Serge Dassault, pauvre victime du clientélisme...
Ce lundi 8 juin, le Conseil d'Etat a rendu sa décision concernant les élections municipales litigieuses de Corbeil-Essonnes. Serge Dassault voit ainsi son élection annulée.
Qui est Serge Dassault?
Nous n'avons pas affaire à n'importe qui: M. Dassault est un grand capitaine d'industrie, à la tête d'un des fleurons des industries d'armement françaises. Sa famille, d'origine juive, a été inquiétée par les Allemands pendant la guerre. Ancien polytechnicien, Serge Dassault ne se contente pas de construire des avions. Il est devenu patron de presse, contrôlant notamment le Figaro, l'organe officieux de la droite libérale (les rares fois où je l'ai lu, j'ai toujours trouvé des courriers de lecteurs pestant contre les fonctionnaires trop nombreux et bien sûr inutiles). Serge Dassault est apparemment atteint du syndrome dit "de Berlusconi": il croit que parce qu'on est un richissime entrepreneur, on est destiné à gouverner, à être le bon pasteur des travailleurs. Il s'est donc lancé en politique: élu conseiller régional d'Île-de-France, puis conseiller général de l'Essonne, il conquiert finalement de haute lutte la mairie de Corbeil-Essonnes en 1995 après plusieurs tentatives infructueuses. Il est réélu en 2001 et en 2008. Serge Dassault fait partie de cette frange de l'UMP intimement convaincue que les élites libérales ont le monopole de l'intelligence et qu'il leur appartient à elles seules de définir l'intérêt général (qui, étrangement, se confond presque toujours avec leurs intérêts particuliers). Je me souviens avoir entendu M. Dassault s'exprimer ainsi, en substance, au sujet du Traité constitutionnel (ou du Traité de Lisbonne, je ne sais plus): "Pourquoi demander l'avis des Français? Ils n'y comprennent rien, c'est bien trop compliqué pour eux!". Ce genre d'individu a-t-il sa place dans le corps civique français? On croirait retrouver là l'arrogance des aristocrates d'Ancien régime!
L'affaire
La troupe Dassault (quel jeu de mot!) ne semble finalement pas être une si bonne recrue pour l'UMP (Ustensile Malléable du Patronat). Le grand Serge est tombé, victime de la subversion rouge qu'il combat depuis si longtemps. Son concurrent communiste a en effet alerté l'Etat sur d'éventuels achats de vote. Inquiet pour sa réélection, le vieil artilleur aurait lancé une bordée d'écus sonnants et trébuchants pour redorer sa popularité mal en point. Il aurait ainsi acheté les voix de certains habitants (je n'ose dire "citoyens", par respect pour ce noble terme) de la cité des Tarterêts: "Vous voterez pour moi? Allez, je vous paie une voiture!". Pas une BMW, j'espère... Et les honnêtes gens de la cité de marcher dans la combine. Vous savez, ces gens qu'on nous présente toujours parés de toutes les vertus, simplement maintenus dans leur ghetto par l'intolérance et le racisme de la société française. Evidemment, ces méprisables manants jurent à présent devant les caméras qu'ils regrettent à un point qu'on ne saurait imaginer (la voiture a peut-être un défaut ou bien le bougre croyait-il que M. Dassault payait aussi l'essence?). Les électeurs de Corbeil-Essonnes sont donc logiquement rappelés aux urnes. Pour être juste, précisons que le concurrent communiste de M. Dassault est également condamné pour irrégularité de ses comptes de campagne. Tous deux écopent d'un an d'inéligibilité. Je trouve que c'est fort peu pour un homme qui bafoue à ce point les fondements de la démocratie. La déchéance à vie des droits civiques serait de circonstance pour un tel corrupteur. Et qu'il aille donc mettre son argent à l'étranger! Au moins, il ne s'en servira plus pour pervertir les scrutins démocratiques en France.
Des pratiques inquiétantes
Serge Dassault a manqué d'habileté. D'autres élus, de droite comme de gauche, ont en effet mis au point des systèmes plus subtils d' "achat" de voix dans les quartiers. La plèbe issue de l'immigration est souvent (et de plus en plus) détentrice de la nationalité française, à la grande joie des tenants de la diversité. Il faut bien dire que ses membres sont à peu près aussi attentifs à leur devoir de citoyens que la plupart de leurs enfants sont polis et concentrés en classe. Mais dans de nombreuses communes, cette plèbe représente une masse considérable d'électeurs, plus qu'un appoint, un apport décisif pour la victoire. Dès lors, tout est bon. Il me semble avoir lu, je ne sais plus où, une affaire concernant les quartiers nord de Marseille: une élue socialiste faisait attribuer à des associations factices des subventions du conseil régional. Cette manne permettait ainsi à ladite élue de soigner son électorat "populaire" comme on dit à gauche. Ces pratiques sont de plus en plus répandues: ici, c'est un petit coup de pouce financier pour l'édification d'un "centre culturel", lieu de culte déguisé (je n'ose dire "à peine voilé"...); là, c'est la vente d'un terrain communal à bas prix; ou encore la cantine scolaire quasiment gratuite pour ces "pauvres gens" qui je le rappelle sont victimes de discrimination. Ainsi, pour des raisons bassement électoralistes, des (ir)responsables politiques utilisent certains citoyens issus de l'immigration comme un réservoir de voix d'autant plus aisé à capter que c'est avec de l'argent public, les deniers du contribuable des classes moyennes, que ces citoyens indignes sont corrompus le plus souvent (apparemment, Serge Dassault a au moins eu "l'honnêteté" de puiser dans ses fonds personnels). Ce faisant, ces élus favorisent le communautarisme d'une part, et l'assistanat d'autre part, véritables plaies de notre pays, terreau fertile sur lequel prospère en toute quiétude la plèbe issue de l'immigration. Ce système pervers conduit à l'abandon des principes républicains, et même à leur reniement par ceux qui devraient être les premiers à les défendre. De reculs en capitulations, un nouvel esprit de Munich, 70 ans après, s'installe doucement en France...
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