Nationaliste Social et Ethniciste

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La Bulgarie des origines à nos jours (2)

II/ Le premier empire bulgare (681-1018)

 

Je ne reviens pas sur l’origine des Proto-Bulgares, longuement évoquée dans l’article précédent. Au milieu du VII° siècle, Koubrat, khagan (ou khan, selon les sources, « khagan » signifiant apparemment « grand khan ») des Bulgares, régnait sur les plaines de l’Ukraine méridionale et les littoraux de la Mer d’Azov. Selon certaines sources, Koubrat aurait été baptisé, mais cette conversion fut pour le moment sans conséquence : les Proto-Bulgares demeuraient païens. Cela indique cependant que des contacts avaient déjà été établis avec Byzance. Peu après 650, Koubrat mourut. Sans doute sous la pression des puissants Khazars de l’est, les Proto-Bulgares se scindèrent en plusieurs groupes. L’un de ces groupes remonte le cours de la Volga et fonde une nouvelle Bulgarie qui disparaîtra au XIII° siècle sous les coups des Mongols de la Horde d’or. Deux groupes se dirigèrent vers le sud-ouest, vers la vallée du Danube. Les Bulgares ne sont ni les premiers, ni les derniers nomades de la steppe eurasienne à venir s’échouer dans la région qui s’étend de la Pannonie aux bouches du Danube. Les Huns et les Avars avant eux avaient connu un sort analogue, les Petchénègues et les Coumans après eux. Les Bulgares ont cependant une spécificité, qu’ils ne partagent qu’avec les Magyars : ils parvinrent à fonder un état durable, socle qui permit à terme la genèse d’une nation à laquelle ils donnèrent leur nom. Mais, alors que les Magyars conservent leur langue finno-ougrienne qu’ils imposèrent aux populations locales qu’ils soumirent, les Proto-Bulgares furent absorbés linguistiquement par les Slaves. Les deux groupes de Bulgares qui firent irruption dans les Balkans étaient dirigés par Kouber et Asparoukh, probablement de la même famille et peut-être tous deux fils de Koubrat, donc frères. Kouber amena son groupe en Macédoine et s’y installa. A cette époque, le basileus de Constantinople ne contrôle plus grand-chose dans les Balkans envahis par les Slaves, hormis la Thrace et les villes côtières bien fortifiées comme Thessalonique. En Orient comme en Italie, la menace arabe occupe la pensée et les troupes de l’empereur même si, on le verra, ce qui se passe dans les Balkans ne lui est pas indifférent, dans la mesure où la sécurité de la capitale se joue dans cette région. Kouber poussa l’ambition jusqu’à assaillir Thessalonique, mais il essuya un cinglant revers. Le Bulgare avait vu trop grand : les murailles de la ville et son accès à la mer la rendaient invulnérables pour une armée mobile de cavaliers, peu rompue à la poliorcétique (art des sièges) et dépourvue de soutien naval. La royauté de Kouber ne survécut pas semble-t-il à cet échec, et elle s’effaça au profit d’Asparoukh et sa lignée.

 

Asparoukh s’était d’abord installé avec son groupe dans les futures régions de Moldavie et Valachie, et au sud-ouest de l’Ukraine. Peut-être la situation au sud du Danube lui parut-elle propice pour un chef sachant allier audace et ambition. Les Slaves étaient divisés en tribus rivales (les Sklavinies) et ne représentaient pas un réel danger pour les Byzantins. Cependant ils n’étaient pas non plus un obstacle sérieux pour les Proto-Bulgares, sans doute peu nombreux, mais bien organisés et dotés d’une incontestable supériorité militaire, avec leurs cavaliers et leurs archers. D’ailleurs, au VI° siècle, Slaves et Proto-Bulgares s’étaient déjà associés pour des raids contre l’empire de Justinien, sous le commandement des seconds. Dans les années 670, Asparoukh se décida à franchir son Rubicon, c’est-à-dire le Danube. L’histoire du sud-est européen en sera profondément bouleversée. Le khan bulgare occupa la Mésie (entre Danube et Monts du Balkan, région nord de la Bulgarie actuelle) sans grande difficulté. Il vassalisa probablement les tribus slaves locales. Une fois solidement implanté en Mésie, Asparoukh put guerroyer à loisir contre les Byzantins en Thrace et en Macédoine, où il agit peut-être de concert avec son « frère » Kouber. A partir de 679, le basileus Constantin IV décida de régler le problème bulgare en prenant la tête d’une puissante armée byzantine. A Andrinople, les Bulgares furent vaincus et durent abandonner la Thrace. Constantin IV voulut pousser son avantage et marcha vers les bouches du Danube. Mal lui en prit, car les Bulgares infligèrent une série de revers aux troupes impériales. Les Byzantins acceptèrent de traiter, la Thrace étant sauve. En 681, la Mésie fut officiellement concédée aux Bulgares, sauf le port d’Odessos (future Varna). C’est une constante de la politique byzantine de tenir les ennemis à distance de la mer, car qui tient la mer détient toujours un avantage. Pour la Bulgarie moderne, ce traité de 681, assorti d’un tribut versé au khan, est la date de fondation du pays, et est célébrée comme telle. Toutefois, la Mésie n’était au VII° siècle qu’une portion du territoire sous domination bulgare, ce dernier s’étendant au nord du Danube, jusqu’au Dniestr. Mais Asparoukh installa sa capitale à Pliska en Mésie, faisant de cette province le centre de son pouvoir et de son peuple. Jusqu’à la fin de sa vie, Asparoukh combattit les Byzantins, les Avars et les Khazars. Il mourut vers 700. Indéniablement, son règne avait jeté les bases d’un état bulgare.

 

Ses successeurs firent fructifier l’héritage avec un certain bonheur. Tervel succéda à son père Asparoukh et régna jusque vers 720. Deux éléments sont à retenir de son règne : d’abord, il intervint dans les guerres de succession qui ensanglantaient Constantinople. Ayant pris le parti de Justinien II, fils et successeur de Constantin IV mais détrôné, Tervel aida le prince byzantin à se rétablir sur le trône en 705 et y gagna le titre de « César » accordé par le basileus. Ce titre allait se déformer en « tsar » dans les langues slaves et connaître une brillante postérité. Aujourd’hui, quand on dit « tsar », on pense presque toujours à l’empereur de Russie. Or le titre est tardif en Russie, Ivan IV le Terrible étant le premier à l’utiliser au XVI° siècle. On oublie souvent que les premiers tsars ont été bulgares. Ensuite, Tervel intervint en 717-718, lors du second siège de Constantinople par les Arabes. Comme allié des Byzantins, le khan bulgare attaqua les arrières des forces musulmanes. Ainsi, les Bulgares, encore païens, contribuèrent à sauver la civilisation orthodoxe à laquelle ils n’allaient pas tarder à adhérer. Mais au début du VIII° siècle, les Proto-Bulgares sont encore des semi-nomades. Pliska, la capitale choisie par Asparoukh, est autant un camp de tentes qu’une ville. Au cours du VIII° siècle, les Bulgares perdirent progressivement le contrôle des régions au nord du Danube, et le grand fleuve finit par constituer la frontière de ce que l’on peut appeler désormais un royaume. La domination des khans se limitait désormais à la Mésie. Après la mort de Tervel, le royaume bulgare traversa une longue période de crise. Dans le même temps, l’empire byzantin connut un spectaculaire redressement sous la poigne énergique des empereurs isauriens, Léon III (le vainqueur du siège de 717-718) et son fils Constantin V. Ce dernier passa à l’offensive et remporta plusieurs succès, mais les Bulgares ne furent pas définitivement soumis. En 792, le basileus Constantin VI, petit-fils de Constantin V, subit une lourde défaite. Les Isauriens, malgré leur puissance militaire, n’étaient pas parvenus à détruire l’état bulgare. Les conditions d’une renaissance bulgare étaient réunies.

 

De cette renaissance, le khan Kroum allait être l’artisan au début du IX° siècle. Kroum régna de 803 à 814. Les campagnes de Charlemagne ayant disloqué l’empire des Avars en Pannonie, Kroum en profita pour soumettre les vastes régions carpatiques et pannoniennes. La puissance bulgare s’étendit à nouveau au nord du Danube, sur de vastes contrées, très peu peuplées cependant. Ensuite, Kroum fit face aux Byzantins. Il leur disputa le contrôle des tribus slaves des Balkans. En 809, il prit Serdica, la future Sofia, capitale de la Bulgarie bien des siècles plus tard. Le basileus Nicéphore 1er voulut porter un coup décisif à l’Etat bulgare en pleine revitalisation, afin d’assurer la sécurité de la Thrace, un espace vital pour Constantinople, un des greniers de la capitale. En 811, l’armée impériale franchit le Rhodope et entama une marche victorieuse vers Pliska. La capitale bulgare fut pillée, les habitants massacrés, le palais du khan incendié. Mais le khan restait insaisissable. Nicéphore pensa avoir anéanti la puissance bulgare et s’éloigna, traînant un lourd butin. Le 26 juillet 811, Kroum et les Bulgares attaquèrent les Byzantins dans un défilé de montagne et infligèrent une cuisante défaite au basileus qui trouva la mort. Son fils et successeur fut blessé et ne survécut pas longtemps. Ce succès aiguisa les ambitions du khan : les Bulgares déferlèrent sur la Thrace, pillant et terrorisant. Kroum prit Nessebar, l’antique Mésembria, en 812. A nouveau victorieux des Byzantins à Andrinople l’année suivante, le khan marcha sur Constantinople et l’assiégea. Toutefois, les Bulgares n’avaient pas de flotte, et il est peu probable qu’ils aient eu la moindre chance de prendre la ville. Kroum s’éteignit en 814, alors qu’il préparait une nouvelle expédition contre la capitale de l’empire. Son fils Omourtag lui succéda comme khan des Bulgares. Il se montra hostile aux chrétiens, comme son prédécesseur, mais rencontra moins de succès dans ses guerres avec Byzance et préféra conclure la paix avec le basileus. En revanche, Omourtag fit sentir le poids des armes bulgares au nord du Danube, notamment contre les Francs qui essayaient d’attirer dans leur orbite certaines tribus slaves soumises au khan bulgare. Durant son règne, Omourtag favorisa l’urbanisation de son pays. Pliska fut reconstruite et, insensiblement, l’influence byzantine se fit de plus en plus sentir, malgré le rejet du christianisme. Omourtag mourut en 831. Après sa mort, les Bulgares enregistrèrent encore quelques succès, comme la prise de Philippopolis (Plovdiv) en Thrace dans les années 830, mais c’est le règne de Boris qui devait marquer une rupture majeure dans l’histoire de la Bulgarie.

 

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Expansion bulgare à l'époque de Kroum, début du IX° siècle; s
ource: Wikipédia

 

Le règne de Boris (852-889) allait révolutionner l’histoire bulgare et donner naissance à la civilisation bulgare telle qu’on l’entend aujourd’hui, c’est-à-dire slave et orthodoxe. Boris reçut le baptême chrétien en 864, devenant ainsi l’équivalent de ce que fut Clovis pour les Francs ou de ce que serait Saint Etienne pour les Hongrois. Boris prit le nom chrétien de Michel (Mihaïl). La christianisation ne se fit pas sans heurt, et Boris dut écraser une partie de sa noblesse attachée au paganisme. Lors de son abdication en 889, Boris eut la désagréable surprise de voir son fils et successeur Vladimir tenter un retour aux anciens cultes. Boris, contraint de sortir du monastère où il escomptait finir sa vie en prières, combattit le fils rebelle, le vainquit et l’aveugla, comme la coutume de l’époque le voulait (un châtiment pas spécifique aux « Barbares », puisque l’impératrice byzantine Irène avait fait de même avec son indocile rejeton, et Louis le Pieux empereur d’Occident avec son neveu). Boris mourut en 907 et fut canonisé. La conversion au christianisme des Bulgares posait une question récurrente dans cette partie de l’Europe : allait-on se tourner vers Rome ou vers Constantinople ? Certes, les relations avec Byzance étaient anciennes, mais avaient été, on l’a vu, fort tumultueuses. La proximité du patriarche de Constantinople ne représentait-elle pas un danger ? La jeune Eglise bulgare pouvait-elle espérer une véritable indépendance de la part de sa puissante voisine ? Au contraire, les rapports avec les Latins avaient été plus sporadiques et l’éloignement de Rome laissait présager une plus grande autonomie. Mais le rayonnement politique et culturel de Byzance, en pleine phase de revitalisation avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie macédonienne, emporta la mise. La Bulgarie devint orthodoxe et obtint l’indépendance de son Eglise en 870. La christianisation s’accompagna de la création d’un nouvel alphabet, le fameux alphabet cyrillique, dont la Bulgarie revendique légitimement la paternité (à tel point qu’il est fréquemment appelé « alphabet bulgare », orgueil national oblige). On retiendra également que le baptême de Boris est antérieur de plus d’un siècle à celui de Vladimir de Kiev qui eut lieu en 988 seulement. L’histoire moderne et contemporaine n’allait guère favoriser les Bulgares, faisant de la « Sainte Russie » le cœur du monde orthodoxe, pourtant la Bulgarie est bel et bien le berceau de l’orthodoxie slave.

 

Le règne de Siméon le Grand (893-927), troisième fils de Boris, marqua l’entrée dans l’Âge d’or du premier empire bulgare. Pour rompre définitivement avec l’héritage païen, le souverain bulgare abandonna la vieille capitale de Pliska pour un nouveau centre, celui de Preslav la Grande, non loin de là. La nouvelle capitale se couvrit d’églises et de palais. Siméon était lui-même un intellectuel, formé à l’école byzantine, plus précisément au Magnaure de Constantinople. Il semble que son père le destinait au gouvernement de la jeune Eglise bulgare. Bien que fortement hellénisé, le nouveau seigneur des Bulgares ne tarda pas à menacer le basileus, dès 894. Les Byzantins étaient fort occupés en Orient, mais l’empereur Léon VI lança les Magyars sur les arrières bulgares. Le premier face-à-face entre Bulgares et Magyars se termina à l’avantage des seconds. Allié aux Petchenègues, Siméon prit bientôt sa revanche. Puis il se tourna à nouveau contre Byzance et après une grande victoire en Thrace, ses troupes s’avancèrent jusque sous les murs de Constantinople. Mais les Bulgares n’avaient pas de flotte, et il est peu probable que Siméon ait sérieusement songé à s’emparer de la Ville. Une paix précaire régna après ces événements, de 896 à 912, date de la mort de Léon VI. Siméon s’empara d’une bonne partie de la Macédoine et de l’Albanie. La Serbie devint vassale du souverain bulgare. Quant aux Byzantins, ils durent payer un tribut annuel. En 913-914, Siméon profita de la difficile succession de Léon VI, l’héritier Constantin VII n’étant qu’un enfant. Son armée arriva aux portes de Constantinople pour la deuxième fois, mais Siméon ne gagna finalement que le titre d’empereur (tsar) et la promesse (non tenue) que Constantin épouserait une de ses filles. En 917, Siméon remporta l’importante victoire d’Anchialos, arrêtant net une invasion byzantine. Le tsar était alors au sommet de sa gloire, mais un élément de mauvaise augure doit être souligné : les Byzantins, pour la première fois depuis longtemps, étaient passés directement à l’attaque. L’empire byzantin poursuivait son redressement et, à terme, ce redressement serait fatal à la Bulgarie. Pour le moment, Siméon s’occupa de réaffirmer son autorité en Serbie, où Byzance, avec une habileté consommée, encourageait l’agitation. En 920, l’amiral byzantin Romain Lécapène devint basileus associé en mariant sa fille au jeune Constantin VII. C’était rompre la promesse faite à Siméon, qui lança à nouveau ses troupes en direction de Constantinople. Mais comme ses prédécesseurs, il échoua à nouveau. Il était dit que jamais les Bulgares ne prendraient la reine des villes. A partir de 924, Siméon établit des relations avec Rome et le pape reconnut son titre impérial. Le tsar tenta vainement de soumettre la Croatie, mais son armée fut battue. Siméon s’éteignit en son palais de Preslav la Grande en 927.

 

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Expansion bulgare sous le règne de Siméon, début du X° siècle; source: Wikipédia

 

Avec son fils et successeur Pierre (Pétar), tsar de 927 à 969, la décadence commence. Les Byzantins reprirent la main et en 928, Pierre épousa Marie Lécapène, petite-fille du basileus Romain. Pierre obtint apparemment le titre de patriarche pour le chef de l’Eglise bulgare (jusqu’à présent archevêque). Les Byzantins reconnurent officiellement le titre de « tsar ». Mais ces débuts prometteurs firent bientôt place aux difficultés. Les Serbes, d’abord, s’affranchirent de la tutelle bulgare. Puis la noblesse bulgare devint indocile, les révoltes paysannes se multiplièrent et l’hérésie bogomile, violemment hostile aux élites et à l’Eglise instituée, se répandit comme un poison, minant l’état bulgare. Dans les dernières années de son règne, Pierre dut livrer ses fils comme otage à Constantinople et contempler les troupes kiéviennes (encore païennes) de Sviatoslav sous les murs de sa capitale. Il abdiqua en 969 au profit de son fils Boris II. Vers 970, la Bulgarie était victime de la guerre entre le prince de Kiev et le basileus, conflit qui se déroula pour une part sur son sol. Sviatoslav contraignit Boris II à conclure une alliance avec lui, mais vaincu, il ne put empêcher la prise de Preslav par les troupes byzantines de Jean 1er Tzimiskès. Boris II fut emmené à Constantinople avec sa famille et officiellement destitué du titre impérial. Marionnette aux mains des Byzantins, il mourut en 977, triste fin pour le petit-fils de Siméon le Grand. Mais la résistance bulgare n’était pas abattue : un état bulgare était en passe de se reformer à l’ouest, en Macédoine, sous la houlette de quatre frères, les princes de la famille Komitopouloi.

 

A partir de la fin des années 970, la résistance bulgare fut animée par les quatre frères de la Maison Komitopouloi (« fils du comte » en grec) : David, Moïse, Aaron et Samuel, tous portant des noms bibliques, ce qui indique la force acquise par la culture chrétienne. L’origine des Komitopouloi est enveloppée de mystère, certains historiens leur attribuent une origine arménienne. Avant 987, les trois premiers frères disparaissent et ne reste que Samuel. En 986, près de Sofia, Samuel écrasa l’armée de l’empereur byzantin Basile II. La Mésie redevint bulgare. Parallèlement, l’empire bulgare ressuscité de ses cendres annexa l’Albanie et une bonne partie de la Thessalie. Jamais la domination bulgare n’avait atteint une telle extension méridionale. En 996, Samuel s’estima assez puissant pour briguer le titre impérial. Mais son succès fut éphémère. En la personne de Basile II (976-1025), la dynastie macédonienne fournit au vieil empire romain d’Orient l’un de ses plus grands souverains. Malgré un début de règne agité par des révoltes et des revers (dont la défaite de 986), Basile II allait pleinement profiter du redressement de l’Empire que ses prédécesseurs avaient entamé à partir du début du X° siècle. Les Balkans sont désormais trop étroits pour deux empires, or celui de Basile II a des réserves en hommes et en ressources considérablement plus amples que celui de Samuel. A partir de 1001, Basile prit l’offensive et mena la guerre avec détermination. En quatre ans, le basileus reprit la Mésie, la Thessalie et s’empara de Skopje au cœur de la Macédoine, centre du pouvoir de Samuel. En 1014 se livra la bataille décisive au cours de laquelle Basile II acquit son surnom de Bulgaroctone (« le tueur de Bulgares » en grec). L’armée bulgare fut écrasée. D’après la légende, Basile aurait fait crever les yeux de quinze mille prisonniers bulgares, ne laissant qu’un borgne sur cent afin que les malheureux fussent conduits auprès du tsar Samuel, qui, dit-on, mourut de stupeur devant ce terrible spectacle. Les héritiers de Samuel résistèrent encore quatre ans dans les régions montagneuses de Haute-Macédoine. Mais la partie était perdue. En 1018, la Bulgarie cessa d’exister et redevint terre byzantine pour près de deux siècles.

 

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Empire bulgare de Samuel à son apogée (dernières années du X° siècle); source: Wikipédia

 

A suivre : La vie culturelle, artistique et spirituelle durant le premier empire bulgare

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08/11/2013
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