Et Paris m'a ouvert les yeux
"Il est dix-huit heures, Paris m'éveille
à la diversité, cette merveille,
je contemple la multitude de ces racisés,
qui de la France sont les nouveaux héritiers.
Il est dix-huit heures, Paris m'éveille,
il est dix-huit heures, la vraie France a sommeil"
Auteur désespérément anonyme (et dont on souhaite qu'il le reste)
Pardonnez-moi, Seigneur, car j'ai péché. Je suis entré en tentation: j'ai passé quelques jours de vacances à Paris, cette Babylone lascivement affalée sur les méandres de la Seine. J'ai visité maints lieux de culture de ce qui fut la capitale d'un pays qui s'appelait jadis la France. Et j'ai compris en somme bien des choses. J'ai compris le fossé qui sépare le petit bourgeois provincial et réactionnaire à l'esprit étriqué que je suis des bourgeois et bobos des bords de Seine. J'ai compris pourquoi eux et moi avons une vision totalement différente de l'immigration, de son utilité, de ses conséquences. Et je parle sérieusement. Car il faut le reconnaître: Paris et les Parisiens ne pourraient pas vivre sans leurs immigrés. Ce sont des noirs qui balaient les rues et ramassent les poubelles. Ce sont les noirs qui creusent des trous et réparent les canalisations. Ce sont des noirs, des Arabes, des Indo-pakistanais qui conduisent les bus, les taxis et les métros, qui sont vigiles dans les magasins, les hôtels et les musées. Ce sont des femmes d'origine asiatique qui sont vendeuses aux Galeries Lafayette. C'est fascinant. Autrefois, l'Occident colonisait le tiers-monde pour l'exploiter. Aujourd'hui, il implante le tiers-monde, surtout dans ses "métropoles de rang mondial" pour parler comme les géographes, afin de disposer d'une main-d'oeuvre abondante, docile et bon marché, un lumpenproletariat de substitution aurait dit Marx. Car il faut le répéter, encore et toujours, le Grand Remplacement n'est pas le résultat d'un complot, mais la conjonction de comportements lâches, naïfs et intéressés. Et il faut aller à Paris pour comprendre l'intérêt - économique s'entend - de l'immigration de masse: pour vivre dans le confort, parfois même dans le luxe, une minorité (de blancs pour l'essentiel) est prête à détruire un peuple, à remplacer une ethnie par d'autres, à sacrifier l'identité d'un pays millénaire.
Là encore, il faut être honnête: la vie parisienne, pour ceux qui ont les moyens d'en profiter, ne manque pas de charme. Dîner dans les bons restaurants, fréquenter les théâtres, les bonnes librairies, les salles de concert, aller à l'opéra, au musée, tout cela est bien agréable. On peut y ajouter le plaisir de vivre dans des lieux chargés d'histoire et riche d'un patrimoine foisonnant. Mais à ce qui fait l'âme de la ville, la foule des racisés qui entretient, surveille, transporte, est presque totalement étrangère. Que sait le vigile sénégalais des oeuvres que renferme le musée d'Orsay? A-t-il jamais entendu parler de Monet ou du Douanier Rousseau? Je gage que non. Qu'est-ce que l'ouvrier malien, qui s'exprime dans un français approximatif, connaît de l'opéra Garnier qui se dresse au bout du trottoir qu'il est en train de percer? Ce que j'écris là peut paraître insultant, mais je pense que c'est un vrai problème quand une population vit et travaille dans un endroit en étant complètement étrangère à l'histoire, à la culture, à l'identité du lieu. Si le Louvre brûle, ces gens-là ne perdent qu'un emploi. Si Notre-Dame s'effondre, que voulez-vous que cela leur fasse? La plupart sont musulmans et prient dans des caves. Je ne jette pas la pierre à ces immigrés: ils sont là parce que le marché les a appelés, la richesse les a attirés, c'est humain. Mais il faut comprendre qu'il ne peut y avoir d'attachement. Aujourd'hui vigile dans un hôtel, demain dans une bijouterie, après-demain dans un musée. Aujourd'hui balayeur ou serveur à Paris, demain à Londres, à Sydney ou à Toronto. Ces gens sont des nomades, des déracinés, exploitables en tout lieu, la main-d'oeuvre rêvée de la mondialisation libérale. Ils ne sont plus vraiment de là-bas, d'où ils viennent, mais ils ne seront jamais vraiment d'ici. D'ailleurs, là encore, c'est assumé dans le discours dominant: ne devenez pas Français, surtout pas, soyez fiers de vos racines. Restez pauvres, incultes, taillables et corvéables à merci.
Je dois dire que Paris offre de telles contradictions que cela en devient comique. Ainsi, non loin de cet hideux bâtiment appelé "Centre Pompidou", il y a une série d'affiches avec des voeux pieux, pour un monde où toute le monde serait beau, tout le monde serait heureux. Au pied des affiches dorment des sans-abri... Et sur l'une de ces affiches, j'ai lu: "Que toutes les villes d'Afrique ressemblent à Paris". C'est marrant quand on sait que Paris est en train de devenir une ville africaine - enfin sud-africaine. J'ai vu, de mes yeux vu, un bus conduit par un noir qui transportait quasiment que des noirs. N'est-ce pas prémonitoire? Il faut que nos élites arrêtent de regarder du côté de l'Allemagne ou de la Finlande. C'est Johannesburg qu'il faut admirer, car c'est ce qui nous attend. Mais il y a plus amusant encore. En effet, on est perplexe quand on voit que Paris est dépendante de l'immigration maghrébine et subsaharienne. Comment se fait-il qu'avec une main-d'oeuvre aussi nombreuse, travailleuse, efficace, dévouée, l'Afrique reste un continent "en développement"? C'est vrai, quand on voit tous ces Subsahariens vigiles, terrassiers, éboueurs, balayeurs, on se dit que les rues de Conakry, Bamako, Ouagadougou, Abidjan et Bangui devraient être propres et sures. Comment se fait-il que des Africains viennent travailler sur des chantiers en France quand les pays maghrébins et subsahariens doivent faire venir des ouvriers chinois pour les leurs? Il y a là tout de même un paradoxe. Ou bien faudrait-il en déduire que la main-d'oeuvre africaine n'est compétente, courageuse, indispensable que dans un pays dominé par les blancs? Je pense que nos sociologues distingués et docteurs ès "racisme systémique" devraient réfléchir à la question.
Et les blancs? Oh, il y en a encore à Paris, beaucoup - trop diraient certains. Je laisse de côté les touristes, étrangers visitant, éblouis, la vitrine de la France ou provinciaux cyniques comme moi venus observer ces zoos humains que sont devenus les métropoles mondiales. Non, il y a des locaux, si l'on peut dire. Sans eux, les terrasses de nombreux cafés seraient vides et, surtout, Anne Hidalgo et Sandrine Rousseau ne seraient pas élues de la République, ce qui serait bien dommage. Et, d'une certaine manière, je serai infiniment plus sévère avec ces blancs qu'avec leurs immigrés racisés. Encore une fois, ces derniers répondent après tout à une demande, celle d'une classe sociale aisée qui veut des services et un confort de vie appréciables, mais sans payer trop cher. Ce que les immigrés font à Paris, des natifs pourraient le faire... mais ils demanderaient un salaire convenable et refuseraient d'habiter dans des squats et des taudis. Parce que tous ces écolo-bobos défendent l'immigration mais ne poussent pas l'altruisme jusqu'à loger chez eux le petit personnel de maison. Ils plaignent les racisés mais se gardent bien de s'interroger sur les véritables responsables de leur précarité. Heureusement que Le Pen et Zemmour sont là pour se donner bonne conscience, n'est-ce pas? Mais il y a autre chose: ces blancs, au fond, profitent d'un cadre de vie lié à un héritage culturel, à une civilisation qu'ils ont trahis, et je pèse mes mots. Il y a d'ailleurs une forme de schizophrénie: dans les musées, les vigiles et les agents d'entretien sont noirs, mais les guides sont blancs. "Chacun à sa place" pourrait-on dire. Et ces guides vous présentent un patrimoine d'une richesse prodigieuse, des bâtiments, des oeuvres qui devraient flatter une forme de fierté nationale. Sans arrogance, mais sans fausse modestie. Eh bien non. Le passé est là, il affleure à chaque coin de rue, mais les Parisiens vont vous expliquer que ce n'est pas vraiment français, parce que l'architecte avait une arrière-grand-mère martienne ou le roi qui a ordonné les travaux était fils d'une Espagnole...
J'ai un peu de mal à croire qu'une telle société, qui effectivement s'apparente à une société d'apartheid, soit viable sur le long terme. Une partie de la banlieue parisienne - pas partout, car il existe aussi des banlieues chics - ressemble de plus en plus à des townships, où est parquée la population racisée. Il y a évidemment des différences avec l'Afrique du Sud. D'abord, la ségrégation n'est pas institutionnalisée comme elle l'était chez les Sud-africains. Ensuite - et c'est une différence fondamentale - ici, on "aime" les racisés. Plus précisément, ceux qui les exploitent, qui bénéficient d'un excellent niveau de vie grâce à leur travail, versent une larme, à défaut de leur verser un salaire décent, sur leur condition. Et sont prêts à défiler si la police "fasciste et raciste" ose tuer un de ces précieux domestiques. D'ailleurs, de leur point de vue, ça se défend: qui fournira les beaux quartiers en poudre blanche, qui nettoiera les rues et ramassera les poubelles après les orgies, qui veillera à la sécurité des hauts lieux d'abrutissement consumériste si on laisse la police contrôler et réprimer les racisés? Se faire livrer son repas par Uber Eats vaut bien qu'on laisse tranquille les dealers de banlieue. Il y a par contre un problème: si les racisés et leurs protecteurs bobos peuvent avoir des intérêts convergents, la cohabitation en revanche reste impossible. Encore un paradoxe: moi qui n'aime guère les immigrés - en particulier ceux originaires d'Afrique - j'envoie mes enfants dans une école où les "racisés" de confession musulmane sont majoritaires. Les amoureux de la diversité, eux, en font rarement autant. Alors bien sûr, il existe des techniques assez simples pour éviter la mixité, sans en avoir l'air: le prix des logements, l'école privée, les dérogations. Je n'ai pas de statistiques mais je suis prêt à parier que le profil ethnique des élèves de l'Ecole Alsacienne diffère légèrement de celui des élèves d'une école située à la Goutte d'Or.
Mais je pense que le gros problème est d'ordre économique et culturel. Economique parce que ce modèle de société urbaine ne peut que générer de très fortes inégalités, donc des frustrations, des rancoeurs, ce qui accroît les risques de violence. On est in fine dans un modèle "classiste" assez classique: nous voyons une classe dominante composée de bourgeois mais aussi des classes moyennes supérieures qui exploite une masse de prolétaires racisés [1]. La différence est que nous sommes - ou croyons être - dans une société post-industrielle. Par conséquent, les membres de la classe dominante n'emploient pas leurs immigrés dans leurs usines, non, ils les exploitent indirectement - ce qui peut paraître moralement plus acceptable - par le biais de prestataires de service: l'entreprise qui fournit la femme de ménage, l'entreprise de livraison, l'entreprise qui assure l'entretien et les réparations dans la co-propriété, l'entreprise qui fournit les agents de sécurité du magasin ou de la salle de concert, etc. Mais le rapport de domination est bien là, et il est économique bien avant d'être racial. Simplement il se trouve que, pour des raisons historiques assez aisément compréhensibles, la classe dominante est blanche à une écrasante majorité, et les immigrés, eux, sont pour beaucoup - pas tous - issus de populations extra-européennes, parce que les régions pauvres et populeuses les plus proches de nos contrées sont celles du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Ensuite, le problème est culturel, parce que le fossé culturel qui sépare les dominants de leurs immigrés racisés est énorme. Et, pour plusieurs raisons, il se creuse: faillite de l'école publique, repli communautaire, fort sentiment anti-occidental, et bien sûr tout le discours sur le "racisme systémique" et la victimisation qui, loin de calmer les tensions, les attise lorsqu'il n'incite pas à la violence [2].
Or l'interdépendance économique ne suffit pas à faire nation. Aujourd'hui, il y a un mur symbolique qui sépare les classes dominantes blanches de Paris de leurs serviteurs racisés. Mais un jour prochain, vous verrez qu'il leur faudra bâtir des murs, bien réels, ceux-là, pour se protéger d'une masse d'immigrés devenue incontrôlable. Et ces murs seront peut-être gardés par des racisés chargés de tirer sur d'autres racisés... Oh le bel avenir que voilà!
[1] Il va de soi que je schématise. Notre société est évidemment plus complexe. A Paris, entre le cadre blanc qui habite un appartement confortable dans un quartier tranquille et la femme de ménage africaine qui loge dans un squat ou un logement insalubre, il y a des situations intermédiaires. Mais il semblerait que la polarisation de la société s'accentue.
[2] Je renvoie à cet article d'une sociologue s'insurgeant contre le fait que sa corporation a pris fait et cause pour les émeutes au début de l'été 2023. Le naufrage intellectuel des sciences sociales continue...
A découvrir aussi
- Le Raciste: une pièce de théâtre incontournable
- L'Occitanie et la "nation" occitane n'existent pas
- Y a-t-il une dérive idéologique de l'école républicaine?