Nationaliste Social et Ethniciste

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Grenoble: comment la gauche radicale instaure la dictature des minorités

Comme je l'ai écrit dans mon précédent article, les vilains, à savoir les patriotes, les nationalistes, les identitaires, les fascistes, ont perdu l'élection présidentielle de 2022. Reste à savoir qui a gagné. Les macronistes me répondra-t-on. A voir. Il faut en effet rappeler que si les partisans du président réélu ont des objectifs assez clairs en matière de politique économique (démanteler l'Etat, supprimer - pardon, simplifier - le Code du travail, favoriser les "premiers de cordée", bref épouser le mieux possible les principes de la mondialisation libérale sacralisée par les traités européens), ils sont en revanche indifférents aux enjeux culturels et identitaires. Il est quand même remarquable qu'un homme qui, paraît-il, est passionné de littérature, qui a épousé son professeur de théâtre, se permette d'affirmer qu' "il n'y a pas de culture française, mais des cultures en France". C'est à se demander s'il comprend ce qu'il lit, tant il est vrai que la littérature façonne les identités et les cultures nationales [1]. Ce faisant, la macronie risque fort de laisser le champ libre sur ces questions à la gauche radicale, c'est-à-dire quasiment toute la gauche aujourd'hui depuis que Jean-Luc Mélenchon est parvenu à constituer son alliance, la NUPES (Nouvelle Utopie Propre à Exaspérer les Souchiens). A titre personnel, je n'ai jamais éprouvé la moindre tendresse pour les socialistes ni pour les communistes (du moins depuis que ces derniers ont de fait abandonné leur ligne souveraino-marxiste), mais je suis tout de même assez triste de voir que, sur les questions de laïcité et de communautarisme, le PS et le PCF renoncent en quelque sorte à leurs valeurs universalistes - qui faisaient leur grandeur même si j'étais en désaccord - pour se mettre à la remorque électorale de LFI, en espérant sauver quelques sièges de députés. C'est peut-être inévitable pour continuer à exister, mais c'est plus une compromission qu'un compromis.

 

Dans cette galaxie de la gauche progressiste qui chérit tout ce qui est minoritaire et qui exècre tout ce qui peut évoquer l'identité française, les écologistes ne sont pas en reste. On se souvient, il y a quelques années, de cet élu Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) qui avait poussé l'obséquiosité jusqu'à souhaiter la nouvelle année du calendrier hégirien en usage chez les musulmans. Que dire de l'inénarrable Sandrine Rousseau, sinon que "lorsqu'on mettra les c... sur orbite, elle n'a pas fini de tourner" pour paraphraser Jean Gabin s'adressant à Robert Dalban dans Le Pacha [2]. Depuis la spectaculaire percée des écolos aux dernières municipales, un certain nombre de grandes villes sombrent dans des polémiques ridicules. Mais Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, n'est pas de ces nouveaux élus, puisqu'il exerce la fonction d'édile depuis 2014. Sitôt la parenthèse des présidentielles refermée, la gauche écolo-diversitaire a donc repris son travail de sape. La mairie de Grenoble souhaite donc "libéraliser" le règlement des piscines municipales, afin d'y autoriser le port du burkini aussi bien que les seins nus. Pour les heureuses personnes qui ignoreraient ce qu'est le burkini, rappelons qu'il s'agit de la tenue de bain certifiée hallal par ces grands exégètes du Coran que sont les islamistes. Le mot est formé de "burqa", nom du voile intégral en usage en Afghanistan entre autres, et de "bikini", le célèbre maillot de bain deux pièces occidental. D'ailleurs, le terme est étrange: si on peut voir un lien assez évident entre burqa et burkini, à savoir satisfaire l'obsession islamique pour une pudeur tellement ostentatoire qu'elle en devient suspecte, je ne vois pas le rapport entre burkini et bikini, ce dernier étant très probablement un symbole de cette impudeur occidentale honnie par tout bon musulman.

 

Il faut dire que depuis qu'Eric Piolle a conquis la mairie de Grenoble, un écosystème pour le moins spécial et quelque peu inquiétant prospère dans la métropole iséroise. Ainsi, l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de la ville s'est illustré il y a quelques temps par une chasse aux sorcières à l'encontre de deux enseignants qui avaient eu le malheur d'émettre des doutes sur le bienfondé de l'usage scientifique du terme "islamophobie" [3]. Un syndicat étudiant ayant ciblé d'une manière particulièrement virulente ces deux mal-pensants, la commission d'enquête dépêchée pour démêler cette triste affaire découvrit effarée que, pour certains étudiants "militants", le fait de jeter en pâture les noms de deux universitaires, dans un pays régulièrement frappé par la violence islamiste, ne posait pas de problème éthique particulier. J'ignore si l'islamo-gauchisme est aussi répandu que le prétendent certains, mais une chose est sure: ce courant existe, et il est manifestement présent dans les structures universitaires de Grenoble. On peut également citer l'astrophysicien Aurélien Barrau, sorte de hippie à la crinière christique, qui tente de jouer en France le rôle que Greta Thunberg s'est attribuée à l'internationale. Le problème de Barrau, c'est qu'il est un homme, blanc de surcroît, et il n'est pas atteint du syndrome d'Asperger. Grâce à Eric Piolle, toute la nébuleuse de gauche radicale et écolo-diversitaire a pu s'implanter solidement à Grenoble, à moins que ce ne soit la présence de la nébuleuse qui explique l'élection de Piolle...

 

Parmi cette mouvance progressiste, une association se distingue particulièrement et serait à l'origine de la possible autorisation du burkini dans les piscines municipales grenobloises: l'Alliance Citoyenne. Créée à l'origine par des anciens de l'université de Grenoble - qui semble être, avec l'IEP, un bastion de la gauche radicale - cette association entend importer en France des méthodes venues tout droit des Etats-Unis, qui consistent soi-disant à instaurer un "pouvoir citoyen", en-dehors (pour ne pas dire contre) les institutions démocratiques officielles. En fait, il s'agit ni plus ni moins de lobbying, mais il faut savoir qu'à gauche, les "gentils" et les opprimés, c'est-à-dire les zadistes, les LGBT, les noirs, les musulmans, les végans et j'en passe, lorsqu'ils se constituent en groupes de pression, font de la "démocratie directe". Les lobbies sont réservés aux "méchants", aux privilégiés, comme les chasseurs, les défenseurs du nucléaire, les catholiques, etc. Vous saisissez la différence subtile? Alliance Citoyenne s'est mobilisée contre le mal-logement, pour une meilleure prise en compte du handicap, avant d'épouser la cause d'un islam gagné par le rigorisme, en France comme ailleurs [4]. L'association a ainsi intégré le collectif des "hijabeuses" qui réclame rien de moins que l'autorisation du port du voile dans la pratique officiel du sport, parce que c'est important que tout le monde sache qu'une femme est musulmane quand elle est sur un terrain. Et puis, il y a ces fameuses enfoulardées qui demandent, ce qui n'est pas grand chose, de pouvoir se baigner en burkini. La méthode est bien rodée: quelques militantes se sont déjà introduites, vêtues de ce maillot pudique, dans les piscines municipales, au mépris du règlement, pour alerter sur cette intolérable injustice, cette odieuse atteinte à la sacro-sainte inclusion.

 

Certains seront peut-être tentés de me répondre qu'après tout, c'est la liberté et que ces femmes ne revendiquent pas un droit exorbitant. Et puis, en quoi cela porte-t-il atteinte à mes propres droits? Ma liberté se trouvera-t-elle réduite par le fait que des musulmanes porteront des burkinis dans les piscines de France? Non, par conséquent qu'est-ce qui m'autorise à juger ces femmes et à témoigner de l'hostilité envers leur revendication? A cela, je répondrai plusieurs choses: d'abord, il faut bien comprendre quelle est la nature de la liberté que promeut Alliance Citoyenne et qu'offre Eric Piolle. Il s'agit en réalité d'un droit à la différence qui ne peut qu'amener une fragmentation croissante de la société. Franchement, dans une piscine de quartier où la majorité des femmes se baigneront demain en burkini, quelle femme osera venir avec un bikini mettant ses formes en valeur? La société rêvée des gauchistes, c'est une piscine avec un coin pour les nudistes, un coin pour les islamistes, un coin pour les adeptes du string, et ainsi de suite, bref une société où on ne vit pas ensemble mais côte-à-côte. Comme souvent avec la gauche radicale, il s'agit de tuer le vivre-ensemble au nom de l'inclusion. Ensuite, ne soyons pas naïfs: les collectifs de femmes voilées ne s'arrêteront pas en si bon chemin. On a déjà évoqué les "hijabeuses". Après le burkini, elles réclameront des horaires spécifiques dans les piscines, puis l'autorisation du port du voile au lycée, pour les employées de la fonction publique, etc. Il faut bien comprendre que tous ces collectifs, plus ou moins liés à la mouvance islamiste, ont moins pour objectif de développer les libertés que d'imposer la visibilité de l'islam dans l'espace public. Et c'est là, je le redis, le fond du malentendu: pour beaucoup de Français dont je suis, la décence, la pudeur, s'appellent discrétion. Nous sommes quelques uns à être excédés par cette indécence, ce manque de savoir-vivre qui consistent à brandir en permanence son appartenance confessionnelle comme un étendard. Mais cela, ni les musulmans, ni la gauche radicale ne veulent l'entendre. 

 

Il faut également s'interroger sur la conception de la démocratie que défend Alliance Citoyenne. Car, au fond, tous ces collectifs d'activistes représentent quelle proportion de la population globale? La démocratie rêvée par la gauche radicale s'apparente à la confiscation du pouvoir par une coalition des minorités. Et dans un tel système, ce ne sont pas les plus nombreux qui imposent leurs règles, mais ceux qui sont le mieux organisés. Le fait est que, sur ce plan là, les gauchistes sont très forts et peuvent s'appuyer, comme je l'ai dit, sur des méthodes théorisées dans les départements de sciences sociales nord-américains gagnés au wokisme. Il est beaucoup plus difficile de structurer la majorité pour résister à ces groupes très déterminés, composés de gens souvent éduqués et diplômés, qui savent parfaitement utiliser et manipuler les médias comme les réseaux sociaux afin d'assurer la publicité de leurs actions, et qui disposent au final d'un pouvoir de nuisance qui dépasse de loin leur influence réelle dans la population. Traiter par le mépris ou l'indifférence ces collectifs, ces associations, est une erreur. Ces gens ne sont pas de doux rêveurs, ou de gentils hurluberlus. Ils travaillent à l'instauration d'une nouvelle société, fondée sur ce qu'ils nomment la "convergence des luttes" et l' "intersectionnalité". Mais derrière ces termes pompeux et pseudo-scientifiques, se cache un projet que pour ma part je qualifie de "dictature des minorités". Et si nous n'y prenons pas garde, si la majorité silencieuse laisse faire, ces activistes vont de plus en plus imposer leur loi, d'autant qu'ils profitent de la bienveillance d'une partie des élites et de l'affaiblissement de l'Etat. Rappelons qu'ils ont réussi à faire annuler le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au mépris de la volonté démocratique exprimée lors d'un référendum local. La gauche radicale, en réalité, se moque des élections et passe outre lorsque la population n'est pas de son avis.  

 

Quant aux musulmans qui ne cessent de se plaindre que leur religion est critiquée et insultée, je les invite à méditer leur propre discours: quel message fait-on passer lorsqu'on revendique pour les femmes de sa communauté le droit de se vêtir de manière "pudique"? N'est-ce pas une façon à peine voilée (si j'ose dire) de proclamer que les femmes habillées "à l'occidentale" sont des chiennes impudiques, des filles faciles? De quel droit les musulmans se permettent-ils d'insulter nos femmes alors même que leur culture est étrangère à nos coutumes? Pour qui se prennent ces gens? La joie ostensible affichée par les enfoulardées grenobloises à l'annonce du vote par le conseil municipal du nouveau règlement des piscines est trop démonstratif pour être honnête. On pressent qu'il s'agit d'une première victoire qui en annonce d'autres. Et les gauchistes ralliés aux joies du communautarisme ont le culot de donner des leçons de féminisme à la terre entière alors qu'ils font cause commune avec des gens qui considèrent qu'une femme non-voilée est une traînée et qu'un mari peut battre sa femme s'il l'estime nécessaire. Honnêtement, comment ces militants de la gauche radicale, qu'ils soient membres d'Alliance Citoyenne ou de LFI, peuvent-ils être crédibles lorsqu'ils nous débitent leur logorrhée sur l' "oppression patriarcale"? Encore une fois, il faut revenir à l'origine de cette vision du monde à géométrie variable: l'obsession de la gauche radicale est de déconstruire la France en tant que nation historique, en tant que civilisation. Dans cette optique, toute alliance avec une minorité permettant d'affaiblir la culture majoritaire, est bonne à conclure. La bataille pour l'autorisation du burkini à Grenoble illustre parfaitement cette stratégie. Et ce n'est que le début.

 

[1] C'est tellement vrai que certains voudraient retirer Tolstoï et Pouchkine des bibliothèques, de peur sans doute que la lecture des grands écrivains russes ne suscite une russophilie dommageable à "l'unité de l'Union européenne" pour reprendre l'argument employé par Mme Von der Leyen afin de justifier l'interdiction des médias russes Russia Today et Sputnik. Cela m'inspire deux remarques: d'abord, la "Cancel Culture" est bel et bien en train de s'implanter dans notre pays (même si les auteurs russes ne sont pas retirés des rayonnages, le simple fait de l'évoquer devrait faire frémir tout amoureux de la culture); ensuite, il serait temps de déconstruire le mythe selon lequel nous vivons dans une société plus juste, plus intelligente, plus tolérante, plus inclusive que par le passé, car c'est faux. La bêtise, la haine, l'iniquité, l'intolérance, l'exclusion règnent chez nous tout autant qu'à l'époque de l'inquisition. La différence est qu'Orwell est passé par là, et le sens des mots a été dénaturé: liberté veut dire soumission, égalité signifie discrimination "positive", inclusion implique censure, et ainsi de suite. En 1941, personne ne songeait à cesser de lire Goethe ou Kant sous prétexte que la Wehrmacht occupait Paris...

 

[2] L'échange étant entre deux hommes, Mme Rousseau ne pourra pas me faire un procès en misogynie.

 

[3] Cet article résume l'affaire. A noter le communiqué risible du "Pacte" (le laboratoire de sciences sociales lié à l'IEP de Grenoble) dans lequel la direction se sent obligée de rappeler "la scientificité des sciences sociales", ce qui prouve que c'est donc loin d'être évident... La dernière phrase vaut aussi son pesant de cacahuète: "l'instrumentalisation politique de l'islam et la progression des opinions racistes dans notre société légitiment la mobilisation du terme "islamophobie" dans le débat scientifique et public." Autrement dit, ce qui justifie l'usage du concept d'islamophobie, c'est l'impression qu'ont ces chercheurs d'une "progression des opinions racistes", laquelle n'est démontrée par aucune étude scientifique. Qu'on observe en France une montée de l'hostilité envers les musulmans, et plus généralement de la xénophobie, je veux bien. Mais la rigueur scientifique impose d'opérer une distinction entre xénophobie (rejet des étrangers) et racisme (conviction qu'il existe une hiérarchie entre les différentes races humaines). Apparemment, c'est trop demander aux chercheurs du Pacte. Quant à l'instrumentalisation de l'islam, elle est autant sinon plus le fait des salafistes et de leurs alliés de la gauche radicale que des islamophobes. Dans l'affaire du burkini, qui instrumentalise l'islam?

 

[4] Je renvoie à cet article dans lequel je tente d'établir la généalogie de cette tendance qui empoisonne la culture islamique depuis des siècles.



18/05/2022
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