Actualités, bilan et perspectives du blog pour 2025
Je réitère mes meilleurs voeux à mes lecteurs pour cette année 2025. Je vais, dans cet article, dire un mot de l'actualité de ce début d'année, faire un petit bilan de l'activité du blog en 2024 et essayer de fixer les objectifs pour cette année.
Commençons par l'actualité. Ce 7 janvier 2025 a été celui d'une commémoration, celle de l'attentat contre Charlie Hebdo, il y a dix ans jour pour jour. J'avais à cette occasion commis un article que j'ai pris le temps de relire. Je n'ai pas un mot, pas une virgule à changer à ce texte: comme je l'expliquai alors, le carnage perpétré contre la rédaction du journal satirique n'était au final que la matérialisation spectaculaire d'un véritable "terrorisme intellectuel d'ambiance" que les soi-disantes élites, de gauche mais aussi, plus discrètement, de droite ont mis en place en France à partir des années 2000. La liberté d'expression? Oui... mais avec modération. Le droit à la caricature? Oui... mais en évitant de blesser ou d'offenser. Le droit au blasphème? Oui... mais à quoi bon? Ce n'est pas parce que c'est autorisé qu'il faut le faire. La censure a triomphé, mais pas n'importe quelle censure, la pire de toute: l'autocensure. Pourquoi la pire? Parce qu'on donne aux gens l'illusion de la liberté, et que ce qui est permis ou autorisé n'est plus défini par la loi, mais par des groupes de pression, des "collectifs", des associations qui sont autant de sectes tyranniques. Or la règle devrait être: "tout ce qui n'est pas interdit par la loi est autorisé", ou, selon la formule que j'affectionne beaucoup, la permission doit être la règle et l'interdiction l'exception. Et une exception strictement définie par la loi. Mais tout ça, c'est du passé. Tout le monde sait que la loi ne protège plus la liberté des gens. Faites un faux pas - sans aucune infraction caractérisée - et les injures, les menaces, les appels au boycott voire au meurtre déferlent sur les réseaux sociaux. Votre vie sociale, familiale et professionnelle peut être saccagée en quelques jours. Les titres d'oeuvres littéraires sont modifiés - quand le texte lui-même n'est pas réécrit - de vénérables pièces de théâtre cessent d'être jouées, des films sont interdits de diffusion, comme Le Dernier Tango à Paris évoqué dans mon précédent article. Un vent de puritanisme et d'intolérance souffle sur la France. Seulement, il convient de le souligner, cet esprit de censure est à géométrie variable: il y a des personnes, des groupes, des communautés qu'on n'a pas le droit de critiquer, de caricaturer, d'offenser [1]. Il en est d'autres sur lesquels il est de bon ton de taper, comme on l'a vu lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris 2024. Et ce deux poids, deux mesures rend d'autant plus odieuse et injuste une censure en elle-même insupportable. Ainsi que je le prophétisais il y a dix ans, les frères Kouachi ont gagné. Une victoire posthume, mais une victoire tout de même. Et le pire, peut-être, est la fausse bienveillance de certains censeurs qui vous disent en substance: "ne prenez pas de risque inconsidéré, évitez de vous exposer, protégez-vous"[2]. Jouer ainsi sur la corde de la lâcheté et de la peur, c'est dégueulasse, pardon d'être grossier mais je ne trouve pas d'autre mot.
Deuxième événement, la mort de Jean-Marie Le Pen, le "menhir", cofondateur du Front National (FN) et tribun sulfureux de la scène politique française, qui a scandalisé la classe politique par ses jeux de mots et calembours douteux pendant près d'un demi-siècle. Le vieux guerrier a rendu les armes à quatre-vingt-seize ans, ironie de l'histoire, le jour anniversaire de l'attentat contre Charlie qu'il ne portait pas dans son coeur. J'avais lu qu'il n'était guère en forme, et son décès ne m'a pas surpris outre-mesure. Autant le dire franchement, je n'ai jamais beaucoup aimé Le Pen. Son côté "grande gueule" a peut-être quelque chose de séduisant, mais il m'a toujours exaspéré. Je lui reconnais d'avoir bousculé la bienpensance et d'avoir réussi à unifier une bonne partie de la mouvance nationaliste, mais au prix d'un flou idéologique et d'un grand écart rhétorique qui ne rendaient pas très lisible son programme. Le Pen ne mérite ni l'excès d'honneur, ni l'excès d'opprobre que beaucoup lui attribuent. Je lis ici ou là qu'il aurait été un "prophète", un "visionnaire". N'exagérons rien. Certes, Jean-Marie Le Pen est parvenu à imposer dans le débat public la question de l'immigration, mais, avec la crise économique et la montée du chômage, cette question se serait de toute façon posée comme elle s'est posée dans les années 30. Et il faut quand même avouer que, le FN ayant monopolisé cette question, cela n'a guère permis d'avancées concrètes sur le dossier. C'est sans doute le plus grand défaut de Le Pen, s'être complu dans le rôle du "diable de confort" pour les bienpensants. Les provocations lui ont permis d'exister médiatiquement, et je reconnais volontiers qu'il avait le génie du verbe, mais elles l'ont également confiné dans une forme d'ostracisme dont il s'est toujours accommodé. Il a participé - avec la gauche antiraciste - à donner une dimension passionnelle à la question de l'immigration, rendant difficile un vrai débat de fond. Du côté des idées économiques, Le Pen est longtemps resté l'héritier d'une idéologie anti-jacobine, anti-Etat, anti-syndicat, antifiscale, même si je pense que c'est bien lui qui a - timidement - amorcé un virage vers un discours plus social dans le courant des années 2000 [3]. Malgré tout, Jean-Marie Le Pen restait un nostalgique de l'empire colonial, lui qui servit en Indochine et en Algérie. Et, de ce point de vue, n'en déplaise à certains, les Le Pen et les Holeindre étaient les enfants de la République, élevés dans le culte de la patrie et de la grandeur de l'empire français. Quoi qu'il en soit, je trouve abjectes les démonstrations d'allégresse qui ont suivi l'annonce de la mort du chef historique du FN. Si Mélenchon mourait, je ne verserais pas de larmes [4] mais je me garderais bien de me réjouir publiquement de sa disparition. L'honneur et la décence exigent qu'on pardonne à un ennemi mort.
Venons-en à présent au bilan de l'activité du blog pour l'année 2024. J'ai été fort peu productif, je le reconnais, l'an passé avec seulement sept articles rédigés, loin de la moyenne d'un article mensuel que je me fixe généralement. Je n'ai rien publié entre novembre 2023 et juillet 2024. Il y a plusieurs causes à cette faible productivité, certaines d'ordre personnel qui n'ont pas à être exposées ici, d'autres qui tiennent à la morosité ambiante du contexte politique. Certes, le macronisme est un échec et je m'en réjouis. Certes, les idées nationalistes, patriotes, souverainistes paraissent gagner du terrain et se frayer un chemin dans les esprits embrumés par des années de propagande européiste et immigrationniste. Mais la coalition des élites bourgeoises libérales et des classes moyennes écolo-bobo est encore solide, bien plus que certains optimistes ne veulent le croire. La puissance économique et politique de ces classes dominantes dépasse - et de loin - leur poids démographique et électoral. Il faut se rendre à l'évidence et regarder la composition du gouvernement Barnier ou du gouvernement Bayrou pour comprendre que la voix d'un électeur du Rassemblement National (RN) ne vaut pas celle d'un électeur macroniste ou des Républicains (LR). Quelle que soit la configuration, la majorité (ou l'absence de majorité) à l'Assemblée nationale, les mêmes s'adjugent les postes de ministres. Le système paraît totalement verrouillé. Et l'on voit également se développer la tentation de recourir aux juges, garants d'un "ordre constitutionnel", d'un "Etat de droit", qui sert de plus en plus à ignorer superbement la volonté des citoyens. Reste à mes yeux une inconnue: le bloc dominant serait-il prêt à faire appel à Mélenchon et à ses troupes de gauchistes et de voyous issus du lumpenproletariat immigré pour "faire barrage" au RN? Quoi qu'il en soit, je dois dire que l'actualité politique peine à m'inspirer. Commenter la médiocrité des débats ou des interventions d'un tel ou d'un tel ne présente qu'un intérêt limité. Que voulez-vous écrire sur Sébastien Delogu, Mathilde Panot ou Ersilia Soudais, dont la bêtise, l'ignorance ou la violence verbale dépassent la caricature? Ces gens sont à ce point consternants que je ne sais trop quoi en dire sans tomber dans l'invective, ce que je souhaite éviter. Quant aux autres... Que pourrais-je écrire sur François Bayrou, Michel Barnier, Elisabeth Borne et cie, que d'autres n'ont pas déjà écrit? Rien. Il faut dire également que ce blog a été créé en 2009 - seize ans déjà! - et qu'il y a un risque bien réel de tourner en rond et de répéter la même chose, même si j'ai connu de sensibles évolutions idéologiques au long de ces années. Ajouté à une forme d' "aquoibonisme" dont je ne suis pas très fier mais que je dois bien admettre, on comprendra qu'il y a des moments où je peine à avoir envie d'écrire.
Passons maintenant à la fréquentation du blog. Ce dernier enregistre une moyenne de 217 visites mensuelles pour l'année 2024. Il m'est cependant impossible de savoir s'il s'agit de 217 visiteurs différents, ou de 50 visiteurs qui viennent en moyenne quatre fois par mois. La plupart des visiteurs accèdent directement au blog, ce qui me laisse supposer l'existence d'un petit noyau de lecteurs fidèles, que je remercie. Il faut dire qu'un des points faibles de ce blog est qu'il constitue un isolat. En effet, pour une raison que je ne m'explique pas, le blog a purement et simplement disparu des référencements de Google, alors qu'il apparaissait pendant des années sur le moteur de recherche. J'ai cherché à comprendre d'où venait ce phénomène. Google Webmaster, par l'intermédiaire duquel j'ai tenté à plusieurs reprises de relancer l'indexation du blog, me signale que nombre de mes pages sont marquées par la balise "noindex" qui bloque ainsi que son nom l'indique l'indexation des pages du site. Normalement, cette balise est activée par l'auteur du blog, or je n'ai jamais effectué une telle manipulation. J'en viens à me demander si ce n'est pas l'hébergeur, Blog4ever, qui a décidé en toute discrétion de bloquer l'indexation du blog pour éviter d'éventuels ennuis, mais je n'en sais rien. Au final, est-ce un mal que ce blog reste confidentiel? Là aussi, je ne sais pas trop. J'invite les lecteurs qui apprécient ce blog à le faire connaître à d'autres personnes, s'ils pensent que cela pourrait les intéresser. Je réfléchis également à donner plus de visibilité à mes textes via les réseaux sociaux, mais j'avoue quelques réticences à utiliser ceux-ci. Je n'ai pas très envie d'être confronté au phénomène de meutes. Au-delà de cette question de visibilité, on peut aussi se demander si le format blog est encore d'actualité. Aujourd'hui, beaucoup de gens répugnent à lire des textes sitôt qu'ils excèdent le nombre de caractères d'un tweet. La mode est à la vidéo, courte de préférence. Les blogueurs ont laissé place aux influenceurs et autres youtubers. Or, pour moi, la vidéo n'a guère de valeur. Pour des raisons de rigueur intellectuelle, l'écrit reste à mes yeux le meilleur vecteur d'une pensée un tant soit peu structurée. Les discussions de café du commerce auxquelles se livrent les starlettes de la fachosphère par exemple n'ont pas grand intérêt... Et d'ailleurs l'influence politique réelle de ces vidéastes est au fond assez négligeable, en tout cas bien moindre que ce qu'ils s'imaginent en regardant le nombre de leurs followers.
L'article qui a reçu le plus de visites en 2024 est celui consacré au conflit qui déchire le Proche-Orient, avec plus de 200 visites. Les échanges vifs et intenses - notamment avec François - qu'a provoqués ce texte ont probablement suscité un certain intérêt. Qu'il me soit permis d'ailleurs de remercier les lecteurs qui prennent le temps de poster des commentaires. J'en profite pour le redire ici: tout commentaire qui respecte les règles élémentaires de courtoisie (pas d'invective, pas de menace, pas de propos tombant sous le coup de la loi) est le bienvenu. Cela fait de nombreuses années que je n'ai pas été amené à censurer un commentaire, et pour ainsi dire, ils sont tous publiés. Je le dis parce que certains lecteurs pourraient penser que, si peu de commentaires apparaissent, c'est parce que j'exerce un filtrage très strict et que j'élimine nombre de textes. Eh bien non. Et, je le répète, les commentaires de personnes en désaccord, même total, seront publiés. Je demande un effort sur la forme, non sur le fond. Mais je ne me fais guère d'illusion: le sectarisme et le refus du débat sont en passe de devenir la norme dans notre société fracturée et communautarisée. Et l'honnêteté m'oblige à le dire: l'intolérance n'est nullement l'apanage de la gauche radicale. La droite dite nationaliste pratique tout autant un entre-soi aussi rassurant que stérilisant. En effet, quelle que soit nos opinions, on devient incapable d'argumenter, et au final de convaincre, lorsqu'on ne fréquente que des gens qui pensent la même chose. Nous le constatons d'ailleurs dans le débat politique, tous les jours: il y a une incapacité totale à comprendre la vision du monde de l'autre, à considérer autrement que par le mépris ou l'anathème ses arguments, ses doutes, ses peurs. Si j'essaie d'expliquer à un "progressiste" de gauche quelle est ma conception de la France, de son identité, de sa culture, je serai à coup sûr traité de suprémaciste blanc, raciste et islamophobe. Pour ma part, je comprends très bien que les classes aisées des métropoles ne voient aucun inconvénient à l'immigration qui fournit une main-d'oeuvre abondante et bon marché pour entretenir le cadre de vie privilégié desdites classes aisées, comme je l'ai déjà expliqué. Le problème est que nous ne sommes pas tous membres des classes aisées métropolitaines...
Mon objectif pour 2025 est de publier une douzaine d'articles au minimum. Il y aura la deuxième partie de l'étude consacrée à l'histoire du christianisme en Syrie-Mésopotamie. Ainsi que je l'ai indiqué, ce genre d'article demande un gros travail de recherche. J'aimerais aussi réalimenter un peu la catégorie "l'histoire au cinéma". Il faudrait que je me fasse violence pour écrire une petite critique du film The Northman que j'ai apprécié. Il faudrait également que je me décide à parler du Treizième Guerrier, un de mes films fétiches. Et puis je n'ai toujours pas vu Le Dernier Duel qui pourtant se déroule durant une de mes périodes de prédilection, le Moyen Âge tardif. Il convient cependant de ne pas être trop ambitieux. Après, l'actualité guidera également la production. Si les lecteurs souhaitent voir certains thèmes aborder, ils peuvent également me soumettre leurs suggestions en commentaire.
[1] Je relève néanmoins quelques curieux paradoxes. Les fameux sketchs de Michel Leeb dans lesquels l'humoriste imitait les mimiques et accents africains ou asiatiques sont aujourd'hui condamnés avec la plus extrême fermeté. Par contre, lorsque Thomas Ngijol - qui parle français sans accent, car il est né à Paris - adopte un accent africain caricatural dans un film comme Le Crocodile du Botswanga, comédie lourdingue qui aligne des poncifs sur l'Afrique et les Africains, pour le coup à la limite du racisme, là, ça ne pose aucun problème. Un Français noir a donc le droit de moquer l'accent africain, un Français blanc, non. Pourquoi cette différence? Un spectacle de Leeb avec les sktechs susdits entraînerait des manifestations pour empêcher le show, mais personne, à ma connaissance, n'a menacé de brûler un cinéma parce que le film avec Ngijol y était projeté. Etrange, non?
[2] C'est du vécu, puisque c'est textuellement le discours que m'a tenu un inspecteur de l'Education Nationale.
[3] Le "discours de Valmy" de 2006 vaut me semble-t-il la peine d'être lu.
[4] Il devient de plus en plus clair que Mélenchon se veut le chef des populations issues de l'immigration extra-européenne, tout particulièrement de la communauté musulmane maghrébine, et qu'il compte sur cette "armée de réserve" électorale pour prendre le pouvoir, ou pour semer des germes de guerre civile s'il n'y parvenait pas.