Nationaliste Social et Ethniciste

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L'Europe, la crise et les politiques

 Les citoyens français ont tout intérêt à être attentifs et vigilants durant la période qui s'annonce. Un temps ébranlé par la crise, le Saint Empire Européen se montre plus coriace que je l'imaginais. Oui, je le confesse, j'avais enterré l'UE un peu vite. J'avais oublié qu'une grande partie des élites nationales sont tout acquises au projet européen. C'est leur projet, celui qu'ils ont bâti contre l'avis des peuples, et dont ils s'efforcent de prouver l'inéluctable nécessité. Nous le répétons ici: en démocratie, il n'y a ni fatalité ni destinée inexorable, il n'y a que la volonté du peuple souverain. J'appelle tous les citoyens français attachés à la démocratie à méditer cela et à écouter comment la construction européenne nous est imposée par les dirigeants.

 

L'UE profitera-t-elle de la crise?

Ce pourrait bien être le cas, et je dois avouer ici ma profonde consternation. Que prouve la crise qui nous assaille depuis des mois? Elle prouve l'échec du projet européen, sa faiblesse intrinsèque et elle balaie tous les mensonges rassurants et toutes les affabulations optimistes qu'on nous a répétés à l'envie depuis près de deux décennies. Le marché commun, l'euro, l'élargissement, le libre-échange et la dérégulation devaient nous faire voguer sans incident vers le paradis de la croissance, de la prospérité et du plein emploi, le tout dans un système social de haute qualité. Voilà ce qu'on nous racontait dans les années 90, souvenez-vous. Et maintenant? L'Europe n'a en rien pu empêché ni même atténué le désastre, contrairement à ce que les européistes fanatiques tentent de nous faire croire. Les pays hors de l'UE ou de la zone euro ne s'en tirent ni mieux ni plus mal. Je ne me fais pas d'illusion: je me doute que la crise frapperait dur même si la France était hors de l'UE. Mais l'important n'est pas là, l'important est que la réalité de la crise invalide de fait tous les arguments malhonnêtes qui servent depuis si longtemps à « vendre » le projet européen à une opinion réticente. Tout ce que la France a consenti en terme de sacrifice de souveraineté n'a servi à rien: on nous parle de rigueur, d'austérité (en évitant ces mots, bien sûr), de déficits record, de coupes sombres dans le budget des services publics, de « réforme » de notre système social (comprenez « liquidation progressive des privilèges incongrus acquis par la société française »). On nous demande encore des efforts. Nous n'avons pas fini d'en faire, des efforts. Pour résorber la crise (et en préparer une autre, c'est presque évident), la commission européenne pourra emprunter de l'argent. A moins d'être stupide, il faut comprendre que les Français n'auront plus seulement à rembourser le dette française, mais aussi une partie de la dette européenne. Belle perspective d'avenir pour la grande idée européenne!

 

Un de mes élèves m'a interrogé en ces termes: « Comment le gouvernement trouve-t-il des milliards pour aider les Grecs, alors qu'il n'y a pas d'argent pour la France? ». J'ai bien été obligé de lui répondre que je n'en savais rien. Certes, cet argent est prêté à la Grèce, et non donné, mais pour prêter de l'argent, en général il faut en avoir... Or la France n'en a pas, dixit le premier ministre. Par conséquent, une conclusion logique s'impose: la France emprunte de l'argent pour ensuite le prêter à la Grèce... Et comme le gouvernement français n'est pas fou, il prête évidemment à un taux supérieur à celui auquel il emprunte. Je ne suis pas sûr que le mot « solidarité » soit le plus approprié pour qualifier cette attitude. D'autant que si cet argent est versé à la Grèce dans l'espoir qu'elle honore ses contrats passés avec l'industrie d'armement française, on frise le cynisme le plus abject. Mais ce sont des rumeurs et je me garderai d'affirmer quoi que ce soit avec certitude, n'en ayant moi-même aucune sur la question. Ajoutons que le beau projet de fonds européen, doté en théorie de plusieurs centaines de milliards d'euros, appelle les mêmes questions: l'argent tomberait-il du ciel à Bruxelles? Il faut que je déménage vite, d'autant que la ville est francophone, du moins pour quelques temps encore. Il est clair qu'en plus d'une part de la dette européenne, la France verra certainement sa contribution européenne augmenter, de quoi creuser un déficit déjà abyssal comme ne manque pas de le rappeler notre sympathique premier ministre, grand fossoyeur de l'Etat devant l'éternel.

 

Le schéma commence à être bien rôdé en période de crise: d'abord une cacophonie confinant au chaos. Chaque pays membre de l'UE se replie, assez logiquement d'ailleurs, sur ses intérêts nationaux: rappelons en effet que les gouvernements nationaux sont là précisément pour défendre les intérêts de leur nation, certains tendent à l'oublier. Dans un deuxième temps, c'est la concertation à tout va, la réunionite aiguë, l'inflation des consultations informelles. En général, la montagne accouche d'une souris: de grandes et belles déclarations, volontaristes à souhait, une unité de façade affichée de manière trop tapageuse pour être vraie. En coulisse, chacun campe sur ses positions et ses « maudits » intérêts nationaux. Au passage, quelques chefs d'Etat en profitent pour travailler leur stature, nationale et peut-être européenne. Puis, dans un troisième temps, arrivent les propositions qu'on sent directement inspirées par les technocrates du Saint Empire, avides de reprendre la main et d'exploiter la situation pour pousser un peu plus vers l'avant la construction de la grande Europe fédérale dont on rêve dans les officines de Bruxelles et du Parlement de Strasbourg (et aussi un peu dans les studios d'Arte). La dernière proposition en date est d'une remarquable audace: faire examiner les budgets des États par la commission européenne avant même qu'ils le soient par les Parlements nationaux. En d'autres termes, il s'agit d'imposer une tutelle budgétaire supra-nationale. Le plus remarquable est que la commission, garante de l'orthodoxie budgétaire, est l'une des responsables du désastre économique et social qui se profile en Europe, du fait de sa politique toute faite de dérégulation, de « concurrence libre et non-faussée » et de législation taillée sur mesure pour les grandes entreprises et les détenteurs de capitaux. Et on entonne le petit refrain de la fraternité européenne pour faire gober tout cela aux citoyens! Il est vraiment temps de se réveiller. Quelques députés français daignent s'offusquer. Peut-être devraient-ils déjà se demander s'il est normal que 75 % des lois votées par le Parlement français soient de simples transpositions de directives européennes dans le droit français. Ceux qui protestent aujourd'hui, sauf exception, ne se sont pas indignés lorsque le Parlement est devenue une simple chambre d'enregistrement des oukases bruxellois.

 

Ce nouveau transfert de souveraineté affaiblira un peu plus la République française, et les Français n'y gagneront rien. A la prochaine crise, les euro-technocrates réclameront de nouvelles prérogatives, démontrant par là qu'ils sont parfaitement incapables de concevoir des politiques qui protègent les peuples. Finissons-en avec cette mascarade. Je me refuse à violer l'intégrité territoriale de la Belgique, mais ne serait-il pas possible de dynamiter le Parlement de Strasbourg?

La vérité est que les acteurs des marchés se moquent bien de la « gouvernance européenne ». Ils l'ont montré après que les chefs d'État aient annoncé leur soutien sans faille à la Grèce et à l'euro: après une brève euphorie, la spéculation est repartie de plus belle au bout de deux jours! L'UE et nos dirigeants sont publiquement humiliés. On voit bien qui fait la loi: les banques et les spéculateurs. Ni les euro-technocrates ni les fringants dirigeants des États membres ne les impressionnent. Quelle belle puissance européenne! Et on veut nous faire croire qu'il faut poursuivre dans cette voie sans issue...


Et les politiques?

A priori, on pourrait penser que les politiques pâtissent de la crise plus qu'ils n'en profitent. Certes, il est difficile d'être populaire lorsque le marasme économique s'impose. Toutefois, la crise ne dessert pas nécessairement les intérêts de ceux qui sont habiles.

 

Nicolas Sarkozy, après avoir peut-être songé à jeter l'éponge en 2012, est clairement sur les rangs pour se succéder à lui-même. De sages conseillers lui ont fait comprendre que la popularité monte quand on se tait. D'autant que le président avait une nette tendance à se contredire à six mois d'intervalles. Ensuite, Nicolas Sarkozy a beaucoup annoncé mais n'a fait que des mesurettes, dont la plus célèbre demeure le fameux bouclier fiscal symbolisé par le chèque de 200 000 euros que reçoivent annuellement de riches contribuables. Réaliser un coup pareil à la veille d'une crise effroyable, c'était très mal jouer. La redoutable réforme des retraites approche, et on connaît la chanson: des sacrifices, encore et toujours des sacrifices, il faudra travailler plus longtemps et peut-être pour des retraites moins confortables! Nicolas Sarkozy va sans doute éviter de se mettre en première ligne, il laissera François Fillon prendre les coups et assumer l'impopularité d'une réforme « nécessaire ». Ayant montré son incompétence sur le plan national, le président tente de regagner du prestige sur la scène européenne: il a joué un rôle majeur dans les négociations sur la crise grecque, allant jusqu'à renoncer à se rendre à Moscou participer aux commémorations du 8 mai 1945, alors que la chancelière Angela Merkel y est allée et je crois qu'elle a eu raison. Mais Nicolas Sarkozy a préféré jouer au patron européen, alors même que l'Allemagne est la banque de l'Europe. Le journaliste Alain Duhamel est allé, sur France 2, jusqu'à poser l'hypothèse que Nicolas Sarkozy serait intéressé pour l'avenir par le poste de président de l'Europe. Il est vrai que l'on n'est pas élu à ce poste. Par conséquent, l'impopularité n'est pas un handicap. Mais avec un tel personnage, autant enterrer tout de suite la nation et la démocratie. Nicolas Sarkozy a bien montré qu'il se moquait de la démocratie en faisant adopter l'inique Traité de Lisbonne, copie conforme du TCE rejeté par une majorité de citoyens français. Et la gauche a participé à cette infamie. Dire que les députés se plaignent ensuite d'être montrés du doigt par leurs concitoyens...

 

Christine Lagarde s'est déclarée favorable au contrôle des budgets nationaux par la commission, prouvant ainsi le ralliement tacite de Nicolas Sarkozy à une ligne euro-fédéraliste. C'était à prévoir puisque les élites libérales sont depuis longtemps acquises au projet européen à tel point qu'il est devenu leur projet, et uniquement le leur. Christine Lagarde est la femme des milieux d'affaires, des requins de la finance qui ruinent méthodiquement les économies nationales et sacrifient des millions d'emplois au nom d'un seul mot d'ordre: le profit immédiat et colossal. C'est à peu près le seul point sur lequel je suis d'accord avec le NPA du révolutionnaire d'opérette Besancenot. Quoi qu'il en soit, les élites libérales et leurs valets politiques tentent depuis quelques temps d'imposer une « gouvernance économique européenne » qui leur serait naturellement favorable, prélude à une structure politique continentale et supra-nationale dont le rôle est déjà connu: accompagner la mondialisation (c'est-à-dire se mettre au service exclusif des grands intérêts capitalistes européens). Et bientôt, il faudra une gouvernance euro-atlantique avant de passer sans doute à une gouvernance mondiale, tout cela dans le mépris des principes les plus élémentaires de la démocratie, puisque la mondialisation, rappelons-le, est une fatalité, un processus inéluctable, les peuples n'ayant plus qu'à se taire, à subir et à faire les sacrifices qu'on exige d'eux sans poser de question. Voilà comment Mme Lagarde défend les intérêts de la nation française. Il est certain qu'avec de tels serviteurs, notre République est promise à un avenir des plus sombres.

 

Il faut d'ailleurs savoir que la mondialisation touche aussi l'enseignement: ainsi, le fameux « socle commun de connaissances et de compétences » qui se met en place en primaire et au collège n'est rien d'autre qu'un mode de production (désolé de l'expression) d'une main-d'œuvre flexible et inter-changeable à échelle mondiale. Bien sûr, le projet se pare des meilleures intentions du monde, à savoir valoriser les élèves faibles et raccrocher ceux en difficulté. Ces aspects sont positifs. Il n'empêche que lorsqu'on se renseigne un peu, on s'aperçoit que le socle commun est appliqué simultanément en Europe, Amérique du Nord et Amérique du Sud. De plus, l'objectif est clairement de donner en priorité aux élèves la capacité d'acquérir des compétences, et non d'accéder à la culture nécessaire à tout citoyen éclairé. On va nous demander de fabriquer des individus-machines capables d'apprendre rapidement à exécuter une tâche, quelle qu'elle soit. L'intérêt? Posséder demain un vivier de travailleurs adaptables à toute sorte de métier et de besogne. Tous les grands pontes de l'Éducation nationale, les inspecteurs, les experts en science de l'éducation pourront bien jurer que ce que j'écris là n'est qu'affabulation, les directives que nous recevons et les propos même qui sont tenus lors de réunions ou de formations laissent transparaître la véritable nature du socle commun: la liquidation pure et simple de la culture humaniste (bien qu'une des compétences ait reçu ce nom) au profit d'un apprentissage utilitariste, seul nécessaire à la mondialisation capitaliste. Parenthèse fermée.

 

L'autre homme politique français qui semble profiter de la crise est Dominique Strauss-Kahn, DSK pour les intimes (ce qui rappelle JFK et n'est pas de très bonne augure pour lui, passons). DSK est le très respecté patron du Fonds Monétaire International (FMI), cet organisme philanthropique qui promeut l'orthodoxie budgétaire partout dans le monde, offrant son aide aux pays en détresse en échange du démantèlement des services publics et des politiques sociales. DSK profite de la crise pour peaufiner sa stature de présidentiable, lui qui côtoie les grands de ce monde. Plus prosaïquement, la crise fait aussi oublier ses aventures extra-conjugales qui un temps défrayèrent la chronique. Échanger Nicolas Sarkozy contre DSK en 2012, quel intérêt? Aucun. Mêmes objectifs, mêmes intérêts, mêmes politiques, à peu de chose près. DSK avait un portrait de Jaurès dans son bureau, voilà bien la seule chose qui permette de le classer à gauche. Ajoutons que DSK sera privé d'un soutien de poids: celui de Julien Dray qui déclara il y a peu à la télévision qu'en France, un candidat d'origine juive avait très peu de chance d'être élu, sous-entendant ainsi que notre pays est antisémite. Rappelons que la France accueille sur son sol la plus grosse communauté juive d'Europe (près de 500 000 personnes) ainsi que la plus grosse communauté musulmane du sous-continent. Pour un pays antisémite et islamophobe, ce n'est pas si mal!


Conclusion

Plus que jamais les Français doivent se dresser contre le projet européen, impérial et antidémocratique. Nous avons consenti trop de transferts de souveraineté pour un gain quasi-nul. Assez de mensonges! Assez de capitulations! Seul un gouvernement national contrôlé par le seul peuple souverain pourra défendre nos intérêts. Il n'y a rien à attendre des institutions européennes. A Bruxelles ou à Strasbourg, on confère plus souvent avec des chefs d'entreprise ou des lobbyistes qu'avec des citoyens.

Quant aux politiques, certains profitent de la crise pour tenter de se mettre sur orbite présidentielle. Pourtant, la crise n'est-elle pas, en partie du moins, le résultat de leur incapacité à peser réellement sur le cours des choses?



22/05/2010
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