Nationaliste Social et Ethniciste

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Le Grand Remplacement à l'épreuve des chiffres

J'ai déjà consacré un précédent article à la théorie du Grand Remplacement, en concluant qu'elle était à mes yeux valide pour décrire le changement démographique profond qui affecte la France depuis les dernières décennies du XX° siècle. J'avais évoqué le débat sur France Culture entre Renaud Camus, l'écrivain auteur de l'expression "Grand Remplacement", et le démographe Hervé le Bras. Je signalais alors mon accord avec l'homme de lettres qui défendait l'idée que les chiffres ne suffisent pas à rendre compte de la réalité, et que la sensibilité, l'observation ont des vertus que la statistique ignore. Je n'ai pas changé d'avis, cependant je souhaiterais me pencher de manière plus rigoureuse sur les chiffres que fournit le site de France Stratégie, qu'on ne saurait accuser d'appartenir à la "fachosphère conspirationniste" puisqu'il s'agit d'une "institution autonome placée auprès du Premier ministre" qui utilise des données collectées par des organismes publics officiels. Cet article pourra paraître un peu fastidieux à certains lecteurs, avec ses tableaux et ses pourcentages. Je le crois néanmoins nécessaire, en ce qu'il permettra peut-être d'opposer des arguments consistants à tous ceux qui affirment que le Grand Remplacement relève du fantasme et de la théorie du complot.

 

Quels chiffres retenir?

Le Grand Remplacement est un processus qui n'est pas encore achevé (et qui, souhaitons-le, ne s'achèvera peut-être pas), et qui n'en est sans doute qu'à son commencement, ce qui d'ailleurs est le principal angle d'attaque des opposants à cette théorie: "les allogènes n'ont pas encore remplacé les autochtones, c'est bien la preuve que le Grand Remplacement est une affabulation" entend-on parfois. Mesurer la proportion d'immigrés dans la population globale n'est pas à mes yeux la démarche pertinente. Si le Grand Remplacement est en cours, ses effets ne vont se faire sentir que progressivement. Le fait qu'il n'y ait "que 10 % de musulmans" en France aujourd'hui, ou que les Maghrébins et les Subsahariens ne soient "que quelques millions" en 2021 n'est pas un argument. Il faut mesurer les évolutions dans le temps. Les Français blancs sont aujourd'hui majoritaires sur notre territoire... mais c'est une population de plus en plus vieillissante, et dont la fécondité est fragile. Si dans une commune donnée, il y a 60 000 blancs dont la plupart ont plus de 60 ans et 25 000 "racisés" dont la majorité a moins de 25 ans, point n'est besoin d'être polytechnicien pour prédire l'évolution du profil ethnique de cette population dans quarante ans. C'est pourquoi il faut en priorité s'intéresser à "la France qui vient", donc aux habitants les plus jeunes. Parmi les chiffres proposés par France Stratégie, j'en ai donc sélectionné deux: la proportion des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens et la proportion des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen dans les principales unités urbaines du pays. Puis, pour avoir une idée de l'évolution de ces indicateurs, j'ai retenu trois dates: 1982, 1999 et 2015 (année la plus récente pour laquelle des chiffres sont fournis).

 

Pour que les choses soient bien claires, je me permets quelques précisions: les chiffres proposés concernent des unités urbaines et non des communes. Une unité urbaine correspond à ce qu'on appelle plus communément une agglomération, c'est-à-dire la ville centre et les communes de sa banlieue. L'espace périurbain est a priori exclu, puisque l'unité urbaine se caractérise par la continuité du bâti, or le périurbain se signale généralement par la discontinuité du bâti, mêlant le plus souvent zones rurales et quartiers pavillonnaires. La population française est aujourd'hui urbaine à 80 % environ. Même si France Stratégie ne donne pas les chiffres pour toutes les agglomérations, et bien que j'ai éliminé quelques villes, je pense que le panorama de l'avenir démographique qu'on obtient est assez significatif, d'autant que certaines évolutions sont observables partout ou presque. Enfin, précisons que les données peuvent être partielles, puisque sur les cartes, certains secteurs des unités urbaines ne fournissent pas de chiffres. Par conséquent, les valeurs sur lesquelles on va raisonner sont à prendre avec des pincettes. Faut-il pour autant renoncer à essayer d'interpréter les chiffres? Je ne le crois pas, parce que des tendances assez nettes se dégagent.

 

Qui sont les "immigrés extra-européens"?

Je pense que l'on peut tenir pour négligeable le nombre de Nord-américains, de Latino-américains et d'Océaniens. Par conséquent, les immigrés extra-européens sont pour l'essentiel originaires de deux continents, à savoir l'Afrique et l'Asie (1). Le contingent le plus important provient d'Afrique, plus précisément du Maghreb et des anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest et du Centre. La quasi-totalité des Maghrébins sont de confession musulmane. Parmi les Subsahariens, on trouve des musulmans et des chrétiens. Cela étant, les gros bataillons des immigrés d'Afrique noire viennent quand même des pays à majorité musulmane (Sénégal, Mali, Tchad, Guinée...). On peut donc avancer sans trop se tromper qu'une majorité des immigrés originaires d'Afrique sont musulmans. En ce qui concerne les immigrés originaires d'Asie, il faut rappeler ici que le mot "Asiatique" prête à confusion en français: on entend par ce mot "ressortisant d'un pays d'Asie orientale", Chine ou Viêtnam. Or, les Turcs, les Syriens, les Iraniens ou les Afghans sont également des Asiatiques. Une part non-négligeable des immigrés originaires d'Asie sont donc également musulmans. Enfin, il faut rappeler que le fait d'être immigré ne préjuge en rien de la nationalité: certains immigrés sont étrangers, d'autres ont la nationalité française, d'autres encore sont des binationaux. En revanche, on peut raisonnablement supposer que la grande majorité des enfants de deux parents immigrés extra-européens ont ou acquerront la nationalité française. Pour les enfants ayant un seul parent immigré, comme il est probable que l'autre parent a généralement la nationalité française, la question ne se pose pas: ils sont juridiquement Français dès la naissance. Parmi ces mineurs, les binationaux doivent être relativement nombreux.

 

Pour conclure, l'immigré extra-européen est le plus souvent originaire d'Afrique, et dans une moindre mesure d'Asie. Il est assez souvent musulman mais ce n'est pas systématique. Rappelons également que certains immigrés musulmans sont originaires d'Europe: Albanais, Bosniaques, Kosovars et naturellement les Tchétchènes dont la contribution au vivre-ensemble et la bonne intégration en France forcent l'admiration.

 

Part des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens (nord-est de la France)

Unité urbaine 1982 1999 2015
Amiens 6,4 % 8,8 % 10,9 %
Calais 1,4 % 1 % 4,5 %
Douai-Lens 6,4 % 5,3 % 2,9 %
Lille 9 % 8,9 % 8,9 %
Reims 6,1 % 6,5 % 10 %
Metz 9,6 % 9,5 % 10 %
Mulhouse 16,2 % 17,4 % 16,4 %
Nancy 6,3 % 7,3 % 10,4 %
Strasbourg 12,4 % 17 % 16,1 %
Valenciennes 5,4 % 5,3 % 3,6 %

 

On constate d'abord que dès 1982, beaucoup de ces villes ont déjà une proportion non-négligeable de familles immigrées extra-européennes (sauf Calais). L'explication est probablement économique: beaucoup de ces agglomérations hébergeaient alors des activités industrielles fort demandeuses de main-d'oeuvre, et l'on sait qu'historiquement en France, l'industrie a été un facteur important de développement de l'immigration, européenne aussi bien qu'extra-européenne. On peut d'ailleurs constater la perte d'attractivité de certaines villes consécutive à la crise économique, la fermeture des mines, la désindustrialisation. Valenciennes et Douai-Lens voient ainsi la part d'enfants nés de parents extra-européens diminuer, preuve que de nouvelles familles immigrées cessent sans doute de s'y installer. Remarquons enfin les chiffres importants des villes alsaciennes, Strasbourg et Mulhouse, même s'il y a un léger recul entre 1999 et 2015. A l'évidence, ces deux agglomérations abritent d'importantes populations non-européennes.

 

Part des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens (nord-ouest de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Angers 4,2 % 5,1 % 8,4 %
Caen 4 % 4,9 % 7,1 %
Le Havre 6,5 % 8,5 % 6,7 %
Le Mans 3,4 % 4,7 % 9 %
Nantes 2,8 % 5 % 6,6 %
Rennes 3,1 % 6,3 % 9,5 %
Rouen 4,9 % 8,3 % 10 %

 

Le nord-ouest de la France est moins touché par l'immigration que le nord-est, et les chiffres le confirment: la part des mineurs nés de parents non-européens n'excède jamais 10 %. Néanmoins, on peut constater une augmentation lente, mais régulière, de cette proportion, sauf au Havre. Il y a l'idée communément admise que les immigrés se concentrent en région parisienne et dans les très grandes agglomérations. Cette idée est aujourd'hui à nuancer. L'immigration extra-européenne se diffuse désormais sur tout le territoire, y compris dans les villes moyennes.

 

Part des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens (sud-est de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Avignon 9,6 % 14 % 13,9 %
Grenoble 11 % 10,5 % 10 %
Lyon 13,8 % 13,7 % 11,7 %
Marseille-Aix 11,6 % 9,5 % 9,5 %
Nice 8,1 % 10,1 % 9,4 %
Toulon 8,6 % 7,3 % 5,4 %
Valence 12,1 % 11,3 % 10,2 %
Saint-Etienne 15,1 % 12,3 % 12 %

 

On constate d'abord que ces agglomérations accueillaient déjà un nombre important de ménages non-européens au début des années 80. Mais ensuite, et cela m'a surpris je l'avoue, on observe une stagnation voire un tassement de la proportion de mineurs issus de deux parents immigrés extra-européens. Si à Saint-Etienne la désindustrialisation est une cause possible, j'ignore ce qui explique le phénomène à Toulon par exemple. Cela étant dit, une partie des moins de 18 ans apparaissant dans les statistiques de 1982 et de 1999 ne sont pas considérés eux-mêmes comme immigrés s'ils étaient nés en France. Or beaucoup d'entre eux ont certainement eu des enfants depuis, lesquels sortent des statistiques, à moins que l'autre parent soit immigré. On voit là une des limites des chiffres que nous avons: ils ne permettent pas de connaître le pourcentage total des mineurs issus de l'immigration extra-européenne. Notons toutefois que les chiffres de 2015 restent à un niveau assez élevé (souvent autour de 10 %).

 

Part des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens (sud-ouest de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Bordeaux 4,2 % 6,1 % 6,8 %
Perpignan 7,9 % 9,9 % 8,9 %
Montpellier 8,6 % 13,9 % 15,2 %
Toulouse 8 % 10,3 % 10,1 %

 

Pour ces villes, la progression est plutôt modeste. Montpellier est une exception, avec une forte croissance de la part des mineurs non-européens. Je ne connais pas la situation locale, et j'ignore la cause de ce phénomène.

 

Part des moins de 18 ans ayant deux parents immigrés extra-européens (Bassin parisien, centre-est, centre-ouest, Massif Central)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Besançon 9,9 % 10,8 % 12 %
Clermont-Ferrand 4,9 % 7,8 % 9,2 %
Dijon 9,3 % 8,1 % 10,4 %
Limoges 4,9 % 9,2 % 14,2 %
Orléans 7,1 % 12,3 % 15,3 %
Paris 11,8 % 17,1 % 18,8 %
Poitiers 3 % 5,7 % 8,9 %
Tours 4,6 % 6,7 % 9,2 %
Troyes 7,2 % 11,7 % 11 %

 

L'agglomération parisienne est un cas à part: en 2015, on n'est pas loin d'un mineur sur cinq avec deux parents immigrés extra-européens. C'est beaucoup. L'unité urbaine de Paris a connu de surcroît une forte croissance démographique entre 1982 et 2015, par conséquent l'augmentation en pourcentage traduit une forte croissance du nombre des ménages non-européens en valeur absolue.

Dans les autres unités urbaines, nous voyons une progression régulière (sauf à Troyes). Les chiffres de Limoges et Orléans m'ont surpris, je n'imaginais pas une telle présence non-européenne dans ces villes. Nous avons une fois de plus la preuve que les immigrés extra-européens ne se cantonnent pas dans les grandes agglomérations, ils s'implantent, parfois de manière importante, dans les villes moyennes, voire dans les petites villes.

 

Que conclure de cette première série de statistiques? La situation est variable, mais on observe dans la majorité des cas une augmentation de la part des moins de 18 ans nés de deux parents immigrés extra-européens. Et lorsque le pourcentage stagne, il se maintient généralement à un niveau assez élevé. Les chiffres tournent souvent autour de 10 % dans de nombreuses unités urbaines. Que signifie ce chiffre? Eh bien que dans chaque classe de 30 élèves, il y a en moyenne 3 élèves dont les deux parents sont immigrés extra-européens (puisque la majorité des mineurs sont scolarisés). Alors certains diront: "Attendez! Où est le Grand Remplacement? 10 %, ce n'est pas énorme. En plus, on parle d'extra-européens, et il n'y a donc pas que des Maghrébins et des Subsahariens. Vous essayez de susciter un sentiment de peur et de réjet, sans rapport avec la réalité". Il est vrai que tous ces enfants ne sont pas Maghrébins ou Subsahariens, ou Turcs, mais la plupart le sont. En outre, tous les mineurs d'origine extra-européenne ne sont pas comptabilisés, loin s'en faut, dans les chiffres que j'ai donnés. Depuis 40 ans, un nombre croissant de Maghrébins, de Subsahariens, de Turcs, etc, naissent en France et ne sont donc pas "immigrés" au sens strict. D'autre part, la ségrégation sociale et ethnique fait que les populations immigrées ou issues de l'immigration ne se répartissent pas de manière régulière dans les unités urbaines (France Stratégie propose des cartes très instructives sur la ségrégation résidentielle). Au contraire, elles se concentrent dans certains quartiers, et là, dans une classe de 30 élèves, il y en a 15 ou 20 dont les parents sont immigrés extra-européens. Pour ma part, 10 % de jeunes ayant deux parents non-européens me paraît être un chiffre élevé et en soi problématique. Mais passons à la suite.

 

Qui sont les mineurs ayant un parent immigré extra-européen?

Avant de se pencher sur les chiffres, il faut prendre le temps de réfléchir à ce que recouvre la catégorie des "moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen", parce qu'on serait tenté d'y voir des jeunes issus d' "unions mixtes", c'est-à-dire que l'autre parent serait un Français d'origine européenne. Or ce n'est pas toujours le cas. Il faut en effet rappeler que dans un certain nombre de communautés immigrées issues d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et de Turquie, l'habitude est répandue d'aller chercher un conjoint "au bled". Je ne dis pas que c'est systématique, mais ça existe. Or le Maghrébin, le Subsaharien ou le Turc né en France n'est pas immigré, et généralement il n'est pas comptabilisé comme étranger puisqu'assez souvent il dispose de la double nationalité. S'il épouse une personne immigrée, venant du pays d'origine de ses parents, les enfants nés de cette union auront bien un seul parent immigré extra-européen... mais de fait, ces jeunes sont "100 % Maghrébin" ou "100 % Turc". On pourrait aussi évoquer la pratique consistant à marier, souvent de force, les jeunes filles issues de l'immigration (et de nationalité française) à un homme du bled, voire un parent, ce qui, n'en déplaise aux bienpensants, permet d'alimenter des flux migratoires parfaitement légaux, par le biais de pratiques matrimoniales qui, elles, sont contraires à nos lois. Ces unions endogames pourraient même se développer, car la radicalisation croissante de nombreux musulmans (et par ricochet la crispation identitaire d'une partie de la population non-musulmane) pose un obstacle sérieux aux "unions mixtes", gages de métissage harmonieux et d'intégration. En réalité, ce que je constate au quotidien, c'est que dans les familles mixtes, le conjoint d'origine européenne est généralement amené à se convertir, ou tout du moins à accepter que les enfants reçoivent des prénoms coraniques ainsi qu'une éducation islamique. Au final, un jeune qui porte un prénom et un nom de famille arabo-musulmans, qui est de confession musulmane, peut-il vraiment être considéré comme Européen, quand bien même la moitié de son patrimoine génétique proviendrait d'une Française de souche? Je ne le crois pas, et c'est d'ailleurs un point fondamental: le Grand Remplacement n'est pas qu'une question de génétique et de couleur de peau, c'est aussi une affaire d'identité culturelle. Un blond aux yeux clairs qui s'appelle Mohamed n'est pas plus Français à mes yeux que son coreligionnaire brun au teint mat. 

 

Part des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen (nord-est de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Amiens 2,3 % 5,7 % 11,5 %
Calais 1,4 % 1,2 % 2,3 %
Douai-Lens 1,9 % 3,1 % 5,9 %
Lille 3 % 5,9 % 12,9 %
Metz 1,8 % 4,9 % 12,4 %
Mulhouse 2,6 % 7,3 % 18,2 %
Nancy 2,3 % 4,9 % 12,1 %
Reims 2,2 % 4,9 % 11,7 %
Strasbourg 3 % 8,1 % 16,8 %
Valenciennes 2,2 % 3 % 6,5 %

  

On constate une augmentation de la proportion de mineurs ayant un parent né hors d'Europe dans toutes ces villes. En 1982, les valeurs oscillent entre 1 et 3 %, pour s'établir à plus de 10 % dans la majorité des agglomérations en 2015. Seules y échappent Calais et les villes sinistrées du nord (Douai-Lens, Valenciennes). Une fois de plus, les agglomérations alsaciennes se signalent par des chiffres élevées, au-dessus de 15 %. Au final, une population ultra-minoritaire en 1982 dans la tranche d'âge 0-18 ans est devenue une minorité non-négligeable, voire importante (on approche les 20 % à Mulhouse, soit un jeune sur cinq).

 

Part des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen (nord-ouest de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Angers 1,5 % 4,1 % 11 %
Caen 2,2 % 4,3 % 10,2 %
Le Havre 2,1 % 4,8 % 9,8 %
Le Mans 1,2 % 3,3 % 12,4 %
Nantes 1,3 % 3,8 % 9,2 %
Rennes 1,3 % 4,1 % 11,7 %
Rouen 2,3 % 5,2 % 12,4 %

 

Le nord-ouest n'échappe pas à l'implantation croissante de populations non-européennes et ces chiffres le confirment à nouveau. Là encore, une situation ultra-minoritaire en 1982 est devenu minoritaire en 2015. Entre 9 et 12 % des mineurs dans ces unités urbaines ont un parent immigré extra-européen, ce qui n'est pas négligeable.

 

Part des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen (sud-est de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Avignon 2,2 % 5,3 % 11,5 %
Grenoble 3,3 % 7,8 % 13,2 %
Lyon 3,3 % 8,9 % 16,4 %
Marseille-Aix 5,1% 9,1 % 13,3 %
Nice 3,8 % 6,8 % 12,1 %
Toulon 3,1 % 5,1 % 7,7 %
Valence 2,8 % 6,1 % 14,5 %
Saint-Etienne 2,9 % 8,3 % 17,8 %

 

On constate là encore une forte augmentation de la proportion de jeunes ayant un parent immigré non-européen entre 1982 et 2015. Mais, si on laisse de côté Toulon (dont je ne m'explique pas la spécificité), les valeurs s'établissent entre 11 et 18 %, à un niveau relativement élevé.

 

Part des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen (sud-ouest de la France)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Bordeaux 2,1 % 4,9 % 9,4 %
Perpignan 2,2 % 6,3 % 10,4 %
Montpellier 3,5 % 7,7 % 13,3 %
Toulouse 3,4 % 7,2 % 13 %

 

Même augmentation qu'observée ailleurs.

 

Part des moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen (Bassin parisien, centre-est, centre-ouest, Massif Central)

Unité Urbaine 1982 1999 2015
Besançon 2,2 % 7,2 % 15,1 %
Clermont-Ferrand 1,3 % 4,1 % 10,8 %
Dijon 2 % 5,3 % 11,6 %
Limoges 1,3 % 4,4 % 12,3 %
Orléans 1,8 % 5,6 % 15,3 %
Paris 4,4 % 10 % 17,8 %
Poitiers 1,5 % 5,7 % 11,5 %
Tours 1,6 % 4,6 % 11 %
Troyes 2,3 % 7,1 % 13,2 %

 

Contrairement à la première série de chiffres, il est assez remarquable de constater que l'augmentation est ici générale et concerne tout le territoire français. Il est aussi intéressant d'observer que toutes les villes de ce dernier tableau ont un pourcentage de moins de 18 ans ayant un parent immigré extra-européen supérieur à 10 % en 2015. Encore une fois, un tel chiffre n'est pas anecdotique. Sans grande surprise, la région parisienne, connue pour son cosmopolitisme, remporte la palme dans ce classement. Notons également les chiffres importants de Besançon et d'Orléans.

 

Conclusion:

 

Part des moins de 18 ans ayant un ou deux parents immigrés extra-européens en 2015

Unité Urbaine   Unité Urbaine  
Amiens 22,4 % Perpignan 19,3 %
Angers 19,4 % Poitiers 20,4 %
Douai-Lens 8,8 % Reims 21,7 %
Avignon 25,4 % Rennes 21,2 %
Besançon 27,1 % Rouen 22,4 %
Bordeaux 16,2 % Metz 22,4 %
Caen 17,3 % Montpellier 28,5 %
Calais 6,8 % Nancy 22,5 %
Clermont-Ferrand 20 % Mulhouse 34,6 %
Dijon 22 % Nantes 15,8 %
Grenoble 23,2 % Nice 21,5 %
Le Havre 16,5 % Strasbourg 32,9 %
Le Mans 21,4 % Toulon 13,1 %
Lille 21,8 % Toulouse 23,1 %
Limoges 26,5 % Tours 20,2 %
Lyon 28,1 % Valence 24,7 %
Marseille-Aix 22,8 % Valenciennes 10,1 %
Orléans 30,6 % Troyes 24,2 %
Paris 36,6 % Saint-Etienne 29,8 %

 

Quel bilan tirer de ce tableau de synthèse? Ces chiffres nous donnent une indication sur le visage futur de la France, au fur et à mesure du renouvellement des générations. Ces chiffres, pardon de le dire, ne sont pas insignifiants et ne peuvent pas être balayés d'un revers de main comme on le fait trop souvent. A Paris, la plus grande unité urbaine du pays, plus d'un tiers des moins de 18 ans ont au moins un parent immigré extra-européen. A Orléans, Mulhouse, Strasbourg, on dépasse également les 30 %. Ailleurs, on oscille fréquemment entre 20 et 30 %. Seules quatre unités urbaines affichent des valeurs inférieures à 15 %, et parmi elles, seulement deux sont sous la barre des 10 %.

 

Je veux bien qu'on relativise ces chiffres. Je veux bien qu'on me dise qu'ils sont partiels, qu'ils ne portent que sur certaines agglomérations, qu'ils concernent les unités urbaines et non les aires urbaines. Je veux bien qu'on rappelle qu'un immigré extra-européen n'est pas systématiquement un musulman arabe, turc ou noir. Bref, j'accepte qu'on pose tout un tas de réserves et qu'on réclame de la nuance. Mais on peut tortiller du postérieur autant qu'on voudra, il n'en demeure pas moins que ces chiffres révèlent une tendance, indéniable, observable, quantifiable: la "France qui vient", les jeunes générations qui grandissent dans ce pays sont de moins en moins d'origine française (2), et même de moins en moins d'origine européenne. Alors, je veux bien qu'on me dise que ce n'est pas grave, je veux bien qu'on m'explique que c'est souhaitable, mais ce que je n'admets pas, c'est le discours qui consiste à dire que ça n'existe pas, qu'il ne se passe rien et qu'on est prié de regarder ailleurs, et plus encore de se taire. Ces chiffres montrent bien qu'il se passe quelque chose, et cette chose est sans précédent dans l'histoire de la démographie française, parce qu'à terme, si la tendance se poursuit, les jeunes issus de l'immigration non-européenne seront majoritaires dans plusieurs unités urbaines du pays, d'ici quelques décennies. Nier que c'est un changement considérable, c'est du révisionnisme. Dire, comme je l'entends souvent, que ça va bien se passer, car on a déjà accueilli les Italiens, les Polonais, les Espagnols, les Portugais dont les descendants sont devenus de "bons Français", c'est se bercer d'illusions. Les immigrés extra-européens arrivent avec une culture souvent étrangère à l'héritage de la chrétienté et de la romanité. Ils viennent parfois d'anciennes colonies, dont l'indépendance a été un fiasco et dont l'orgueil national blessé désigne la France, voire "les blancs", comme cause de tous les maux. Il ne faut pas non plus oublier que ces immigrés arrivent dans un pays qui connaît une crise économique, un pays dont les élites ont diabolisé le "roman national" et déconstruit l'idée même de nation, d'identité, de spécificité françaises. Dans ce contexte, la "France qui vient" est de moins en moins française, ethniquement aussi bien que culturellement, et, à mes yeux, c'est une tragédie.

 

Ces pourcentages de mineurs ayant au moins un parent immigré extra-européen peuvent être croisés avec d'autres chiffres: 18,8 % des nouveaux-nés ont reçu un prénom arabo-musulman en 2016 d'après Jérôme Fourquet (3). L'INSEE précise qu'en 2017, 19 % des enfants nés en France ont une mère immigrée (mais en comptant les immigrées européennes) alors que ces femmes ne représentent que 12 % de la population féminine âgée de 15 à 50 ans (4). Ensuite l'INSEE donne de précieuses informations sur les indicateurs conjoncturels de fécondité (ICF): celui des femmes immigrées est en moyenne de 2,72 enfants/femme contre 1,79 enfant/femme pour les non-immigrées en 2016. Autrement dit, les femmes immigrées ont en moyenne un enfant de plus que les autres, ce qui n'est pas négligeable. Si l'on affine, on s'aperçoit, ô surprise, que les femmes immigrées ayant l'ICF le plus élevé sont originaires d'Afrique subsaharienne, du Maghreb et de Turquie, c'est-à-dire de régions majoritairement musulmanes. Voici les chiffres pour 2014: 2,91 enfants/femme pour les immigrées africaines (hors Maghreb), 3,12 enfants/femme pour les immigrées turques, 3,47 enfants/femme pour les immigrées marocaines, 3,5 enfants/femme pour les immigrées tunisiennes et 3,69 enfants/femme pour les immigrées algériennes. Par conséquent, l'arabisation, et son corollaire, l'islamisation, que l'on observe dans certains secteurs du territoire français, ne relèvent pas du fantasme. D'autre part, les femmes représentent une part croissante de la population immigrée, et compte tenu des chiffres susdits, c'est loin d'être une bonne nouvelle... Quoi qu'il en soit, tous ces indicateurs, mis bout à bout, forment un faisceau d'indices concordants qui valide le fait qu'un processus de Grand Remplacement a débuté sur notre sol. 

 

Mais on pourrait tout aussi bien nommer ce phénomène "substitution ethnique", "changement de peuple" ou, si l'on veut être positif, "diversification du patrimoine génétique et de l'héritage culturel" de la population française. Personnellement, je ne crois pas qu'un comité secret se réunit quelque part pour planifier le Grand Remplacement. Je pense plutôt à la conjonction d'intérêts économiques (n'oublions pas qu'une partie du patronat est très favorable à l'ouverture des vannes de l'immigration) et de petites lâchetés, de renoncements, d'accommodements clientélistes, auxquels s'ajoute sans doute une bonne dose de naïveté. Si les adeptes de la théorie du Grand Remplacement sont taxés de complotisme, mis au ban du monde intellectuel, assimilés à des nazis, des suprémacistes voire des terroristes, c'est que la réalité qu'ils observent et qu'ils prétendent décrire (peut-être parfois de manière exagérément négative) bouscule le confort des bienpensants. Et c'est bien compréhensible: les élus, les journalistes, les universitaires, tous ces gens qui, pendant des années, la larme à l'oeil, nous ont expliqué qu'il fallait accueillir les immigrés, régulariser les sans-papiers, se montrer ouvert et tolérant avec l' "Autre", ces honnêtes gens sont bien embêtés aujourd'hui, à l'heure des attentats à répétition et de la radicalisation croissante des musulmans. "Quand on veut se débarrasser de son chien, on l'accuse d'avoir la rage" dit le proverbe. Les prétendus humanistes, les droits-de-l'hommistes n'ont probablement pas voulu, pour beaucoup d'entre eux, la société que nous avons à présent. Mais, comme pour la construction européenne, il leur est impossible d'admettre qu'ils se sont trompés, il leur est impossible d'avouer que le paradis multiculturel n'est qu'une chimère, aussi bien aux Etats-Unis que dans les pays d'Europe. Seulement, faire cet aveu, ce serait donner raison aux fachos. Alors on fulmine anathèmes et excommunications, on accable l'homme blanc occidental, on ressasse les heures sombres, on promeut la "diversité" au détriment du mérite, on plaque sur notre société le paradigme du "racisme systémique" venu d'Outre-Atlantique. Et surtout, surtout, on essaie de se persuader qu'en étant gentil avec les "minorités", ces dernières auront la courtoisie de ne pas nous mitrailler.    

 

(1) En 2019, d'après l'INSEE, 46,5 % des immigrés vivant en France étaient nés en Afrique, 14,7 % en Asie et 5,4 % en Amérique ou Océanie (les 33,3 % d'immigrés nés dans un autre pays d'Europe n'entrent évidemment pas dans la catégorie "immigrés extra-européens").

 

(2) D'autant que je n'ai pas pris en compte les enfants nés d'un ou deux parents immigrés européens.

 

(3) L'archipel français, Seuil, 2019, p.136

 

(4) Il faut cliquer sur "Quelle est la fécondité des femmes immigrées?" sur cette page.



25/01/2021
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