Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Pap Ndiaye, les historiens et le racisme

Connaissez-vous le magazine l’Histoire ? Il s’agit d’une publication mensuelle qui se donne pour objectif de vulgariser les dernières avancées de la recherche historique, et c’est tout à fait louable. Beaucoup d’universitaires, malheureusement, vivent dans leur monde, coupés du commun des mortels, et constituent une communauté fermée, avec son langage abscons, ses concepts prétentieux, le tout parfaitement incompréhensible pour le profane. Tout un langage complexe et pseudo-scientifique permet à ce nouveau clergé de garder la haute main sur la recherche, et c’est tout aussi vrai en géographie, en littérature, en « sciences de l’éducation ». Les sciences « humaines » nourrissent semble-t-il un complexe d’infériorité par rapport aux sciences « dures ». Au contraire, les historiens anglo-saxons ne se sentent pas obligés d’habiller leurs travaux d’un vocabulaire aussi impressionnant que creux la plupart du temps. Pour une fois, le pragmatisme anglo-saxon a ses mérites, et les ouvrages d’historiens anglais ou américains, il faut le dire, sont souvent très agréables à lire, accessibles, et surtout ne nécessitent pas les talents d’un exégète ! J’approuve donc la démarche du magazine l’Histoire, qui propose des articles courts (un peu trop parfois quand le sujet est passionnant), bien écrits, dans un français accessible. L’Histoire est à mettre entre toutes les mains. Mais, car il y a un mais, certains partis pris idéologiques, développés sous le couvert de la recherche et avec l’apparente caution d’une démarche scientifique, me dérangent. L’Histoire défend une ligne globalement européiste, immigrationniste et multiculturaliste. Les auteurs ont bien évidemment le droit, en tant que citoyens, d’avoir leurs convictions politiques et de les défendre. Cependant, rédiger un article militant en essayant de faire croire au lecteur qu’on lui présente les avancées de la recherche scientifique, c’est de la malhonnêteté intellectuelle, surtout lorsque le caractère « scientifique » des propos est on ne peut plus contestable, comme on va le voir. Or c’est exactement à ce type d’exercice que se livre Pap Ndiaye dans le numéro 400 de juin 2014 aux pages 62-65. Ce type d’attitude jette l’opprobre sur la corporation des historiens. Lorsque j’ai créé ce blog, j’ai fait un choix, celui de créer un blog politique. Mes articles sont partiaux, subjectifs, idéologiques, et c’est parfaitement assumé. Mais je n’ai jamais cherché à tromper le lecteur éventuel : j’ai intitulé ce blog « Nationaliste Social et Républicain », pas « le blog d’un historien ». Et je ne prétends pas ici « faire de l’histoire ». J’utilise l’histoire comme un outil pour appuyer mon argumentation parce que je suis historien de formation et je ne crois pas que l’on puisse parler sérieusement de politique sans se référer constamment à l’histoire. Evidemment, cette dernière est traversée de débats, de rivalités entre écoles historiographiques, mais on perçoit là la différence intrinsèque entre les sciences « dures » et les sciences « humaines » : les actions et les pensées des hommes (surtout des hommes morts qui nous intéressent en histoire), l’évolution des sociétés, sont très difficiles à interpréter et à classifier. Nous autres n’avons pas la possibilité de faire des expériences (on ne peut pas « rejouer » les batailles ou les grands événements du passé !) ou de proposer des équations pour résoudre tel ou tel énigme. A partir de nos connaissances (parfois bien maigres), nous ne pouvons qu’échafauder théories et hypothèses difficilement vérifiables.

 

Le numéro 400 de la revue l’Histoire de juin 2014 est consacré au racisme, typiquement le genre de sujet que je n’affectionne guère, cela n’étonnera pas ceux qui me lisent. Tout simplement parce que ce type de thème « transpériode » mélange tout, la « pureté de sang » dans l’Espagne catholique avec la traite négrière, le colonialisme avec le nazisme, l’apartheid avec les problèmes communautaires des sociétés européennes actuelles. Le problème est qu’il n’y a pas « un » racisme, mais « des » racismes. Or, ça commence mal : le numéro s’intitule « Le racisme en actes ». Et effectivement, il est bien question du Racisme avec un « R » majuscule, c’est-à-dire le seul vrai racisme reconnu officiellement par les bienpensants, à savoir le racisme des Européens blancs et chrétiens à l’égard de tous les autres. Pas un seul des sept articles présentés n’est consacré au racisme japonais, iranien, arabe, israélien (soyons fou) ou intra-africain, même s’il y a deux ou trois lignes, ici ou là, par exemple sur le génocide du Rwanda, mais qui prennent bien soin de rappeler que c’est l’abominable colonisateur qui a introduit la distinction « raciale » entre Hutus et Tutsis, et que par conséquent, l’Européen blanc et chrétien est quand même responsable pour une part du génocide rwandais. On referme la revue avec l’impression que, décidément, le racisme est un mal très occidental. Etrange, quand on sait que la revue l’Histoire, et je ne l’en blâme pas, a soutenu toute une récente remise en cause de l’histoire « européocentrée », pour ouvrir une réflexion sur l’histoire mondiale et prendre en compte le point de vue des « autres », d’autant que la suprématie occidentale est récente et très courte à l’échelle des temps historiques. Au XVIII° siècle, la Chine des Qing est encore la première puissance du monde… et elle pourrait bien le redevenir d’ici peu. Mais, pour une raison étonnante, dès qu’on évoque le « Mal », c’est-à-dire le racisme, la ségrégation, l’intolérance, on revient immédiatement à une histoire centrée essentiellement sur l’Occident. Je ne crois pas que ce soit une coïncidence. Il est très inquiétant de constater que des historiens, des universitaires reconnus, ont finalement une vision de l’histoire qui n’est pas si éloignée de celle d’Houria Bouteldja et des Indignes de la République. Il y a manifestement des groupes humains qui sont plus coupables que d’autres.

 

Qui est Pap Ndiaye ?

Pap Ndiaye appartient à une catégorie d’historiens qui ne trouvent pas vraiment grâce à mes yeux, je l’avoue. D’abord, il enseigne à Sciences Po Paris, comme pas mal de contributeurs à cette revue. Sciences Po est la fabrique des élites bobos de la gauche caviar, un savant mélange d’arrogance, de mépris du peuple et de la patrie, d’adhésion aveugle aux bienfaits de la mondialisation et de la construction européenne. J’en parle en connaissance de cause puisqu’il m’a été donné de côtoyer des aspirants à Sciences Po. Cette dernière n’est pas vraiment une école au sens strict, c’est plutôt un club de gens bien comme il faut où l’on cultive un conformisme rassurant… et surtout où l’on se construit ses réseaux de copinage pour la suite, si vous voyez ce que je veux dire. La « société de connivence » que je dénonce trouve une de ses matrices à Sciences Po. Le nom même de la structure, quand on y songe, est vide de sens : la politique n’est pas, et ne sera jamais une science. Parler de « sciences politiques » est scientifiquement très contestable. Sciences Po se veut évidemment à la pointe de la « modernité » telle que la conçoivent les bienpensants : quotas ethniques, passerelles, recrutement différencié selon l’origine géographique (géographique et non pas sociale, j’insiste). Là encore, ce n’est pas un hasard si, parmi nos grandes écoles, Sciences Po est la première à avoir remis en cause le principe de la sélection par concours. Ensuite, Pap Ndiaye appartient à ce nouveau courant historiographique qui regroupe les historiens de l’immigration, des minorités, du genre, de la diversité, etc. On me fera certes remarquer que cette école historique m’insupporte parce qu’au fond je rejette l’immigration et la diversité et que je ne porte pas dans mon cœur les « minorités », et tout cela ne constitue pas une bonne raison. Je ne le nie pas. Il n’empêche que la faiblesse scientifique de ces historiens est réelle. Par exemple, quand je vois, parmi les productions de M. Ndiaye, un ouvrage intitulé La Condition noire, je fais un bond en tant qu’historien. Non, les « noirs » n’ont jamais eu une condition uniforme, même dans les espaces esclavagistes des Amériques (où il y avait des affranchis). Même remarque pour les colonies africaines, où l’Occidental ne traitait pas le villageois lambda comme le descendant d’une famille princière. D’ailleurs, transposons un instant ce titre : imaginez un ouvrage intitulé La Condition blanche, ce serait parfaitement ridicule. Je n’ai pas lu le livre de Pap Ndiaye, et je n’ai aucune envie de le faire. Peut-être est-il passionnant, mais le titre en lui-même est absurde et indigne d’un historien. Pour terminer, je soupçonne M. Ndiaye d’être un historien communautaire. Voilà un homme d’origine africaine dont les travaux portent essentiellement sur les noirs. C’est tout de même étrange cette manie de plus en plus répandue qui pousse des chercheurs à s’intéresser en priorité aux gens qui sont de la même origine, de la même religion, de la même couleur… j’allais dire de la même « race », mais pas de gros mot. Les intellectuels comme Pap Ndiaye, sous couvert de combattre le racisme, entretiennent et développent une vision « racialiste » de l’histoire et de la société française d’aujourd’hui.

 

« Racisme biologique » et « racisme culturel »

Dans son article, Pap Ndiaye explique que le « racisme biologique » est moribond en Europe (moins en Amérique du Nord) depuis 1945, depuis que les crimes nazis ont amené une remise en cause radicale du concept de « race » jusque-là couramment admis par les scientifiques depuis le XIX° siècle. Il est d’ailleurs important de rappeler que le terme « race » a disparu du vocabulaire anthropologique pour des raisons plus politiques que réellement scientifiques. La connaissance de l’ADN et du génome humain que nous avons acquise ont prouvé par la suite que l’espèce humaine est bien une, il n’empêche pourtant qu’on observe de très légères variations génétiques d’une population à l’autre. Le mot « race » a été remplacé par le terme « ethnie », qui pourtant a un sens sensiblement différent [1]. Aujourd’hui, la confusion est telle que la couleur d’une personne est volontiers associée à son « origine ethnique », et le terme « ethnique » est devenu l’équivalent de « racial », ce qui est un abus de langage. Preuve soit dit en passant que le terme « race », contestable d’un point de vue scientifique, semblait nécessaire pour décrire la diversité des populations humaines à la surface de la Terre. Et on peut bien supprimer le mot « race », le mot « ethnie » demain, cela n’empêchera jamais qu’il y aura toujours des humains de type européen (ou caucasien), asiatique, subsaharien, mélanésien,… On peut proscrire les mots, certainement pas abolir la réalité. Le concept de « racisme biologique » est un très joli pléonasme : le racisme est fondamentalement et ne peut qu’être « biologique », puisqu’une race se définit précisément par le fait de descendre d’une souche commune et de partager des traits physiques voire psychologiques communs. Et il n’y a pas d’autre racisme que biologique. Je rappelle ensuite la définition de « racisme » [2] : est raciste celui qui considère qu’il existe des races humaines clairement distinctes d’une part, et qui estime qu’on peut opérer une hiérarchie entre ses différentes races d’autre part.

 

Par exemple, le racisme consiste à considérer que les Européens blancs ont établi leur domination mondiale au XIX° siècle parce qu’ils auraient été naturellement « supérieurs » aux autres populations humaines. Or tout historien sait que la « supériorité » des Européens se résume en un mot : l’industrialisation. Ce phénomène est le produit d’une histoire politique, à savoir la capacité des Européens à créer des Etats stables et durables, dotés d’une administration efficace, mais aussi sociale et intellectuelle, avec l’émergence d’une classe sociale, la bourgeoisie, disposant du capital nécessaire pour financer l’essor industriel, et le développement de la science, qui accompagne une remise en cause radicale des dogmes religieux qu’on n’observe nulle part ailleurs sur Terre. Est-ce à dire que seuls les Européens étaient capables de lancer le processus d’industrialisation ? La réponse est non. Les Asiatiques, comme les Africains et même les Amérindiens, ont su créer de véritables Etats. L’Etat chinois, depuis l’Antiquité, n’a jamais rien eu à envier à ses contemporains occidentaux. De la même façon, les Chinois, les Indiens et les Arabes ont eu par le passé un avantage technique certain sur les Européens. J’ai presque envie de dire que la différence tient, paradoxalement, à une moindre arrogance des Européens, du moins au début. Les Occidentaux ont compris qu’ils avaient à apprendre des autres, alors que les Arabes et les Chinois, après avoir connu un « âge d’or », se sont bien souvent endormis sur leurs lauriers. Les Arabes, comme les Chinois, sont restés bloqués au Moyen Âge, voyant les Européens comme des Barbares frustres et ignorants. A un moment, ces civilisations se sont arrêtées, pour des raisons religieuses et philosophiques à mon avis. Ni les élites chinoises, portées sur la littérature et la calligraphie plus que sur les sciences, ni les élites arabo-musulmanes, davantage intéressées par le commerce et la nostalgie des premiers siècles de l’islam, ne se sont véritablement passionnées pour le progrès scientifique et technique, ni pour la question des modes de production. Ensuite, le système social et politique, ultra-centralisé et hyper-hiérarchisé en Chine, plutôt archaïque et tribal dans le monde arabe, n’a jamais permis l’émergence d’une bourgeoisie aussi puissante que celle d’Europe occidentale. Mais l’explication n’est certainement pas que les Asiatiques ou les Arabes seraient moins intelligents, moins travailleurs ou moins doués que les Européens. En Afrique subsaharienne, le problème est autre : aucun Etat structuré n’a réussi à s’inscrire dans la longue durée. Pourquoi ? Pas parce que les Subsahariens seraient naturellement rétifs au principe même d’un Etat, mais tout simplement parce que l’Afrique subsaharienne est, contrairement à l’Europe depuis le Moyen Âge, un monde en mouvement. Des migrations de population de grande ampleur s’observent en Afrique jusqu’en plein XIX° siècle. Le milieu naturel a aussi joué son rôle : sur le pourtour du Sahara, le nomadisme est une nécessité, or le nomadisme est source de conflit avec les sédentaires et génère de longues périodes d’instabilité politique. On observe d’ailleurs la même chose sur le pourtour des steppes d’Asie centrale : ce n’est que très tardivement, au cours du XIX° siècle, que les Etats chinois et russes amènent un semblant d’ordre dans ce monde mouvant. Pour l’Afrique subsaharienne, le rôle des Européens n’est évidemment pas à négliger : la traite négrière a favorisé les guerres tribales, les chefs africains négriers ayant été davantage tentés de prélever des esclaves sur les populations ennemies, plutôt que de les unir au sein d’un ensemble politique plus large. Les Européens ont favorisé une économie de prédation, et il ne faut pas sous-estimer la ponction démographique des deux traites négrières (car il y a aussi celle de nos amis arabes, du VIII° au XIX° siècle). Enfin, avec les débuts de la colonisation, les nations d’Europe ont parfois simplement détruit des Etats ou ébauches d’Etats africains (royaume zoulou, royaume du Congo).

 

Le racisme est donc une idéologie qui explique le monde et l’histoire des rapports politiques sous le seul prisme d’une inégalité biologique entre populations humaines : il y aurait de toute éternité les « seigneurs » et les « dominés », et voilà tout. Pas besoin d’étudier l’histoire politique, l’évolution des sociétés et des mentalités ou encore les structures économiques, puisqu’il y a de toute façon les vainqueurs et les vaincus, les bourreaux et les victimes. Et l’on voit bien comment les historiens des minorités ou de l’immigration, comme Pap Ndiaye, alimentent au fond cette vision simpliste et réductrice de l’histoire. La différence tient au fait que les racistes soutiennent ouvertement l’idée de hiérarchie entre les groupes humains, alors que les historiens bienpensants combattent officiellement cette idée tout en s’échinant à prouver que l’histoire de l’humanité s’explique pour une large part (surtout depuis le XVII° siècle) par le postulat raciste. Mais attention, le fait qu’il n’y ait pas d’inégalité biologique entre les différentes populations humaines ne signifie pas l’absence totale d’inégalité entre les différents peuples de la Terre. Simplement, ces inégalités ne sont pas « naturelles ». Mais on peut dire que la civilisation chinoise est supérieure à celle de l’Europe du début du Moyen Âge, on peut dire que la civilisation romaine ou perse est plus avancée que celle des tribus germaniques de l’Antiquité classique. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, mais du fait que le rapport de force, à certains moments, est en faveur de tel ou tel pays ou groupe de pays et que, par conséquent, à un moment donné, une civilisation se montre plus solide, plus entreprenante, plus forte que ses rivales. Dans trois siècles, le Congo ou le Nigéria seront peut-être les puissances dominantes de la Terre. Aujourd’hui les Etats-Unis, la Chine et quelques nations européennes tiennent le haut du pavé. Au XIX° et jusqu’au début du XX° siècle, les nations d’Europe de l’Ouest, Grande-Bretagne, Allemagne et France en tête, disposaient clairement d’une supériorité technique, scientifique et militaire. Et le fait est que les civilisations qui se sont mesurés aux Européens depuis le XVI° siècle ont fini par disparaître ou tout au moins ont eu le dessous : les Espagnols ont détruit les empires aztèque et inca, les Britanniques ont soumis les Indes, les Français ont écrasé les Etats et tribus d’Afrique du Nord, les Russes ont imposé leur autorité en Asie centrale. L’Iran, la Chine, le Japon ont été incapables, dans un premier temps, de s’affirmer face aux grandes nations européennes. C’est un fait. De la même façon, nul ne peut nier que les pays d’Europe occidentale, dont la France, sont plus prospères, plus sûrs, plus libres, plus tolérants, plus stables que bien des Etats du monde arabe ou d’Afrique subsaharienne. On m’en voudra peut-être de parler d’une certaine « supériorité », mais quel autre mot utiliser ? Offrir une vie plus agréable et des perspectives d’avenir, n’est-ce pas une forme de supériorité ? Pourquoi Arabes et Subsahariens migrent-ils en masse vers l’Europe ?

 

En revanche, parler de « racisme culturel » comme le fait Pap Ndiaye, relève de l’escroquerie intellectuelle. Voici la définition que M. Ndiaye donne à son concept fumeux : « Celui-ci [le racisme culturel] est fondé non sur une hiérarchie raciale biologique (qu’il prend la précaution de condamner en général), mais sur des différences culturelles considérées comme irréductibles et antagonistes entre les groupes, et desquelles le groupe dominant devrait se prémunir sous peine de disparaître ». Un racisme qui ne repose pas sur une « hiérarchie raciale biologique » (nouveau pléonasme) n’est tout simplement pas du racisme au sens strict. Pap Ndiaye prend des libertés avec la langue française, il devrait vérifier la signification des mots « race » et « racisme » dans un dictionnaire. Derrière ce soit disant « racisme culturel », il y a la xénophobie (mais une xénophobie ciblée, celle dirigée contre les « gens de couleur » uniquement), l’intolérance, l’islamophobie, l’hostilité envers l’immigration, le rejet du multiculturalisme. Autrement dit, le « racisme culturel » est un concept qui n’a aucune pertinence scientifique ou sémantique, mais qui relève du terrorisme intellectuel pur et simple. D’autant qu’il ne vous aura pas échappé que le racisme culturel ne se rencontre qu’au sein du « groupe dominant ». Par conséquent, si une minorité défend la supériorité de sa culture et de ses valeurs, ce n’est plus du « racisme culturel », c’est bien sûr la défense légitime d’une identité longtemps méprisée et opprimée. Intéressant, ce deux poids, deux mesures. Le « racisme culturel » n’est rien d’autre qu’un moyen commode pour tuer le débat autour des questions d’intégration, de respect de la laïcité, d’identité nationale et d’immigration. Vous vous inquiétez d’un islam de plus en plus ostensible et communautariste ? Vous êtes un raciste ! Vous êtes critique face à la société multiculturelle, vous doutez que l’immigration soit l’unique salut de la France ? Vous êtes raciste ! Vous défendez votre mode de vie, vos valeurs, vos traditions et vous appartenez au « groupe dominant » ? Vous êtes raciste ! Et je passe sur les délires concernant « le corps de l’autre racialisé, lieu de désirs et de peurs » qui « permet d’inscrire une « biopolitique de l’autre » qui reconnaît à la fois son humanité indéniable et son étrangeté définitive ». La quoi ? La « biopolitique de l’autre » ? Vous vouliez un exemple de néologisme pompeux et totalement creux, en voilà un magnifique. Ajoutons que l’obsession de la race se trouve bien, une fois de plus, chez les antiracistes.

 

Préjugés et réalités

Nous avons tous des préjugés. Le problème est qu’à force de les combattre, les bienpensants ont fini par oublier que certains de ces préjugés sont fondés. Lorsque Pap Ndiaye cite les arguments que les Français donnent pour expliquer leur rejet de tel ou tel groupe de personnes, à aucun moment il ne se demande si cet argument est recevable. Pour lui, et pour tous les gens qui pensent comme lui, l’idée même que le rejet ou l’hostilité puissent être légitimes dans certaines circonstances ne lui effleure même pas l’esprit. Arrêtons-nous brièvement sur les deux catégories les plus rejetées par les Français (les Français natifs, bien sûr, car les Français issus des minorités ne peuvent pas être racistes, je vous le rappelle) : les Roms et les musulmans. Que reproche-t-on à ces deux groupes de personnes ? Beaucoup de Français sont choqués par les conditions de vie des Roms, dans des bidonvilles insalubres, et par le fait qu’en période de crise des voix s’élèvent pour réclamer un « effort » afin de loger dignement des gens venus en France sans autorisation le plus souvent. Les Roms sont également accusés de vivre de vol, de chapardage et de mendicité, bref d’une forme d’économie qu’on pourra qualifier de prédatrice et de parasite. Etonnamment, Pap Ndiaye ne donne aucun chiffre sur l’emploi des Roms en France. Je ne sais pas où M. Ndiaye habite, mais je l’invite dans ma ville : je lui montrerai que certains Roms vivent en effet de mendicité, et comment une même famille « quadrille » le centre-ville en plaçant un de ses membres à chaque endroit stratégique, les jours de marchés par exemple. J’invite également M. Ndiaye, si cela ne lui répugne pas trop, à prendre contact avec des officiers de police de la capitale qui lui expliqueront sans doute mieux que moi le problème des adolescents roms qui dévalisent les touristes. Je lui conseille également de discuter avec des maires et des citoyens vivant au voisinage des camps roms, cela pourrait lui être nettement plus profitable que d’élaborer des concepts fumeux dans sa tour d’ivoire de Sciences Po. Concernant les musulmans, il va de soi que la pratique religieuse, le choix de porter le voile, de respecter les prescriptions alimentaires relèvent de la liberté individuelle et ne portent pas atteinte au principe de laïcité, contrairement aux prières de rue et au voile intégral. Néanmoins, ces pratiques menacent malgré tout le vivre-ensemble et la cohésion de notre société. Je m’explique : en choisissant de respecter rigoureusement des codes vestimentaires et des interdits alimentaires étrangers au mode de vie français traditionnel, mais plus encore en refusant la moindre entorse, le moindre accommodement, et en exigeant de surcroît le respect de leurs coutumes, certains musulmans devraient comprendre qu’ils tracent de fait une ligne de démarcation entre eux et les autres, c’est-à-dire les Français natifs comme ceux issus de l’immigration qui ont choisi de se « franciser » pour s’intégrer. De plus, ces musulmans montrent de façon spectaculaire qu’à leurs yeux, leur religion, leur culture, leurs traditions passent avant la culture et le mode de vie du pays qui les accueille. Dès lors, si Pap Ndiaye était honnête, il devrait reconnaître que certains musulmans entrent dans sa définition du « racisme culturel », puisqu’ils affirment l’incompatibilité de leur foi et de leurs mœurs avec la culture « dominante ». Seulement voilà, les musulmans, comme les noirs, sont une « minorité », par conséquent le racisme ne peut pas être de leur fait…

 

Si Pap Ndiaye est très fort pour débusquer et condamner (mais à demi-mot, sous couvert de produire un article savant, j’insiste) les préjugés des autres, il révèle sans le vouloir les siens, c’est-à-dire une foi aveugle dans la société multiculturelle et pluriethnique ainsi qu’une très étrange conception de la démocratie. Rien n’est dit de manière explicite, mais le ton général de l’article est sans ambiguïté. On sent bien que M. Ndiaye est enthousiaste devant l’évolution des sociétés occidentales avec « leur colorisation, leur métissage, l’accélération des échanges ». Il est également instructif de lire que « la France est également plus colorée qu’elle ne l’était et l’absence de personnes non blanches dans de nombreux secteurs économiques et politiques est perçue comme une anomalie démocratique […] ». Je pensais naïvement que la démocratie est le fait que le pouvoir politique procède du peuple. Pap Ndiaye m’apprend qu’il n’en est rien : la démocratie, c’est lorsque les personnes « non blanches » sont correctement représentées dans tous les secteurs économiques et politiques. Je regrette d’ailleurs que M. Ndiaye ne nous dise pas quelle proportion de chaque minorité « non blanche » correspondrait à une représentativité « démocratique » satisfaisante selon lui. Et je rappelle que Pap Ndiaye est professeur à Sciences Po…

 

Conclusion

Je ne conteste pas à Pap Ndiaye le droit d’avoir ses convictions politiques, comme tout citoyen, de les exposer publiquement et de les défendre. Ce que je lui reproche, c’est de rédiger un article militant sous couvert de présenter les avancées de la recherche historique, et de faire paraître ledit article dans une revue de vulgarisation scientifique. L’article de Pap Ndiaye aurait eu sa place dans le bulletin de SOS Racisme ou du MRAP, ou même dans la presse, mais pas dans une revue qui revendique une certaine tenue intellectuelle. J’accuse également Pap Ndiaye de promouvoir des concepts qui n’ont pas la moindre valeur scientifique (« racisme culturel », « biopolitique »), de méconnaître le sens précis des mots de la langue française (en utilisant le terme « racisme » à toutes les sauces), et de pratiquer le terrorisme intellectuel en utilisant le concept de « racisme » de manière abusive afin de disqualifier à peu de frais les citoyens qui, comme moi, se montrent critiques de l’idéologie multiculturaliste et métissolâtre. Enfin, je pense que le « comité scientifique » de la revue l’Histoire pourrait faire son travail de relecture un peu plus sérieusement. Mais, en consultant la liste des membres de ce comité, ô surprise, j’y ai découvert le nom de Pap Ndiaye… Que dire de plus ?

 

[1] J’ai expliqué la différence dans cet article.

 

[2] Question déjà abordée dans cet article.



14/07/2014
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