Nationaliste Social et Ethniciste

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Identité nationale: ouvrons le débat (partie 1)

Le grand débat sur l'identité nationale que j'appelais de mes vœux va avoir lieu ! A croire que certains de nos dirigeants ont la (bonne) idée de lire ce blog. C'est malgré tout une excellente nouvelle. Oh ! Je ne me fais pas d'illusion : à quelques mois des élections régionales, nul doute que Nicolas Sarkozy, affaibli (à force d'affaiblir l'Etat, le président ne peut, à terme, que fragiliser sa propre fonction…), tente de remobiliser la partie de son électorat attachée à la France et à la nation. L'UMP rejoue le petit couplet de la présidentielle : « soyons fiers d'être Français ! » Je ne suis pas très optimiste sur le déroulement du débat (pour une partie de la gauche, c'est du pétainisme) et sur ses conclusions (la montagne accouchera probablement d'une souris, ou d'un consensus mou). Saluons tout de même l'initiative d'Eric Besson. Le simple fait que Gérard Noiriel et Patrick Weil, les patrons de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, soient furieux est en soi réjouissant. Nicolas Offenstadt doit également enrager. Et puis, il y a longtemps que ces messieurs monopolisent le thème (Conférence de Patrick Weil le jeudi 22 octobre 2009, programmée bien avant les déclarations d'Eric Besson, sur le thème « Qu'est-ce qu'un Français ? Nationalité, immigration, identité ») et dénient le droit aux autres d'en parler. Sont-ils donc plus légitimes que les citoyens pour définir l'identité nationale ?

 

Je ne prétends pas détenir la vérité absolue. Je suis un citoyen français parmi d'autres. Il est probable que je me trompe sur de nombreux points dans ce que j'écris et dans ce que je pense. Mais je suis de bonne foi. Je défends sincèrement ce que je crois être juste. Ce qui suit n'est pas une vulgate ou une vérité révélée. Ce n'est que ma conception des choses.

 

J'ai tenté d'ailleurs de poster une contribution sur le site du ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Dysfonctionnement ou censure (pardon, « modération »), mon texte n'a pas été retenu. Je tâchais de résumer ce qui suit, et qui sera divisé en deux parties, vu la longueur.

 

La nationalité suffit-elle pour faire un Français ?

Non, mais elle y contribue. Jean-Luc Mélenchon, qui prétend qu'être français, c'est avoir la nationalité et « les droits qui vont avec » (quid des devoirs ?), n'a pas compris grand-chose à l'identité française. Aujourd'hui, de (trop) nombreuses personnes possèdent la nationalité française mais ne se sentent pas membres de la communauté nationale pour autant. C'est le cas des régionalistes et autonomistes radicaux qui se déclarent Corses, Basques, Bretons ou que sais-je encore. Ils sont peu nombreux mais peuvent être violents. La plupart sont cependant des activistes relativement pacifiques qui attendent en fait que la construction européenne réalise ce à quoi la lutte armée voulait aboutir il y a quelques décennies : la création d'Etats-régions indépendants. Les plus enthousiastes des européistes se considèrent avant tout et de plus en plus comme européen, leur nationalité française n'étant qu'une nécessité administrative pour participer au grand chantier de notre temps : la construction d'un empire continental européen. Il y a ceux qui considèrent que leur pays d'origine (dont il conserve parfois la nationalité en plus de la nationalité française) est leur véritable patrie. Nous, enseignants, voyons ainsi des élèves, dont certains sont nés en France, affirmer parfois avec fierté sinon avec arrogance qu'ils sont, celui-là Algérien, celui-ci Sénégalais. Il est cependant assez étonnant de constater que ces jeunes n'envisagent que très rarement de retourner dans leur pays d'origine. Etrangement, ils conçoivent leur avenir en France, mais en tant qu'étranger possédant la nationalité française ! Il y a là certains paradoxes à éclaircir. Enfin, il y a ceux qui considèrent comme primordiale une appartenance autre que nationale : des racialistes obsédés par leur identité ethnique, « blanche » (mouvance identitaire, néo-nazis) ou « noire » (la tribu K), des intégristes plaçant leur allégeance religieuse au-dessus de la nation (certains musulmans bien sûr, mais aussi des juifs et des chrétiens). Par conséquent, la nationalité française est un état de fait qui ne suppose en aucun cas adhésion à un ensemble de valeurs nationales. Cependant, pour tous les Français qui se reconnaissent comme tels, la nationalité française est un attribut de l'identité nationale, nécessaire pour exercer des droits politiques.

 

Le débat doit à mon sens s'ouvrir sur l'obtention de la nationalité. Il n'est pas sage de l'offrir au premier venu sans s'enquérir de son souhait d'intégration à la nation. Le droit du sol doit être réformé pour privilégier non point le hasard (lieu de naissance) mais la volonté d'acquérir cette nationalité. Pour ceux pouvant revendiquer deux nationalités. Pour les personnes nées de deux parents français, il n'y a pas le choix puisque la déclaration universelle des droits de l'homme reconnaît légitimement à toute personne le droit de posséder une nationalité.

 

L'identité nationale a-t-elle une dimension religieuse ?

De manière claire : non. Ou plus exactement, l'identité française n'a plus de dimension religieuse car elle en a eu une, incontestablement. Ce qui prouve bien, soit dit en passant, qu'une identité nationale évolue. Je nuancerai mon propos en précisant que, paradoxalement, l'identité nationale a, parmi ses fondements, la religion, le christianisme d'obédience catholique pour être précis. Seulement, cette référence, qui n'est pas effacée et qui n'a pas de raison de l'être, est passée du religieux proprement dit au culturel. Comment cela ? Je veux dire par là que certains aspects du catholicisme font bel et bien partie du patrimoine français sans que l'on puisse dire aujourd'hui que la France est profondément catholique. Ainsi, les cathédrales et les églises de France sont des monuments de grande qualité dont beaucoup de Français sont fiers, y compris des athées voire des fidèles d'autres religions. De la même façon, les Français peuvent être attachés à leurs jours fériés « religieux » (Pâques, Pentecôte, Ascension) sans qu'il faille y voir une quelconque ferveur.

 

Il faut signaler d'autre part les obstacles qui rendent difficile l'intégration du catholicisme dans l'identité nationale française. D'abord, le catholicisme n'est pas une religion nationale : le pape, sauf lorsqu'il était en Avignon, est à Rome, en pays étranger. Le souverain pontife est bien souvent un étranger lui-même. La France n'est pas un pays catholique isolé : ses voisins espagnols, italiens, belges et allemands pour une part sont aussi catholiques. Contrairement à la Pologne par exemple qui, entourée d'orthodoxes (Russes à l'est) et de protestants (Prussiens allemands à l'est), a pu faire de la religion catholique un pilier de son identité. Bien sûr la France a été surnommée « fille aînée de l'Eglise », certes l'Eglise de France a eu une relative autonomie. Mais cela est insuffisant. Autre obstacle, autrement plus important, le fait que depuis le XVI° siècle, le catholicisme ne fait plus l'unanimité en France. Malgré les persécutions, la greffe protestante jamais ne fut totalement éradiquée. Donc, bien que très minoritaire, il y a une France protestante, calviniste (dans le sud-ouest) et luthérienne (en Alsace et Franche-Comté). Ces Français ont pris leur part des sacrifices communs et je ne vois pas au nom de quoi ils pourraient être exclus de la communauté nationale. Mais nous sommes là encore dans la famille chrétienne. Il faut signaler la présence fort ancienne de juifs sur le territoire national. Depuis leur émancipation lors de la Révolution française, beaucoup de ces Français de confession juive ont pleinement adhéré à la nation française. Qu'on se souvienne d'un Marc Bloch, grand historien et patriote sincère, tout dévoué à la France. Enfin, on ne saurait nier, plus récemment, le développement sur le sol français d'autres religions, comme l'islam et le bouddhisme. Pour toutes ces raisons, la référence religieuse doit à mon sens être abandonnée.

 

L'identité nationale a une dimension éminemment politique

Je crois profondément que la France est un produit de l'histoire et que la nation française est le résultat d'une construction étatique. Un processus long, lent et sanglant, on ne saurait le nier. Un processus qui unit les différents aspects de l'histoire française, monarchique et républicaine. Aujourd'hui, la France tend à se confondre avec la République. Je ne dis pas qu'il en fut toujours ainsi. Mais le fait est qu'actuellement, peu de nos concitoyens imaginent sérieusement ne plus vivre en République. Il y a certes des monarchistes mais leurs rangs sont clairsemés, plus encore qu'il y a un siècle. Avant 1914, on trouvait encore des députés monarchistes à l'Assemblée nationale, preuve que toute la France ne se considérait pas comme républicaine. Aujourd'hui, quel député ou sénateur français se réclame de la monarchie ? Aucun à ma connaissance. La nation est devenue profondément républicaine. L'identité française est intimement liée à la citoyenneté et à la grande valeur accordée en France aux droits et devoirs du citoyen. Les droits concernent les libertés fondamentales (de conscience, d'opinion et d'expression) et la possibilité de participer activement à la vie publique. Mais ces valeurs ne sont pas spécifiquement françaises : elles sont respectées par les démocraties en général, et en particulier par nos partenaires de l'Union européenne. Quelle est la spécificité française ? Je crois pour ma part qu'elle tient en une certaine conception de l'Etat. Beaucoup de citoyens français sont attachés à la République une et indivisible, à un Etat centralisé et unitaire. Notre République est aussi sociale : par opposition aux démocraties libérales anglo-saxonnes, nous autres, Français, attendons de notre Etat une politique sociale ambitieuse avec des garanties contre la pauvreté, l'égalité dans l'accès aux services publics et la prise en charge des dépenses de santé. Nous attendons de notre Etat qu'il intervienne dans l'économie, pour réguler, pour contrôler, pour redistribuer. Ce point ne fait pas l'unanimité parmi nos concitoyens. Certains rêvent d'un modèle plus anglo-saxon. Mais je crois que la majorité des Français restent attachés à un Etat régulateur qui protège les salariés et qui, parfois, sait sacrifier la compétitivité à la justice sociale. Contrairement à beaucoup de démocraties libérales, l'égalité est pour nous aussi importante que la liberté. Tout le dilemme français est là : comment trouver l'équilibre entre ces deux valeurs parfois contradictoires ? La laïcité est aussi une particularité française. Bien que respectant parfaitement la liberté de conscience, la plupart des pays d'Europe (et des démocraties dans le monde) se réclame officiellement ou officieusement d'une religion en particulier. En France, nous avons fait le choix d'exclure de manière plus marquée la religion de l'espace public et de séparer plus radicalement qu'ailleurs l'Etat et les autorités religieuses. La conception de la citoyenneté en France reste marquée, je crois, par la Révolution française qui trouva ses références notamment dans l'Antiquité gréco-romaine. La III° République a forgé l'idée d'un citoyen, qui est un paysan-soldat ayant quelques analogies avec le Romain des temps républicains et le citoyen grec. Il y a une dimension « antique » dans la citoyenneté française : les discours de certains républicains sur la nation et les sacrifices à lui consentir pourraient sortir tout droit de Tite-Live. L'identité française est donc liée à l'idée de cité au sens politique du terme. Le Français aime généralement à se définir comme citoyen (bien que le terme, adjectivé abusivement, soit l'objet d'excès langagier). La nation française est avant tout une communauté politique, et ce depuis la Révolution française.



03/11/2009
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