Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Projet écologique & Europe ethnique

J’ai déjà souligné ailleurs les sympathiques idéologies qui marchent main dans la main avec Europe-Ecologie-les Verts (1), mouvement « tendance », sympathique, festif et ouvert en ces temps de crispation identitaire. Les amis de Daniel Cohn-Bendit ont cependant une qualité : ils ne font pas semblant d’apprécier l’héritage républicain français, ils l’abhorrent et ils le disent clairement. Leur objectif est de le détruire. En témoigne cette tribune parue dans Libération (2) il y a peu. Elle est signée par trois éminents défenseurs de la cause écolo : Esther Benbassa, universitaire spécialisée dans l’histoire du peuple juif et militante engagée contre le racisme ; Eva Joly, députée européenne, Française d’origine norvégienne, ancienne magistrate et potentielle candidate aux présidentielles pour Europe-Ecologie-les Verts en 2012 ; Noël Mamère, député Europe-Ecologie-les Verts de Gironde… Enfin, bon, inutile de le présenter. Ce qui m’étonnera toujours, c’est que des citoyens élisent des gens qui violent les lois, ainsi que l’a fait M. Mamère dans l’affaire du mariage homosexuel. Qu’on vote pour quelqu’un afin qu’il change la loi, c’est l’essence de la démocratie. Mais qu’on désigne quelqu’un qui méprise la loi et considère que ce qui lui paraît moral devrait nécessairement être légal, voilà qui conduit à s’interroger sur le civisme de certains électeurs de Gironde. Parenthèse fermée.

 

Tout ce beau monde a donc signé un « Manifeste pour une écologie de la diversité ». Petite explication de texte à l’intention des Français qui seraient tentés de voter pour les amis de Dame Nature… Les passages commentés sont en italiques.

 

« Il [le thème de la laïcité] hante depuis des années le cœur du nationalisme (ré)émergent des pays européens et la France ne fait l’impasse sur aucune de ses déclinaisons possibles. »

D’emblée, ces braves gens tapent fort, en associant laïcité et nationalisme sans prendre de gants. Une fois de plus, les mots ont un sens, et certains voudraient leur faire dire n’importe quoi. La laïcité est en France un produit de l’histoire nationale républicaine. En tant que tel, elle est un héritage et peut être considérée comme une composante de l’identité nationale française. Mais l’identité nationale, ce n’est pas une idéologie nationaliste, même s’il paraît normal que les nationalistes (comme les autres) s’interrogent sur ladite identité. Il faut rappeler qu’on peut être nationaliste et anti-laïc : ce sont les écoles maurrassienne, monarchiste, catholique traditionaliste. Tout comme on peut être laïc et anti-nationaliste comme ce fut longtemps le cas à l’extrême gauche, où désormais l’islam paraît en odeur de sainteté, Allah seul sait pourquoi ! Après, il peut y avoir des nationalistes laïcs (c’est mon cas). Il ne faudrait pas que le mot « laïcité » soit proscrit du langage courant parce que Marine Le Pen l’a employé. On nous a déjà joué ce tour avec « patrie », « nation », « drapeau tricolore », « immigration »… Au rythme où vont les choses, si les partis politiques, de gauche en particulier, s’interdisent tous les mots employés par le Front National, ils ne vont pas avoir grand-chose à dire aux quelques millions de citoyens pour lesquels le mot « France » signifie quelque chose. Longtemps, j’ai cru comme beaucoup que c’était le FN qui souillait toutes ces notions chères au cœur des patriotes et même des républicains (et pas seulement des nationalistes orthodoxes). La réalité est un peu différente : il y a une certaine gauche, en particulier les bobos de la gauche caviar made in Sciences Po, qui a décrété une bonne fois pour toutes que les mots et thèmes utilisés par les « fachos » d’extrême droite n’avaient pas le droit de cité dans le débat démocratique policé. Depuis, on voit le résultat : le FN monte, monte… Régulièrement, l’omerta est brisée pourtant, et tel ou tel rappelle fort justement qu’il ne faut pas laisser l’extrême droite s’emparer de ces thématiques. Mais la pesanteur est telle que ces exhortations salutaires ne sont que coups d’épée dans l’eau. Que l’on se souvienne des injures adressées à Eric Besson lorsqu’il engagea le débat sur l’identité nationale. Traiter de « Laval » un ministre, est-ce admissible ? Certes non. Nicolas Sarkozy, en dépit du mal que je pense de lui, n’est pas Philippe Pétain. Il est le président élu par le peuple français. Tout cela n’est pas sérieux, mais participe au climat de guerre civile qui se développe dans notre pays.

 

« De la loi contre le port de signes religieux distinctifs à l’école à celle interdisant la burqa, des «émeutes de banlieue» et des prières de rue devenues les symboles d’un islam d’«occupation» à la dénonciation en boucle du «terrorisme musulman», nous remâchons notre incapacité à sortir d’obsessions entretenues avec art par la droite et l’extrême droite. »

Je dois être stupide, mais je me pose une question : qui entretient vraiment ces obsessions ? La droite et l'extrême droite uniquement ? J’ai la naïveté de croire que les musulmans y sont pour quelque chose. Quand je compte le nombre de femmes voilées que je croise dans la petite ville de province où j’habite, effectivement je m’inquiète un peu. Quand j’entends des gens, peu suspects de sympathies extrémistes, comme le professeur Daniel Lefeuvre, dénoncer les prières qui bloquent certaines rues de France le vendredi, je m’interroge. Quand j’apprends que de la viande hallal va être insidieusement introduite dans la cantine d’un collège (public) situé à cinq minutes de mon domicile, je me pose des questions. Si j’ajoute à cela l’étrange complaisance de bien des élus à l’égard de certaines revendications communautaires, islamiques en particulier, (complaisance que l’extrême droite n’est pas la seule à dénoncer) et si je mets bout-à-bout tout ce que je viens de dire, observations du quotidien et actualités générales, je me dis que finalement j’ai peut-être raison de m’inquiéter…

 

« […] la gauche elle-même tombe dans ce piège où la laïcité et les valeurs de la République se confondent avec ces dérives que sont le laïcisme et le républicanisme. Nouveaux dogmes d’une France drapée dans son conservatisme, qui se cogne la tête au mur de ses peurs et de ses fantasmes. »

J’ai une question toute bête : le « laïcisme » et le « républicanisme », c’est quoi ? A aucun moment dans l’article, ces termes ne sont définis. Et ils le sont rarement. Le laïcisme et le républicanisme, ce serait donc la laïcité et la République souillées au contact du nationalisme ? Mais la République française a toujours été à sa manière « nationaliste » au sens premier, puisqu’elle a défendu la nation française en tant que communauté politique souveraine, en luttant contre les rois et les tyrans d’Europe (en 1793 et 1794), en l’émancipant de la tutelle catholique (en 1905), en affrontant l’hégémonie allemande (en 1914-1918 et en 1940) ou encore en fermant les bases militaires françaises de l’allié américain (en 1966). Devons-nous rougir de ce « national-républicanisme » ? Nous voyons bien que ces néologismes en « -isme » n’ont pas d’autre but que de discréditer, comme toujours, ceux qui défendent avec un peu plus de fermeté, voire de virulence, les uns la laïcité, les autres la République. En les taxant d’extrémisme, on prive leur parole de légitimité à peu de frais. Mais lequel des trois larrons est capable de définir précisément la limite entre un défenseur de la République et un « républicaniste » ? Lequel peut m’expliquer la différence stricte entre un militant laïc ferme sur ses convictions et un laïciste fascisant ? Je sens que tout cela est affaire de subjectivité…

 

Quant au « conservatisme », s’il s’agit de lutter pour conserver certains acquis sociaux, et au final la dimension sociale de la République, où est le problème ? Et, de manière générale, vouloir « conserver » une certaine idée de la France et un attachement à ce qui fut le cadre de notre histoire avec ses gloires et ses tragédies n’est nullement condamnable. Les autres pays le font, y compris l’Algérie, la Tunisie…

 

« L’Europe elle-même semble décidément bien lasse, sans appétit pour ce potentiel de jeunesse et de vitalité que représentent ses populations issues de l’immigration. Pourtant, on ne gagne pas contre la jeunesse. Les «générations perdues», qu’elles soient, de fait, «venues d’ailleurs» ou «autochtones», sont toujours des bombes à retardement ; les exemples tunisien et algérien sont là, hélas, pour nous le rappeler. Sommes-nous donc vraiment condamnés à vivre entre «vieux», contemplant notre passé glorieux, rêvant de nos colonies perdues et de notre grandeur disparue ? »

L’Europe ? C’est quoi ? J’ignorais que ce fut une entité que l’on pût ainsi personnifier. S’agit-il du sous-continent aux contours bien flous ? Ou bien du Saint Empire Européen encore balbutiant, ce IV° Reich que les Verts se verraient bien porter sur les fonts baptismaux ?

 

Le « potentiel de jeunesse et de vitalité que représentent ses populations issues de l’immigration », pour ma part, je l’ai vu à l’œuvre. A plusieurs reprises. En 2005, dans les banlieues de mon pays. Sur les terrains de sport, en particulier de foot, mais pas seulement. Dans cette grande entreprise artistique qu’est le rap, expression d’une frustration haineuse, narcissique et bestiale. Ce n’est pas la frustration qui me gêne. La frustration est un moteur de l’existence. Non, ce qui me gêne, c’est ce qu’on fait de cette frustration. Certains la subliment en se projetant dans de grandioses projets collectifs. D’autres se contentent de nourrir une vile jalousie envers leurs voisins. La frustration peut aussi bien produire Robespierre et Saint-Just que Sniper ou Joey Starr. On m’excusera de préférer les premiers… Le bilan de cette « vitalité » n’est pas brillant : carcasses de « mobiliers urbains » calcinées, rejet systématique du pays d’accueil, arrogance, agressivité… Il est en effet très étonnant que nous soyons quelques millions à ne pas être enthousiastes !

 

Les « exemples tunisiens et algériens » ne montrent qu’une seule chose : l’incurie des dirigeants de ces pays, qui sont bien pires, à tous égards, que les nôtres. L’Algérie devrait être plus riche que la France (et je pèse mes mots) grâce au pétrole, à une croissance démographique quasiment maîtrisée et à une scolarisation satisfaisante. Il n’en est rien, parce que l’infâme gnome Abdelaziz Bouteflika et le quarteron de généraux corrompus qui l’entoure préfèrent détourner les milliards du pétrole et vendre les grands chantiers du pays à des entrepreneurs chinois. Que serait-il arrivé si, dans les années 30, Roosevelt avait donné les grands chantiers américains à des entreprises étrangères amenant leur propre main-d’œuvre sur place ? Aurait-il été réélu (en admettant même que quelque fanatique ne l’ait pas assassiné…) ? Et pour masquer ses forfaits, M. Bouteflika tire à boulet rouge sur la France et ressasse les « crimes » de la colonisation. Mais les Algériens sont jeunes, et ils se rendent compte aujourd’hui que ce n’est pas la France le responsable du désastre actuel.

 

Nous ne sommes pas condamnés à vivre entre « vieux », car la baisse de la natalité n’est pas une fatalité. Ni en France, ni ailleurs en Europe. Et plutôt que de tout attendre d’une jeunesse issue de l’immigration, violente et agressive, mieux vaut songer à nous sauver nous-mêmes en conservant une natalité convenable qui nous permettra le moment venu de nous « passer » de la « vitalité » de ladite jeunesse. Pour ma part, si je contemple avec émotion le passé glorieux de mon pays, je ne rêve ni de « nos colonies perdues », ni de « notre grandeur disparue ». Ce que je veux, c’est aider à bâtir une France prospère et respectée, c’est sauvegarder ce que m’ont légué mes ancêtres, la France, qui est une patrie riche de son passé, une nation riche de son unité (et non de sa diversité) et une République riche de sa dimension sociale.

 

« Qui croit sérieusement qu’elle [la République] incarne aujourd’hui la liberté, l’égalité et la fraternité ? Nous pouvons pourtant encore sauver et la laïcité et la République, à condition qu’elles soient revisitées, qu’elles cessent d’appuyer un nationalisme exclusiviste et stérile, et servent au contraire à créer les conditions d’une sociodiversité féconde. Lorsque le nombre d’espèces diminue dans la nature, les maladies infectieuses, elles, se multiplient. Et pour les endiguer, des efforts doivent être déployés afin de préserver les écosystèmes naturels et leur variété. Qu’on nous pardonne le rapprochement, mais une société monoethnique (il n’en existe heureusement pas beaucoup) est une société condamnée. »

Qui incarne alors la liberté, l’égalité et la fraternité ? Le melting-pot américain ? Les sociétés « métissées » latino-américaines ? Regardez partout autour de vous, observez toutes les sociétés multiculturelles semblables à celle que vous appelez de vos vœux en France, et vous ne verrez que tensions communautaires/ethniques, ségrégations, inégalités, haines et rancœurs plus ou moins dissimulées. Certes, toutes ces sociétés ne finiront pas comme la Yougoslavie ou le Liban, du moins souhaitons-le. Mais le fait est qu’elles ne connaissent nullement la douce harmonie que vous imaginez.

 

« Revisiter » la laïcité et la République, il faut traduire par : les débarrasser de leur empreinte nationale, les « dénationaliser » pour en faire de pures abstractions théoriques, déconnectées de toute réalité historique. Or, à moins de verser dans le négationnisme, il est impossible de considérer que la République (telle qu’elle est conçue dans notre pays) et la laïcité ne sont pas des produits de notre histoire nationale, donc de l’histoire du peuple français. On ne saurait ainsi prendre quelques belles valeurs, parce qu’elles nous plaisent, et dans le même temps jeter aux orties la nation qui leur a donné sens, parce que la nation, « ça sent mauvais ». J’aime pourtant mieux l’odeur de la France moisie que celle des relents d’ethnicisme primaire et de racialisme néo-darwiniste qui se trouvent dans la suite. Je reste songeur à l’idée qu’une personne de confession juive ait pu signer un tel texte. Il y a des gens, même bardés de diplômes, qui décidément n’apprendront jamais rien…

 

Qu’est-ce que c’est que cette comparaison douteuse entre la variété des écosystèmes et la diversité des sociétés humaines ? Les écosystèmes sont des produits de la nature, les sociétés de la culture, ce qui fait une grosse différence. Or qu’est-ce que la culture ? C’est précisément l’effort millénaire de l’humanité pour se défaire de la précarité que lui impose la nature. Et on veut nous faire croire que ces gens-là sont des progressistes ! Affabulation mystificatrice (ou mystification affabulatrice, au choix) ! Dans un écosystème, chacun a sa place, surtout dans la chaîne alimentaire. Comment alors interpréter cette comparaison ? Faut-il se demander quelle communauté ethnique/religieuse va « bouffer » l’autre ?

L’immigration n’est en rien un enrichissement de l’« écosystème sociétal ». L’image des maladies est très mal choisie, car l’immigration a précisément réintroduit en Europe des maladies qui avaient disparu depuis parfois plusieurs décennies. Allons plus loin : des études réalisées en Grande-Bretagne ont montré qu’au sein de la communauté pakistanaise, la consanguinité était telle (oui, les vilains « blancs » anglais doivent refuser le métissage…) que des maladies disparues au Pakistan même étaient réapparues en Angleterre ! Conclusion : lorsque le nombre de communautés augmente, les maladies s’en sortent très bien…

 

Qu’une société « mono-ethnique » soit une société « condamnée » reste à prouver. Mais je n’ai pas d’inquiétude : les Français natifs sont issus d’un mélange complexe de populations paléo- et néolithiques, de Ligures, d’Ibères, de Celtes, de Grecs, de « Romains » venus des quatre coins de l’Empire (Illyrie, Pannonie, Anatolie, Syrie), de Germains, de Vikings… Ce n’est pas parce que nous sommes « blancs » que nous sommes mono-ethniques, et la richesse du patrimoine génétique ne se mesure pas à la couleur de la peau. De plus, si l’on suit les trois euro-écolos, certains pays sont condamnés : la Pologne (97 % de Polonais !), la République tchèque (90 % de Tchèques, mais 96 % d’ « autochtones » si on ajoute les Moraves et les Slovaques), l’Islande (94 % d’Islandais), la Hongrie (près de 93 % de Hongrois, et ça ne va pas changer avec M. Orban…). Ensuite, on peut s’interroger : vaut-il mieux une société mono-ethnique ou bien une société pluriethnique dans laquelle les « ethnies » se tournent le dos ? Car c’est le deuxième modèle qui tend à s’imposer.

 

Mais on peut surtout se demander d’où vient cet étrange mélange du social et du biologique. Je crois qu’il faudrait chercher du côté de l’Allemand Haeckel, scientifique renommé du XIX° siècle, défenseur des thèses de Darwin (ce qui est honorable) et grand pourfendeur du créationnisme (ce qui l’est tout autant), mais aussi raciste patenté, convaincu de la supériorité des Européens du Nord (Germains et Scandinaves) et membre de la Ligue pangermanique. Haeckel fit le parallèle entre politique et biologie, idée promise à un avenir sinistre : le corps politique (la nation) devant être débarrassé de ses parasites qui peuvent affecter sa bonne santé (son unité), parasites qui pourraient être les juifs, par exemple… Cette dérive ne saurait toutefois être imputée au seul Haeckel, mort en 1919. Il n’en demeure pas moins surprenant que des gens si attentifs aux « idéologies nauséabondes du passé » tiennent des propos ayant autant d’affinité avec ceux d’un scientifique un peu sulfureux. Surprenant ? Pas tant que cela, car Haeckel est considéré comme un des pères de… l’écologie ! L’écologie scientifique, s’entend. Toutefois, la rhétorique des trois larrons n’est que le résultat de la logique écologique poussée à l’extrême : tout est ramené à la biologie, et au sein d’une société, les groupes ethniques en viennent à interagir comme les espèces d’un écosystème… c’est-à-dire qu’ils se bouffent ou qu’ils se parasitent, car les écosystèmes ne sont pas des petits paradis où l’on respecte la différence d’autrui dans un souci de différentialisme harmonieux.

 

Quelles étranges coïncidences ! Un mouvement, Europe-Ecologie, qui n’est pas loin de reprendre les thèses les plus controversées de Haeckel. Un mouvement, Europe-Ecologie, qui est l’allié de l’ALE (Alliance Libre Européenne) dont le projet ethnique et régionaliste laisse un bloc germanique surnager au milieu d’une Europe balkanisée. Un projet qui, somme toute, n’est pas sans rappeler celui de la Ligue pangermanique dont fit partie… Haeckel ! Oui, décidément, il y a chez Europe-Ecologie de troublantes parentés.

 

« Si l’on observe des replis communautaires chez les minorités, c’est aussi parce qu’on les empêche de s’enraciner, de produire librement des citoyens «utiles» aux nations dont elles sont partie intégrante, en dépit même d’une citoyenneté légale restant souvent abstraite. »

Ah non ! Les minorités refusent de s’enraciner, puisqu’elles entretiennent encore, au bout de deux, trois, quatre générations, un imaginaire fantasmé et idéalisé du pays d’origine, dont elles se réclament même si les liens réels sont fort distendus. La preuve de l’inanité du propos de nos euro-écolos provient des Français d’origine portugaise : en effet, ceux-ci sont peu discriminés et « produisent librement des citoyens « utiles » à la nation ». Et pourtant, même chez certains jeunes d’origine portugaise, on assiste aujourd’hui à un réinvestissement dans l’identité des parents ou des grands-parents. J’ai eu, en face de moi, une élève d’origine portugaise, crispée sur son identité et rejetant la France en bloc, devant son père qui ne comprenait pas et qui lui rappelait qu’elle était née ici. L’homme me déclara d’ailleurs qu’il parlait peu du Portugal à la maison, que la famille y allait en vacances « et c’est bien suffisant » ajouta-t-il. Mais sa fille n’en démordit point et finit par déclarer qu’elle était Portugaise parce que « c’était son sang », je cite. Cet exemple est évidemment extrême et caricatural, mais aussi significatif. Cela se passe aujourd’hui, en France. Comment en arrive-t-on là ? Parce que des discours, comme ceux d’Europe-Ecologie (mais ils ne sont point les seuls), ne cessent d’attaquer, de salir, d’insulter à tout instant la France, sa culture et son histoire. La haine de la France, avant d’être cultivée par les minorités, a d’abord été introduite par les Benbassa, Noiriel, Offenstadt, Citron, tout un courant d’historiens qui ont travaillé dans le but politique de discréditer la France, l’idée de nation, et donc le passé de cette nation. Poser un regard critique sur l’histoire de son pays, c’est un devoir, moral et intellectuel. Mais lorsque l’obsession de la déconstruction pousse certains à balayer toutes les références historiques d’un peuple jusqu’à nier l’existence de ce dernier, est-on encore dans la production d’un savoir scientifique ? Ou dans la propagande idéologique ?

 

Quant à la « citoyenneté légale restant souvent abstraite », c’est savoureux. Ces gens plaident pour une France désincarnée, sans passé, sans avenir (autre que celui d’être le berceau de la société parfaite, la société métisse pluriethnique), pour une République qui se résume à quelques mots au fronton des mairies, et les voilà qui dénoncent une « citoyenneté abstraite ». Mais dans une République abstraite, comment la citoyenneté pourrait-elle être concrète ? D’autant que cette citoyenneté passera après l’appartenance confessionnelle, ethnique, culturelle, linguistique… Soit la citoyenneté est le pilier d’une identité primordiale, politique et nationale, ce qui est le sens du projet républicain à mon avis, soit elle n’est rien. Enfin rien d’autre que le droit de profiter des petits avantages acquis par la « communauté ».

 

« Sans minimiser les obstacles, il est pourtant possible, à condition de le vouloir, de créer un écosystème du mieux-vivre-ensemble pour réparer un tissu social déchiré par tant d’années d’incompréhensions mutuelles. »

On continue la métaphore filée. Aucun de ces trois euro-écolos n’a fait le commencement du début d’une initiation à la biologie, programme de collège. Un « écosystème du mieux-vivre ensemble », voilà le summum du ridicule. Un écosystème n’assure jamais le « mieux-vivre » des espèces, mais simplement leur survie, au sein d’une chaîne d’interdépendances impitoyable (je te mange pour survivre) qui n’exclut pas d’ailleurs la compétition (deux prédateurs pour une espèce, par exemple). On nage en plein délire idéologique, dans un mélange des genres assez improbable. Le « mieux-vivre » n’a de sens que dans une société humaine, dont la culture a engendré un progrès technique qui, répétons-le, a justement permis aux hommes de s’extraire à un moment donné des contraintes de l’écosystème naturel.

Ajoutons que, puisqu’on parle d’immigration, l’intrusion d’une nouvelle espèce dans un écosystème le bouleverse souvent. Et cela peut aller jusqu’à la disparition pure et simple de certaines espèces « locales »… Que l’on songe aux conséquences de l’arrivée de l’homme (avec le rat et le chien) dans certains écosystèmes insulaires. Par conséquent, l’usage de la métaphore est à double-tranchant !

 

Manifestement, ce n’est pas une bourde, Europe-Ecologie donne bien dans le Grand-Guignol pseudo-scientifique. Une chose est sure : rien de bon ne se cache derrière l’accent scandinave d’Eva Joly, la moustache de Noël Mamère ou l’antiracisme d’Esther Benbassa. On pourrait rire de tout cela. Le problème est que ces gens se prennent au sérieux. Pire, des citoyens leur accordent de la crédibilité. Souhaitons qu’après ce « Manifeste » de plus en plus de Français se rendent compte de l’idéologie véritable véhiculée par Europe-Ecologie-les Verts, sous un masque rassurant et progressiste.

 

(1) https://blog-nationaliste.blog4ever.com/blog/lire-article-286920-1699060-bilan_des_elections_regionales_2010.html

 

 

(2) http://www.liberation.fr/politiques/01012316114-manifeste-pour-une-ecologie-de-la-diversite



14/02/2011
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