Réponse aux européistes
J'ai regardé, assez difficilement je dois dire, l'émission de France 3 Centre, "La Voix est Libre", consacrée à l'Europe, journée de l'Europe oblige en ce 9 mai. J'ignore si la Voix est Libre, en tout cas, elle est monocorde... Quatre intervenants, dont deux professeurs de l'université de Tours, nous ont vanté les mérites de l'Union européenne. Dans un souci démocratique, je vais donc me faire une joie d'attaquer en règle tous ses honnêtes gens qui ont, me semble-t-il, négligé quelques points importants.
Le reportage d'introduction: de la vile propagande
La séance a commencé, comme souvent dans ce type d'émission, par "télé-trottoir" avec la fameuse question qui passionne: "mais qu'en pense donc le citoyen lambda?" Nous avons alors pu voir une belle brochette représentative, avec des arguments politiques percutants: "C'est génial, on peut voyager sans entrave, je prends le train pour aller à Amsterdam ou à Londres, il n'y a plus de frontière!" ou encore "Tous ensemble, on est plus fort", "Regardez, on vit dans un monde de plus en plus cosmopolite, c'est trop bien!" et "L'ouverture culturelle, trop géniale!" D'abord bravo à tous ces braves gens pour leurs réflexions de haute qualité. Noyé dans ce concert de louanges sirupeuses, un bémol cependant (il faut faire un peu de démocratie tout de même!): une Bruxelloise a judicieusement fait observer que parler d'ouverture des frontières et de vivre-ensemble alors que dans son pays, Flamands et Wallons ne peuvent plus se supporter, il y a comme un paradoxe. Je note d'ailleurs que ce point, qui aurait mérité d'amples développements, n'a pas été traité. Pourtant, le thème "construction européenne et déconstruction nationale" est au coeur du sujet. Quand on sait que ce reportage est intervenu après que la présentatrice ait fait état d'un sondage indiquant que 65 % des citoyens français ne se sentent pas citoyens européens, on s'interroge. Comme d'habitude, la minorité, si elle pense "bien", a plus la parole que la majorité. On aurait (au moins moi, j'aurais) bien voulu connaître les raisons de la désaffection des deux tiers de mes compatriotes à l'égard de l'UE. Mais c'est beaucoup moins important que les mille et une bonnes raisons de chérir la construction européenne...
D'où vient l'argent européen?
Il a ensuite été longuement question des actions de l'UE en région Centre, c'est-à-dire de l'utilisation des subventions que l'UE met à disposition de la collectivité régionale, par le biais du FEDER ou du FSE. Je ne conteste rien de ce qui a été décrit. Le message était clair: "vous voyez, l'Europe est utile, elle finance des projets pour vous". L'UE finance... mais ne débourse rien en fait! Je constate en effet que rien n'a été dit de la provenance de l'argent. Or les Français doivent savoir que l'UE leur verse en réalité... de l'argent français! Quelle générosité! J'ai sous les yeux un descriptif du budget 2009 que j'ai reçu avec ma déclaration d'impôts: la France verse cette année 18 milliards 900 millions d'euros à l'UE. On comprend que cette dernière soit généreuse. Comment est réparti cet argent ensuite? J'ignore les proportions mais je puis dire ceci: une partie, et une partie seulement, est employée en France, souvent au profit des régions. Comme la France verse plus qu'elle ne reçoit, le surplus, d'une part entretient les bureaucrates de Bruxelles et les députés de Strasbourg, d'autre part sert à aider les nouveaux entrants, les pays de l'est, telle la Slovaquie où délocalisent les industries automobiles qui ferment leurs usines en France. En bref, la France subventionne le "dumping social" à l'intérieur de l'UE! Belle solidarité! Alors oui, mesdames, messieurs les européistes bien-pensants, oui, il y a vraiment d'excellentes raisons de se réjouir de la construction européenne! Question: pourquoi ne pas supprimer l'intermédiaire européen? Pourquoi l'Etat français ne répartirait-il pas lui même cet argent entre ses collectivités territoriales? Pourquoi, par le biais de partenariats négociés, la France ne verserait-elle pas directement l'argent aux Etats de l'UE qui en ont besoin (en prenant des garanties contre la concurrence déloyale)?
Régionalisation des aides, nationalisation des contributions, pourquoi?
L'objectif est simple: accélérer la régionalisation des Etats d'Europe et poursuivre la destruction des nations, accusés de tous les maux et de tous les crimes passés. L'UE cherche à conforter les identités régionales en liaison avec la création d'une identité européenne. Un des intervenants sur France 3 l'a dit: "La nation est souvent vue comme une sécurité". Eh bien, il faut donc persuader les citoyens que la nation est un simple échelon administratif, pas plus utile que les autres, et dont on pourrait fort bien se passer. L'Europe est une "belle idée", et en son nom, on travaille activement à détruire les démocraties nationales. Et des intellectuels applaudissent! La France s'est toujours construite contre l'Europe, celle de Charles Quint au XVI° siècle, celle des rois et des tyrans sous la Révolution. Jamais nous n'accepterons que la nation française soit bradée. Les "compromis" négociés à Bruxelles ou à Strasbourg sont anti-démocratiques et vont souvent à l'encontre de l'intérêt national: toute la classe politique applaudit et se congratule tandis que les citoyens sont floués. C'est de la politique de connivence. Un eurodéputé a eu cette phrase (parlant du protectionnisme): "L'UE est d'abord là pour nous protéger de nous-mêmes, de nos peurs, de nos fantasmes". Tout est dit: le "dumping social"? Pur fantasme, bien sûr! Les importations chinoises? Balivernes, voyons! L'inféodation géopolitique aux Etats-Unis? Anti-américanisme primaire, je gage! L'ennemi, c'est nous-même. Eh bien, je le dit solennellement: oui, nous avons peur, et nous avons raison! La peur peut être mauvaise conseillère lorsqu'elle est panique, mais elle est mère de la prudence, et donc de la survie, quand elle est raisonnée. Nous voulons rester nous-mêmes, des citoyens français! Nous respectons certaines nations européennes, mais la fraternité ne passe pas nécessairement par la supra-nationalité et le nivellement législatif. Nous ne voulons plus de cette gestion allemande de l'Europe dans laquelle toute la politique monétaire et économique favorise les seuls Teutons.
Pour toutes ces raisons, il faut voter!
Il ne faut pas laisser les seuls européistes convaincus se rendre aux urnes: c'est tout ce qu'ils veulent! L'émission a en effet rappelé que 80 % de la législation française est aujourd'hui décidée au niveau européen. C'est un déni de démocratie. Au conseil des ministres de l'Union, les dirigeants français se "couchent" devant les pressions étrangères... quitte à critiquer ensuite les décisions qu'ils ont préalablement acceptées! Mais ils haussent les épaules: on ne peut plus revenir en arrière... Protestations hypocrites de pure forme, donc. Nos dirigeants sont des menteurs et des traîtres. L'intérêt national est sans cesse sacrifié sur l'autel du "sacro-saint" compromis. Quant à la commission de Bruxelles, quelle est sa légitimité démocratique? De quel mandat peut se targuer José Manuel Barroso? Aucun. Pour mettre fin à ces intolérables empiètements sur la souveraineté nationale, il faut massivement voter pour les mouvements eurosceptiques, qu'ils soient de droite ou de gauche (selon son inclination personnelle). Pour ma part, j'hésite. Je songe à Mélenchon ou au Parti Ouvrier Indépendant (ex-PT). Il y a aussi les chevènementistes, de Villiers voire l'extrême-droite. L'important est de rappeler que le traité constitutionnel a été clairement rejeté par le peuple français. Une dernière chose: les professeurs de l'université de Tours, apparemment si sensibles à la citoyenneté européenne, seraient bien inspirés de donner une meilleure image de leur établissement aux étudiants étrangers du programme Erasmus, par exemple en empêchant leurs étudiants bobos gauchistes de bloquer certains sites plusieurs semaines par an...
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