Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Sylvie Goulard, euro-fédéraliste du MODEM

J’ai un certain respect pour François Bayrou. Il paraît honnête et tâche de faire preuve d’une dignité qui tranche par les temps qui court. Reconnaissons qu’il fait partie de ces personnalités qui essaient d’ « élever le débat ». Mais François Bayrou est un homme paradoxal : il brigue la magistrature suprême en France, alors même que son européisme assumé vise à terme à vider de sa substance cette fonction. M. Bayrou devrait être à Bruxelles ou à Strasbourg, au fond il n’a pas grand-chose à faire à Paris. Il veut être président de la France, non comme représentant d’une nation souveraine, mais comme certains sont présidents de région, rien de plus. Je ne doute pas que les membres du Mouvement Démocrate aiment la France. Mais ils l’aiment comme un historien peut aimer l’Empire romain, c’est-à-dire comme une entité prestigieuse et respectée, mais appartenant au passé. La France n’a pas d’actualité pour ces gens-là, elle est une réalité dépassée qu’ils souhaitent enterrer plus ou moins rapidement. Parmi les dirigeants du MODEM, Sylvie Goulard, députée européenne, est la pasionaria de la cause communautaire. Elle est d’ailleurs l’auteur de L’Europe pour les nuls. On lui accordera de solides convictions, exprimées avec constance et, n’en doutons pas, une sincérité qui l’honore. Mais bien évidemment, l’auteur de ces lignes a une autre vision des choses que Mme Goulard et il se fera un devoir de critiquer ses arguments, car la rhétorique de cette dame repose sur un certain nombre de mensonges. Cet article réfutera une tribune de Mme Goulard paru dans Libération (1).

 

Dans les capitales, à «l’arrière», un nationalisme à courte vue se propage : l’euroscepticisme gagne du terrain. Dans toute l’Europe, ce phénomène est nourri par la distance entre la réalité européenne, mondiale, et le débat national. Certains font croire que le partage volontaire de souveraineté dans l’Union européenne constitue le problème : l’Europe cristallise la hargne alors même que la souveraineté pure et parfaite n’existe déjà plus. Le monde est marqué par une forte interdépendance : finances, climat, migrations. Là où le pouvoir est organisé, il n’a plus toujours prise sur les événements. Là où il devrait s’exercer, seule une coopération internationale existe, rudimentaire, qui peine à pallier l’absence de véritable «gouvernance». Si la classe politique nationale déçoit tant, partout, c’est qu’elle ne peut plus tenir les promesses de campagnes électorales autocentrées.

Voilà un échantillon de la rhétorique européiste basique : l’Etat-nation est dépassé dans un monde globalisé où la « gouvernance » est forcément fondée sur la « coopération internationale ». Autant le dire, tout cela, c’est du vent. La « coopération internationale » n’exclut nullement la souveraineté nationale. Au contraire, un pays n’aura de poids dans les négociations que s’il dispose de sa pleine et entière indépendance. Que pèsera demain au niveau mondial la France « provincialisée » dans une Europe fédérale ? Guère plus que ce que pèse la Région Limousin en Europe… Il serait plus sain que l’ « interdépendance » soit gérée par des Etats souverains plutôt que par une structure supranationale à demi-étatique mais assez peu démocratique et à la légitimité contestable. Quant à la classe politique nationale, si elle déçoit, c’est aussi parce qu’elle est paralysée par des textes, réglementations et directives européennes. Au moment où des mesures européennes sont adoptées, elles peuvent sans doute se justifier. Mais si quatre ans après, les mêmes mesures entravent gravement l’action politique d’un des pays membres dans la défense de ses intérêts vitaux, il est impossible à cet état de modifier la législation (transposée dans son droit national entretemps) sous peine de sanction ! C’est tout le problème : pour amender ou modifier une directive européenne, il faudrait qu’une majorité de pays (voire tous) se liguent. Et encore ! La commission est parfois inflexible dans son rôle de gardien du temple de la législation européenne. Quant aux « campagnes électorales autocentrées », va-t-on reprocher aux politiques français de s’intéresser aux réalités françaises, c’est-à-dire celles de leurs électeurs ? Apparemment oui. C’est tout le problème des européistes : ils ne servent pas les peuples d’Europe, ils ne servent que la construction européenne elle-même, qui est une fin en soi pour eux. Cela étant, ne considérons pas non plus que tous nos problèmes viennent de l’UE. Cette dernière a bon dos et sert parfois d’alibi un peu facile.

 

Dans ce contexte, les efforts menés au Parlement européen pour faire naître une nouvelle forme de démocratie mériteraient plus d’attention. Comme en 1914, ceux de «l’arrière» tiennent des discours nationalistes mais se battent peu. Ce qui se passe au «front», au contact des réalités, reste méconnu.

La comparaison n’est pas seulement osée, elle est une insulte à la mémoire des Poilus. Quoi de commun entre le soldat français pataugeant dans la boue sous le feu allemand et l’eurodéputé grassement payé pour servir plus souvent les intérêts de l’Allemagne que ceux de la France et démanteler mesure après mesure la souveraineté de son pays ? Mme Goulard, dans un raccourci étrange, met les patriotes et les traîtres dans le même sac. Qui peut croire que les Poilus sont morts pour que la France finisse par se diluer dans un « empire » européen, d’ailleurs dominé par Berlin ? Mme Goulard elle-même n’hésite pas à proposer aux Allemands la direction du processus d’intégration (2). Arrivée à ce degré d’européisme et de germanophilie, certains devraient envisager le changement de nationalité. Quant à « ce qui se passe au front », ceux qui veulent le savoir peuvent se renseigner. Ainsi, un eurodéputé rencontre beaucoup plus de lobbyistes qu’un député national, mais beaucoup moins de citoyens. Et parmi ces lobbyistes, il n’y a pas que des gens recommandables : des scientologues, des représentants d’industries polluantes… Je me souviens d’un reportage qui montrait comment l’Eglise catholique faisait du lobbying auprès des parlementaires de Strasbourg ! Une récente expérience britannique a prouvé qu’une minorité non-négligeable d’eurodéputés étaient prêts à se laisser acheter. Alors de grâce, que Mme Goulard cesse de nous vanter la sainteté des parlementaires de Strasbourg. Cette dérive est d’ailleurs naturelle : comment des électeurs estoniens, bulgares ou portugais pourraient contrôler leurs eurodéputés, bien à l’abri dans des salons feutrés et loin de leurs électeurs ? L’UE, c’est plus de distance entre le citoyen et les autorités souveraines.

En revanche, moi qui suis à l’arrière (un lâche donc), je lutte contre un endoctrinement aveugle prodigué à de jeunes élèves, souvent plus lucides et rétifs qu’on ne le croit, par une corporation majoritairement acquise à la bannière azur étoilée d’or. Mon devoir est, non pas de faire de la propagande europhobe, mais de dire aux futurs citoyens de notre pays que l’UE n’a pas que des bons côtés, et surtout que c’est une voie parmi d’autres pour l’avenir de notre pays, ce n’est pas la seule. La démocratie, c’est le choix. Il appartient aux seuls citoyens de décider, et le « sens de l’histoire » ou la « fatalité inexorable » n’ont pas leur place dans le débat.

 

Pourtant, les gouvernements, par le traité de Lisbonne, ont considérablement accru les pouvoirs de cette assemblée.

Hélas ! Cela étant, l’accroissement des pouvoirs du Parlement européen ne place pas cette institution au cœur du processus décisionnel. On aimerait que Mme Goulard nous présente une seule démocratie dans le monde qui confie l’élaboration de ses textes législatifs à une commission de membres cooptés. Qui en France a voté pour M. Barroso et cie ? Personne. Et que dire de la confusion des pouvoirs qui règnent dans les instances européennes (3) ?

 

Un débat de qualité supposerait aussi de ne plus accorder tant d’attention aux «planqués» de l’arrière, ces députés européens eurosceptiques qui trouvent à Strasbourg un fonds de commerce autant qu’un bouc émissaire. L’Europe est bonne fille. Si des députés nationaux attaquaient autant la République, des protestations s’élèveraient, à juste titre. Ceux-là, sans choquer personne, bavent sur la main européenne qui les nourrit.

Des députés nationaux qui attaquent la République, il y en a pléthore. Détruire les services publics, n’est-ce pas attaquer la République ? Mépriser la Loi pour faire avancer des causes (d’ailleurs contestables) comme le fait Noël Mamère, n’est-ce pas attaquer la République ? Traiter de « Laval » et de « pétainiste » des membres du gouvernement comme le font certains députés « de gauche », n’est-ce pas indigne de la République ?

Mais on s’interroge : que propose Mme Goulard ? Faut-il que les candidats aux européennes jurent fidélité et attachement à la sainte Union, en se prosternant devant le drapeau azur étoilé d’or ? Soyons sérieux : si on faisait la même chose en France, et qu’on obligeait les députés à prêter serment aux valeurs de la République, il n’y aurait pas de député communiste (à cause de la propriété), pas de député vert (à cause de la démocratie), pas de député libéral (à cause de l’égalité)… Il ne resterait pas grand monde. Mais Mme Goulard avoue le fond du projet européen : une dictature. Une dictature d’un genre nouveau. Non point un Etat totalitaire reposant sur la terreur comme le disent certains eurosceptiques. Je dirai plutôt une dictature douce, une dictature libertaire qui accorde beaucoup de liberté à l’individu… pour mieux supprimer la liberté collective, c’est-à-dire la souveraineté nationale. Selon la formule consacrée, « je suis né libre dans un pays libre ». La liberté n’est pas seulement individuelle, elle n’a pleinement son sens que si la collectivité à laquelle on appartient est forte et indépendante. Quant à la répression du Saint Empire Européen, je l’imagine subtile : intimidations, insinuations, tout un travail de décrédibilisation du contradicteur peut être mis à l’œuvre, pour condamner les gens sans jamais ni les arrêter, ni les torturer, mais en les « tuant » symboliquement, ou plutôt en tuant leur parole.

 

Et voilà comment insidieusement, les idées les plus sottes et le nationalisme le plus infect se banalisent : sortie de l’euro, fermeture des frontières internes, les boniments ne manquent pas.

Tiens ! Et si c’était l’exacte illustration de ce que je viens d’évoquer… Pourquoi tout cela serait stupide ? Il n’y pas d’arguments sérieux développés. Mme Goulard postule que l’Union européenne a un rôle bienfaisant, mais c’est son opinion (respectable par ailleurs), pas une vérité établie. Si elle a le droit d’être pour la construction européenne, il serait bon que Mme Goulard se souvienne que des citoyens ont le droit d’être contre.

Et j’ajoute que le fait qu’elle remplisse son mandat consciencieusement et avec compétence (ce dont je ne doute pas) ne lui donne pas le droit de décider qui « mérite » d’être élu à Strasbourg, et qui ne le mérite pas. S’il y a des eurodéputés eurosceptiques, c’est parce que des citoyens eurosceptiques les ont élus démocratiquement…

 

Evidemment, les proeuropéens doivent admettre leurs erreurs : l’UE ne va pas bien.

Quel bel aveu ! Il faut dire que prétendre le contraire relèverait de l’affabulation. Seulement, tout le problème est là : les européistes avaient promis aux peuples qu’avec l’UE, tout irait bien dans le meilleur des mondes. Que n’avons-nous entendu en 1992, et plus récemment en 2005 ! Avec la grande et belle Europe, plus de chômage, plus de crise, au contraire du dynamisme, de la croissance, une protection sociale renouvelée. Quels sont les résultats ? Aucun. L’euro n’empêche pas les crises, pire, il coule certaines nations. Lors du référendum sur le Traité constitutionnel, les partisans du Non ont été accusés de vouloir la guerre (!) ou le retour du fascisme (!!). Tout cela n’est pas sérieux. En revanche, Mme Goulard et consorts semblent disposer à voir certains citoyens français manger des rats et mourir sous les ponts pour sauver l’euro et le Saint Empire.

 

Mais c’est en réformant l’Union et en la renforçant, que nous ferons changer les choses.

C’est toujours la même rengaine : on transfère des compétences à l’UE et la situation doit s’améliorer. Résultat : ça va de mal en pis. Mais, plutôt que de reconnaître leur erreur, que disent les européistes ? Eh bien, il faut transférer d’autres compétences, voilà la solution ! La question qu’on peut se poser est la suivante : que doit-il se passer pour que Mme Goulard et cie ouvrent les yeux ? Quand bien même on opérerait de nouveaux transferts, la fuite en avant s’arrêtera bien un jour. Et l’on découvrira l’étendue du mensonge. A moins qu’on nous explique qu’il faut désormais construire une union « eurafricaine » ou « euraméricaine ». Ce ne sont pas les eurosceptiques qui sont aveugles, mais leurs adversaires…

 

Car la montée des thèses brunes met tout autant en péril les valeurs que les intérêts de la République. Les meilleurs patriotes ne sont pas ceux qui vocifèrent le plus fort mais ceux qui, dans les «tranchées», se battent sans relâche et font entendre, au besoin en anglais ou en allemand, une voix française dans un esprit européen.

Mais, que vois-je ? Ou plutôt que lis-je ? Les « thèses brunes » ! C’est de la reductio ad hitlerum pure et dure. L’Europe ou le fascisme ! Quel choix plus démocratique que celui-ci ? Les meilleurs patriotes ne sont peut-être pas « ceux qui vocifèrent le plus fort », mais il y a peu à parier que ce soit ceux qui à Strasbourg ou à Bruxelles négocient des compromis opaques en reniant l’intérêt de leur patrie. Des patriotes qui défendent la France « en allemand », voilà qui réjouiraient les Poilus tombés durant la Grande Guerre, je pense. Des patriotes qui défendent la France « en anglais », voilà qui ravirait le général De Gaulle. En revanche, si Mme Goulard connaissait un tant soit peu l’histoire, elle saurait que les premiers Français défenseurs de l’Europe aimaient bien parler allemand. Le problème est qu’ils étaient sous l’uniforme SS, et qu’on était en 1944… Il est assez amusant de nous sortir le petit couplet sur les « thèses brunes » et la référence aux années 30. L’histoire de l’idée européenne mériterait un regard critique, débarrassé des discours dithyrambiques. L’Europe, comme la nation, a aussi son côté sombre.

 

Dans les collèges, des mesures sont prises à juste titre pour dénoncer l’acharnement d’adolescents sur certains de leurs camarades. En ce moment, sous nos yeux, c’est l’Europe qui fait l’objet d’attaques infondées et de calomnies. Celles-ci sont notamment nourries par des individus qui profitent du système au lieu de le servir. Pourquoi leur accordons-nous tant de place dans le débat public ? C’est notre avenir qu’ils assassinent.

Mon Dieu ! Pauvre Europe, toute gentille et toute fragile, malmenée par les vilains fascistes ! Quand on lit ce genre de choses, on s’interroge : comment un député régulièrement élu peut-il se laisser aller à une comparaison aussi affligeante ? L’Union européenne a des milliers de fonctionnaires (augmentés en période de crise, on voit les gens utiles), des services de communication, des opérations de propagande. Son drapeau impérial flotte partout, à côté du drapeau tricolore, attendant peut-être de le détrôner. L’UE fait l’objet d’une propagande parfois excessive dans les programmes scolaires. Mme Goulard a le toupet de comparer des citoyens et des élus qui usent de leur liberté d’opinion et d’expression à de vulgaires agresseurs de cours de récréation. La place des eurosceptiques dans le débat public est due à l’échec lamentable d’une construction européenne condamnée désormais à une pathétique fuite en avant. Voilà la triste réalité que Mme Goulard et les européistes du MODEM ne veulent pas voir. Nous ne les laisserons pas assassiner la nation souveraine ! La France est notre avenir, le seul avenir raisonnable et démocratique. Qu’on se le dise.

 

(1) http://www.mouvementdemocrate.fr/medias/goulard-liberation-130511.html

 

(2) http://www.lalettrevolee.net/article-sylvie-goulard-vend-l-europe-a-l-allemagne-73186310.html

(avec lien pour lire l’intégralité du discours prononcé par Mme Goulard à l’université Humboldt de Berlin)

 

(3) https://blog-nationaliste.blog4ever.com/blog/lire-article-286920-1679797-pourquoi_l_union_europeenne_est_elle_anti_democrat.html



20/05/2011
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