Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Il était une fois... la Fête de l'Humanité

Samedi matin, je fais comme de coutume mon marché sous un soleil radieux. C’est normal : maintenant que les vacances sont finies, il peut faire beau. La rentrée est là et ça se sent : les distributeurs de tracts sont de retour. Une vieille dame, je crois, me tend un document de plusieurs pages, sans doute sur une manifestation culturelle dont je me fiche éperdument, mais que je prends en souriant et en disant « merci ». Ce n’est pas de l’hypocrisie de ma part. A titre personnel, je n’aurais pas la patience de tracter, et j’ai du respect pour ceux qui le font. Je suis mal à l’aise de voir tant de gens passer devant les distributeurs en les ignorant superbement. C’est pourquoi je prends les tracts, y compris ceux du NPA ou de LO, en souriant et en remerciant. Un peu de politesse, ça ne coûte pas cher et ça embellit le monde. Ces gens font l’effort, bénévolement le plus souvent, de diffuser quelque chose qui leur tient à cœur. Cela vaut bien un sourire et un petit mot. J’ai donc fourré distraitement le document dans mon sac, entre le poulet, le pain et les patates, et, sans plus y penser, j’ai terminé mon marché et ai regagné mon logis. Et là, en vidant les sacs, oh surprise ! Je me suis aperçu que le document était moins banal que ce que j’avais cru d’abord : il s’agissait d’une publicité (pardon, mais je ne vois pas d’autres mots) pour la fameuse, la glorieuse Fête de l’Humanité, ce grand rendez-vous bon enfant de la gauche compassionnelle, qui aura lieu à La Courneuve du 14 au 16 septembre 2012. La Fête de l’Huma est aux progressistes ce que Le Bourget est aux islamistes : là où on se retrouve entre soi, pour rêver d’un monde parfait, une sorte de « contre-fête » nationale (si l’on peut dire) où l’on cultive soigneusement la haine de ce que symbolise le 14 juillet : la République, la nation et son unité, la patrie, l’histoire du peuple français, sa puissance, sa tradition militaire (je le dis pour Frau Joly et consorts). Des choses horribles donc.

 

Une « contre-fête » nationale, c’est ce qu’était, ce que devrait être la Fête de l’Humanité. Et je dirais même que, du temps où elle était cela, elle ne manquait pas d’ambition ni d’une certaine grandeur. Et c’est quelqu’un qui a fort peu de sympathie pour le PCF qui le dit. Au moins, c’était une fête éminemment politique, et tout ce qui est politique, pour moi, est empreint de noblesse. Mais la Fête de l’Huma, ce n’est plus cela. Alors qu’est-ce que c’est ? Eh bien, à partir du document que j’ai sous les yeux, je vous propose, chers lecteurs, une petite réflexion sur ce qu’est devenue la Fête de l’Huma et sur les valeurs hautement subversives dont elle s’enorgueillit d’être la vitrine.

 

La première page

Tout est dit ou presque. D’abord, il est intéressant de relever qu’aucun nom de formation politique n’apparaît. Je comprends cependant qu’on puisse avoir honte d’être communiste ou mélenchoniste après les déculottées électorales successives, et le vide sidéral de la pensée politique au Front de Gauche. Le blogueur Descartes explique tout cela avec talent, je renvoie à son site accessible via l’ARSIN qui est un de mes partenaires. Il n’empêche : la Fête de l’Huma n’est plus une fête politique, ou, pour être plus précis, la politique n’en est plus le thème majeur. En fait, on va s’apercevoir que cette gauche fait la même chose que le Bloc Identitaire : elle utilise la culture, ou plutôt la sous-culture, pour diffuser une idéologie (enfin, le mot est osé). Ce n’est pas choquant en soi, mais cela devrait être assumé. L’image présente sur cette première page délivre, elle, un message politique clair : on voit deux bras qui se tiennent la main. Le bras de gauche est celui d’une personne noire, et celui de droite appartient à un individu blanc. Vous avez compris, j’espère ? On célèbre ici la paix, la diversité, le métissage, qui, rappelons-le, constituent notre avenir radieux puisque ces deux membres solidaires se détachent sur un fond blanc lumineux. Pas de doute : ce sont bien les valeurs-phares de la gauche bien-pensante. Sous ces mains enlacées, une masse de gens se devine, tous vus de dos, et tournés vers cet avenir idéal, dont le métissage et la diversité sont l’horizon tutélaire. C’est très intéressant. La gauche, traditionnellement, c’est plutôt la lutte contre l’exploitation, les inégalités, le combat pour la défense des travailleurs et de leurs droits, pour une meilleure répartition des richesses. Ici, il n’y aucune référence au monde ouvrier ou à l’économie. Le message est sociétal et racial : le but, c’est que les noirs et les blancs vivent ensemble, en harmonie, dans une société qu’on devine pluriethnique et multiculturelle. La diversité comme projet politique, c’est un peu court.

 

Sacrifiant à la tradition, les concepteurs de cette page ont tout de même écrit « Fête de l’Humanité » en rouge avant, peut-être, dans les prochaines années, de l’écrire avec les couleurs du drapeau arc-en-ciel des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi- et Transsexuels). Suit une évocation du programme culturel de la Fête : on trouve des noms comme New Order, Patti Smith, Peter Doherty ou Shaka Ponk, autant de noms qui évoquent la variété anglo-saxonne commerciale, même quand il s’agit de Français. Pour une Fête organisée par un mouvement qui, si longtemps, fit profession de foi d’antiaméricanisme et d’anticapitalisme, c’est assez savoureux je trouve. L’Oncle Sam doit bien rigoler. Je ne doute pas qu’on vend à la Fête de l’Huma des tee-shirts à l’effigie de Che Guevara, fabriqués en Chine par une multinationale cotée en bourse. Décidément, il y a quelque chose chez ces révolutionnaires d’opérette que je ne comprendrai jamais. Se rendent-ils compte de leur bêtise ? Il est aussi intéressant de noter que l’Orchestre national de France est cité après New Order et Shaka Ponk, et en caractères plus petits. Voilà qui en dit long sur ce que les organisateurs considèrent être « la vraie musique ».

 

Un dernier mot sur les partenaires de cette grande fête populaire et militante car, là encore, il y a matière à sourire. Aucun mouvement politique, comme je l’ai dit, n’est mentionné. Passe encore que Radio France soit partenaire. Encore que… Radio France était-elle partenaire de la Fête des Bleu-blanc-rouge (disparue depuis 2007) ? Cela m’étonnerait fort. Pourquoi l’extrême droite serait-elle nécessairement plus antipathique que la gauche dite « radicale » ? Cela reste un mystère pour moi. Les autres partenaires sont Heineken SAS (la bière est la meilleure amie du révolutionnaire, sans doute…) et la Fnac, c’est-à-dire la « Fédération nationale d’achats des cadres ». Certes un des fondateurs, Max Théret, était à l’origine un trotskyste (comme Mélenchon), mais cela ne cadrait pas, si je puis dire, avec le côté « cadre » de l’entreprise, et il s’est orienté vers la gauche libérale dès les années 80 (comme Mélenchon). La Fnac est aujourd’hui une entreprise capitaliste comme les autres, et Jean-Luc Mélenchon est un partisan de l’euro et de l’UE comme les autres. Je ne dirai pas que la trahison et le reniement sont inscrits au patrimoine génétique de la gauche radicale, mais apparemment la mutation est assez fréquente. Résumons-nous : une entreprise fondée jadis par des trotskystes et devenue depuis un symbole à la fois du capitalisme triomphant et du reniement de toute une génération de gauchistes est associée à la tenue de la fête historique du PCF. On a la mémoire courte chez les communistes. Mais il est vrai qu’avec le Front de Gauche, les derniers vestiges du « premier parti de France » se sont alliés avec des gauchistes de tout acabit, leurs pires ennemis. On n’a pas fini de sentir le goût amer de la cigüe dans les cellules du parti…

 

La programmation « culturelle »

Il fut un temps, paraît-il, où l’on écoutait Mozart à la Fête de l’Huma. Aujourd’hui, le programme est beaucoup plus éclectique (j’adore ce mot). Et surtout, surtout, les envolées dithyrambiques des auteurs de la brochure sur les stars engagées, solidaires, est plutôt amusante. Florilège.

 

Sur Patti Smith :

Figure emblématique du rock, elle fait partie de ces artistes qui ne peuvent inspirer que respect et admiration. Militante pacifiste, son art musical ou littéraire lui sert à de nombreuses prises de paroles […].

Respect et admiration ? Pour les bobos parisiens, peut-être. D’autant que ces mots sont surmontés d’une photo présentant une sorte de hippie aux cheveux longs et bonnet type Yannick Noah, avec vêtements chics dans un style faussement négligé. Quant au pacifisme, la gauche ferait bien de s’en méfier. Les gauchistes l’ont peut-être oublié, mais le pacifisme de certaines personnalités de gauche dans les années 30 les a conduits à collaborer avec les nazis…

 

Sur Peter Doherty :

Le talent du rockeur-poète maudit est plus que reconnu. On le compare même au grand Oscar Wilde […].

Rien que cela ! J’espère que ce brave homme (que je ne connais absolument pas, alors que j’ai une vague idée de qui est Oscar Wilde) n’a pas trop les chevilles qui enflent. On en reparlera dans un siècle, mais je parierai gros qu’on se souviendra encore d’Oscar Wilde, alors que Peter Doherty aura sombré dans les limbes de l’oubli.

 

Sur les Shaka Ponk (quel nom de scène !) :

Né d’un délire entre potes passionnés de nouvelles technologies, Shaka Ponk est depuis quelques années un groupe de rock mutant qui explore le virtuel pour mieux s’enraciner dans le réel […].

On croirait un clip promotionnel de Direct Star pour un artiste kleenex. On se demande ce que peut bien signifier cette envolée lyrique. « Groupe de rock mutant » ? Mais en quoi mute-t-il ? « Explorer le virtuel pour mieux s’enraciner dans le réel », cela me laisse songeur. Concrètement, ça donne quoi ?

 

Sur El General :

Le rap contestataire tunisien. De son vrai nom Hamada Ben Armor, El General est une figure du soulèvement tunisien. Son indignation et sa révolte émergent en décembre 2010 avec la sortie de ses chansons « Tounes Lebled » (Tunisie notre pays) et « Rais Lebled » (Président de notre pays) dans lequel il interpellait et critiquait Ben Ali. Porte-parole d’une génération tunisienne qui lutte contre les injustices d’un régime corrompu, il sera classé en 2011 par le magazine Time parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde.

A côté de ce portrait élogieux trône la photo d’un lascar encapuchonné en survêtement, style racaille. Quelques remarques : d’abord, le rap est toujours contestataire. En France, un pays démocratique, un Etat de droit souvent laxiste, les rappeurs contestent pêle-mêle la présence de la police dans les « quartiers », l’école, la domination des blancs, la culture française, etc. El General a tout du rebelle d’opérette, qui a surtout flairé le bon coup marketing, et dont la cible a toujours été la jeunesse tunisienne, lasse de Ben Ali depuis plusieurs années. Critiquer un dictateur, c’est en général la meilleure façon de se faire de la publicité. Bien que censuré sous Ben Ali, El General n’a été retenu que trois jours par la police, pour être interrogé sur ses relations politiques. Il a qualifié cette mésaventure de « torture morale ». Il faudrait que ce jeune homme prenne connaissance des méthodes du NKVD et de la Gestapo, cela lui éviterait sans doute de dire des sottises. Quant au magazine Time, c’est une référence.

 

Allez, un dernier sur les BB Brunes :

[…] Résolument pop, définitivement brillant, les BB Brunes débarquent à la Fête de l’Humanité avec leur rock candide et énervé qui est à la fois classique et neuf.

Après l’émule d’Oscar Wilde, les nouveaux Beatles, comme certains les ont qualifiés. « Définitivement brillant », je ne serai pas aussi définitif pour ma part. Les BB Brunes, ça s’écoute, m’enfin ce n’est pas transcendant, et ils ne brillent pas d’originalité, désolé de le dire.

 

Concernant le Village du Livre, la « culture pop » est mise sur le même pied que l’histoire. Peut-être y aura-t-il bientôt des cours de « culture pop » à l’école. Et ce pauvre Aragon, disparu il y a trente ans, est relégué en dernière page. Aragon, ça ne vaut pas Patti Smith, New Order ou El General…

 

Le mot de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité

Et député au Parlement européen. Quand on y songe, c’est d’ailleurs étrange. N’y aurait-il pas là un fâcheux mélange des genres ? Un élu peut-il être un journaliste crédible ? Je confesse mes doutes. On apprend, sous la plume de ce militant, que la Fête de l’Huma est « inscrite au patrimoine national », peut-être bientôt à l’UNESCO. Il n’est pas inutile de rappeler que l’on classe en général au patrimoine national de vieilles bâtisses qui tombent en ruine. Serait-ce un aveu ? En tout cas, pour moi comme pour de nombreux Français, la Fête de l’Humanité ne représente rien du tout. Et je la classerai même au patrimoine « antinational » pour ma part. Jadis organisée par des militants à la solde de Moscou, aujourd’hui aux mains des gauchistes et des bobos, on ne peut pas dire que la nation française soit si appréciée que cela. Après un rappel du programme musical (dans lequel, ce n’est pas un hasard, l’Orchestre National de Radio France est cité en dernier), l’auteur précise qu’il y aura « des dizaines de débats, de rencontres où vous aurez la parole ». Ah bon ? Moi qui pensais naïvement que cette manifestation servait à diffuser une vision de la société, un discours, une idéologie. Eh bien non, le but, c’est que les gens aient la parole. Je devine le profil de ces « débats » dans lesquels des gens qui se ressemblent ânonnent les mêmes lieux communs sur « la nécessaire convergence des luttes », « le refus des discriminations et du racisme », « le combat solidaire pour la liberté, la paix et l’émancipation de tous » et « les incontestables méfaits du capitalisme ultralibéral piloté par des banquiers spéculateurs et cupides ». Et une fois que chacun a fait sa profession de foi, et écouté celle des autres, tout le monde rentre chez soi, rasséréné, la conscience tranquille : on a dénoncé le système, on a raison, on n’est pas seul. C’est génial.

 

On a également droit au petit couplet sur « la transformation sociale et écologique des sociétés », « pour l’émancipation humaine et l’humanisation du monde ». A ce sujet, il faudrait s’entendre sur la signification du mot magique « émancipation ». Emancipation de quoi au juste ? S’il s’agit de s’émanciper du carcan familial, des traditions archaïques, du clan, de la communauté confessionnelle, je dis oui. Mais s’il s’agit de s’émanciper de ses devoirs de citoyen envers l’Etat et la République, de l’obligation de respecter la loi, du principe démocratique de liberté d’expression, alors là, c’est non. Quant à l’humanisation du monde, M. Le Hyaric sous-entend-il que le monde est inhumain ? Ce serait se méprendre. Partout sur Terre, la plupart des gens luttent pour améliorer leur quotidien, ce qui est très humain. Des peuples se font la guerre pour la maîtrise d’un territoire, d’une ressource, pour leur survie, c’est aussi très humain. Des nations agissent, parfois par des moyens discutables, pour défendre leurs intérêts, leur influence, leur rayonnement. Rien que de très humain. Croire que l’humanité serait naturellement désintéressée, pacifique, ouverte, tolérante, c’est faire preuve de beaucoup de naïveté. L’humanité fonctionne sur le principe de l’intérêt et du rapport de force. C’est ainsi à toutes les échelles. Chaque individu, chaque groupe, chaque peuple élabore des stratégies pour que le rapport de force lui soit favorable afin que ses intérêts soient préservés. Vouloir une société idyllique sans intérêt contradictoire, sans rapport de force, c’est non seulement stupide, mais c’est coupable. Et quand j’y pense, la société « humanisée » de M. Le Hyaric me fait frémir. Car pour y parvenir, il faudrait sans doute mettre au point un lavage de cerveau terrifiant. Je ne sais pas si la barbarie serait pire que cette civilisation…

 

On voit bien là que toute cette gauche compassionnelle n’est pas réaliste. Elle rêve. Et c’est pourquoi elle se condamne à l’incantation. Personne n’a besoin d’être humanisé. L’humanité est un état naturel qui ne dérive pas d’un quelconque apprentissage. Le sauvage, l’assassin, le dictateur, le fanatique, tous sont aussi humains que moi. Il faut prendre les hommes comme ils sont, avec leurs désirs, leurs travers, leurs défauts. Et tâcher de les civiliser éventuellement, et non de les humaniser. Au fond, cette gauche a un problème fondamental : elle se fait des illusions, là est son péché, là est sa faille. Elle se fait des illusions sur la nature humaine, sur la société et sur le monde. Or un vrai politique ne doit pas se faire d’illusion, un relatif pessimisme et le cynisme sont de rigueur, même si, paradoxalement, un idéal est utile, comme horizon régulateur. A condition de se souvenir que c’est un horizon régulateur, cela n’arrivera pas. On arrive à ce paradoxe que des gens sans illusion se battent pour un idéal (je songe à De Gaulle, à Clemenceau, et il y en a d’autres), et des idéalistes ne font rien. Peut-être est-ce là la différence entre celui qui sait et celui qui croit.

 

Je passe sur la solidarité avec les « indignés », le soutien au « printemps arabe » sans oublier la lutte contre « la banalisation » de l’extrême droite. Seul point positif : la demande d’un référendum sur le nouveau traité européen. Mais ce qui reste le plus frappant concerne le vocabulaire employé : j’ai relu plusieurs fois le texte de Patrick Le Hyaric, et je peux certifier que les mots « ouvriers », « travailleurs », « prolétariat », « révolution », « classes populaires (ou laborieuses) », « bourgeoisie » même, sont absents, remplacés par « indignés », « mouvements d’émancipation », « changement », « transformation », bref que des termes vagues et aseptisés. Et le reste du prospectus est tout aussi pauvre en vocabulaire traditionnel de la gauche révolutionnaire. In extremis, les « salariés en lutte » sont évoqués en haut de la dernière page, en quelques lignes, avec une photographie de cégétistes de PSA. Presqu’un clin d’œil, à ce qui devrait être, sinon l’essentiel, du moins un des thèmes majeurs.

 

Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie

L’autre point de divergence, qui fera toujours de moi un ennemi inexpiable de cette gauche radicale, c’est la commémoration des 50 ans d’indépendance de l’Algérie, avec le slogan suivant : Algérie, 50 ans d’indépendance, CA SE FÊTE ! En Algérie, oui, et c’est bien normal. En France, ce n’est certainement pas une démarche pertinente. L’histoire est ce qu’elle est, on ne la changera pas : la France a eu ses grandes heures et ses pages sombres, comme toutes les nations du monde. Nous avons colonisé l’Algérie, ce qui n’est sans doute pas la meilleure chose que nous ayons faite. On peut le regretter, mais il est bien inutile d’en avoir honte, ce qui est fait est fait. Aujourd’hui que la colonisation est derrière nous, est-il besoin de s’en souvenir ? Oui, mais il n’est pas nécessaire d’en parler, en-dehors des cours d’histoire qui doivent apprendre aux jeunes Français le passé de la patrie. L’indépendance de l’Algérie était souhaitable à bien des égards : pour les Algériens, bien sûr, sur le plan des principes ensuite, et peut-être même à long terme pour la France elle-même. Mais il faut se souvenir que l’indépendance de l’Algérie, dans l’immédiat, fut une tragédie : exode des Pieds-Noirs, parmi lesquels nombre de gens modestes qui ont tout perdu, humiliation de l’armée française pour la troisième fois après la campagne de 40 et Diên Biên Phu en 54, massacre des harkis… Comment peut-on décemment fêter cela ? L’indépendance algérienne a été, et demeure, un moment, nécessaire sans doute, mais douloureux pour la France. Des gens installés depuis trois ou quatre générations ont été chassés d’une terre qu’ils aimaient, des Algériens à qui nous avions promis la protection ont été lâchement abandonnés aux impitoyables vainqueurs. Non, il n’y a rien à fêter de ce côté-ci de la Méditerranée.

 

Des milliers de soldats français sont tombés pour que l’Algérie demeure française. Peu importe que la cause ait été contestable : ils sont morts pour la France, et à ce titre, ils méritent le respect. On ne peut pas, décemment, se réjouir de la victoire de leurs meurtriers, même si ces derniers avaient le bon droit de leur côté. La commémoration de l’indépendance algérienne n’est pas la nôtre. Laissons aux Algériens ce qui leur revient de droit. Les communistes l’ont peut-être oublié, mais beaucoup de ces Pieds-Noirs dont ils fêtent la ruine votaient pour le PCF avant la guerre…



08/09/2012
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