Nationaliste Social et Ethniciste

Récemment, un député LFI, ancien journaliste, a proposé en commission des lois l'interdiction de la corrida. Personnellement, je vis dans une région où il n'y a pas de corrida, et ça ne me pose pas de problème. Je n'ai jamais vu de corrida, et il n'est pas dans mes intentions d'aller en voir une. Mais pourquoi faudrait-il interdire la corrida? Est-ce que les gens qui paient pour aller voir des corridas me nuisent d'une quelconque façon? Pas le moins du monde. Est-ce que les gens qui aiment la corrida m'imposent d'assister à leur spectacle? Non. Est-ce que M. Caron a été traîné de force dans une arène pour regarder la mise à mort d'un taureau? Je ne le crois pas. On parle de "pratique barbare", de "torture", ou que sais-je encore. Est-ce que le sud de la France - puisque c'est cette région qui est concernée - a été le berceau du fascisme ou du nazisme? Le taux de criminalité y est-il plus élevé qu'ailleurs? Pas que je sache. Pablo Picasso aimait la tauromachie. Pierre Arditi et Denis Podalydès disent apprécier la corrida. Picasso, avec sa célèbre toile Guernica, a signé une des plus grandes oeuvres d'art dénonçant la violence fasciste. Arditi et Podalydès sont connus pour leur engagement à gauche. Alors?

En fait, si fascisme il y a, il est le fait des fanatiques anti-spécistes comme M. Caron, un homme qui vous explique par ailleurs qu'un moustique est "une gentille dame qui lutte pour nourrir ses enfants" puisque, en effet, les femelles moustiques piquent pour s'alimenter et pouvoir se reproduire; un homme qui s'est réjoui à demi-mot de la pandémie de Covid, parce que c'est la revanche tant attendue de la nature sur l'homme, ce démiurge maléfique. Aymeric Caron fait partie de ces gens qui sont un danger pour la liberté parce qu'il ne pense qu'à interdire ce qui lui déplaît. Aymeric Caron est un homme qui voudrait contrôler les loisirs des gens et jusqu'à ce qu'ils mettent dans leur assiette. Cette conception du monde, qui prétend imposer des normes à tout le monde - j'insiste là-dessus - et dans tous les aspects de la vie, porte un nom: le totalitarisme. On dira que j'exagère. Un peu sans doute. Mais pas tant que ça. J'ai écouté Aymeric Caron à plusieurs reprises, et ce type m'a toujours fait froid dans le dos. Son arrogance et son intolérance le rendent antipathique. Et accessoirement, il devient odieux dès qu'il est confronté à une résistance un tant soit peu rationnelle, comme lorsqu'il est face à Eric Zemmour. Il s'est trouvé des gens - je n'ose dire des citoyens - pour envoyer ce sinistre individu à l'Assemblée nationale, porter son discours larmoyant sur les "pauvres animaux qui souffrent". Les habitants des 9ème et 18ème arrondissements de Paris ont d'étranges priorités... 

Mais, ce qu'il faut pointer, c'est l'hypocrisie derrière cette rhétorique qui prétend nous émouvoir avec des trémolos dans la voix sur le sort des taureaux mis à mort dans les arènes. Il se trouve que j'ai un peu de mémoire, et je me souviens, lors du débat sur "le Mariage pour tous", d'un argument entendu à plusieurs reprises: "Pourquoi ces gens [de la Manif pour tous] défilent-ils? Est-ce que le mariage homo leur ôte quelque droit que ce soit? Non, alors c'est juste dégueulasse de militer pour empêcher les autres d'acquérir des droits!". Très bien, mais dans ce cas, ne faudrait-il pas appliquer ce sage raisonnement à la corrida? Après tout, les aficionados n'imposent rien à personne, ils n'enlèvent aucun droit à M. Caron ou à ses amis de L214, n'est-ce pas? Comment? Ah, ce n'est pas pareil? Ah oui, il y a "un animal qui souffre". Et les enfants à qui on va faire croire qu'ils n'ont pas de père - ou plus rarement de mère - et qu'ils sont nés de l'opération du Saint Esprit LGBT, qui me dit qu'ils ne vont pas souffrir, eux?

J'attends pour ma part, et avec impatience, que M. Caron dépose une proposition de loi pour interdire l'abattage rituel juif et musulman. Si je ne m'abuse, le nombre de moutons - même de boeufs - concernés est autrement plus important que celui des taureaux sacrifiés sur le sable des arènes méridionales. Comment? Ah, ce n'est pas pareil? Il y a des traditions qu'il faut respecter, hein, surtout chez les racisés victimes du colonialisme et du racisme. De plus l'abattage rituel existe depuis mille cinq cents ans, quand la corrida a été introduite dans la deuxième moitié du XIX° siècle en France. Et puis quand on est affilié à un mouvement qui défile avec des islamistes scandant "Allah Akbar", on ne peut pas interdire tout et n'importe quoi, n'est-ce pas Aymeric Caron? Personne n'a envie de se retrouver avec dix Bataclans à gérer... Cette lâcheté ignominieuse, ce "deux poids, deux mesures" permanent est sans doute ce qu'il y a de plus exécrable chez cette gauche donneuse de leçon. Chaque année des milliers de moutons sont égorgés pour l'Aïd, mais la priorité est de sauver les quelques dizaines de taureaux qui finissent dans les arènes.

Les députés se sont prononcés contre l'interdiction de la corrida en commission des lois. Aymeric Caron a aussitôt pointé les "pressions" d'un "lobby" minoritaire mais bien organisé. Car, bien sûr, les anti-spécistes, eux, sont majoritaires en France, c'est bien connu. Ils ne constituent aucun "lobby" organisé, aucun groupe de pression, eux. Ils se contentent de défendre le Beau, le Vrai, le Bien, eux. Il faut se réjouir que les députés aient rejeté la tyrannie de la sensiblerie animaliste. Dans un pays libre, la permission est la règle, l'interdiction l'exception. Et une exception motivée par des nuisances réelles, par un risque sérieux pour l'ordre public, et non simplement parce qu'une poignée d'illuminés serait visitée par les fantômes des taureaux morts dans les arènes. La corrida déplaît à certains, et c'est leur droit de le dire publiquement. Mais elle plaît à d'autres, elle est entrée dans les habitudes de certaines populations du Midi, elle accompagne des festivités locales, elle entretient une forme de sociabilité et d'identité locales. De grâce, arrêtons de vouloir tout interdire au simple prétexte que cela nous choque. Aymeric Caron et les anti-spécistes veulent interdire la corrida comme les islamistes voulaient interdire la publication des caricatures de Mahomet. Et quand la justice ne donne pas raison à ces apprentis-tyrans, ils recourent à des méthodes illégales: ici en faisant un "sitting" pour empêcher la corrida, là en vidant des chargeurs de kalachnikov sur la rédaction de Charlie Hebdo. Oui, j'ose le parallèle, même si, bien sûr, le niveau de violence n'est pas le même. L'objectif lui est comparable: il s'agit de priver de liberté ceux qui ne regardent pas comme sacré ce qui devrait l'être, la vie d'un animal pour les uns, l'honneur du prophète pour les autres. On comprend mieux la "convergence des luttes" entre les islamistes et une certaine gauche...

Il est savoureux de voir cette gauche écolo-bobo faire aujourd'hui ce qu'elle reprochait hier aux opposants au mariage pour tous, à savoir être juste capable de s'opposer. Cette gauche s'oppose à la corrida comme elle s'oppose aux centrales nucléaires ou aux projets de "méga-bassines", et comme elle s'est opposée hier à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais que construit-elle? Que fait-elle de positif, d'utile? Rien, strictement rien. On le sait aujourd'hui: une bonne partie des activistes de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sont partis avec armes et bagages pour torpiller d'autres projets, ailleurs. Les terres qu'ils prétendaient cultiver sont en friche, le projet de société "alternative" qu'ils disaient construire s'est évanoui quand les policiers et les caméras sont partis. Et ces petits-bourgeois qui voulaient se donner le frisson de défier l'Etat, qui voulaient jouer les Che Guevara d'opérette, se sont bien vite mis en quête d'une autre cause à défendre, d'un autre chantier à saboter. Ils ne savent faire que ça: empêcher qu'on aménage le territoire français, qu'on façonne le paysage - comme on le fait depuis des milliers d'années - au fond qu'on donne un avenir à ce pays. Je plains ces gens qui, au soir de leur vie, ne se vanteront que d'une chose: avoir empêché les autres de faire.

Il y a un autre point qui doit être évoqué. A ceux qui seraient tentés de se dire: "tout de même, la corrida, c'est un peu cruel, le pauvre taureau n'a rien demandé; franchement, on peut se passer de ce genre de spectacle qui n'intéresse qu'une minorité de la population", je dirais ceci: quand je mange mon bifteck, ce n'est pas gentil pour le boeuf. Quand je mange mon poulet rôti, le malheureux volatile n'est pas forcément consentant. Quand je mange du saucisson, ça ne fait pas l'affaire du cochon. Tout cela est vrai. Mais il faut bien comprendre que, pour Caron et ses partisans, l'interdiction de la corrida est une étape, rien de plus qu'une étape, le début d'un engrenage. Si on laisse Caron interdire la corrida demain, il interdira le gavage des oies et des canards après-demain, parce que c'est une "pratique un peu cruel" et le foie gras, "on peut s'en passer" (Aymeric Caron n'en mange pas). Ensuite, on interdira la chasse parce que c'est "cruel pour les animaux" et en plus, on peut très bien vivre sans chasser (par exemple, Aymeric Caron ne chasse pas et il respire le bonheur). Et puis, on interdira l'abattage des animaux pour la boucherie - avec naturellement des dérogations pour les pratiques culturelles de certaines minorités - parce que, vous comprenez, les pauvres bêtes subissent ce que les juifs ont vécu dans les camps de la mort, et en plus, on peut très bien manger sans consommer de viande (regardez Aymeric Caron: il n'en mange pas et il affiche une santé resplendissante). Un beau jour, on se réveillera dans un monde où des hommes - ou plutôt des femmes - en uniforme appartenant à la brigade SA (Sauvegarde Animaliste) Aymeric Caron passeront chez vous vérifier que vous nourrissez correctement le chat, que vous vous laissez piquer par les moustiques sans broncher, que les mouches vont et viennent librement et que le réfrigérateur ne contient aucun produit d'origine animal (des contrebandiers ayant été signalé dans la zone). Et s'il s'avère que Minou n'a pas eu sa pâtée en quantité, ou qu'une mouche morte sur le parquet laisse supposer une tendance au génocide des diptères, gare! L'Obergruppenführerin devant laquelle vous serez déféré saura manier la gégène pour vous rééduquer.

Vous souriez, chers lecteurs. Vous avez raison. Vous trouvez que j'exagère. C'est vrai, j'exagère sans doute. Un peu. Mais peut-être pas tant que ça. Le chemin de l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Et des bonnes intentions, les gens comme Aymeric Caron en ont beaucoup. Beaucoup trop.