Nationaliste Social et Ethniciste

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Ukraine: les conséquences d'un désastre

Il y a des moments où on a l'impression que le monde devient fou, et que ses dirigeants adoptent une attitude déraisonnable. A moins que, sidérés par le cours des événements, ils se sentent incapables d'agir pour stopper l'engrenage infernal dans lequel leur propre légèreté nous a jetés. Et, au risque d'être traité de "prorusse", je ne suis pas sûr que Vladimir Poutine soit le plus fou ni le plus déraisonnable des grands de ce monde.

 

Faisons d'abord un point sur la situation militaire: les Ukrainiens sont passés à l'offensive ces dernières semaines, peut-être pour marquer quelques points avant l'arrivée de l'hiver. Nos médias claironnent que l'armée ukrainienne a remporté d'éclatants succès, que les Russes sont "en grande difficulté" et qu'il s'agit d'un tournant dans la guerre. Il y a des raisons de penser que le constat est exagéré, et que la propagande n'est pas l'apanage du gouvernement de M. Poutine. Dans une de ses vidéos, la chaîne youtube Terra Bellum, qui paraît solide en matière géopolitique, stratégique et militaire, estime que les succès ukrainiens doivent être relativisés. A Kharkov, les Ukrainiens ont bel et bien avancé et libéré une partie de leur territoire mais, s'ils semblent avoir rencontré assez peu de résistance, ce serait moins à cause de la couardise des soldats russes que du choix stratégique du commandement russe de procéder à un repli sur une ligne de défense plus aisée à tenir. D'ailleurs, rien n'indique que les Russes aient subi de lourdes pertes dans la région. Certains glosent sur la quantité de matériel abandonné par l'armée russe, mais ne s'agirait-il pas de matériel qui n'était tout simplement plus opérationnel, trop coûteux à réparer ou à évacuer? Je n'en sais rien, mais je suis toujours étonné de voir des journalistes s'improviser experts militaires à partir de quelques photos et extraits vidéos... généralement fournis par le service de communication de l'armée ukrainienne, dont l'impartialité est évidemment indiscutable. Reste que le symbole est fort et Volodymyr Zelensky, en habile communicant, a su l'exploiter d'autant que les médias occidentaux ne demandent pas mieux que de tresser des lauriers aux forces ukrainiennes dont le courage est, j'en conviens, digne d'admiration. Voir des journaux "de gauche" applaudir des hommes qui défendent leur patrie, et dont certains sont des nationalistes purs et durs, ça ne manque pas de sel. Mais la percée près de Kharkov ne compense qu'en partie l'échec cuisant de l'autre offensive ukrainienne, celle dirigée contre Kherson où apparemment les Ukrainiens ont subi de très lourdes pertes face à un dispositif russe particulièrement efficace. Curieusement, nos journalistes ne s'épanchent pas sur ce revers... On peut se demander si les Russes n'ont pas tout simplement choisi leurs priorités: Kharkov est trop difficile à prendre et ne constitue pas (ou plus) un objectif stratégique, tandis que conserver Kherson est vital, afin de sécuriser les communications avec la Crimée annexée en 2014.

 

Cette hypothèse semble d'ailleurs corroborée par les derniers développements politiques, à savoir l'annexion par la Russie, le 30 septembre, des quatre oblasts ukrainiens de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, une décision qui donne quelque crédit au fait que les autorités russes privilégient la constitution d'un "corridor" reliant le nord de la Crimée au reste de la Fédération de Russie. Le choix de Vladimir Poutine est lourd de conséquences: le dépeçage de l'Ukraine a officiellement commencé et ce n'est pas une bonne nouvelle. Autant la situation de la Crimée était particulière, puisque la majorité de la population était clairement favorable à un rattachement à la Russie, autant il s'agit à présent d'une conquête en bonne et due forme, "à la pointe de la lance". Comme je l'avais écrit dans un précédent article, il était pour moi devenu évident que les oblasts de Louhansk et Donetsk ne reviendraient probablement pas dans le giron ukrainien, car les tendances séparatistes sont réelles dans ces régions. Mais à Kherson et Zaporijjia, les choses sont différentes, et il n'y avait pas à ma connaissance de velléité sécessionniste. Soyons honnêtes: les référendums organisés dans ces quatre oblasts sont bidons, car une partie non-négligeable de la population a fui, tandis que la consultation est organisée par une force d'occupation qui ne contrôle pas la totalité de ces territoires. Cela ne veut pas dire que le sentiment prorusse n'existe pas dans la population mais, d'un point de vue juridique, il me paraît difficile de considérer les résultats comme valables. A mon sens, Vladimir Poutine commet une erreur en se montrant trop gourmand. Il a beau jeu de proposer un cessez-le-feu après avoir entériné des annexions auxquelles les Ukrainiens ne peuvent pas décemment consentir! Je pense - je me trompe peut-être - qu'il y avait un moyen de négocier la reconnaissance de l'annexion de la Crimée et la tenue ultérieure de référendums d'autodétermination dans les oblasts de Louhansk et Donetsk. Mais priver l'Ukraine d'un cinquième de son territoire et de 15 % de sa population est le meilleur moyen de rendre toute réconciliation impossible. On se souvient de ce que l'annexion de l'Alsace-Moselle par l'Allemagne a entraîné...

 

De cette situation dramatique, Vladimir Poutine et la Russie ne sauraient être tenus pour seuls responsables. Les Ukrainiens ont eu la naïveté de croire qu'ils pourraient, avec l'appui de l'Occident, se payer le luxe de rompre avec le voisin russe. A tous ceux qui clament haut et fort que l'Ukraine a le choix de ses alliances, je réponds ceci: qui peut croire que le Mexique, demain, pourrait conclure une alliance militaire avec la Chine ou la Russie sans que les Etats-Unis ne déclenchent dans les vingt-quatre heures une "opération militaire"? Les Américains ne manquent pas de toupet de reprocher aux Russes de faire ce qu'eux-mêmes n'hésiteraient pas à faire s'ils s'estimaient menacés. Je persiste à dire que cette guerre aurait pu être évitée, si l'OTAN n'avait pas cherché à tout prix à s'étendre au voisinage de la Fédération de Russie, si les Etats-Unis avaient daigné prendre en compte les inquiétudes légitimes exprimées à plusieurs reprises par Poutine, et si l'Union européenne n'était pas devenue otage de la russophobie maladive des Baltes et des Polonais. Après la chute de l'URSS, l'Occident, et tout particulièrement les Etats-Unis, a fait le choix d'humilier et de rabaisser la Russie. Cette politique a amené au pouvoir un Vladimir Poutine en Russie, provoqué un coup d'Etat en Ukraine en 2014 et mené à la guerre civile dans le Donbass d'abord, puis à l'intervention russe lancée en février 2022 et toujours en cours. Alors certains diront que Poutine est un sale type, un dictateur sanguinaire, un nationaliste, un ambitieux assoiffé de conquêtes. C'est possible, mais je continue à penser qu'avec davantage de prudence et de mesure, les Occidentaux - et nous Français tout particulièrement - auraient pu s'entendre avec lui. Malgré ses torts et ses défauts, je tiens Vladimir Poutine pour bien plus fiable qu'un Joe Biden, qui nous ressort l'éternel discours du Bien contre le Mal alors que son pays a semé le chaos, les haines et les rancoeurs depuis près de trente ans, dans les Balkans, au Moyen Orient, en Asie centrale.

 

La guerre en Ukraine est une guerre entre Russes et Américains. Et je plains les Ukrainiens car ils finiront par s'apercevoir qu'on n'est jamais gagnant à être les supplétifs des Yankees. Bien sûr, les Américains fournissent une aide précieuse en armes, en dollars et en renseignements... Mais tout cela n'est pas gratuit, et quand bien même les Ukrainiens l'emporteraient, ils devront d'une manière ou d'une autre accorder des contreparties à leurs "bienfaiteurs". Je comprends que dans le feu de l'action, et alors que l'existence même d'une Ukraine souveraine était menacée (au début du conflit), M. Zelensky ne se soit pas trop posé de questions. Mais, le temps passant, il devrait s'interroger sur le soutien intéressé que lui accorde l'Occident. Cette guerre dure parce que les Etats-Unis et leurs alliés ont décidé de la faire durer et, à la vérité, se moquent pas mal de l'Ukraine. Les reportages dégoulinant de compassion hypocrite ne doivent pas nous tromper: si les Ukrainiens sont écrasés, les Occidentaux s'en remettront. Les Etats-Unis pourront même se frotter les mains: une Russie diabolisée, mise au ban des nations, quelle aubaine! Des Polonais, des Baltes, des Roumains terrifiés et sagement domestiqués au sein de l'OTAN, une Europe pour longtemps soumise au bon vouloir de l'Oncle Sam. Je le redis: l'Ukraine n'est hélas qu'un pion aux mains des Américains. C'est terrible de dire cela, parce que chaque jour de braves soldats ukrainiens donnent leur vie pour défendre leur patrie.

 

La France a des ennemis. Et ses principaux ennemis, à mes yeux, sont les pays musulmans et leurs ressortissants qui colonisent notre sol, les Etats-Unis d'Amérique (dont la culture puritaine et le politiquement correct colonisent notre milieu intellectuel et artistique) et, dans une moindre mesure, la République Fédérale d'Allemagne qui use et abuse de la construction européenne pour affaiblir notre pays. Les musulmans n'ont pas grand chose à voir avec le conflit ukrainien, une guerre entre "blancs chrétiens". Cela étant dit, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, tout en ayant l'habileté de garder le contact avec Moscou, profite de l'engagement russe en Ukraine pour avancer ses pions dans le Caucase, en soutenant son allié azerbaïdjanais dans ses attaques contre l'Arménie. Or la Turquie est un pays musulman dangereux, hostile à la France et menaçant envers nos alliés grec et chypriote. Le renforcement turc n'est pas une bonne nouvelle. Mais les Etats-Unis font peser une toute autre menace sur ce qui reste de notre indépendance et de notre souveraineté. Grâce au conflit russo-ukrainien, la plupart des pays de l'UE ont dû couper leurs approvisionnements en gaz russe, remplacé par... le gaz de schiste que l'Oncle Sam nous vend à prix d'or. Et ce n'est pas tout: Natacha Polony rappelle dans sa revue d'actualité que les Etats-Unis ont profité de la situation pour obliger, en mars 2022, l'UE à s'asseoir sur ses velléités de contrôler la collecte de données par les grandes entreprises américaines du numérique, les fameux GAFAM. Pour le dire autrement, la guerre en Ukraine renforce la suzeraineté de l'Oncle Sam sur le Vieux Continent, nous mettant un peu plus sous la dépendance militaire, énergétique et numérique des Américains. Joe Biden aurait tort de ne pas se frotter les mains. Certains rétorqueront que les Etats-Unis arment avec raison les "combattants de la liberté" ukrainiens contre l'ogre russe. Que ferions-nous sans le grand frère américain? Il n'est pas inutile de rappeler une fois de plus que notre "ami" d'Outre-Atlantique nous espionne sans vergogne, fait du chantage à nos entreprises et torpille nos contrats d'armement. Et que les Américains n'ont jamais hésité à bombarder, envahir, dépecer des pays qui leur déplaisaient, sans même qu'il y ait une menace réelle à leur encontre. Quel danger la Serbie de Milosevic représentait-elle pour les Etats-Unis en 1999? Où sont les armes de destruction massive de Saddam Hussein? Compte tenu de ces précédents, on peut comprendre que la Russie s'inquiète d'une possible adhésion de l'Ukraine à l'OTAN... 

 

L'Amérique de Biden ne veut voir aucune tête dépasser. Aucune. Pas plus celle de la France que celle de la Russie. Donald Trump, malgré ses défauts, avait un tropisme isolationniste et avait eu le courage de dire aux Européens que c'était à eux de se défendre. On lui a craché dessus pendant quatre ans, et tout le monde s'est réjoui lorsque Biden a été porté au pouvoir. Quand les dieux veulent vous punir, ils vous exaucent. Malgré les apparences, Biden et son administration sont des maîtres bien plus durs que Trump et ses partisans. Quant à l'UE... Le Traité de Maastricht a été ratifié il y a trente ans, en 1992. J'étais enfant. Mais je me souviens des promesses qu'on nous a répétées dans les années qui ont suivi: l'avènement d'une nouvelle grande puissance, influente et respectée, la paix sur le continent, la prospérité et le plein-emploi grâce au libre-échange et à la monnaie unique. Qui est assez sot pour encore y croire? Non seulement l'UE ne pèse rien, mais alors rien de rien, sur la scène internationale, mais la pandémie et le Brexit ont montré sa fragilité consubstantielle. Et les européistes s'étonnent, année après année, de la poussée des partis "populistes" eurosceptiques, dernièrement en Suède (pourtant un pays germanique, donc sage en théorie) et en Italie. La construction européenne est un échec, surtout pour la France, car elle a accéléré notre désindustrialisation, favorisé des flux migratoires incontrôlés, affaibli notre position diplomatique en mettant notre pays à la remorque des intérêts allemands, et donc américains. Et si certains espèrent des remerciements, si M. Macron et consorts pensent que la France pourrait avoir demain une place de choix dans le "nouvel ordre européen" germano-américain, ils se fourrent le doigt dans l'oeil, autant que Pierre Laval pendant l'Occupation. Les Etats-Unis ne nous ménageront pas, ils l'ont montré. Quant aux Allemands, il suffit d'écouter les récentes déclarations de leur gouvernement: si la République Fédérale est contrainte de maintenir en activité ses dernières centrales nucléaires, c'est parce qu'une partie de nos réacteurs sont en maintenance et ne peuvent pas fournir au Reich l'électricité attendue... Ah, ces satanés Français, inconstants et si peu fiables! Ce n'est pas comme si les mêmes Allemands avaient fait pression pour que nous fermions la centrale de Fessenheim.

 

Avec de tels partenaires, la France a-t-elle encore besoin d'ennemis? Notre pays est aujourd'hui inaudible. Emmanuel Macron s'est cru malin en maintenant quelques temps le dialogue avec Vladimir Poutine. Il a dû arrêter ce petit jeu que les Ukrainiens cependant ne lui pardonnent pas. Si un jour la guerre s'arrête et la reconstruction de l'Ukraine s'amorce, on peut d'ores et déjà prédire que les entreprises françaises - s'il en reste - n'emporteront pas les meilleurs contrats. Notre intérêt était d'empêcher que la guerre s'éternise, de pousser à la négociation d'un compromis entre Russes et Ukrainiens. Au lieu de cela, nous avons cherché à écraser la Russie sous une batterie de sanctions qui plombent notre économie et dont l'inefficacité est avérée: il n'est pas inutile de rappeler que la République Islamique d'Iran - un pays moins riche que la Russie - subit des sanctions depuis des décennies, et que le régime des ayatollahs est toujours en place... Cette guerre par procuration contre la Fédération de Russie est absurde. Absurde et dangereuse car, si les Russes sont vaincus, le continent européen sera peut-être uni "de l'Atlantique à l'Oural", mais sous la bannière américaine de l'OTAN et sous l'hégémonie économique de Berlin. Ne soyons pas trop pressés qu'un tel miracle se produise.   



01/10/2022
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