Nationaliste Social et Ethniciste

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Au revoir Donald

Ce 20 janvier 2021, Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis d'Amérique, a quitté la Maison Blanche. Isolé depuis plusieurs jours, abandonné par nombre d'élus républicains et de membres de son équipe, sans véritable possibilité de communiquer avec la nation américaine, il quitte la présidence sous le coup d'une seconde et infamante procédure de destitution. Pendant quatre années, Donald Trump a animé la politique intérieure américaine et la scène internationale avec sa truculence, ses mauvaises manières, son absence totale de tact, son manque d'égard. Je vais choquer beaucoup de gens, mais j'ai ressenti une petite tristesse de le voir partir. Donald Trump va laisser un grand vide, et je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne chose. J'entendais l'autre jour sur France Culture un artiste d'origine américaine déclarer qu' "avec Joe Biden, on va revenir à quelque chose de normal". Il a raison, et ce qui rassure ce monsieur est précisément ce qui m'effraie: le retour à la "normalité", parce qu'il faut s'interroger sur ce qu'est cette normalité. Elle est loin, très loin d'être reluisante, la normalité. Quelques jours après, sur France Culture toujours, une journaliste expliquait que plusieurs grandes sociétés américaines qui ont financé la campagne de Biden ont déjà placé leurs hommes liges dans l'équipe du nouveau président. Oui, nous sommes revenus à la normale: les élites des grandes métropoles de la côte, qui accumulent des fortunes grâce à la finance, l'immobilier ou les hautes technologies, ceux qui défendent l'immigration parce qu'elle leur permet de se faire livrer leurs repas dans les gratte-ciel des quartiers d'affaires, par un Latino de chez Uber Eats payé au lance-pierre, et de se donner bonne conscience pour pas cher, ces élites qui sont prêtes à défiler pour "Black Lives Matter" mais qui se moquent des petits blancs habitant les régions industrielles en crise de la Rust Belt ou les zones rurales délaissées du Midwest, ces élites qui critiquent l'étroitesse d'esprit des protestants évangéliques de la Bible Belt mais qui n'hésitent pas à diaboliser toute voix critiquant la religion progressiste, eh bien ces bonnes vieilles élites américaines sont de retour aux affaires. 

 

Qu'on ne s'y trompe pas: je n'ai pas d'affection particulière pour Donald Trump en tant qu'individu. Et en tant que président, son bilan est plus que mitigé: sa gestion de l'épidémie de Covid a été plutôt mauvaise, il a eu tendance à attiser les divisions, et au plan international, il s'est fâché avec nombre d'alliés, il a laissé la Turquie devenir une menace en Méditerranée orientale et ses négociations avec la Corée du Nord auront été plus spectaculaires que fructueuses. Et ne parlons pas de son refus obstiné de traiter les problèmes environnementaux. D'un autre côté, Donald Trump a assumé une politique protectionniste favorable à l'industrie américaine, il n'a déclenché aucune guerre dévastatrice et, surtout, il a fait enrager les bienpensants, les progressistes de tout poil, durant des mois. Rien que pour cela, j'ai envie de lui dire merci. Mais derrière Donald Trump, il y a plus de 70 millions de citoyens américains. Et ces gens-là méritent mieux que l'image donnée d'eux par les médias. Les partisans de Donald Trump ne sont pas tous des membres de QAnon (mouvance conspirationniste), des suprémacistes blancs ou des miliciens surarmés. En revanche, il est vrai que Trump recrute l'essentiel de ses fidèles parmi les blancs, et pas nécessairement chez les plus aisés, les plus éduqués ou les plus diplômés. Personnellement, je vois dans l'élection de Donald Trump le baroud d'honneur, l'ultime pied-de-nez, des petits blancs en déclin démographique, économique et culturel, une catégorie de la population qui a été sacrifiée, comme dans d'autres pays occidentaux, sur l'autel de la mondialisation et du multiculturalisme, deux facettes du même projet de société. Ces gens en ont eu assez d'être les laissés-pour-compte de l'Amérique, contraints de vivre chichement, de voir leurs usines fermer pendant que des milliards de dollars irriguent généreusement Manhattan et la Silicon Valley. Ces gens en ont eu marre d'une société engoncée dans le politiquement correct, marre qu'on leur impose de vilipender Christophe Colomb (1), qu'on les accuse en permanence de profiter ignominieusement du "privilège blanc" inhérent au "racisme systémique". Ces gens n'ont pas accepté qu'on les traite de "ramassis de paumés"(2) attachés à leur religion et à leurs armes. Et, exaspérés, ils ont voté Trump. Je ne suis pas Américain et n'ai jamais eu envie de l'être, le "rêve américain" est trop individualiste et mercantile pour moi. Je n'ai pas du tout la même vision de l'Etat, de la liberté, de la religion que les électeurs de Trump. Je pense pourtant que ces gens méritent qu'on les regarde avec un peu plus de bienveillance (3).

 

Revenons sur la prise du Capitole, ce "6 février 34" américain. D'abord, une remarque générale: toutes les démocraties connaissent des périodes de crise, de troubles. On ne voit pas bien par quelle magie la démocratie américaine échapperait à la règle. L'histoire des Etats-Unis n'est pas un long fleuve tranquille: conquête de l'Ouest, Guerre de Sécession, ségrégation raciale... Alors nous avons entendu "coup d'Etat", "coup de force contre la démocratie". Je trouve ces expressions très abusives. En effet, les partisans de Donald Trump qui ont forcé l'entrée du Capitole étaient probablement, pour la plupart, fermement convaincus qu'ils luttaient contre un déni de démocratie. Ils avaient tort sans doute, mais je pense que les authentiques fascistes, s'il y en avait, ne devaient pas être bien nombreux. Quelle est la responsabilité de Donald Trump dans ces violences? J'ai entendu les mots du président. A aucun moment il n'a appelé à entrer de force dans le Capitole. A aucun moment il n'a ouvertement incité à la violence. Il a en revanche invité ses partisans à se rendre devant le Capitole pour se faire entendre. Pouvait-il vraiment ignorer le risque que cela représentait, compte tenu du profil de certains de ses supporters? Il est permis d'en douter. Trump n'est pas un imbécile, contrairement à ce que beaucoup rabâchent. Mais c'est assurément un homme au caractère ombrageux, qui ne recule pas devant la provocation ou la bravade. Cela étant dit, je crois qu'il a été débordé par le mouvement qu'il a contribué à impulser, et il n'a pas assez mesuré les conséquences de son discours. A-t-il pour autant souhaité ce qui est arrivé? Je ne le pense pas, mais je ne suis pas dans sa tête. Parler de "tentative de coup d'Etat" me paraît ridicule. Un coup d'Etat se prépare, souvent au sein de groupes restreints mais solidement organisés. Ici, nulle préparation, nulle organisation structurée prête à prendre le pouvoir. Le parti républicain n'était pas du côté des manifestants. Ces derniers appartenaient à une nébuleuse composée de différents groupes sans véritable solidarité entre eux. Ce à quoi nous avons assisté, à mon avis, est un mouvement de foule. Il ne faut pas sous-estimer la foule: elle est impressionnante, elle peut être violente. Mais il ne faut pas la surestimer non plus: la prise du Capitole était sans issue politique, il n'y avait personne pour prendre le pouvoir, et nous savons bien que ni l'armée ni la justice n'aurait soutenu Donald Trump, en admettant que ce dernier ait eu l'intention de profiter du chaos pour conserver le pouvoir. L'épisode a cependant terni une fin de mandat déjà difficile. 

 

Mauvais perdant, Donald Trump? Indéniablement. Mais j'ai l'impression que ses détracteurs ont la mémoire courte. Trump, nous disent ses adversaires, a relayé des théories complotistes sur le "vol de l'élection", l'existence de fraudes massives, etc. Les mêmes omettent de rappeler qu'au lendemain des élections de 2016, et pendant plusieurs mois, Donald Trump a été accusé de devoir son élection à une machination russe. Il y a eu des enquêtes, on a tenté de le pousser à la démission. Durant quatre années, les anti-Trump n'ont reculé devant rien, allant des accusations de collusion avec une puissance étrangère à l'exhumation de propos sexistes tenus des années auparavant, en passant par les "enquêtes" sur la situation fiscale du milliardaire (à cette occasion, certains ont découvert que le régime fiscal américain est favorable aux riches...), sans oublier la première procédure de destitution. Je me souviens des appels lancés aux grands électeurs pour qu'ils trahissent leur mandat. Je me rappelle les manifestations répétées contre Donald Trump dans ses premières semaines à la Maison Blanche. Les adversaires de Trump ont obstinément refusé son élection et ont mené une guérilla faite de coups bas et d'injures pendant quatre ans. Et aujourd'hui, les mêmes s'offusquent que Trump peine à reconnaître sa défaite. Ils étaient plus frileux à l'heure d'accepter sa victoire. Un point me semble devoir être souligné: l'attitude de Donald Trump s'explique aussi, en partie, par celle de ses adversaires. Jamais un président américain n'avait été autant calomnié, injurié, traité avec mépris et condescendance. Certes, Donald Trump est entré dans ce jeu, a voulu rendre coup pour coup, faire dans la surenchère jusqu'à devenir, parfois, la caricature que ses opposants avaient brossé de lui. Mais la responsabilité dans l'entretien de cette tension permanente est à mes yeux largement partagée. Les démocrates et les progressistes battus en 2016 n'ont jamais vraiment laissé à Donald Trump une chance de gouverner, ils n'ont jamais accepté de se cantonner à une opposition respectueuse. Par son comportement, Trump a certainement avili la fonction présidentielle, mais ses adversaires y ont également contribué. Je me souviens de démocrates accusant Donald Trump de vouloir défaire tout ce qu'avait fait Barack Obama. C'est savoureux quand on voit qu'aujourd'hui l'obsession de Joe Biden est de tirer un trait sur toute la politique de Trump...

 

L'autre méthode a consisté à faire de Donald Trump, de manière systématique, la cause de tous les maux de la société américaine. Quand Obama était président, des policiers américains tuaient des noirs, sans que personne n'ait songé à le reprocher au "premier président noir". Et puis, pour une raison qui m'échappe, Trump président est devenu responsable des violences de la police, du racisme, de la misère des Afro-américains, comme si tout cela n'existait pas avant. Il ne faudra d'ailleurs que quelques temps pour s'apercevoir que, Trump parti, les problèmes demeurent. Et l'on en arrive à la question fondamentale: qu'est-ce qu'a été véritablement le phénomène Trump? L'origine des problèmes ou le symptôme des fractures de la société américaine? Oui, Donald Trump a été un catalyseur, mais il n'est pas le créateur des démons de l'Amérique. A la rigueur, il aura incarné un de ces démons. Au final, je pense que Trump a accompagné plus qu'il n'a provoqué un processus de radicalisation idéologique qui traverse toutes les nations occidentales. Et cette radicalisation, soulignons-le, ne concerne pas seulement les partisans de Trump, elle touche tout autant ses adversaires. C'est là, pour conclure, que se trouve pour moi le plus grand mérite de Donald Trump: il a osé s'attaquer au politiquement correct, il a osé s'en prendre à cette idéologie progressiste qui, à coup de procès en sorcellerie intentés à la moindre offense réelle ou supposée, à coup de paradigmes réducteurs qui simplifient l'histoire et fabriquent du ressentiment (racisme systémique, oppression patriarcale, idéologie de la domination), finit par stériliser l'intelligence et tuer le débat démocratique, plus sûrement qu'une foule chauffée à blanc envahissant le Capitole des Etats-Unis d'Amérique. Et je dirais même que Donald Trump a fait plus que combattre les progressistes: il les a démasqués. Il a apporté la preuve éclatante de leur intolérance, de leur sectarisme, de leur mesquinerie, de leur violence même. Il a pu démontrer que ces gens-là, bien élevés, bien éduqués, bienpensants, soi-disants ouverts, n'apprécient la démocratie que lorsque le peuple a le bon goût de voter comme cela les arrange. Si l'on mesure la qualité d'un homme aux ennemis qu'il se fait, Donald Trump est loin d'être méprisable. 

 

Alors au revoir Donald... Et merci quand même.    

 

(1) Lors du déboulonnage des statues de Christophe Colomb, Donald Trump s'est élevé contre ces actes, et a dit qu'il fallait "être fier de son histoire". Encore une raison qui me pousse dans le camp des défenseurs de Trump.

 

(2) Les mots sont d'Hillary Clinton, durant la campagne de 2016.

 

(3) Certains lecteurs pourraient me faire remarquer que je ne manifeste pas la même bienveillance à l'égard des "racisés", des musulmans, et des minorités en général. Je répondrai à cela qu'il se trouve bien assez de bonnes âmes pour défendre ces gens-là, que je n'aime pas les discours victimaires et que le fait de pardonner aux membres des minorités des propos ou des comportements qu'on condamne chez les autres m'est odieux.



06/02/2021
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