Zemmour, la délinquance et l'immigration
Je n'avais pas très envie d'évoquer le « dérapage » d'Eric Zemmour, ce genre de polémique stérile m'ennuie. La lecture de réactions ici ou là, et la réelle qualité des arguments échangés m'ont fait changé d'avis. Et plus généralement, m'ont amené à faire une mise au point sur les relations entre immigration et délinquance, car il en a été question à plusieurs reprises sur ce blog.
Que penser des propos d'Eric Zemmour ?
Je n'en fais pas un secret : j'aime bien Eric Zemmour et, pour une part, je me reconnais dans les idées qu'il défend, dominées par une conception très exigeante de la République. Le problème de M. Zemmour est qu'il est victime (si j'ose dire) du temps médiatique : il faut parler vite et dire en quelques minutes ce qui mériterait d'amples développements tant les questions abordées sont complexes. L'intervenant (Zemmour ou un autre) est donc condamné à livrer une version réductrice de sa pensée, et le plus souvent, il doit surtout trouver la phrase-choc, presque caricaturale, qui sera reprise et commentée, martelée comme un leitmotiv. Il faut faire scandale.
Voici donc la phrase, la fameuse phrase d'Eric Zemmour, qui fait tant de bruits ces dernières semaines : « La plupart des trafiquants [de drogue] sont Arabes ou noirs ». D'emblée, il faut écarter l'interprétation raciste que tente d'imposer la cabale des antiracistes fanatiques. Comme M. Zemmour et nombre de ses défenseurs le rappellent, le journaliste n'a pas dit : « Tous les Arabes et les noirs sont des trafiquants » ce qui eût été raciste d'une part, et mensonger de surcroît. De plus, il serait bon de remettre la phrase dans son contexte : Zemmour évoquait ici uniquement les trafiquants de drogue, et non tous les trafiquants en général. Ajoutons qu'il a employé l'expression « la plupart » et non « tous ». Le problème est que ce type de propos se veut caricatural, il n'est donc guère étonnant qu'il soit déformé et pour ainsi dire lui-même caricaturé ensuite.
Maintenant, sur le fond, Eric Zemmour a-t-il raison ? On peut penser que oui. Un avocat général du tribunal de Paris, M. Philippe Bilger a volé au secours du journaliste sur son blog(1) en déclarant : « je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce "fait", la justesse de cette intuition qui, aujourd'hui, confirment un mouvement né il y a quelques années. » et d'ajouter que « tous les noirs et tous les arabes ne sont pas des trafiquants mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Je précise car rien dans ce domaine n'est inutile : qu'il y ait aussi des "trafiquants" ni noirs ni arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard. ». Voilà qui aurait dû calmer la cabale antiraciste (mais il semble que M. Bilger ait eu quelques ennuis depuis… vous avez dit liberté d'expression ?). Mais a-t-on des estimations précises sur l'origine de la population carcérale ? Pour ma part, je me souviens avoir lu il y a quelques années (dans l'Express ou le Nouvel Observateur, je ne sais plus) les résultats d'une étude menée par l'administration pénitentiaire : il ressortait qu'environ 50 % des prisonniers étaient d'origine étrangère, souvent maghrébine et subsaharienne. Ces chiffres datent un peu mais M. Bilger, qui tout de même s'y connaît, affirme que le mouvement né il y a quelques années se confirme. Pourquoi ne pas le croire ? Encore faudrait-il savoir si tous les Arabes et les noirs emprisonnés le sont pour délinquance. Cela reste à prouver même si c'est probable. Et qu'appelle-t-on précisément « délinquance » ? On adoptera ici comme définition des attitudes répréhensibles n'entraînant que des peines de prison assez faibles (petit trafic de drogue, vol à la sauvette, racket). Mais il y a d'autres crimes et délits : violence conjugale, meurtre, grand banditisme… et là ce n'est plus de la délinquance. A ce sujet, il semblerait que certains délinquants maghrébins et subsahariens fassent des incursions dans le grand banditisme depuis quelques années. En témoigne la multiplication des armes de guerre dans certaines banlieues. Je crois également me rappeler que, à l'occasion d'un sanglant règlement de compte dans le milieu marseillais, il était apparu que des gangs maghrébins se faisaient une place dans le grand banditisme du sud-est. Malgré quelques réserves, on peut penser que fondamentalement, Eric Zemmour dit la vérité. Il semblerait d'ailleurs que l'islam soit en passe de devenir la religion la plus répandue en milieu carcérale. Or, jusqu'à preuve du contraire, la très grande majorité des musulmans vivant en France sont d'origine maghrébine et subsaharienne.
Cependant, certaines critiques adressées à Zemmour me semblent dignes d'intérêt. Par exemple, d'aucuns s'interrogent sur la signification de « trafiquant ». S'il est en effet probable que les petits dealers sont souvent maghrébins ou subsahariens, qu'en est-il des gros bonnets ? Sont-ils d'origine étrangère ? D'autres font remarquer que les Arabes et les noirs sont plus souvent contrôlés (les « contrôles au faciès » qui étaient le sujet du débat auquel participait Zemmour) et que, par conséquent, il est logique que la police trouve plus de produits illicites sur eux. Cela peut jouer, mais à la marge et cet argument me laisse dubitatif. En effet, la police est généralement bien renseignée et les dealers sont « connus des services de police ». A moins de considérer que la police nationale est une nouvelle Gestapo dont l'action serait par essence raciste (certains le pensent mais leur malhonnêteté n'engage qu'eux), il y a de très fortes chances pour que l'échantillon de dealers arrêté par la police soit globalement représentatif de cette catégorie de petits trafiquants sévissant en France. En revanche, là où je donne raison aux détracteurs intelligents d'Eric Zemmour, c'est lorsqu'ils rappellent l'objectif immédiat de la phrase incriminée : il s'agissait d'excuser, voire de justifier, les contrôles au faciès effectués par la police. Si des jeunes sont réellement contrôlés une dizaine de fois par jour au motif qu'ils sont d'origine maghrébine ou subsaharienne, c'est un problème, et l'exaspération de ceux d'entre eux qui n'ont rien à se reprocher peut paraître légitime. Je voudrais pourtant soulever un paradoxe : comment se fait-il que, dans certains quartiers dits « sensibles » (ah ! le politiquement correct et ses doux euphémismes…), des gens se plaignent de l'insécurité allant jusqu'à accuser la police d'être trop peu présente ? D'un côté, trop de police, trop de contrôles, de l'autre pas assez de présence policière. Qui dit vrai ? Concernant les contrôles au faciès, on aurait pu aussi se demander si la police cherchait uniquement des trafiquants de drogue. Les clandestins peuvent également être la cible de ces contrôles. Et, que SOS-Racisme et compagnie me pardonnent, mais la plupart des immigrés illégaux sont plutôt maghrébins et subsahariens (et je dis bien « la plupart » et non « tous » car je n'oublie pas les Asiatiques et les Européens de l'est). Pour ma part, je pense que les immigrés illégaux doivent être expulsés du territoire national parce que nous sommes dans un Etat de droit, et ces gens n'ont pas respecté le droit français. Ils sont donc hors-la-loi, ce qui n'est pas synonyme de « criminel » comme font semblant de le croire les immigrationnistes qui cherchent à culpabiliser ceux qui, comme moi, réclament uniquement l'application d'une loi républicaine.
Quelques remarques s'imposent sur les conséquences de ce scandale. Il est parfaitement inadmissible qu'Eric Zemmour ait été menacé de licenciement pour avoir exercé sa liberté d'expression, droit sacré et inaliénable, d'autant que son propos ne relève pas du mensonge avéré. Est-il possible en France aujourd'hui de contester le discours de quelqu'un sans le menacer, le traiter de « fasciste » et lui causer des ennuis judiciaires ? Apparemment non. Il n'est pourtant pas si difficile de dire ou d'écrire « je ne suis pas d'accord avec les propos d'Eric Zemmour » en présentant une argumentation claire. Cependant, il serait bon de ne pas donner dans la victimisation du « pauvre » Eric Zemmour. Ce dernier n'est pas à plaindre : les plateaux télé et le monde médiatique lui sont largement ouverts. Que certains essaient de le faire taire, c'est probable mais force est de constater qu'ils ont jusqu'à présent échoué. Je défends la liberté d'expression d'Eric Zemmour. De là à en faire une pauvre victime d'un système médiatique totalitaire… N'oublions pas que M. Zemmour est partie prenante de ce système. J'ajoute qu'il est connu depuis quelques temps et les gens qui l'invitent dans leur émission connaissent les idées qu'il défend et savent donc à quoi s'attendre. Eric Zemmour fait au fond ce qu'on attend de lui. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat.
La délinquance est-elle un bon angle d'attaque pour critiquer l'immigration ?
Je pose cette question dans la mesure où j'ai rédigé un certain nombre d'articles fustigeant les délinquants d'origine maghrébine ou subsaharienne et leurs agissements, et que de nombreux articles font allusion à la « racaille » des « quartiers » même si elle n'en est pas le sujet central. De fait, l'immigration se trouve régulièrement associée à la délinquance sur ce blog. La réponse est non.
L'immigration produit-elle la délinquance ? Non. L'immigration excessive dans un pays dont la situation économique est incertaine augmente la misère et c'est cette dernière qui produit la délinquance. Peut-on croire que sans immigration la misère serait absente en France ? Evidemment non. Et la délinquance existerait. Je rappelle d'ailleurs qu'il y a en France une délinquance rurale qui ne doit pas grand-chose à l'immigration maghrébine et subsaharienne. Pour autant, cela n'excuse en rien la délinquance des immigrés ou Français issus de l'immigration. Le fait d'invoquer sans cesse le racisme latent pour expliquer la misère de la plèbe immigrée et excuser la délinquance est fallacieux. Je rappelle que la République n'a pas abandonné ces gens. Les enfants vont à l'école et au collège. Une main leur est tendue, or je constate qu'ils ne la saisissent pas, pour beaucoup d'entre eux. Ceux qui le font arrivent souvent à s'en sortir. On nous dit que ces familles n'ont pas foi en l'école, ne croient pas en l'ascenseur social. Pourquoi ? Ceux qui travaillent à l'école ont pourtant plus de chance de s'en sortir que les autres. Et je devrais comprendre ces misérables qui pleurnichent parce qu'ils n'ont pas saisi la chance qu'on leur offrait ? Il était évidemment plus confortable de traiter de « raciste » le prof qui tâchait de remettre en place le rebelle indocile et paresseux, et d'en vouloir à la France entière pour avoir été brimé. Songez que les enseignants s'étaient mis en tête de faire étudier ces jeunes pour qu'ils puissent être autre chose que dealers ! Quel mépris à leur endroit ! Quel comportement condescendant dicté, n'en doutons pas, par des relents de colonialisme nauséabond ! Quand on méprise souverainement l'école, il ne faut pas s'étonner de rater sa vie…
Je voudrais surtout dire que le problème posé par les populations immigrées dépasse de loin la question de la délinquance, qui au fond est anecdotique. Et je veux dire que lorsque des clans de voyous caillassent et incendient des bus, affrontent avec pierres et barres de fer les forces de l'ordre, voire tirent sur des policiers à l'arme lourde, on a largement dépassé le cadre de la petite délinquance, des dealers à la petite semaine et des voleurs à la sauvette. Il s'agit de rébellion et de sédition. Quand on brûle un commissariat, une école ou une bibliothèque, quand on détruit voitures et boutiques, sans raison ou pour venger tel ou tel mort dans d'obscures circonstances, on est un peu plus qu'un pauvre petit délinquant de banlieue, victime innocente immolée sur l'autel du capitalisme et du racisme. Tous ceux qui cherchent des excuses ou des justifications à ces agissements, c'est-à-dire l'extrême gauche, les Verts et même une partie du PS, et qui, dans le même temps, traitent de fascistes et de racistes des citoyens qui ont voté pour le Front National, tous ces gens ne m'inspirent que le plus profond mépris. Quels sont ces étranges démocrates prêts à mitrailler des gens qui ont simplement déposé un bulletin dans l'urne, mais qui parent de toutes les vertus l'immonde vermine qui impose sa loi à coup de barres de fer ? Mais cette violence endémique, bien plus grave que la délinquance et qui se déchaîne à présent pour un rien, n'est elle-même que la partie émergée de l'iceberg. Il y a sous-jacent un nombre croissant de comportements, de propos et d'attitudes révélateurs de ce qui est bien le plus grave : la construction d'une identité « immigrée », anti-française (mais qui prétend s'enraciner en France !), anti-occidentale, néo-raciste et plus ou moins teintée d'islam. Cette identité revendique ses marqueurs culturels : le rap (dont les paroles respirent la tolérance et l'amour du prochain (2)), les codes vestimentaires (djellabas, gandourahs, niqabs mais aussi capuches et casquettes retournées), le vocabulaire indigent, le discours victimaire et larmoyant sur la colonisation et l'esclavage, etc. Cette identité a ses lieux : la mosquée, la boucherie hallal, la librairie islamique. Au nom de cette identité, on siffle la Marseillaise et on brûle le drapeau national. Cette identité est relayée par des gens diplômés, cultivés parfois, polis et propres sur eux. Ces gens s'appellent Patrick Lozès, Lilian Thuram, Houria Bouteldja, Tariq Ramadan, Christiane Taubira et bien d'autres. Par le biais d'un tiers-mondisme dévoyé ou d'une assimilation fantaisiste des immigrés actuels aux juifs des années 30 (!), des politiques, des écrivains, des philosophes, des historiens et bien d'autres intellectuels leur emboîtent le pas et les soutiennent, au nom de l'impératif multiculturel dont nous voyons bien qu'il conduit à la destruction de la France et de la République. Parce que le fondement du projet politique français (depuis l'époque monarchique), c'est la construction de l'unité nationale et non la gestion de la diversité. Voilà ce qui fait la France, bien plus que les vagues d'immigration.
Conclusion
Je ne rêve pas d'une France purement « blanche » d'où les Maghrébins et les Subsahariens seraient absents. Tous les Français issus de l'immigration n'adhèrent pas, loin s'en faut, à cette identité « immigrée » toute faite de haine, de frustration et de lâcheté (« c'est la faute des autres ! »). En me promenant sur divers sites et blogs, je m'aperçois qu'il y a un certain nombre d'immigrés ou de gens issus de l'immigration qui sont attachés à la France et à sa culture. Je vois que certains sont partisans d'interdire le voile intégral, qu'ils refusent d'excuser les voyous de banlieue, qu'ils rejettent l'intégrisme musulman et les discours victimaires. Quelques uns tiennent même un discours sévère à l'encontre de la racaille et des communautaristes patentés. J'ignore combien ils sont, mais ils existent. Je ne doute pas qu'ils sont vus comme des « traîtres » par les autres.
Qu'il y ait des Français (ou des résidents étrangers) d'origine maghrébine, subsaharienne ou asiatique, cela ne me dérange pas. Mais je dois confesser que je n'imagine pas qu'une ou deux (voire les trois) communautés susdites deviennent majoritaires dans la population française d'ici quelques décennies. Refus de l'ouverture ? Racisme ? Incapacité à s'extasier devant le multiculturalisme et le métissage par manque d'intelligence ? Ou vain attachement à la France et à son identité périmée, « rance » diront certains ? Peut-être tout cela à la fois, je ne sais. Mais à tous mes détracteurs, à tous ceux qui me rangent dans la catégorie honnie des « fascistes-racistes-réactionnaires », je pose cette simple question : est-ce qu'un Algérien accepterait l'idée que son pays soit majoritairement peuplée de Chinois d'ici un siècle ? Je pense que non, et je mets quiconque au défi de démontrer le contraire. De même, un Sénégalais accepterait-il que les Scandinaves deviennent majoritaires dans son pays ? Je gage que non. Alors ? Pourquoi, en tant que Français, devrais-je accepter pour mon pays ce que les autres refusent pour le leur ? Et ce que j'ai dit plus haut s'applique même aux Algériens et Sénégalais vivant en France.
La pérennité de la nation française passe à mes yeux par une relative continuité de peuplement. Ce qui n'exclut pas l'accueil, dans le respect et dans des conditions décentes, d'un nombre raisonnable d'immigrés.
(1) http://www.philippebilger.com/blog/2010/03/eric-zemmour-ou-le-trublion-officiel.html
(2) http://gonnot.over-blog.com/article-1392958.html (il reste apparemment quelques membres de l'UMP attachés à la France)
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