Catastrophe japonaise & question nucléaire
Il est intéressant d’aborder cette question à présent que l’on peut prendre un peu de recul par rapport aux événements. Et en profiter pour analyser les discours que chaque parti (pro- ou anti-nucléaire) diffuse depuis la catastrophe de Fukushima.
Un accident grave
Comme tout le monde, j’ai été frappé par l’ampleur du séisme (8,9 sur l’échelle de Richter qui en compte 9) et du raz-de-marée (équivalent français de « tsunami ») qui ont frappé l’archipel nippon. Le Japon, très grande puissance économique, a depuis longtemps investi des sommes colossales pour mettre ses bâtiments et infrastructures aux normes antisismiques, le pays se trouvant dans une région du monde où l’activité tectonique est importante. Depuis l’enfance, les Japonais sont éduqués au risque. La population a fait preuve de courage et d’abnégation dans cette épreuve. Il faut saluer ces qualités issues de la culture nippone. On peut cependant se demander si les secours ont été convenablement organisés. La façon dont les secouristes français sont revenus au pays sans avoir pu apporter une aide réelle pose certaines questions. L’Empire du Soleil Levant reste un des pays les plus fermés et les plus secrets du monde. Pour le meilleur et pour le pire. D’après les estimations actuelles, la catastrophe a fait entre 25 et 30 000 morts. Autant dire une catastrophe nationale pour un pays habitué à compter les morts sur les doigts d’une seule main lors d’un tremblement de terre.
Rapidement, l’attention s’est portée sur les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Les ingénieurs japonais n’avaient pourtant pas négligé la sécurité du site, contrairement à ce que des écolos fanatiques répètent en boucle. Eu égard aux risques sismiques, la centrale avait été placée à l’endroit le moins exposé, et dotée de systèmes visant à empêcher tout accident. Mais le propre d’une catastrophe est que rien ne se passe jamais comme prévu. Il est fort possible que ce tremblement de terre ait été un phénomène millénaire, de même que ce raz-de-marée pourrait être le pire depuis des siècles… et pour plusieurs siècles à venir. Par conséquent, il faut savoir raison garder. J’entends moult gens nous dire doctement : « et si ça arrive demain en France… ». D’abord, la France n’est pas dans la même situation que le Japon. La fréquence des séismes n’est pas comparable. Le risque existe bel et bien, mais l’honnêteté oblige à préciser qu’il est moindre. Cette affirmation procède non de la volonté de rassurer à tout prix, mais d’observations scientifiques. Demandez à n’importe quel spécialiste de la tectonique.
Il n’en demeure pas moins qu’une catastrophe s’est bel et bien produite au Japon. Les réacteurs se sont arrêtés, comme prévu. Mais l’intensité du raz-de-marée a fortement endommagé les systèmes de refroidissement, les rendant inutilisables. Depuis, la situation ne cesse d’empirer, il faut le reconnaître. Chaque jour amène son lot de nouvelles inquiétudes. Les uns après les autres, les réacteurs connaissent des avaries qui entraînent des fuites radioactives dont on peut dire à présent qu’elles sont graves. Et le temps passant, on peut se demander quand la situation sera sous contrôle. Les sols et les eaux de la région environnante de la centrale sont contaminés pour des décennies, c’est une certitude. Les Japonais, si compétents et si versés dans les nouvelles technologies, paraissent douter. Il faut souhaiter qu’ils trouvent rapidement une solution afin de faire cesser les fuites. C’est la priorité absolue. Ensuite viendra le temps de l’évaluation des dégâts et des mesures à prendre pour faire face à la contamination radioactive de la région.
Faut-il craindre le nucléaire ?
La réponse est oui, et de ce point de vue, on ne saurait donner raison aux pro-nucléaires mystiques. Ils ne sont pas nombreux, mais ils existent. Les écolos adorent la Nature, comme une nouvelle déesse-mère chère aux peuples de l’Antiquité. Mais cette déesse-mère n’est plus dispensatrice de fécondité et d’abondance, au contraire elle impose la décroissance et le malthusianisme. De la même façon, certains pro-nucléaires ont pour religion d’adorer la Science et la Technique. Il faut pourtant que les avancées de la science soient utilisées avec prudence et circonspection. Je ne suis pas ennemi du progrès, et comme beaucoup, j’en profite dans mon quotidien. J’estime cependant que nous pouvons prendre le temps, sur un certain nombre de sujets, de réfléchir aux dangers potentiels, dans la sérénité. Le progrès technique engendre des risques, il est sage de les connaître, de les mesurer et de se demander ensuite si « le jeu en vaut la chandelle ». Car bien souvent, la soif avide de profits immédiats conduit des entreprises peu scrupuleuses à commercialiser rapidement le fruit des dernières découvertes. Et une partie des bénéfices sert à faire taire d’éventuelles voix discordantes. Quand je lis chez des auteurs sérieux que depuis quelques décennies, la concentration de spermatozoïdes chute dans le sperme des hommes, des pays industrialisés surtout, et vraisemblablement à cause des produits chimiques utilisés dans l’agriculture productiviste, je m’inquiète (étant directement concerné…). Nous ne pouvons pas accepter que le progrès rende stérile une bonne partie d’entre nous ! D’autant que notre agriculture est régulièrement en surproduction…
Les dangers du nucléaire sont connus. Prétendre qu’il s’agit d’une « énergie propre », comme on l’entend parfois, est un mensonge. Mais je pense que les anti-nucléaires français s’y prennent mal en instrumentalisant le malheur des Japonais et en tâchant de transformer une inquiétude légitime en peur panique avec « demain, ça va nous arriver… ». Or ça peut arriver en effet, mais l’honnêteté oblige à dire qu’il est très peu probable que demain une telle catastrophe touche la France. En tout état de cause, il n’y a pas plus de risque qu’avant le séisme nippon. Le seul véritable problème nucléaire en France concerne en réalité les déchets radioactifs. Le fait est que nous en avons beaucoup. Le fait est que nous ne savons pas quoi en faire. Le fait est qu’aucune méthode de stockage ou d’enfouissement n’est réellement satisfaisante. Ces déchets peuvent contaminer le territoire français, il est même possible qu’il existe déjà une contamination dans certains endroits, mais pas suffisante pour entraîner une catastrophe sanitaire de grande ampleur. Les anti-nucléaires feraient bien de poser les bonnes questions au lieu d’agiter le danger d’un hypothétique cataclysme sismique. Cette attitude irresponsable nuit en fait à la cause écologiste, bien qu’elle ne me surprenne pas de la part de gens aux références douteuses (1).
Peut-on se passer du nucléaire ?
Je réponds non. Je n’ignore pas les risques réels de l’atome, et j’y suis sensible, résidant dans la région Centre qui ne compte pas moins de trois centrales nucléaires. Et pourtant, je juge malgré tout le risque acceptable, je me résigne donc à l’usage du nucléaire. Un accident est pourtant toujours possible. Comment expliquer alors cette attitude que d’aucuns qualifieront d’inconsciente ou de suicidaire ? C’est simple : j’ai besoin d’électricité. Je possède un téléviseur, un ordinateur, un téléphone (en fait deux : fixe et portable), un frigo, un four micro-onde, une chaudière, une machine à laver… Et je m’en sers. J’ai donc besoin d’énergie. Je souhaite naturellement que mon électricité ne me coûte pas trop cher. Il se trouve que l’énergie nucléaire permet aux Français de payer moins cher leur électricité que leurs voisins européens. Désolé de le dire, mais le coût est un argument qu’on ne saurait ignorer. Est-ce à dire que je me fiche éperdument de l’avenir de la planète ?
Point du tout. Et de ce point de vue-là, le nucléaire n’est pas sans qualité. Une récente initiative (que je trouve lamentable pour ma part) est venue opportunément remettre sur le devant de la scène le grand absent du débat sur le nucléaire : le réchauffement climatique. Vous savez, une fois l’an, les grandes métropoles, temples du consumérisme et du gaspillage, se souviennent de la planète en éteignant une heure ou une minute les coûteux éclairages qui rendent les rues magiques pour les noctambules friqués. Un coup d’épée dans l’eau… ou une opération marketing. Chacun jugera. Les mêmes qui hurlent contre le nucléaire dénoncent le réchauffement climatique. On pourrait se dire que ce sont des écologistes consciencieux et cohérents. Que nenni non point ! Car qu’entraînera inévitablement la fermeture de nos centrales nucléaires ? La réouverture de centrales thermiques, projetant des tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, par combustion de charbon ou de pétrole. La belle solution que voilà !
Et les énergies renouvelables me direz-vous ? Et tous ces mots magiques que sont la géothermie, l’éolien, le photovoltaïque, qui résonnent comme la solution à tous nos problèmes dans la bouche des écolos bobos ? Force est de constater que ces solutions miracles ne sont pas vraiment au point, ni assez rentables pour remplacer le nucléaire ou le pétrole. Pourtant, des sommes importantes ont été investies dans ces secteurs, en Allemagne notamment. Les bonnes âmes feraient bien de se poser les questions suivantes : pourquoi Mme Merkel avait remis en marche ses centrales nucléaires ? Pourquoi l’Allemagne achète-t-elle de l’électricité à la France ? Pour la bonne et simple raison que les énergies renouvelables n’ont pas produit le miracle attendu…
Je ne dis pas que l’on ne peut rien faire. Les éoliennes ne me choquent pas, les panneaux solaires non plus. Qu’on les utilise comme énergies d’appoint, qu’on les développe, qu’on cherche à améliorer leur rendement, j’y suis favorable. De même, j’approuve les économies d’énergie, je suis le premier à essayer d’en faire quand c’est possible. Mais le fait est que nous continuons à avoir besoin de beaucoup d’énergie. Il est peu probable que cela change. Je pense sincèrement que nous avons encore besoin du nucléaire pour plusieurs décennies. Je souhaite bien sûr que la sécurité de nos centrales soit revue et si possible renforcée.
Cela étant, si les militants, sympathisants et électeurs d’Europe Ecologie veulent qu’on ferme des centrales nucléaires, je les invite à abandonner leur confort de vie : qu’ils aillent donc vivre dans des yourtes, si cela les amuse ! Après tout, ils sont quelques millions.
Disons pour terminer un mot des hypocrites Teutons. Les Allemands défilent régulièrement contre le nucléaire. Des Allemands s’enchaînent aux rails pour empêcher la progression des convois de déchets. Les Allemands votent massivement pour les Verts (die Grünen). Mais les Allemands négligent quelques faits : leurs industries sont les plus polluantes d’Europe, leurs voitures sont parmi les plus polluantes du monde (après les américaines). Je crois même me rappeler que les puissantes industries germaniques ont obtenu des dérogations lors des négociations pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’écologisme de nos « cousins germains » comme dit William Irigoyen d’Arte relève de la malhonnêteté. Or certains Allemands manifestent pour réclamer la fermeture d’une centrale nucléaire en Lorraine. Soyons très clair : les Teutons ne sont plus les maîtres de l’Europe, il ne leur appartient pas de décider à la place des Français de la politique énergétique de la France. Je commence à être las de l’arrogance et de la condescendance du peuple allemand. Nous ne voulons pas de cette Union européenne, véritable IV° Reich dont la capitale, le temps aidant, est moins Bruxelles que Berlin…