L'immigration algérienne est une bénédiction
Vous en doutiez encore ? Allez, avouez, vous appartenez à la canaille crypto-xénophobe, hein ? Trêve de plaisanterie. Ma thèse, je la martèle sur ce blog depuis longtemps déjà : en France est en train de se constituer depuis plusieurs années une identité « immigrée », composée d’un mélange détonant de références religieuses (islamiques essentiellement), ethniques (l’attachement à la « culture arabe » ou à une « culture africaine »), raciales parfois (la « fierté d’être noir » prônée par le CRAN et d’autres, qu’est-ce donc ? Que croyez-vous que les bienpensants diraient si un mouvement politique défendait la « fierté d’être blanc » ?), et nationales, celles-ci s’appuyant sur une vision idyllique et totalement fantasmée du pays d’origine. D’ailleurs, si ce dernier était le paradis sur Terre, on se demande bien pourquoi ses ressortissants viennent en foule végéter dans les inhumaines barres HLM de nos banlieues, en proie au racisme, au mépris et au chômage. Cette identité immigrée, ou plutôt ces identités immigrées car il y a des nuances, se nourrissent autant des frustrations sociales actuelles (chômage, pauvreté) que de l’instrumentalisation des rancœurs passées soigneusement alimentées par une relecture tendancieuse de l’histoire. Autrement dit, non seulement les immigrés et Français d’origine maghrébine et subsaharienne sont les laissés-pour-compte de la France contemporaine, mais de surcroît ils sont les descendants des victimes de la France d’antan, puisque leurs ancêtres furent, faut-il le rappeler, ignominieusement réduits en esclavage, honteusement exploités, sauvagement colonisés. On distille ainsi l’idée parmi les populations issues de l’immigration maghrébine et subsaharienne qu’elles sont les éternelles victimes du Français natif. Ce paradigme est bien commode, parce qu’il justifie une totale irresponsabilité. Les jeunes basanés de banlieue dealent-ils, volent-ils, agressent-ils ? Mais ce n’est pas leur faute ! Il faut les comprendre : ils vivent dans un paysage urbain dégradé, ils sont enclavés dans des quartiers sordides parfois désertés par les commerces, les transports en commun, les médecins, les infirmiers (on se demande bien pourquoi…), ils sont réduits au chômage par la crise et le racisme des Français. Les racailles brûlent-ils des bâtiments publics, caillassent-ils les forces de l’ordre, insultent-ils leurs enseignants ? Mais enfin, ils ont de bonnes raisons, les pauvres petits. Ils combattent la France coloniale, raciste, xénophobe qui a humilié et dominé leurs malheureux ancêtres. Pour tout dire, ces jeunes à l’insulte facile, ces dealers, ces casseurs, ces délinquants, sont en réalité des résistants qui poursuivent le combat séculaire d’émancipation et de dignité de la personne humaine, la lutte pour la liberté et l’égalité. Simplement, le vocabulaire a changé. A la fin du XVIII° siècle, au temps de la Révolution française, on disait : « Vivent la liberté et l’égalité ! A bas les privilèges ! », alors qu’aujourd’hui, en 2014, on dira : « Nique ta m… ! J’t’éclate, face de craie ! ». Entendons-nous bien, les mots ont changé mais la cause reste la même. Et les fachos traitent aujourd’hui de « voyous » ces jeunes révolutionnaires tout comme les pétainistes qualifiaient hier de « terroristes » les authentiques patriotes.
Cette identité immigrée est dangereuse, mortelle même, pour la France. D’abord parce qu’elle exhale la haine de notre pays, et c’est logique puisqu’elle rend la France et les Français natifs responsables des malheurs des immigrés, de leurs ancêtres comme de leurs descendants. Cette identité est donc foncièrement francophobe, et également néoraciste car le « blanc », l’occidental, outre qu’il est exécré, est fréquemment considéré comme un dégénéré, un sous-homme méprisable (ou tout du moins un attardé mental à « rééduquer »), et la femme blanche comme une fille facile, une catin. Mais chut ! Puisque les officines antiracistes nous rabâchent que le seul vrai racisme est celui qui est dirigé contre les « minorités visibles », nous sommes priés de les croire. Cette identité immigrée, et donc l’immigration (bien que tous les immigrés ne cèdent pas aux sirènes de la crispation identitaire), produit fatalement du communautarisme, de l’incompréhension, une hostilité et des tensions grandissantes. La France est un pays qui a une histoire particulière. La France est un pays qui, par essence, n’est pas et ne peut pas être « multiculturel ». Pourquoi ? Parce qu’au cours de notre histoire, l’Etat, qu’il fût monarchique, républicain ou impérial, a toujours cherché à construire l’unité et à limiter les expressions de la diversité sur notre territoire. Non point que l’Etat ait voulu systématiquement détruire les particularismes, les cultures locales ou les spécificités religieuses (je pense au judaïsme), mais il a toujours essayé de produire et de diffuser une culture commune, une culture « nationale » qui soit partagée par le plus grand nombre, ce qui n’exclut pas qu’ici ou là survivent des rituels, des coutumes, une gastronomie ou une sociabilité particulières. Pour résumer les choses, je dirai que dans la sphère privée, on peut être ce que l’on veut (catholique, juif, musulman, bouddhiste, arabe, catalan, basque, breton…), mais que dans la sphère publique on se doit d’être français. Et être français, je suis désolé, cela ne se limite pas à posséder une carte d’identité française comme je l’entends souvent. Être français, c’est adhérer à une culture et à une histoire. Cette dernière nous a légué le principe de laïcité qui, au-delà de la lettre de la loi, est un état d’esprit qui consiste à considérer que la foi est une affaire personnelle, et que, par conséquent, il est assez malvenu d’étaler ses convictions religieuses dans la sphère publique. On n’a pas besoin de savoir que telle femme est musulmane parce qu’elle porte le voile, ou que tel individu est juif parce qu’il porte une kippa. Pourquoi vouloir ainsi systématiquement se démarquer des autres ? Pourquoi désirer à tout prix montrer ostensiblement son appartenance à telle ou telle communauté ? Pourquoi souhaiter afficher à l’excès sa différence et se plaindre ensuite de ne pas être traité comme les autres ? A partir du moment où l’on s’affirme différent, alors il faut assumer le fait que les autres vous reconnaissent comme tel…
Être français, c’est aussi se reconnaître dans des symboles, comme l’hymne ou le drapeau tricolore. Et j’en arrive bien évidemment au point d’actualité qui m’intéresse, à savoir l’affaire des drapeaux algériens brandis par tous ces citoyens exemplaires que sont nombre d’immigrés algériens. Tout d’abord, ne faisons pas semblant de découvrir le problème : c’est déjà devenu une habitude, dans certains mariages par exemple (pour ne pas parler de certaines élections présidentielles), de brandir le drapeau du pays d’origine des (ou d’un des) mariés. J’avoue que je ne comprends pas l’intérêt d’un tel geste. Moi qui suis très nationaliste, il ne me serait jamais venu à l’idée, lors de mon mariage, de faire dresser des drapeaux bleu-blanc-rouge. Le mariage est une affaire publique autant que privée, certes, mais qu’est-ce que la nation ou la patrie ont à y voir ? Il faudrait parfois remettre les choses à leur juste place. Par ailleurs, pourquoi brandir des drapeaux algériens ou marocains lors d’une cérémonie nuptiale ? Pourquoi ne pas tout simplement aller se marier directement en Algérie ou au Maroc ? C’est possible et le voyage est très abordable… Mais la raison peut se deviner, et on en revient toujours à la même chose : il s’agit de marquer ostensiblement sa différence, d’afficher son appartenance, de provoquer gratuitement les « autres », c’est-à-dire les Français, d’inciter ces derniers à la haine, pour ensuite s’étonner, la larme à l’œil et les trémolos dans la voix, d’être détestés par ces mêmes Français. Eh bien l’affaire des manifestations de « supporters » agitant le drapeau algérien est du même acabit. Qu’on ne vienne pas me dire que ces cohortes maghrébines sont descendues dans la rue pour fêter la qualification de l’équipe algérienne en huitième de finale de la Coupe du monde de football. On peut très bien fêter une victoire sportive chez soi, entre amis, dans son salon, au café ou aux pieds de son immeuble. Là, il s’agissait de toute autre chose, il s’agissait bien d’une démonstration de force, dans les centres villes, une façon d’occuper le terrain, d’afficher la présence de la communauté algérienne sur le sol français et de provoquer les forces de l’ordre et finalement la République. Vous trouvez que j’exagère ? Que je prends mes fantasmes pour des réalités ? Peut-être. Mais alors pourquoi une partie de ces Algériens (parmi lesquels, faut-il le rappeler, nombre de Franco-algériens) se sont laissés aller à des violences gratuites, cassant, saccageant, brûlant ? Depuis quand la joie se traduit-il par le plaisir de détruire ? Il y a là je pense la preuve que le déracinement engendre chez certains des troubles mentaux. Je n’ai rien contre le drapeau algérien en tant que tel, mais dans ce cas précis, il a été utilisé moins pour montrer un attachement à l’Algérie qu’une haine de la France. De plus, ce drapeau, cette appartenance nationale si vigoureusement affichée, n’ont été que des préludes à un déchaînement de violence bien peu compatible avec la fête qu’aurait dû être cette victoire footballistique… mais tout à fait cohérent avec le rejet de la France perceptible parmi beaucoup d’immigrés originaires du Maghreb, et d’Algérie en particulier.
Alors, comme d’habitude, on nous explique qu’il faut « éviter les amalgames », « ne pas retenir que cela » de l’événement. On nous répète à l’envie que les casseurs « ne sont pas des vrais supporters algériens » (tout comme les islamistes ne sont jamais des vrais musulmans…). Quand on connaît le profil du supporter moyen, on me permettra d’émettre des doutes. Bien sûr, certains de ces casseurs sont déjà connus des services de police, quelques-uns n’ont, paraît-il, rien à voir avec l’Algérie. Mais, comme toujours, quand on entend ou lit des témoignages de braves Algériens indignés, on a l’impression que ce qui les gêne, au fond, c’est que ce type de débordement jette l’opprobre sur eux. Je n’ai pas l’impression pour ma part que ces honnêtes gens soient véritablement ennuyés par les destructions elles-mêmes. La seule chose qui les inquiète, c’est que cela fait du tort à leur communauté, c’est tout. Disons aussi qu’il y a une gradation dans la haine. Il y a ceux qui se contentent de courir comme des demeurés avec leur drapeau sur le dos, il y a ceux qui crient et qui klaxonnent à une heure du matin en passant dans un quartier endormi. Et il y a ceux qui cassent, qui pillent et qui brûlent. Une minorité, sans doute, mais qui exprime avec violence des sentiments largement partagés par les autres. Tout comme les islamistes, dans un autre contexte, expriment de manière spectaculaire et violente l’aspiration de beaucoup de musulmans à vivre dans une société davantage islamisée et débarrassée pour partie de la manière de vivre occidentale. Et le bilan est là : centre-ville saccagé à Roubaix, incidents à Lille [1], ainsi qu’à Lyon et à Marseille [2]. Pour Marseille, l’article précise bien que les incidents ont opposé « des supporters » aux forces de l’ordre. Quand bien même il n’y aurait pas eu de violences, peut-on estimer qu’il est de bon augure que tant de citoyens français (encore une fois, les binationaux formaient les gros bataillons des « supporters algériens ») se reconnaissent dans un pays étranger ? Apparemment oui. Patrick Braouezec, élu Front de Gauche de Seine-Saint-Denis, a ainsi déclaré : « On a des jeunes qui sont en recherche d'identité. À partir du moment où ils se retrouvent autour d'une nation, c'est fédérateur. » [3]. C’est vrai que c’est génial. Cette jeunesse, l’avenir de la France selon le FdG et beaucoup d’autres, se fédère… autour d’un drapeau étranger ! Avec de tels patriotes, il est certain que la France se prépare un avenir radieux.
Je terminerai par un petit mot sur cette affiche du Bloc identitaire :
Je ne partage pas les idées du Bloc identitaire, trop régionaliste, trop européiste et trop ethniciste à mon goût. Le discours du Bloc, bien qu’il s’en défende, est un sous-produit de l’idéologie différentialiste, diversitaire, multiculturelle qu’il prétend combattre. Du coup, le Bloc cherche à construire ni plus ni moins un communautarisme « blanc », exact pendant de celui qu’il reproche aux immigrés. Les identitaires substituent un peu vite l’ethnie à la nation, la petite patrie à la grande. Si certains républicains se fourvoient à mon avis en adoptant une conception trop extensive de l’« universalité » des valeurs républicaines françaises, les identitaires sombrent dans l’excès inverse : la fermeture totale, le repli stérile sur l’identité locale, sur le village, le terroir, la ville, la « tribu » même. Et ils perdent de vue qu’à force de « territorialiser » à outrance leur identité, ils finissent par adopter les mêmes réflexes que les racailles qu’ils combattent… Cela étant dit, je suis d’accord avec le message de cette affiche. Quand on aime vraiment son pays, on fait au moins l’effort d’y vivre, au lieu d’aller s’installer ailleurs et de brandir son drapeau. Les vrais patriotes algériens vivent en Algérie, ou tout au moins finissent par y retourner. Les autres devraient se poser des questions.
[1] http://www.lavoixdunord.fr/region/incidents-suite-au-match-algerie-russie-ces-faux-ia0b0n2239539