Nationaliste Social et Ethniciste

Nationaliste Social et Ethniciste

Comprendre ce qu'est l'islam au XXI° siècle

Comme je l'ai écrit dans mon article consacré à l'imam Boussenna, il faut prendre les musulmans au sérieux. Lorsque l'on regarde les chiffres de l'immigration, ou les prénoms donnés aux nouveau-nés dans notre pays, il n'est pas irréaliste de supposer que les musulmans représenteront au moins entre 20 et 25 % de la population vivant en France dans un futur proche. Et il est peu probable que le nombre rende ces musulmans plus tolérants ou plus disposés à faire des concessions à notre culture, largement sécularisée mais dont les racines sont chrétiennes. Je m'aperçois toutefois qu'il y a chez beaucoup de gens un malentendu sur ce que sont l'islam et l'identité musulmane en ce début du XXI° siècle. Ainsi, les terroristes sont régulièrement accusés d'agir "au nom d'une conception dévoyée de l'islam" (mots entendus lors d'un rassemblement à la mémoire de Samuel Paty, juste après le drame). C'est à mon avis une erreur et, en réalité, ce sont les non-musulmans qui ont une conception fallacieuse de ce qu'est l'islam contemporain. En effet, beaucoup de nos concitoyens voient dans nos immigrés musulmans les héritiers directs de la brillante civilisation islamique qui s'est épanouie du VII° au milieu du XIII° siècle, c'est-à-dire à l'époque des Omeyyades et surtout des Abbassides. Pour quelqu'un ayant un peu de culture, l'islam évoque les noms prestigieux de grands intellectuels comme Al-Fârâbî, Avicenne, Averroès et quelques autres qui, aujourd'hui, seraient probablement traités d'hérétiques et persécutés dans de nombreux pays musulmans. Car nos musulmans du XXI° siècle n'ont en réalité que peu d'affinité avec l'islam de l' "âge d'or". Les Mille et Une Nuits, monde d'Aladin et de Sinbad, la Bagdad raffinée, presque féérique, des califes abbassides des IX° et X° siècles, les courants rationalistes comme le mutazilisme, tout cela appartient en fait à un autre monde, radicalement différent de l'islam contemporain, de la même façon que le pape François n'a rien de commun, sinon le titre, avec Urbain II qui prêcha la 1ère Croisade en 1095.

 

Pour comprendre d'où viennent les fondements de l'identité islamique au XXI° siècle, il faut regarder ce qui s'est passé après l' "âge d'or", et essayer de saisir à la fois les changements profonds qui affectent le monde musulman à partir du XI° siècle, et l'ampleur de la crise que traverse cette civilisation aux XIII° et XIV° siècles. Or cette période de l'histoire islamique est fort peu connue parce qu'elle est en quelque sorte coincée entre l'époque mythique des Abbassides et le renouveau politique et militaire de la période ottomane à partir du XV° siècle. Je pense pour ma part que c'est dans cette crise des XIII°-XIV° siècles qu'il faut chercher la matrice de l'islam contemporain, marqué par une tentation rigoriste. Les germes semés durant cette période devaient donner naissance, beaucoup plus tard au XVIII° siècle, au wahhabisme saoudien. Les circonstances historiques ont ainsi fait que l'islam que nous connaissons s'est en grande partie construit contre la brillante civilisation de l'époque abbasside qui nourrit chez beaucoup de non-musulmans une vision aussi positive que fantasmée de la culture islamique, certains musulmans n'hésitant pas il est vrai à entretenir à dessein une relative confusion. C'est de cette manière qu'on peut dévoiler la véritable filiation de l'islam de notre temps, et que l'on peut saisir la profondeur du fossé qui sépare Shéhérazade des enfoulardées que nous croisons quotidiennement.

 

Ibn Hanbal, le précurseur

Aujourd'hui, n'importe quel musulman vous dira que le Coran est "éternel et incréé", c'est-à-dire qu'il est la parole intemporelle de Dieu. C'est là un dogme admis par toutes les sensibilités de l'islam contemporain. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, et rares sont les musulmans qui rappellent que certains califes abbassides ont toléré, voire soutenu un mouvement théologique rationaliste, le mutazilisme, qui considérait le Coran comme une création. Ainsi, le calife Al-Ma'mûn (813-833) établit une sorte d'inquisition pour persécuter ceux qui refusaient cette idée de Coran créé. Bien qu'influencés par la philosophie grecque, les mutazilites et les califes qui leur étaient proches n'étaient pas particulièrement tolérants. Par ailleurs, il ne faut pas entendre le mot "rationaliste" dans le sens qu'on lui donne aujourd'hui, et qui est souvent associé à l'athéisme ou à la libre-pensée. En effet, les mutazilites se considéraient comme musulmans, et l'usage de la raison a pour objectif de permettre une meilleure connaissance de la Révélation, le but n'est nullement de s'en éloigner.

 

Parmi les théologiens qui s'opposèrent violemment au mutazilisme, on peut mentionner Ahmad Ibn Hanbal (780-855), qui subit d'ailleurs la persécution. Cet homme est à l'origine d'une des quatre écoles de jurisprudence de l'islam sunnite, le hanbalisme (les autres étant le chaféisme, le hanafisme et le malikisme). Si le hanbalisme est peu répandu dans le monde musulman actuel, puisqu'il ne domine que dans une partie de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis), son influence n'est pas négligeable compte tenu de la place prise par le wahhabisme saoudien dans l'islam, on y reviendra. Mais Ibn Hanbal est tenu en haute estime au-delà de sa seule école, comme un des grands défenseurs historiques de l'orthodoxie sunnite.

 

Quant au mutazilisme, après avoir connu son heure de gloire au IX° siècle, surtout parmi les élites cultivées des villes d'Iraq, il déclina rapidement: dès les années 840, les califes abbassides optèrent pour la théologie sunnite traditionnelle. Bientôt, l'enseignement mutazilite fut interdit, les écrits de ses théoriciens détruits, sauf dans quelques rares régions du monde musulman. Au XIV° siècle, cette école théologique est éteinte, et reste aujourd'hui assez mal connue car une bonne partie de la production de ses savants est perdue. De manière générale, l'islam sunnite se raidit, et les mutazilites ne sont pas les seuls à en faire les frais. Le fameux Averroès (1126-1198) qu'on tient en Occident pour l'archétype du savant musulman médiéval et un des symboles de ce paradis qu'était censé être Al-Andalus, est à la fin de sa vie accusé d'hérésie, connaît l'exil et voit ses écrits brûlés. Son crime? Sa passion pour Aristote, dont il a laissé d'importants commentaires, à un moment où la philosophie commence à être regardée avec suspicion par nombre de savants musulmans. On oublie ainsi trop souvent que la pensée islamique médiévale a été progressivement et méthodiquement expurgée de la plupart des éléments qui justement suscitent aujourd'hui l'admiration, voire une forme d'islamophilie, chez certains Occidentaux... Et cela explique pour une part l'aveuglement et la naïveté dont font montre nos élites à l'égard des musulmans.  

  

Et vinrent les Turcs

La civilisation islamique de l' "âge d'or" résulte en réalité de la rencontre féconde entre l'islam, religion arabe, et l'antique culture persane. Bagdad, la capitale abbasside, est ainsi fondée en 762 aux portes de la Perse. C'est pourquoi il est préférable de parler d'une civilisation arabo-persane. Aujourd'hui encore, les Iraniens héritiers de la culture persane ressentent une forme de gêne à l'égard de l'islam, bien qu'ils ne l'expriment pas ouvertement: en effet, leur civilisation est bien plus ancienne que la Révélation, et plus brillante que celle des Arabes de l'époque du Prophète. Il ne doit pas être facile, pour un grand peuple comme celui des Perses, d'admettre que sa religion lui vient de ces Arabes du désert, dont beaucoup étaient des nomades. Toutefois, comme jadis la Grèce avait profondément marqué la civilisation romaine, la culture persane a pris une grande place dans la civilisation islamique de l'époque abbasside. Mais à partir du XI° siècle, de nouveaux venus commencent à fragiliser cette harmonieuse synthèse arabo-persane: les Turcs, plus précisément le clan des Seldjoukides, font irruption dans le monde musulman et vont prendre le contrôle de sa partie asiatique en quelques décennies. Ils vont également rompre l'équilibre qui s'était instauré entre le califat abbasside et l'empire byzantin. Leur activité marque un renouveau de l'expansion militaire islamique, mais le déclin culturel n'est pas loin. Les Turcs forment un ensemble de peuplades nomades habitant les steppes d'Asie centrale, et leur culture est bien éloignée de l'opulente civilisation urbaine arabo-persane. C'est un lieu commun d'opposer les vertus (surtout martiales) du barbare illettré à la mollesse du civilisé décadent, mais ce n'est pas tout à fait faux.

 

Certes, les Turcs seldjoukides se convertissent à l'islam et, s'ils le dépossèdent de son pouvoir politique, du moins respectent-ils symboliquement le calife abbasside, dont le prestige reste grand. Il n'en demeure pas moins qu'une nouvelle élite prend place à côté (et même au-dessus) des lettrés arabo-persans, et cette élite est turque, militaire, brutale et davantage portée sur l'alcool [1] que sur les controverses théologiques. Les Turcs adoptent donc l'islam sunnite dans sa version la plus simple, pour ne pas dire la plus simpliste. Les subtilités des querelles opposant les différents courants de pensée dans l'islam ne les intéressent guère. Les sultans seldjoukides et les autres chefs turcs qui gouvernent l'Asie musulmane ne font pas d'anti-intellectualisme: certains d'entre eux professent une réelle admiration pour la culture arabo-persane, et de brillants savants continuent à faire rayonner la civilisation islamique. Il n'empêche que cette "turcisation" des élites musulmanes introduit et diffuse des valeurs plus "frustres" qui, déjà, sont aux antipodes du monde des Mille et Une Nuits, et qui favorise sans doute le déclin des courants de pensée les plus intellectualistes si l'on peut dire. Les princes seldjoukides ne font pas forcément l'effort d'apprendre l'arabe puisqu'un interprète est parfois nécessaire pour dialoguer avec le calife de Bagdad. Il est vrai cependant que ce phénomène de "barbarisation" de l'islam passe sans doute inaperçu car les Seldjoukides mettent dans un premier temps un coup d'arrêt aux tendances centrifuges qui se développent alors dans le califat abbasside, tandis que leur brillante victoire de Mantzikert (1071) sur l'armée byzantine commandée par Romain IV Diogène ouvre l'Anatolie à la colonisation islamique. Autre preuve de ce raidissement, les restrictions imposées aux chrétiens dans l'accès à Jérusalem qui sont une des raisons du déclenchement de la 1ère Croisade [2]. 

 

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Expansion maximale de l'Empire seldjoukide (vers 1090). Source: Wikipédia. Si l'occupation de la quasi-totalité de l'Anatolie est éphémère, les Byzantins reprenant le contrôle de la partie occidentale et des côtes à la faveur de la 1ère Croisade, les Seldjoukides entament tout de même le processus de colonisation turque du plateau anatolien.

 

On a tendance à penser que le raidissement de l'islam est une conséquence des Croisades et que, face à cette menace extérieure, le monde musulman a connu une forme de crispation. C'est en partie vrai, mais en fait, les Croisades n'ont fait qu'accentuer un processus déjà entamé depuis plusieurs décennies. D'ailleurs, le phénomène n'est pas propre à l'Asie musulmane: à l'ouest, les Berbères de la dynastie des Almoravides jouent à la même époque un rôle comparable à celui des Turcs, et s'emparent d'Al-Andalus où ils se montrent moins tolérants que les élites arabes du califat omeyyade de Cordoue, même si l'Espagne musulmane n'a jamais été le "paradis multiconfessionnel" qu'on s'est longtemps plu à dépeindre. Ce qui est certain, c'est que la politique culturelle des dynasties berbères (Almoravides puis Almohades) est moins ambitieuse que celle des califes de Cordoue. On a vu d'ailleurs qu'Averroès rencontrait des difficultés à l'époque almohade. Néanmoins, ces Berbères belliqueux, comme les Turcs, se montrent efficaces au plan militaire, mettant fin à l'anarchie politique qui a suivi la chute du califat de Cordoue, et parvenant dans certains cas à freiner la Reconquista chrétienne. En Egypte, le phénomène est plus tardif: les Mamelouks, soldats de condition servile d'origine turque, supplantent au milieu du XIII° siècle la dynastie kurde des Ayyoubides fondée par le fameux Saladin. Bref, à l'ouest comme à l'est, en Afrique comme en Asie, Berbères et Turcs prennent les rênes du monde musulman et montrent de réelles compétences à l'heure d'affronter les périls extérieurs. Mais au final, la culture arabo-persane fait les frais de cette reprise en mains, même si le monde musulman va pouvoir vivre encore quelques siècles sur l'héritage de l' "âge d'or", maintenant l'illusion d'être la civilisation la plus brillante.

 

La catastrophe mongole

Le déclin intellectuel et culturel du monde musulman est donc amorcé depuis le milieu du XI° siècle, mais la situation va brutalement s'aggraver du fait des menaces extérieures. Et, de ce point de vue, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les croisés occidentaux ne jouent qu'un rôle secondaire. Certes, les chrétiens s'emparent à partir de 1098 (prise d'Antioche) du Levant - littoral syrien, Liban, Palestine, haute vallée de l'Euphrate - une région stratégique, riche et peuplée, mais ne menacent pas vraiment l'Iraq et la Perse, et même les métropoles syriennes d'Alep et de Damas restent aux mains des musulmans, en l'occurrence des roitelets seldjoukides. La vraie menace, le "fouet des Mongols", vient des steppes d'Asie centrale au XIII° siècle. Gengis Khan unit sous son autorité les Mongols, ces cousins des Turcs, et se lancent, ainsi que ses descendants dans une ambitieuse politique de conquêtes territoriales. Mais, contrairement aux Turcs, les Mongols ne se convertissent pas à l'islam, ou du moins pas immédiatement. Certains de leurs chefs restent fidèles au chamanisme de la steppe, tandis que d'autres sont bouddhistes ou appartiennent à cette branche orientale du christianisme qu'est l'Eglise nestorienne, laquelle a connu un certain succès en Asie centrale au Moyen Âge. Or les Mongols vont attaquer, piller et ravager méthodiquement le coeur de la civilisation arabo-persane, à savoir la Perse et l'Iraq. Lors d'une assemblée des princes mongols, il revient à Houlagou, petit-fils de Gengis Khan et frère du fameux Kubilai Khan, l'empereur mongol de Chine que rencontra Marco Polo, de conquérir l'Asie musulmane. Houlagou n'est pas chrétien, mais sa mère, son épouse principale et plusieurs de ses lieutenants font partie de l'Eglise nestorienne.

 

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Houlagou et son épouse principale Doqouz Khatoun (tous deux assis au centre) sur une miniature du XIV° siècle. Source: Wikipédia. 

 

Dès l'époque de Gengis Khan, les Mongols ont pris le contrôle du nord-est de la Perse. Houlagou, à partir de 1255, prend le chemin de l'ouest et soumet le reste de la Perse, qui ne semble pas avoir beaucoup résisté. Puis, à la fin de l'année 1257, à la tête d'une armée de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, Houlagou atteint les faubourgs de Bagdad. La ville n'est pas préparée à soutenir un long siège. Le calife abbasside tente de négocier, en vain. La bataille tourne court: le 10 février 1258, Bagdad est prise. Une bonne partie de la population est massacrée, selon la coutume mongole. Les chrétiens sont épargnés, à la demande de Doqouz Khatoun, l'épouse chrétienne de Houlagou. Il est difficile d'établir le nombre précis de victimes, mais il semble qu'au moins 200 000 Bagdadis aient péri, ce qui est considérable. D'un point de vue culturel, le désastre est irréparable: des palais, des mosquées, joyaux de l'art islamique, sont détruits et incendiés. La Maison de la Sagesse, cette vaste bibliothèque où les califes abbassides avaient soigneusement fait collecter tout le savoir du monde ou presque, est détruite, les manuscrits sont jetés dans le fleuve et la légende veut que l'encre ait fini par teindre ses eaux. Bagdad, où perdurait plus qu'ailleurs l'héritage de l' "âge d'or", n'est plus qu'un monceau de ruines. La ville ne s'en remettra jamais, et l'Iraq devient une province secondaire, presque périphérique du monde musulman. Emportés par leur élan, les Mongols envahissent la Syrie l'année suivante. Les Mamelouks du Caire fourbissent leurs armes. Le monde musulman retient son souffle: cette fois, c'est son existence même qui est en jeu.

 

Mais la mort en 1259 du Grand Khan Möngke, autre frère de Houlagou, ouvre une querelle de succession entre les princes gengiskhanides. Tandis que Houlagou retourne en Perse avec une partie de son armée, un de ses lieutenants, Ketboga, Mongol chrétien lui aussi, poursuit la conquête de la Syrie en prenant Alep et Damas. Il affronte les Mamelouks à Aïn Djalout, en Galilée, en septembre 1260. Les Mongols sont vaincus, l'Egypte est sauvée. Si spectaculaire soit-elle, la chute de Bagdad ne doit pas occulter l'ampleur de la catastrophe qui s'abat sur l'Asie musulmane. Les Mongols prennent et détruisent de nombreuses villes, centres régionaux ou provinciaux, qui avaient également assuré le rayonnement de la civilisation arabo-persane depuis des siècles. L'Iraq et la Perse sont mis en coupe réglée. Abaqa, fils et successeur de Houlagou (mort en 1265), continue à favoriser les chrétiens, même si les Mongols ne mènent pas à proprement parler une politique anti-musulmane dans ce royaume iraqo-persan appelé "Ilkhanat" (de Khan, titre royal ou impérial chez les Mongols). Finalement, les descendants de Houlagou se convertissent à l'islam à la fin du XIII° siècle, et procèdent même à une réislamisation violente de leurs états. Mais d'un point de vue culturel, le mal est fait même si, encore une fois, l'héritage est tel que la civilisation musulmane peut encore faire illusion. Il n'empêche que le génie arabo-persan est en train de se tarir. Et ce déclin intellectuel a des conséquences théologiques qui se font ressentir jusqu'à nos jours.

 

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L'Ilkhanat à son apogée (vers 1300). Source: Wikipédia. Les sultans seldjoukides d'Anatolie sont alors vassaux des Ilkhans, et leur affaiblissement entraîne l'émergence de nouvelles principautés turques, parmi lesquelles celle d'Osman, ancêtre des Ottomans, promise à un grand avenir.

 

Les descendants de Houlagou règnent sur l'Ilkhanat jusque vers 1335. Après quoi, la région connaît une période d'instabilité durant laquelle plusieurs dynasties, perses ou turco-mongoles, se disputent le pouvoir. Lorsqu'un tremblement de terre se produit, il n'est pas rare que des répliques surviennent. A la fin du XIV° siècle, l'invasion de Tamerlan, chef turco-mongol de la région de Samarcande (actuel Ouzbékistan), est une réplique de celle de Houlagou. La domination du nouveau venu est courte mais amène son lot de destructions: en 1401, Damas et Bagdad sont prises et une grande partie de leur population est massacrée. Le coeur du monde arabo-musulman n'en finit pas de subir des violences. Et Tamerlan, contrairement à Houlagou, est musulman! Les centres de la culture islamique, à partir des XV°-XVI° siècles, sont à la périphérie du monde musulman: c'est la Constantinople des sultans ottomans, ou les capitales indiennes des Grands Moghols qui nourrissent les derniers feux d'un islam déjà sclérosé.

 

Ibn Taymiyya et ses disciples

C'est dans un monde musulman en crise profonde, ravagé par les attaques mongoles, que prend place un penseur fondamental pour comprendre l'islam contemporain: Ahmad Ibn Taymiyya (1263-1328) qui a vécu justement à l'époque de la menace mongole. Ibn Taymiyya est l'homme (ou du moins un des hommes) qui a théorisé ce qui, finalement, existait déjà à l'état latent depuis quelques temps dans l'islam: un anti-intellectualisme assumé. Ibn Taymiyya appartient à l'école de jurisprudence hanbalite. Il mène un combat acharné contre les Ilkhans de Perse, dont il conteste la sincérité de la conversion à l'islam, en soulignant qu'ils conservent des coutumes et des lois mongoles. Ibn Taymiyya critique Al-Fârâbî, Avicenne, Averroès, bref tout le courant "philosophique" de l'islam médiéval, en accusant ces hommes de se laisser détourner de la vraie foi par la philosophie et par les méthodes de pensée héritées d'Aristote ou de Platon, des polythéistes dont la production est nécessairement entachée d'impiété. Avec Ibn Taymiyya, le débat théologique est clos, et l'islam cède à la tendance du juridisme. Plus qu'une religion, l'islam est aujourd'hui pour l'essentiel un cadre juridique. Il n'y a pas, ou plutôt il n'y a plus, chez les musulmans de véritable débat théologique sur la foi, la nature de Dieu, la relation entre Dieu et l'Homme... Non, si on jette un oeil sur les vidéos Youtube que produisent les imams, on trouve essentiellement des réponses à des questions du genre "a-t-on le droit de faire ceci?" ou "a-t-on le droit de faire cela?", et vous avez un type en tunique blanche qui, en s'appuyant sur tel verset ou tel hadith, vous explique très sérieusement qu'on a le droit ou pas de souhaiter un bon noël à un chrétien, de porter tel type de vêtement, d'adopter telle coutume française ou danoise, etc. L'obsession du licite et de l'illicite est au centre de la réflexion musulmane actuelle.

 

L'imam Boussenna déclare dans une de ses vidéos que l'islam c'est "le dogme et la jurisprudence". En fait, l'islam est surtout une jurisprudence, d'autant qu'en terme de dogme, la Révélation islamique n'apporte pas grand-chose de nouveau par rapport au judaïsme et au christianisme. On entend parfois que le Coran est l'équivalent de la Bible pour les musulmans, mais en fait c'est bien davantage l'équivalent du Code Théodosien ou du Code Justinien, un recueil de lois. Certes, l'Ancien Testament contient aussi ce qui s'apparente à un code juridique, mais là où la majorité des juifs accepte une évolution de la jurisprudence, on voit bien que c'est beaucoup plus compliqué pour les musulmans, chez qui la jurisprudence est devenue pour ainsi dire dogmatique. Être musulman, c'est appliquer et respecter la loi islamique. Et c'est pourquoi le dialogue est en réalité impossible avec les musulmans: comment contester la Loi de Dieu? Evidemment, il y a des discussions sur l'interprétation de tel verset ou de tel hadith, mais il faut remarquer que les éléments du débat sont purement internes, je veux dire par là que les musulmans s'appuient uniquement sur des "traditions" d'interprétation, et ils semblent incapables d'interpréter leur jurisprudence par exemple au regard des contraintes d'une cohabitation avec une population majoritairement non-musulmane. On peut remarquer que c'est toujours aux autres d' "apprendre à connaître et à respecter l'islam". Les musulmans, eux, s'exemptent volontiers de la démarche réciproque.

 

A son époque, Ibn Taymiyya ne faisait pas l'unanimité, loin s'en faut, car l'héritage de l' "âge d'or" avait encore une certaine influence sur les élites musulmanes. Ibn Taymiyya est d'ailleurs mort en prison, à Damas, dans le sultanat mamelouk. Et pourtant, s'il revenait à la vie, il pourrait mesurer l'ampleur de sa revanche posthume, même si ceux qui se réclament de lui déforment ou caricaturent peut-être sa pensée. Ibn Taymiyya n'est d'ailleurs pas à blâmer, car il est le produit de son époque, une époque où l'islam est menacé militairement, fragilisé économiquement et en crise intellectuelle. Il était assez naturel dans ce contexte que certains considèrent les spéculations philosophiques comme du bavardage inutile, ou des germes de division et de discorde. Or les populations musulmanes avaient besoin de se regrouper et de se souder autour d'une conception rassurante de l'islam. Et quoi de plus rassurant qu'une orthodoxie reposant sur des principes clairs et incontestés? Quoi de plus rassurant que la stricte observance de la loi divine dans le respect de la tradition? Et finalement, confrontés aujourd'hui à une modernité inventée par les mécréants occidentaux, avec laquelle beaucoup sont mal à l'aise, on voit bien que nombre de musulmans sont tentés par ce réflexe de crispation sur la tradition et la jurisprudence, sans toujours se rendre compte que se focaliser sur la lettre fait perdre de vue l'esprit général, et que la religion ne se grandit pas quand elle se réduit à un débat rébarbatif entre des juges aussi sévères que sourcilleux.

 

Le Pacte du Najd: naissance du wahhabisme

Les vengeurs posthumes d'Ibn Taymiyya sont apparus au coeur de la péninsule arabique, dans le désert du Najd, au XVIII° siècle. Mohammed Ibn Abdelwahhab (1703-1792) est une sorte de Jean Calvin de l'islam, un théologien rigoriste, soucieux de "purifier" l'islam des scories hérétiques accumulées depuis des siècles. Il appartient - ô surprise - à l'école hanbalite. Ibn Abdelwahhab est un réformateur au sens strict du terme: il entend revenir aux sources de l'islam des premiers temps (c'est le sens du mot "Réforme"). Il fait détruire des tombes de musulmans célèbres des premiers siècles, car une forme de culte s'était développée autour de celles-ci, et cela s'apparente à de l'idolâtrie. C'est d'ailleurs une constante de la politique des wahhabites (musulmans suivant les enseignements d'Ibn Abdelwahhab) d'Arabie Saoudite jusqu'à nos jours de détruire de manière quasi-systématique une bonne partie du patrimoine religieux du Hedjaz, région des villes saintes, pour éviter tout retour de pratiques jugées impies. Ibn Abdelwahhab fait abattre des arbres "sacrés" (un reste de paganisme pré-islamique?) et prône naturellement une stricte application de la Charia, dans sa version la plus littérale. Comme Ibn Hanbal et Ibn Taymiyya avant lui, cet austère prédicateur ne tarde pas à avoir maille à partir avec certains chefs musulmans d'Arabie centrale qui ne goûtent guère son puritanisme. Son exil forcé sera sa chance: il rencontre Mohammed Ibn Saoud, gouverneur de la petite oasis de Dariya, non loin de l'actuelle Riyad. Le chef tribal et le théologien scellent un pacte: Ibn Saoud et les siens adoptent la doctrine wahhabite, en échange Ibn Abdelwahhab soutient leur pouvoir et leurs ambitions. C'est le "Pacte du Najd", du nom de cette contrée d'Arabie. Nous sommes en 1744.

 

Là encore, il faut en revenir au contexte. Ibn Abdelwahhab est le produit des tribus d'Arabie centrale, un monde pauvre, belliqueux, où se déroule une âpre lutte pour s'assurer le contrôle des rares ressources disponibles. On serait tenté de dire que l'on se trouve dans une des régions les plus arriérées du monde musulman mais, sans verser dans la caricature, il faut bien admettre que le monde d'Ibn Abdelwahhab n'a pas grand chose de commun avec la Bagdad des califes abbassides. Le monde arabe, en ce milieu du XVIII° siècle, semble d'ailleurs plongé dans une sorte de torpeur. Bagdad ne s'est jamais vraiment remise des destructions mongoles, et n'est plus qu'une bourgade sans grande importance. Damas, Bassorah, Le Caire ont de beaux restes, mais ce ne sont plus que des chefs-lieux provinciaux ottomans. Les villes dynamiques sont bien loin de la péninsule arabique, en Europe (Constantinople, Andrinople) et en Anatolie pour l'Empire ottoman, en Inde (Lahore, Delhi) pour l'Empire moghol, et dans une moindre mesure en Perse, laquelle est en train de renaître mais en s'appuyant sur le chiisme, qui est minoritaire dans le reste du monde islamique. Ensuite, l'Empire ottoman, la puissance dominante de l'islam sunnite dans le Bassin méditerranéen, a commencé sa longue décadence qui fera de lui au siècle suivant "l'homme malade de l'Europe". L'Egypte n'a pas encore entamé sa renaissance sous la houlette de Méhémet Ali et de ses descendants. Ibn Saoud fonde le 1er état saoudien qui, galvanisé par l'enseignement d'Ibn Abdelwahhab, connaît une réussite foudroyante et étend sa domination sur l'essentiel de la péninsule arabique. Les wahhabites, à cette époque, sont considérés comme de dangereux fanatiques, et leur conquête des villes saintes de La Mecque et Médine est inacceptable pour les Ottomans. Aussi le sultan charge-t-il Méhémet Ali, gouverneur d'Egypte depuis 1805, de mettre fin à la puissance saoudienne, ce qui est fait en 1818. 

 

Je n'entrerai pas dans le détail des événements qui suivent. Qu'il me suffise de dire qu'au début du XX° siècle, les Al Saoud, descendants de Mohammed Ibn Saoud, renaissent de leurs cendres et rétablissent leur autorité sur une bonne partie de la péninsule arabique, y compris les villes saintes du Hedjaz. Le Royaume d'Arabie Saoudite naît officiellement en 1932. En ce début de XXI° siècle, le "Pacte du Najd" tient toujours: les descendants d'Ibn Abdelwahhab restent l'une des familles les plus influentes d'Arabie Saoudite, et ils occupent de nombreuses fonctions religieuses dans le pays. Par exemple, l'actuel grand mufti d'Arabie Saoudite appartient à cette famille, appelé les Al ach-Cheikh ("famille du Cheikh", ce dernier étant bien sûr Ibn Abdelwahhab). En quoi ces événements survenus en Arabie depuis trois cents ans affectent-ils l'islam en général? Pour une raison très simple: grâce à la manne pétrolière qui leur a apporté des richesses fabuleuses, grâce au soutien américain durant la Guerre froide, les Saoudiens, depuis l'après-guerre, ont inondé les communautés musulmanes du monde entier de leur idéologie wahhabite. Le contrôle des villes saintes de l'islam donne un prestige immense aux Saoudiens, garants du bon déroulement du Hajj, le pèlerinage à la Mecque que tout bon musulman doit effectuer, s'il le peut, une fois dans sa vie. Des prédicateurs wahhabites, formés en Arabie Saoudite, diffusent partout cette version rigoriste de l'islam. Il faut imaginer ce que serait la doctrine catholique si les Amish ou les Mennonites (ou une autre secte puritaine protestante) avaient pris le contrôle de l'Eglise... C'est un peu ce qui est arrivé à l'islam.

 

Avec le succès est venu la respectabilité. Il y a un siècle encore, les wahhabites étaient considérés comme des hérétiques par la plupart des autorités religieuses sunnites. Dans Le Pacte du Najd ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam [3], l'universitaire tunisien Hamadi Redissi défend l'idée que le wahhabisme, jadis courant marginal et extrémiste de l'islam, est devenu la nouvelle orthodoxie du monde sunnite. Et, comme l'islam "installé" d'il y a un siècle a été débordé par les wahhabites, ces derniers sont aujourd'hui contestés par plus fondamentalistes qu'eux, notamment certains courants salafistes comme celui qui a donné naissance à l'Etat Islamique (EI) en Irak et en Syrie. Comme je l'ai déjà dit, tous les musulmans, en France ou ailleurs, ne sont pas forcément wahhabites ou salafistes, loin s'en faut. Mais il est clair que la version wahhabite de l'islam est devenue, sinon la référence, du moins une référence importante, bien au-delà des milieux de stricte obédience wahhabite ou salafiste. La pratique religieuse de nombreux musulmans en France porte la marque de cette influence. On peut citer la surenchère dans la tenue vestimentaire des femmes: du simple foulard jadis, on est passé au port de plus en plus répandu de l'abaya. On voit également les crispations autour des questions alimentaires. Les musulmans ne consomment pas de porc, d'accord, mais aujourd'hui beaucoup de musulmans refusent de consommer toute viande qui n'est pas hallal. Je peux témoigner de ce qui se passe dans les cantines scolaires, où de plus en plus de petits musulmans entrent dans la catégorie "végé" et non "sans-porc" [4].

 

Conclusion

Mon but n'est pas de porter un jugement moral, mais d'essayer de comprendre ce paradoxe: alors que l'islam a produit dans le passé une civilisation brillante, envers laquelle d'ailleurs notre propre civilisation occidentale a une dette, comment expliquer que l'islam apparaisse aussi détestable à beaucoup d'entre nous?

J'ai essayé de montrer que l'islam de l' "âge d'or" n'a en réalité pas grand-chose à voir avec l'islam d'aujourd'hui. Ce dernier a une autre filiation, qui le rattache à des penseurs et à des théologiens souvent marginaux, voire persécutés, à leur époque. Ibn Hanbal, Ibn Taymiyya, Ibn Abdelwahhab sont autant de jalons dans le développement d'un islam chaque fois plus rigoriste, plus littéraliste, plus sclérosé dans un juridisme stérilisant. Le succès inattendu du wahhabisme, servi par le Pacte du Najd, a permis à cet islam longtemps marginal d'occuper le devant de la scène.

L'état de l'islam contemporain n'est pas lié, comme trop d'islamophobes le croient, à la bêtise ou à la méchanceté des musulmans. Non, l'évolution de l'islam est le produit des circonstances historiques. Et cette histoire, comme souvent, est une tragédie: c'est l'histoire d'une civilisation urbaine, raffinée, brillante, passée sous la coupe de tribus nomades belliqueuses, islamisées certes, mais souvent de manière superficielle. Ibn Taymiyya accusait les Ilkhans mongols d'être de faux musulmans, restés fidèles à leurs coutumes de la steppe, et il n'avait pas complètement tort. Tamerlan, pourtant né musulman, maintenait la tradition des beuveries entre soldats turco-mongols à la fin du XIV° siècle. Même si ces militaires rustres s'entourent pour certains de fins lettrés, il n'en demeure pas moins que le prestige des savants et des intellectuels ne pouvait que décliner dans un monde désormais gouverné par une soldatesque brutale.

 

Cette "turcisation" des élites islamiques dès le XI° siècle est à mon avis un premier facteur expliquant le coup d'arrêt porté au dynamisme intellectuel et scientifique du monde musulman, même si encore une fois les effets ne se font sentir que progressivement. Ensuite, il y a les menaces extérieures, les Croisades et surtout la catastrophe mongole au milieu du XIII° siècle. Confronté à de grands périls, affaibli intellectuellement, l'islam devient plus rigide, les débats théologiques étant sans doute perçus comme de dangereux semeurs de discorde.

Aux XIX° et XX° siècles, le déclin ottoman et la colonisation européenne ont peut-être eu des conséquences comparables à l'invasion mongole du XIII° siècle. Plus récemment, l'intervention américaine en Irak a eu pour effet d'entraîner la naissance et le développement de l'EI. Il y a là je pense une tendance latente depuis des siècles dans le monde musulman, qui se perçoit comme menacé et qui réagit en cherchant à revenir aux temps de l'islam primitif, une époque d'unité et d'expansion. En France, l'islam se sent menacé par la laïcité, et plus encore par la sécularisation, et là aussi il répond par une pratique rigoriste et une application pointilleuse des prescriptions, non sans tartufferie d'ailleurs.

Au vu de l'évolution de l'islam sur le temps long, il paraît assez naïf de croire que l'assimilation des musulmans, ou même la simple coexistence pacifique, soit possible à moyen terme. Les voix, au sein de l'islam, qui s'élèvent pour défendre un islam "moderne" sont bien isolées.  

 

[1] Je laisse la parole au chroniqueur damascène Ibn al-Qalanissi parlant d'un de ces chefs turcs, Ilghazi, gouverneur de Mardin (aujourd'hui dans le sud-est de la Turquie) et sauveur d'Alep face aux croisés en 1118-1119: "Quand il buvait du vin, Ilghazi restait en état d'hébétude pendant plusieurs jours, sans même reprendre ses esprits pour donner un ordre ou une directive" (cité par Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, J'ai Lu, 1985, p.116). Et on parle là d'un homme qui passait à son époque pour un héros du djihad! De plus ce n'est pas une exception puisque Maalouf reconnaît que trouver un chef militaire sobre à cette époque semble bien compliqué...

 

[2] L'épineuse question des Croisades est abordée dans cet article.

 

[3] Seuil, 2007. C'est un ouvrage très intéressant, très dense, très érudit, mais assez difficile d'accès à cause du nombre d'auteurs et de penseurs arabes cités, et parmi lesquels on se perd parfois. Il faut de bonnes bases sur l'histoire du monde musulman et des rudiments de théologie islamique pour s'y retrouver. J'ai lu la 1ère partie allant jusqu'à la chute du premier état saoudien.

 

[4] Oui, il faut savoir que dans la France "multiculturelle" du XXI° siècle, les enfants, dès la maternelle, sont "classés" en fonction des croyances, lubies ou obsessions (au choix) de leurs parents. Ainsi, il y a les "classiques" (qui mangent de la viande, y compris du porc), les "sans-porc" et les "végé" (à qui on sert des oeufs et du poisson), en attendant sans doute la création d'une catégorie "véga". Les végétariens ont en effet ceci de commun avec les musulmans qu'ils sont eux aussi engagés à leur manière dans une course au rigorisme... En tout cas, qu'on ne vienne pas me dire qu'assigner chaque gamin à sa "tribu" dès la maternelle favorise le vivre-ensemble.



28/01/2022
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