendent dans les média : il n'y en a que pour les banlieues, les immigrés, les basanés, les musulmans. Comprenez bien la situation : vous êtes blanc, vous êtes chômeur ou smicard, vous habitez à la campagne, la poste, la boulangerie et le bar-tabac de votre village ont fermé, votre gamin est scolarisé dans un collège vétuste, à 28 élèves par classe, et le week-end et les vacances se résument pour lui à des balades en vélo et une partie de pêche de temps en temps, faute d'équipements. Bien. Maintenant, imaginez la même personne qui entend à la télé les politiques, les journalistes, les intellectuels, les chefs associatifs répéter à longueur de journée qu'on délaisse les banlieues-ghettos où s'entassent les pauvres immigrés et leurs descendants, banlieues-ghettos qui reçoivent des subventions faramineuses, profitent des politiques de rénovation urbaine, possèdent des collèges tout neufs, bien équipés, classés ZEP avec 22 élèves par classe, des installations sportives et culturelles, des transports en commun, et dont la gratitude s'exprime par des flambées de violence, des voitures cramées, des magasins pillés, des policiers et des pompiers agressés. Franchement, à la place de cette personne, vous n'auriez pas la haine, vous ? Moi, si.

 

[1] J'avais dénoncé les propos, frisant l'indécence, de M. Cukierman dans cet article.  



09/02/2015
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