2015: quelles perspectives?
Tout d'abord, je souhaite une bonne et heureuse année à mes lecteurs. Je n'ai pas été très productif en 2014, pour différentes raisons parmi lesquelles l'impression d'une actualité morne et tristement redondante, et la fréquentation du blog s'en est ressentie. Ce dernier peine à atteindre les 200 visites mensuelles et les commentaires se font rares. Mais que n'a-t-on déjà dit sur l'incompétence du Président de la République, sur l'incurie des dirigeants socialistes (et la médiocrité des autres), sur le spectacle assez lamentable qu'offre notre démocratie qui se prétend exemplaire ? Que n'a-t-on pas écrit sur l'expansion de l'islamisme qui recrute jusque dans les campagnes françaises ? Qu'y a-t-il à dire de plus sur la crise économique et les conséquences néfastes de la monnaie unique pour la France (comme pour la Grèce, l'Italie et d'autres) ? Depuis plusieurs années, je n'ai cessé de dénoncer les fléaux conjugués de l'immigration, de la montée de l'islam et du communautarisme, de la construction européenne, de la régionalisation, qui toutes sapent lentement mais sûrement les fondements de la nation française, de son unité et de son identité. Au bout d'un moment, on finit par se répéter et la lassitude vous gagne. Le découragement aussi, je l'avoue. Car que faire ? Nous savons tous qu'écrire des articles sur un blog ne change pas le monde. Mais surtout une question lancinante me taraude depuis quelques temps : et si j'avais perdu ? Et si la France que je défends n'existait déjà plus ? On peut évidemment disserter longuement sur le charme des causes perdues. Je confesse qu'il m'est difficile de lutter sans le moindre espoir, je n'ai sans doute pas l'âme assez romantique. Or l'espoir, je n'en ai plus guère, pour mon pays s'entend, car j'ai la chance, dans le domaine privé, de connaître un bonheur que je souhaite à tout le monde. J'ai déjà eu l'occasion de le dire : si je suis heureux en tant que particulier, je suis malheureux en tant que citoyen et en tant que Français. La France est pour moi une chose très importante, trop importante peut-être, et voir mon pays dans l'état dans lequel il se trouve me tourmente cruellement. Finalement, il ne faudrait pas être patriote puisque aimer passionnément son pays rend malheureux. Ma passion pour la France, je n'y peux rien cependant, je ne crois même pas que je puisse l'expliquer. Je n'ai pas grandi dans un milieu particulièrement « patriote », on ne parlait pas plus que cela de la France à la maison et le moins qu'on puisse dire est que mon parcours professionnel m'a plutôt immergé dans un milieu hostile à l'idée de nation et de patrie. Je ne me souviens pas avoir eu un ami véritablement « patriote » ou « nationaliste ». Cet attachement viscéral à la France est pour ainsi dire irrationnel. Ce qui m'attriste, outre l'état de la France, c'est un terrible sentiment d'impuissance. J'ai l'impression de n'avoir rien fait, rien su faire, pour éviter le désastre. Et se dire que peut-être je n'ai rien pu faire, que peut-être il n'y avait rien du tout à faire n'est pas une consolation. Je suis né trop tard dans un monde que je n'arriverai jamais à aimer. J'assume d'être un réactionnaire, un conservateur, un nostalgique. Il m'est devenu indifférent d'être ringard. Je ne changerai pas de ligne politique, mais j'ai compris, l'âge venant, ce que je refusais d'accepter pendant des années : ma défaite, politique et idéologique. Il n'y a pas de place, sur l'échiquier politique, pour les idées que je défends, et que je continuerai à défendre pour des raisons de cohérence intellectuelle et de « fidélité aux valeurs » comme on dit.
La fin d'un monde
Passionné d'histoire ancienne, il est une période de l'Antiquité qui m'a toujours fasciné : la fin de l'empire romain d'Occident et de sa civilisation aux IV° et V° siècles de notre ère. Voilà l'exemple parfait d'un monde qui s'effondre : politiquement, le monde romain éclate en plusieurs royaumes dominés par des chefs de guerre d'origine barbare ; socialement, et à des degrés divers, les villes s'étiolent et avec elles la civilisation urbaine qu'elles avaient produites durant le haut empire, on passe d'un monde urbain à un monde plus rural, déjà médiéval à certains égards ; intellectuellement, la philosophie antique et le paganisme foisonnant laissent la place à une culture chrétienne de plus en plus intolérante et hostile au rationalisme philosophique. Les derniers païens m'ont toujours beaucoup intéressé. Je me suis souvent demandé comment ils avaient vécu la fermeture des temples, l'interdiction des sacrifices, la fin des processions publiques. Le changement n'était pas seulement religieux : le paganisme gréco-romain était une religion profondément civique et familiale, et la fin d'un tel culte entraîne nécessairement un bouleversement des mentalités, du rapport à la famille, du rapport à la cité et au politique, et pas seulement à la divinité. La conception même du monde s'en trouve transformée, car le polythéisme échappait pour une grande part au manichéisme inhérent à tous les monothéismes (mécréants/croyants, hérétiques/orthodoxes, enfer/paradis...). Je pense que certains païens, notamment parmi ceux qui étaient cultivés, ont compris qu'ils vivaient la fin d'un monde, un monde qu'ils avaient créé et dominé et qui laissaient place à un autre. Et dans ce nouveau monde, ils n'avaient plus leur place, ils étaient les reliquats d'un passé que le christianisme triomphant voulait effacer. Pour quelques uns d'entre eux, notamment en Orient (où pourtant le modèle impérial s'est maintenu) à la fin du V° siècle et au début du VI° siècle, avant les grandes persécutions de Justinien, lorsqu'il devint évident que le polythéisme traditionnel avait perdu même s'il survivait ici ou là discrètement, la société dans laquelle ils évoluaient devait leur sembler bien déprimante. Au fond, ils étaient devenus étrangers dans un monde que leur culture avait façonné.
Eh bien, toute proportion gardée, je me sens comme les derniers païens de l'empire romain finissant, le dernier représentant d'une civilisation à l'agonie. Je me sens profondément Français, dans un monde où cela est devenu démodé, où chacun préfère se réclamer de sa région, d'un autre pays, de la citoyenneté européenne ou du monde. Aujourd'hui, être Français ne veut plus rien dire, lorsque l'on voit des enfoulardées défiler avec des banderoles sur lesquelles on peut lire : « nous sommes des Françaises comme les autres ». Non, être Français, ça n'a jamais été cela. Je suis blanc, dans une société qui se veut colorée et qui passe son temps à valoriser les « minorités visibles » et la diversité. Je suis un Français de souche dans une France où tout un chacun est prié de se vanter de ses origines immigrées et de son métissage. Je suis de culture catholique dans un pays où l'islam est devenu à la mode, ainsi que différents cultes qui n'ont d'autre mérite que d'être exotiques (je pense au bouddhisme plébiscité par certains milieux bobos). En bref, je suis devenu étranger dans mon propre pays, parce que je représente une France « traditionnelle », blanche, catholique, issue du monde rural, et que cette France-là, tous les gens qui comptent s'échinent à la détruire et même à nier son existence. La France ? Un pays ouvert sur l'Europe et le monde, un finisterre sur lequel se succèdent des vagues de migrants depuis le néolithique, une terre naturellement cosmopolite, bariolée et bigarrée depuis la nuit des temps. Un pays qui doit tout à l'immigration... puisque nous sommes « tous fils d'immigrés », n'est-ce pas ? Je serai très curieux de savoir si les Turcs ou les Arabes du Maghreb se considèrent, en Turquie et au Maghreb, comme des immigrés. Je prends ces exemples à dessein, car les Arabes hilaliens se sont installés à partir du X° siècle en Afrique du Nord, et les Turcs n'ont colonisé l'Anatolie qu'à partir de la fin du XI° siècle (et pas avant le XIV° siècle pour la partie occidentale). Pourtant, il ne me semble pas que les Maghrébins ou les Turcs soient disposés à partager leur terre avec des gens venus d'ailleurs... Il suffit de rappeler comment les Turcs ont chassé les Grecs d'Anatolie (présents depuis 3 000 ans, bien avant eux donc) et de quelle manière les Algériens ont expulsé leurs « immigrés » européens. Apparemment, il n'y a qu'en France que nous sommes « tous des immigrés », alors que mes ancêtres vivaient probablement ici bien avant que les Turcs ne mettent les pieds en Anatolie. Mais il est vrai que la France a la chance de posséder des charlatans comme Gérard Noiriel, Patrick Weil, Pascal Blanchard, Pap Ndiaye [1] ou François Durpaire [2], des soit-disant « historiens » de l'immigration qui vous expliquent sans rire que la France est un pays qui s'est entièrement construit grâce à l'immigration, comme les États-Unis. On se demande quand même qui sont les Sioux et les Cherokees et s'ils subiront le même sort...
Certains pays disparaissent brutalement, à la suite d'une défaite ou d'une invasion. Ce fut le cas par exemple de l'empire aztèque, de l'empire perse sassanide ou encore du royaume wisigoth d'Espagne. La France ne semble pas devoir disparaître ainsi. D'ailleurs, quand j'écris « la France se meurt », encore faut-il savoir de quoi on parle. Car la France est une réalité qui recouvre plusieurs choses : la France est un territoire, une nation et une République. Je ne pense pas que la France soit destinée à disparaître comme territoire, du moins pas dans l'immédiat. Je ne crois pas tellement à l'avènement d'un véritable État européen, mais le danger de sécessions régionalistes n'est pas à sous-estimer, même s'il est plus pressant dans d'autres pays d'Europe, comme la Belgique ou l'Espagne. Quant à la République, mot dont tout le monde se gargarise, elle subsistera, mais vidée de son contenu originel hérité de 1792, 1848 ou 1870. La nation m'inquiète bien davantage (ce qui est logique pour un nationaliste) : je pense en effet qu'elle est moribonde. Il n'y a plus de nation française, parce qu'il n'y a plus véritablement en France de communauté humaine unie par une culture, une histoire, un récit national. Il n'y a plus que des tribus de victimes dont le point commun est la haine et le rejet de la France, justement. On est très fier paraît-il de notre gastronomie française, mais cette gastronomie, quelle est-elle ? Doit-on y inclure les spécialités à base de cochon, par exemple, quand tant de Français modèles n'en consomment pas ? Doit-on y inclure le foie gras dont la fabrication choque tant les amis des bêtes, voire la viande tout court qui fait horreur à l'engeance végétalienne ? A contrario, le kebab et la pizza ne seraient-ils pas plus emblématiques de la cuisine hexagonale, quand on voit le nombre de restaurants qui proposent ces spécialités « bien de chez nous » ? Les partisans de l'immigration, de la diversité, du métissage ont brouillé l'identité nationale, et le résultat logique est une déliquescence de la nation. Non, les Turcs, les Maghrébins, les Subsahariens et d'autres qui prétendent vivre ici selon leurs coutumes ne sont pas et ne seront jamais mes compatriotes et je me fiche pas mal de savoir s'ils ont la nationalité française. Une nation dont l'identité se limite à un bout de papier n'est plus une nation. D'ailleurs, il est intéressant de constater que de jeunes Français sont prêts à mourir pour l'islam, pour la Russie, pour la Nature... mais pour la France, jamais. Avez-vous déjà vu les affiches ou les spots pour les campagnes de recrutement de nos forces armées ? Il n'est jamais question de la patrie, de la nation, ni même de la France : il s'agit de « s'accomplir soi-même », d'avoir un boulot intéressant et stimulant, de bosser en équipe et d'aider « les autres ». Servir son pays ? Mais vous n'y songez pas, c'est ringard. La France a cessé d'exister comme nation, et ce faisant notre pays a perdu son âme, ce qui faisait sa spécificité. La France n'est plus qu'un guichet pour les allocations et les réparations pour les offenses commises. Mais dans ces conditions, au nom de quoi peut-on exiger la « solidarité nationale » ? Pourquoi mes impôts serviraient-ils à soigner et à aider des gens avec lesquels je n'ai rien en commun, sinon un vulgaire bout de papier ? Le sens du « nous » collectif pour désigner les Français m'échappe. Et, par la force des choses, par défaut pourrait-on dire, je me sens renvoyer à une « communauté », celle des blancs autochtones chrétiens.
Le problème est qu'on nous donne le choix entre le repli et une « ouverture à l'Autre » qui consiste à accepter tout et n'importe quoi, à permettre à l'Autre de nous polluer l'espace public en affichant ostensiblement son identité et sa différence. Dans le même temps, le Français natif est prié de se faire discret et surtout de ne rien imposer à l'immigré qui lui fait l'honneur de sa présence. Dans ce contexte, je suis désolé mais je choisis le repli. Ce faisant, j'ai bien conscience d'adopter une posture de plus en plus « identitaire ».
François Hollande : éloge de l'impuissance
Au soir de la Saint-Sylvestre, j'ai omis d'écouter notre Président. Mais apparemment, je n'ai pas perdu grand-chose. De l'aveu même des journalistes, le discours ne contenait aucune annonce. En fait, François Hollande s'est contenté de répéter le mantra habituel : « c'est dur, c'est la crise, vous souffrez, mais nous allons nous en sortir, continuez à espérer ». C'est là le discours d'un prêtre, pas d'un chef de l’État. Le pacte de responsabilité, tout comme la loi Macron, ne servira pas à grand-chose. Croire qu'il suffit, par exemple, d'ouvrir les magasins le dimanche pour relancer la croissance, c'est ridicule [3] : croyez-vous que les chômeurs et les précaires iront dépenser le dimanche l'argent qu'ils n'ont pas dépensé entre le lundi et le samedi, faute d'un revenu suffisant ? Quant à la question de l'emploi, les jérémiades lassantes des chefs d'entreprise sur « les charges qui nous écrasent » masquent le véritable problème : l'absence de croissance. Les patrons embaucheront lorsque l'activité sera repartie et que les carnets de commande seront pleins. Or ce n'est pas le cas. Par conséquent, les baisses de charges serviront au mieux à recréer de la trésorerie, et je prends les paris que dans six mois, le gouvernement accusera les patrons de ne pas avoir créé assez d'emplois, de ne pas avoir tenu parole. Mais les entreprises ne peuvent pas engager des salariés si personne n'achète leurs produits... Or nos produits sont trop chers, parce que l'euro est trop cher et plombe nos exportations. Mais voilà, pour dévaluer l'euro ou pour en sortir, il faut une « audace » qui fait cruellement défaut à François Hollande. Il est assez remarquable que ce président invoque cette vertu quand on sait qu'il est probablement l'homme le moins audacieux qu'on ait placé à la tête de la France depuis le début de la V° République. François Hollande pratique en réalité la « politique du chien crevé au fil de l'eau » comme le dit le blogueur Descartes. Je dois dire aussi que j'ai la nausée quand je vois nos ministres aller quémander l'approbation de leur politique à Berlin. Je suis indigné d'entendre Angela Merkel fixer les objectifs à atteindre pour la France (et les autres). Franchement, je ne suis pas sûr que Pétain se soit montré plus servile, et à l'époque il avait la circonstance atténuante d'avoir la Wehrmacht cantonnée sur notre sol ! La France est tombée bien bas.
Place au multiculturalisme et au communautarisme
Je dois ici faire mon mea culpa. J'ai longtemps pensé que la France multiculturelle qu'on nous vend à longueur de journée dans tous les média bienpensants n'existait pas vraiment, en dehors de quelques secteurs limités du territoire national. C'était une erreur, je le reconnais. La France est devenue très largement multiculturelle, c'est-à-dire que plusieurs cultures cohabitent sur notre sol d'une part, et d'autre part chacune de ces cultures est aujourd'hui considérée comme « française » par une grande partie de la population à part quelques irréductibles « fachos » dont je suis. Pour me rendre à mon travail, suite à une nouvelle affectation, je traverse matin et soir Bagdad City, sans mentir : les deux tiers des femmes que l'on croise dans ce quartier sont voilées. Il y a un centre commercial purement musulman : deux boucheries hallal, une boulangerie-pâtisserie maghrébine, une épicerie orientale, et tout cela presque en face d'un établissement scolaire de la République... islamique pourrait-on dire. Il est courant de croiser des barbus en gandoura, même s'ils ne sont pas majoritaires. C'est devenu la norme, et personne ne s'émeut. Dans ma propre rue, il y a une seule, je dis bien une seule famille musulmane, et pourtant c'est régulièrement le défilé des enfoulardées. Alors oui, je persiste et signe : les musulmans sont très envahissants. Je me sens mal à l'aise dans nos villes communautarisées. Le plus amusant (si je puis dire), c'est que dans ces quartiers où afficher son islam est devenu tristement banal, on assiste à une féroce compétition pour se démarquer : ainsi les Turques portent le foulard différemment, à leur manière ; parmi les jeunes, c'est à celle qui portera ce qui se rapproche le plus du niqab (mais avec le visage découvert, car je dois dire que je n'ai pas vu de voile intégral). On est dans la surenchère. A quand les femmes promenant des poussettes sur lesquelles flotteront fièrement le drapeau saoudien ou celui de l’État islamique (ce qui revient à peu près au même) ? Il est intéressant de constater que dans notre pays, nous sacralisons notre patrimoine – j'entendais encore aujourd'hui qu'un statut plus valorisant va être accordé à nos crémiers-fromagers qui défendent vaillamment « les saveurs de nos terroirs » – et dans le même temps ce patrimoine est nié au nom de la diversité et du multiculturalisme. Paradoxe ? Pas tant que cela si l'on songe que l'on muséifie ce qui, au fond, est en train de disparaître. On empaille la culture nationale, avant sans doute de l'offrir en trophée aux communautés issues de l'immigration.
Je n'ai jamais évoqué sur ce blog ce que l'on appelle, assez pompeusement d'ailleurs, « la théorie du Grand Remplacement ». Je pense que l'idée est assez juste, même si je préfère l'expression de « substitution de population ». Je ne crois pas que la France va devenir majoritairement musulmane, arabe ou subsaharienne dans les prochaines décennies, mais le poids démographique de ces populations va s'accroître, grâce à leur fécondité plus élevée que celle des populations européennes et grâce à l'apport de l'immigration qui va se poursuivre pendant encore plusieurs années. On peut d'ailleurs s'appuyer sur l'évolution des populations maghrébines et subsahariennes en France depuis les années 60 [4]. Dans mes classes, cette année, j'ai facilement entre un tiers et un quart d'élèves d'origine maghrébine, turque ou subsaharienne. Si l'on y ajoute les Caucasiens, les Asiatiques, les Portugais (et je parle là de Portugais fraîchement débarqués, pas des petits-enfants des immigrés des années 70) et quelques Européens de l'est, on atteint aisément la moitié de l'effectif, on la dépasse même dans certains groupes. Et je ne travaille pas dans la région parisienne ni dans une grande métropole régionale, mais dans une ville moyenne. Même dans les sous-préfectures et les bourgades de campagne, les communautés issues de l'immigration, tout particulièrement les musulmans qui sont aisément repérables, sont de plus en plus présentes, et avec elles les salles de prière, les kebabs, les commerces communautaires, etc. La France est en train de subir une mutation sans précédent et jusque dans les profondeurs du pays. Certains refusent le terme, le trouvant excessif, je suis prêt pour ma part à l'employer : oui, nous sommes colonisés. Sans guerre, sans violence de grande ampleur, sans véritable résistance, mais c'est bien à une colonisation de notre territoire que nous assistons. La France change de visage, c'est un fait. Je demeure résolument hostile à ce changement, mais je ne vois pas comment on pourrait interrompre ou inverser ce processus.
L'actualité fait écho à la fiction ces jours-ci. Il y a paraît-il un roman qui est en vogue dans les milieux d'extrême droite : Le Camp des saints de Jean Raspail, que je n'ai pas lu. D'après Wikipédia, le texte conte l'arrivée d'une flotte d'immigrés miséreux en provenance du tiers-monde qui s'échoue sur les côtes du sud de la France. Le roman tourne apparemment autour des questions suivantes : faut-il accueillir ces pauvres gens au nom des droits de l'homme ou faut-il les rejeter à la mer pour préserver notre civilisation ? Que faire face à une invasion pacifique de gens fuyant la pauvreté, la guerre ou la dictature ? Eh bien nous y sommes : en une semaine, l'Italie secourt son quatrième cargo « abandonné » en Méditerranée avec à son bord des centaines d'immigrés clandestins. Et déjà les représentants du milieu associatif immigrationniste montent au créneau pour exiger que les pays d'Europe, dont le nôtre, accueillent « dignement » ces gens qui fuient l'innommable. Je précise que ces gens sont des Syriens pour la plupart. Si certains gouvernements que je ne nommerai pas n'avaient pas bêtement soutenu les « rebelles » hostiles à Bachar El-Assad, on n'en serait peut-être pas là. Nous sommes sommés de faire une place à ces pauvres gens. Et ne demandons pas aux immigrationnistes patentés de réfléchir au coût social, économique et culturel de cette générosité. L'humanisme larmoyant est devenu un dogme, l'immigré une figure christique sacrée. Ne vous avisez pas de remettre en cause la politique d'accueil.
Sommes-nous encore en démocratie ?
Je me posais cette question il y a quelques jours en écoutant à la radio un prétentieux qui nous expliquait que « la légitimité politique en France est de moins en moins détenue par les élus de la nation, et de plus en plus par les associations citoyennes qui portent véritablement les aspirations des gens ». Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que le sieur en question était lui-même un chef associatif. Pourtant, ce qu'il énonçait avec une certaine honnêteté est très vrai. La France est de plus en plus, sinon gouvernée, du moins bloquée systématiquement par les associations, et tout particulièrement les associations écologistes et antiracistes. Les premières sont capables d'arrêter les grands chantiers du pays, alors même que ceux-ci ont été décidés dans le respect des procédures démocratiques. Les secondes se réservent le droit d'ostraciser tel ou tel personnage en se livrant à de fantastiques campagnes de dénigrement : récemment, elles ont réussi à faire virer Eric Zemmour, à annuler des séances de dédicace, etc. Ce milieu associatif n'a pas véritablement de projet constructif, mais il détient un pouvoir de nuisance considérable, parce que la minorité d'activistes qui le composent reçoit le soutien plus ou moins tacite de catégories sociales qui détiennent une influence certaine : personnalités du showbiz, intellectuels bienpensants, potentats médiatiques, syndicats (notamment les syndicats enseignants et étudiants), partis politiques de gauche et d'extrême gauche. Leur capacité à mobiliser et à médiatiser leurs actions est remarquable. Leur propension à inverser les rôles (en faisant passer la police pour une milice fasciste ou l'élu inflexible pour un despote) aussi. Face à cette nouvelle forme de tyrannie, que peuvent les élus de la nation ? Pas grand-chose, d'autant que pour tirer sa légitimité de la nation, encore faudrait-il qu'il y en ait encore une, une nation. Et on peut émettre des doutes...
Le Front National, un faux espoir ?
J'évoquerai pour terminer le FN. Certains patriotes, certains nationalistes voient dans ce parti notre salut. J'ai quant à moi de sérieux doutes. D'abord, contrairement à ce que l'on entend parfois, le FN est encore loin, très loin du pouvoir. Ensuite, j'aurais tendance à penser que le FN est le chant du cygne de notre nation. Oui, le FN est le seul grand parti à oser parler de nation et de patrie... mais il séduit moins de 25 % des électeurs ! Et l'on voit bien que pour monter, les frontistes vont devoir tôt ou tard s'ouvrir et composer avec les « communautés ». Cela commence déjà d'ailleurs, avec le récent ralliement d'un chef associatif homosexuel. Avec le poids grandissant des populations issues de l'immigration, le FN ne pourra pas prospérer éternellement en défendant l'identité française traditionnelle. Comme les partis de droite du monde anglo-saxon, le FN, s'il veut parvenir au pouvoir, devra de plus en plus séduire l'électorat de la « diversité », en particulier les musulmans, mais pas seulement. Les populations issues de l'immigration extra-européennes ne sont sans doute pas prêtes d'être majoritaires, mais elles seront – elles sont déjà – incontournables sur l'échiquier électoral, et il deviendra bientôt impossible de se faire élire sans leur appui. Les communautés immigrées auront les moyens de faire bien des élections locales, mais peut-être aussi nationales, à l'avenir. Et dans la France multiculturelle qui s'est construite depuis la fin du XX° siècle, un parti qui entreprendrait de défendre l'identité et la culture des blancs autochtones est condamné à végéter.
Je ne cache pas mon pessimisme pour l'avenir de la civilisation française. Le mot « France » peut perdurer, mais il risque bien de désigner, avant la fin de ce siècle, quelque chose qui n'aura plus rien à voir avec la signification qu'il a lentement acquise au cours des mille dernières années. Je trouve cela dommage. Mais après tout, si une majorité de Français s'accommode que la France ne soit plus qu'un parc multiculturel, un pays d'apatrides qui n'ont en commun que de faire la queue au même guichet de sécurité sociale et d'allocations... Pour les autres, les temps s'annoncent difficiles.
[1] Dont j'ai déjà évoqué la « rigueur scientifique » dans cet article.
[2] A l'origine, parmi d'autres, d'un « appel » que j’avais commenté.
[3] Sujet évoqué dans cet article.
[4] Je m'étais essayé à quelques calculs livrés sous forme de tableau dans cet article.
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